Actualités de l'Urgence - APM

02/07 2019
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LA "COLÈRE DES URGENCES" S'EXPRIME UNE NOUVELLE FOIS DANS LA RUE

PARIS, 2 juillet 2019 (APMnews) - La deuxième manifestation organisée mardi à l'appel du collectif Inter-urgences et de l'intersyndicale CGT, FO et SUD pour réclamer une revalorisation salariale du personnel des urgences, des effectifs et des lits d'aval supplémentaires, a réuni un cortège de plusieurs centaines de professionnels, parti mardi en milieu de journée de Bercy pour rejoindre le ministère des solidarités et de la santé, a constaté APMnews.

Manifestation pour les services d'urgence hospitaliers, le 2 juillet 2019 à Paris. Photos: Maryannick Le Bris/APMnews


Moins d'un mois après la première manifestation à Paris, le 6 juin (cf dépêche du 06/06/2019 à 19:43), à l'appel du collectif Inter-urgences, de la CGT, FO et SUD, plusieurs centaines de professionnels ont défilé du ministère de l'économie et des finances, à Bercy, où se tenait le matin même la conférence salariale dans la fonction publique (cf dépêche du 02/07/2019 à 18:49), jusqu'au ministère des solidarités et de la santé.

Les professionnels étaient encore plus nombreux à avoir fait cette fois le déplacement à Paris, selon eux, alors que la manifestation du 6 juin avait réuni plus de 500 personnes.

L'Ile-de-France, mais aussi les régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Aquitaine, Grand Est, Hauts-de-France, étaient notamment représentées.

Aux côtés des services des urgences (Valence, Juvisy, Rennes, Saint Nazaire, Avignon, Brest, Vichy, Toulon, Strasbourg, Nantes...), les professionnels de Smur et de Samu, venus de l'Oise, du Doubs ou de l'Yonne, étaient également dans la rue.

Photo: Maryannick Le Bris/APMnews

Outre les urgences, d'autres services hospitaliers se sont joints au mouvement, comme "la médecine interne d'Ambroise-Paré, Emile-Roux et la neurologie de Saint-Antoine", a constaté auprès d'APMnews Emmanuel Dehu, membre du bureau de l'Union syndicale de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) (Usap-CGT).

Les professionnels travaillant dans les établissements d'hébergement des personnes âgées dépendantes (Ehpad) étaient également représentés par les syndicats en début de cortège.

Depuis les annonces de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, le 14 juin (cf dépêche du 14/06/2019 à 16:16), les revendications du personnel des urgences n'ont pas varié: il réclame une revalorisation salariale -la prime de risque de 100 euros nets (cf dépêche du 27/06/2019 à 17:42) est jugée insuffisante-, la reconnaissance de leurs métiers, des effectifs et des lits d'aval supplémentaires pour éviter les "hospitalisations brancard".

"Soignants méprisés, patients délaissés, redonnez du sens aux urgences", "urgences en colère, on veut des moyens", a-t-on entendu lors de la manifestation, sur le thème de "on n'est pas des robots", déguisements à l'appui.

En attente de réponses sur les lits d'aval

"Ce matin, nous avions 72 patients sur des brancards", a témoigné auprès d'APMnews une infirmière du service des urgences du CH de Valence, en grève depuis le 27 mars. "On espère plus d'avancées concernant les lits d'aval", a-t-elle insisté, soulignant les inquiétudes concernant "le maillage territorial de proximité" avec la prochaine labellisation des hôpitaux de proximité.

Une infirmière au service des urgences du CHU de Strasbourg, dont "une petite dizaine ont fait le déplacement" pour manifester, a également exprimé les fortes inquiétudes sur la fermeture de lits pendant la période estivale.

"On a commencé la mobilisation le 26 juin", a témoigné une infirmière au service des urgences de l'hôpital Sainte-Musse de Toulon. Le personnel revendique "plus d'effectifs, des moyens pour accueillir les patients dignement et une reconnaisse de la spécificité" de l'exercice dans les structures d'urgence.

Sur la prime de risque, "on se fout de nous. Le ministère se dit qu'en nous donnant un peu on va arrêter la mobilisation, mais non. On veut une revalorisation salariale, le point d'indice est gelé depuis 10 ans".

"L'an dernier, nous avons fait 118 jours de grève pour les mêmes revendications", a-t-elle relevé. Cette mobilisation a notamment débouché sur "deux mois de renfort pour l'été et l'hiver", que le personnel aimerait voir pérennisé.

"Nous sommes en grève depuis une semaine et demie", a indiqué à APMnews une infirmière du service des urgences du CH de Compiègne. Le service enregistre "71.000 passages par an, ce qui est beaucoup pour un petit CH". Or "37 lits vont être fermés pour l'été, qui s'ajoutent à une trentaine d'autres". Elle juge aussi la prime de risque insuffisante, alors qu'"on se fait agresser une dizaine de fois par semaine".

"La prime est dérisoire et on veut que toutes les infirmières [voient leur salaire] revalorisé", car "dans les étages, elles galèrent aussi", a-t-elle pointé, relevant qu'à "Compiègne, tout l'hôpital se porte gréviste".

Interrogée pendant la manifestation, Candice Lafarge, l'une des représentantes du collectif Inter-urgences, a estimé que la contractualisation "zéro brancard" proposée par l'AP-HP et l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France (cf dépêche du 27/06/2019 à 19:07) pourrait être efficace "si tout le monde joue le jeu et que l'on arrête la suppression des lits".

"On ne peut pas supprimer à l'année et réguler en temps de crise", a-t-elle contesté.

"On est dans un mouvement national et dans de trop nombreuses régions les directeurs généraux d'ARS [agences régionales de santé] n'ont pas convoqué à des réunions de négociation", a commenté Olivier Youinou, cosecrétaire général de SUD santé-sociaux à l'AP-HP.

Outre le fait que "le montage proposé" sur la question des rémunérations "ne satisfait pas les agents", avec une prime de coopération "aléatoire" et "qui ne concerne pas les aides-soignants", la ministre "n'a pas entendu le message sur le moratoire sur la fermeture de lits", a-t-il souligné.

Sur l'enveloppe de 15 M€ annoncée pour renflouer les effectifs pendant la période estivale, "le directeur général de l'ARS Ile-de-France nous dit que cela ne suffira pas et qu'il va [mobiliser] une enveloppe régionale", a-t-il précisé.

Réparti sur "plus de 150 services en grève", ce montant "équivaut à un agent et demi supplémentaire par service", a réagi Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Usap-CGT. Le ministère a espéré "éteindre le feu dans les urgences, mais il pourrait s'étendre à d'autres services", a-t-elle prévenu.

Dans les services d’accueil des urgences de l’AP-HP mardi, "le taux global de participation (grévistes absents) [était] de 0,60% et le taux de mobilisation (grévistes absents et assignés) de 25,37%", a indiqué l'AP-HP dans un communiqué mardi soir.

Tous services confondus, hors urgences, le taux global de participation (grévistes absents) était "de 0.22% et le taux global de mobilisation (grévistes absents et assignés) de 0,59%".

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 2 juillet 2019 (APMnews) - La deuxième manifestation organisée mardi à l'appel du collectif Inter-urgences et de l'intersyndicale CGT, FO et SUD pour réclamer une revalorisation salariale du personnel des urgences, des effectifs et des lits d'aval supplémentaires, a réuni un cortège de plusieurs centaines de professionnels, parti mardi en milieu de journée de Bercy pour rejoindre le ministère des solidarités et de la santé, a constaté APMnews.

Manifestation pour les services d'urgence hospitaliers, le 2 juillet 2019 à Paris. Photos: Maryannick Le Bris/APMnews


Moins d'un mois après la première manifestation à Paris, le 6 juin (cf dépêche du 06/06/2019 à 19:43), à l'appel du collectif Inter-urgences, de la CGT, FO et SUD, plusieurs centaines de professionnels ont défilé du ministère de l'économie et des finances, à Bercy, où se tenait le matin même la conférence salariale dans la fonction publique (cf dépêche du 02/07/2019 à 18:49), jusqu'au ministère des solidarités et de la santé.

Les professionnels étaient encore plus nombreux à avoir fait cette fois le déplacement à Paris, selon eux, alors que la manifestation du 6 juin avait réuni plus de 500 personnes.

L'Ile-de-France, mais aussi les régions Bretagne, Pays-de-la-Loire, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Auvergne-Rhône-Alpes, Aquitaine, Grand Est, Hauts-de-France, étaient notamment représentées.

Aux côtés des services des urgences (Valence, Juvisy, Rennes, Saint Nazaire, Avignon, Brest, Vichy, Toulon, Strasbourg, Nantes...), les professionnels de Smur et de Samu, venus de l'Oise, du Doubs ou de l'Yonne, étaient également dans la rue.

Photo: Maryannick Le Bris/APMnews

Outre les urgences, d'autres services hospitaliers se sont joints au mouvement, comme "la médecine interne d'Ambroise-Paré, Emile-Roux et la neurologie de Saint-Antoine", a constaté auprès d'APMnews Emmanuel Dehu, membre du bureau de l'Union syndicale de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) (Usap-CGT).

Les professionnels travaillant dans les établissements d'hébergement des personnes âgées dépendantes (Ehpad) étaient également représentés par les syndicats en début de cortège.

Depuis les annonces de la ministre des solidarités et de la santé, Agnès Buzyn, le 14 juin (cf dépêche du 14/06/2019 à 16:16), les revendications du personnel des urgences n'ont pas varié: il réclame une revalorisation salariale -la prime de risque de 100 euros nets (cf dépêche du 27/06/2019 à 17:42) est jugée insuffisante-, la reconnaissance de leurs métiers, des effectifs et des lits d'aval supplémentaires pour éviter les "hospitalisations brancard".

"Soignants méprisés, patients délaissés, redonnez du sens aux urgences", "urgences en colère, on veut des moyens", a-t-on entendu lors de la manifestation, sur le thème de "on n'est pas des robots", déguisements à l'appui.

En attente de réponses sur les lits d'aval

"Ce matin, nous avions 72 patients sur des brancards", a témoigné auprès d'APMnews une infirmière du service des urgences du CH de Valence, en grève depuis le 27 mars. "On espère plus d'avancées concernant les lits d'aval", a-t-elle insisté, soulignant les inquiétudes concernant "le maillage territorial de proximité" avec la prochaine labellisation des hôpitaux de proximité.

Une infirmière au service des urgences du CHU de Strasbourg, dont "une petite dizaine ont fait le déplacement" pour manifester, a également exprimé les fortes inquiétudes sur la fermeture de lits pendant la période estivale.

"On a commencé la mobilisation le 26 juin", a témoigné une infirmière au service des urgences de l'hôpital Sainte-Musse de Toulon. Le personnel revendique "plus d'effectifs, des moyens pour accueillir les patients dignement et une reconnaisse de la spécificité" de l'exercice dans les structures d'urgence.

Sur la prime de risque, "on se fout de nous. Le ministère se dit qu'en nous donnant un peu on va arrêter la mobilisation, mais non. On veut une revalorisation salariale, le point d'indice est gelé depuis 10 ans".

"L'an dernier, nous avons fait 118 jours de grève pour les mêmes revendications", a-t-elle relevé. Cette mobilisation a notamment débouché sur "deux mois de renfort pour l'été et l'hiver", que le personnel aimerait voir pérennisé.

"Nous sommes en grève depuis une semaine et demie", a indiqué à APMnews une infirmière du service des urgences du CH de Compiègne. Le service enregistre "71.000 passages par an, ce qui est beaucoup pour un petit CH". Or "37 lits vont être fermés pour l'été, qui s'ajoutent à une trentaine d'autres". Elle juge aussi la prime de risque insuffisante, alors qu'"on se fait agresser une dizaine de fois par semaine".

"La prime est dérisoire et on veut que toutes les infirmières [voient leur salaire] revalorisé", car "dans les étages, elles galèrent aussi", a-t-elle pointé, relevant qu'à "Compiègne, tout l'hôpital se porte gréviste".

Interrogée pendant la manifestation, Candice Lafarge, l'une des représentantes du collectif Inter-urgences, a estimé que la contractualisation "zéro brancard" proposée par l'AP-HP et l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France (cf dépêche du 27/06/2019 à 19:07) pourrait être efficace "si tout le monde joue le jeu et que l'on arrête la suppression des lits".

"On ne peut pas supprimer à l'année et réguler en temps de crise", a-t-elle contesté.

"On est dans un mouvement national et dans de trop nombreuses régions les directeurs généraux d'ARS [agences régionales de santé] n'ont pas convoqué à des réunions de négociation", a commenté Olivier Youinou, cosecrétaire général de SUD santé-sociaux à l'AP-HP.

Outre le fait que "le montage proposé" sur la question des rémunérations "ne satisfait pas les agents", avec une prime de coopération "aléatoire" et "qui ne concerne pas les aides-soignants", la ministre "n'a pas entendu le message sur le moratoire sur la fermeture de lits", a-t-il souligné.

Sur l'enveloppe de 15 M€ annoncée pour renflouer les effectifs pendant la période estivale, "le directeur général de l'ARS Ile-de-France nous dit que cela ne suffira pas et qu'il va [mobiliser] une enveloppe régionale", a-t-il précisé.

Réparti sur "plus de 150 services en grève", ce montant "équivaut à un agent et demi supplémentaire par service", a réagi Rose May Rousseau, secrétaire générale de l'Usap-CGT. Le ministère a espéré "éteindre le feu dans les urgences, mais il pourrait s'étendre à d'autres services", a-t-elle prévenu.

Dans les services d’accueil des urgences de l’AP-HP mardi, "le taux global de participation (grévistes absents) [était] de 0,60% et le taux de mobilisation (grévistes absents et assignés) de 25,37%", a indiqué l'AP-HP dans un communiqué mardi soir.

Tous services confondus, hors urgences, le taux global de participation (grévistes absents) était "de 0.22% et le taux global de mobilisation (grévistes absents et assignés) de 0,59%".

mlb/ab/APMnews

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