Actualités de l'Urgence - APM

LA CONCERTATION TERRITORIALE COMME FACTEUR CLÉ D'UNE RÉORIENTATION RÉUSSIE AUX URGENCES
PARIS, 11 juin 2025 (APMnews) - Une élaboration concertée et territorialisée constitue un facteur clé du succès des dispositifs de réorientation des patients depuis les services d'urgence vers d'autres prises en charge plus adaptées, a souligné mercredi 4 juin le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu de la Vienne (Samu 86), lors d'une table ronde du congrès Urgences 2025.
"L'organisation de l'accès aux soins et les consultations de soins non programmés sont un des trois objectifs premiers des CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé]", a rappelé en premier lieu le Dr Henri Delelis-Fanien lors de cette table ronde sur la régulation de l'accès et les dispositifs de réorientation aux urgences, en ouverture du congrès.
Comme son prédécesseur, le Dr Yann Penverne, médecin urgentiste au CHU de Nantes (cf dépêche du 10/06/2025 à 19:27), Henri Delelis-Fanien a rappelé que "seuls 3,4% des patients qui se présentent aux urgences sont réorientés".
En citant à l'appui les travaux de la Dr Catherine Le Gall aux urgences d'Argenteuil (Val-d'Oise), le directeur médical du Samu 86 a pourtant mis en avant la diminution de 20% à 30% des passages aux urgences constatée lors de la mise en place d'une coopération avec les centres de santé et les maisons médicales de garde (MMG) avoisinant un service d'urgence.
Les conditions de la réussite d'un dispositif de réorientation épousent celles des services d'accès aux soins (SAS), selon Henri Delelis-Fanien, qui a souligné à cet égard l'opportunité d'élaborer une "charte d'effection" entre les urgentistes hospitaliers et les acteurs des soins de ville.
"Il y a un enjeu [qui est] de coordonner la charte de l'effection", a-t-il poursuivi en rappelant qu'il s'agissait d'une des préconisations du rapport de la mission d'accompagnement à la généralisation du SAS publié en avril (cf dépêche du 03/04/2024 à 20:44).
Des chartes d'effection et de réorientation facilitatrices
"Construire et établir en lien avec l'ordre des médecins le bon adressage des patients sur les soins non programmés, c'est extrêmement important, il y a des enjeux d'orientation", a développé Henri Delelis-Fanien. "Il faut valider ensemble toutes ces procédures d'orientation afin de s'assurer que les dispositifs soient fiables et que cela ne pose pas de problème entre professionnels de santé."
Il a également cité comme exemple la charte d'adressage élaborée par le Samu de la Loire et ses partenaires, "qui montre un modèle associant les CPTS très rapidement dans les options de soins non programmés, ensuite les médecins généralistes volontaires, et ensuite des cabinets".
"L'enjeu, à l'échelle d'un territoire, c'est de construire un modèle cible", a pointé le Dr Delelis-Fanien, en soulignant au passage la nécessité d'associer les organisations des médecins généralistes à la construction des chartes d'effection ou d'adressage "pour s'accorder sur la bonne orientation des patients".
"Lorsque l'on met en place une réorientation à l'accueil des urgences, il y a un enjeu de communication avec les professionnels", a-t-il fait remarquer: "On parle des procédures déjà à disposition, mais il y a de l'appréhension des professionnels, qu'il faut savoir lever, il faut rassurer les acteurs sur le plan juridique et sur celui de la responsabilité personnelle".
Le Dr Delelis-Fanien a estimé que la traçabilité des décisions de réorientation devait "être définie dans le cadre de fonctionnement" des organisations.
En réponse à une question de l'assistance sur la responsabilité des professionnels d'un service d'urgence si un événement indésirable survenait après une réorientation, le Dr Yann Penverne a rappelé qu'il existait déjà un cadre réglementaire qui protégeait les professionnels.
Des inquiétudes sur la responsabilité des professionnels
De son côté, le Pr Youri Yordanov, professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) à l'hôpital Edouard-Herriot (Hospices civils de Lyon, HCL) et modérateur de la table ronde, a souligné que le respect de la procédure protocolisée et la traçabilité de l'ensemble d'une prise en charge aux urgences protégeaient les personnels.
Pour les SAS comme pour les établissements, le Dr Delelis-Fanien a mis en avant l'intérêt d'élaborer des conventions d'adressage -faisant le lien avec la charte d'effection le cas échéant- avec les structures de soins non programmés.
La bonne élaboration d'une organisation des dispositifs de réorientation présente des intérêts multiples, a souligné le Dr Delelis-Fanien, du "gain de temps" à "une meilleure connaissance de l'offre territoriale" pour les hospitaliers.
Au-delà de ces organisations cibles, il a également souligné les possibilités offertes par "des outils numériques qui facilitent le travail des professionnels" pour parvenir à un modèle opérationnel, "avec un focus particulier qui va être fait sur le rattachement à la plateforme numérique national du SAS".
En réponse à une question sur l'opportunité de lancer une campagne de communication pour informer le grand public sur les dispositifs de régulation et de réorientation aux urgences, l'adjointe au chef du bureau "Urgences et soins non programmés" de la direction générale de l'offre de soins (DGOS), Louise Pihoué, a indiqué que l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) travaillait "actuellement […] sur le sujet de la réorientation avec plusieurs établissements de santé" et avait "identifié un besoin sur la communication au niveau national".
"On est en cours de travail sur des outils qui permettraient aux établissements de santé de dire 'ce n'est pas moi tout seul qui décide que cette réorientation existe, mais cela repose sur des textes et une stratégie globale'", a-t-elle complété.
gl/lb/APMnews
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LA CONCERTATION TERRITORIALE COMME FACTEUR CLÉ D'UNE RÉORIENTATION RÉUSSIE AUX URGENCES
PARIS, 11 juin 2025 (APMnews) - Une élaboration concertée et territorialisée constitue un facteur clé du succès des dispositifs de réorientation des patients depuis les services d'urgence vers d'autres prises en charge plus adaptées, a souligné mercredi 4 juin le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu de la Vienne (Samu 86), lors d'une table ronde du congrès Urgences 2025.
"L'organisation de l'accès aux soins et les consultations de soins non programmés sont un des trois objectifs premiers des CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé]", a rappelé en premier lieu le Dr Henri Delelis-Fanien lors de cette table ronde sur la régulation de l'accès et les dispositifs de réorientation aux urgences, en ouverture du congrès.
Comme son prédécesseur, le Dr Yann Penverne, médecin urgentiste au CHU de Nantes (cf dépêche du 10/06/2025 à 19:27), Henri Delelis-Fanien a rappelé que "seuls 3,4% des patients qui se présentent aux urgences sont réorientés".
En citant à l'appui les travaux de la Dr Catherine Le Gall aux urgences d'Argenteuil (Val-d'Oise), le directeur médical du Samu 86 a pourtant mis en avant la diminution de 20% à 30% des passages aux urgences constatée lors de la mise en place d'une coopération avec les centres de santé et les maisons médicales de garde (MMG) avoisinant un service d'urgence.
Les conditions de la réussite d'un dispositif de réorientation épousent celles des services d'accès aux soins (SAS), selon Henri Delelis-Fanien, qui a souligné à cet égard l'opportunité d'élaborer une "charte d'effection" entre les urgentistes hospitaliers et les acteurs des soins de ville.
"Il y a un enjeu [qui est] de coordonner la charte de l'effection", a-t-il poursuivi en rappelant qu'il s'agissait d'une des préconisations du rapport de la mission d'accompagnement à la généralisation du SAS publié en avril (cf dépêche du 03/04/2024 à 20:44).
Des chartes d'effection et de réorientation facilitatrices
"Construire et établir en lien avec l'ordre des médecins le bon adressage des patients sur les soins non programmés, c'est extrêmement important, il y a des enjeux d'orientation", a développé Henri Delelis-Fanien. "Il faut valider ensemble toutes ces procédures d'orientation afin de s'assurer que les dispositifs soient fiables et que cela ne pose pas de problème entre professionnels de santé."
Il a également cité comme exemple la charte d'adressage élaborée par le Samu de la Loire et ses partenaires, "qui montre un modèle associant les CPTS très rapidement dans les options de soins non programmés, ensuite les médecins généralistes volontaires, et ensuite des cabinets".
"L'enjeu, à l'échelle d'un territoire, c'est de construire un modèle cible", a pointé le Dr Delelis-Fanien, en soulignant au passage la nécessité d'associer les organisations des médecins généralistes à la construction des chartes d'effection ou d'adressage "pour s'accorder sur la bonne orientation des patients".
"Lorsque l'on met en place une réorientation à l'accueil des urgences, il y a un enjeu de communication avec les professionnels", a-t-il fait remarquer: "On parle des procédures déjà à disposition, mais il y a de l'appréhension des professionnels, qu'il faut savoir lever, il faut rassurer les acteurs sur le plan juridique et sur celui de la responsabilité personnelle".
Le Dr Delelis-Fanien a estimé que la traçabilité des décisions de réorientation devait "être définie dans le cadre de fonctionnement" des organisations.
En réponse à une question de l'assistance sur la responsabilité des professionnels d'un service d'urgence si un événement indésirable survenait après une réorientation, le Dr Yann Penverne a rappelé qu'il existait déjà un cadre réglementaire qui protégeait les professionnels.
Des inquiétudes sur la responsabilité des professionnels
De son côté, le Pr Youri Yordanov, professeur des universités-praticien hospitalier (PU-PH) à l'hôpital Edouard-Herriot (Hospices civils de Lyon, HCL) et modérateur de la table ronde, a souligné que le respect de la procédure protocolisée et la traçabilité de l'ensemble d'une prise en charge aux urgences protégeaient les personnels.
Pour les SAS comme pour les établissements, le Dr Delelis-Fanien a mis en avant l'intérêt d'élaborer des conventions d'adressage -faisant le lien avec la charte d'effection le cas échéant- avec les structures de soins non programmés.
La bonne élaboration d'une organisation des dispositifs de réorientation présente des intérêts multiples, a souligné le Dr Delelis-Fanien, du "gain de temps" à "une meilleure connaissance de l'offre territoriale" pour les hospitaliers.
Au-delà de ces organisations cibles, il a également souligné les possibilités offertes par "des outils numériques qui facilitent le travail des professionnels" pour parvenir à un modèle opérationnel, "avec un focus particulier qui va être fait sur le rattachement à la plateforme numérique national du SAS".
En réponse à une question sur l'opportunité de lancer une campagne de communication pour informer le grand public sur les dispositifs de régulation et de réorientation aux urgences, l'adjointe au chef du bureau "Urgences et soins non programmés" de la direction générale de l'offre de soins (DGOS), Louise Pihoué, a indiqué que l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap) travaillait "actuellement […] sur le sujet de la réorientation avec plusieurs établissements de santé" et avait "identifié un besoin sur la communication au niveau national".
"On est en cours de travail sur des outils qui permettraient aux établissements de santé de dire 'ce n'est pas moi tout seul qui décide que cette réorientation existe, mais cela repose sur des textes et une stratégie globale'", a-t-elle complété.
gl/lb/APMnews