Actualités de l'Urgence - APM
Retour
LA COUR DES COMPTES FORMULE DES RECOMMANDATIONS POUR LA PRÉVENTION, LA PRISE EN CHARGE AIGUË ET CHRONIQUE DES AVC
En 2022, 800.000 personnes ont été prises en charge pour des séquelles d'AVC et 160.000 hospitalisées en 2022 pour un AVC aigu ou un accident ischémique transitoire, et ces derniers pourraient augmenter de 35% d'ici 2035 avec le vieillissement de la population, justifiant que les sages de la Cambon évaluent le plan AVC mis en œuvre en 2010-2014.
S'interrogeant sur l'efficacité et l'efficience des parcours de soins, ils ont formulé une recommandation générale à destination des pouvoirs publics: "définir un nouveau plan AVC permettant un pilotage efficient de l'organisation des parcours de soins des victimes d'AVC", s'appuyant sur une analyse des parcours de soins (cf dépêche du 28/10/2025 à 20:00).
De manière plus précise, ils se sont posé trois questions concernant les différentes étapes de la prise en charge des AVC, la prévention, la phase aiguë et enfin, la rééducation et la phase chronique.
Concernant la prévention primaire, la Cour a une appréciation "réservée" sous l'angle de sa cohérence et de sa pertinence au regard des connaissances sur cette pathologie. "Le contrôle de l'hypertension n'a pas constitué, comme le recommandait pourtant le plan AVC, une priorité de la politique de prévention, alors qu'il s'agit du facteur de risque principal de l'AVC."
Elle recommande d'"élaborer un plan d'action visant à améliorer le dépistage et la prise en charge de l'hypertension artérielle", dans le cadre plus global de la stratégie de prévention contre les maladies cardiovasculaires.
En outre, le rôle du médecin traitant dans le repérage des personnes à risque, leur suivi et leur orientation dans des parcours de soins adaptés apparaît essentiel.
Par ailleurs, des facteurs de risque plus spécifiques et méconnus d'AVC mériteraient aussi d'être mieux pris en compte dans les actions de prévention, comme les apnées du sommeil, l'usage de drogues, l'association de la contraception chimique et du tabac chez les jeunes femmes.
La Cour préconise en parallèle de "définir une stratégie nationale de communication sur la connaissance de l'AVC par la population et sur l'importance d'appeler le 15 en urgence" pour assurer une rapidité de prise en charge et une bonne orientation des patients.
"L'hypertension artérielle n'est pas toujours diagnostiquée et quand elle l'est, elle n'est pas toujours traitée ou bien traitée […]. Et en cas de signes d'AVC, 35% des personnes interrogées dans une enquête n'appelleraient pas le 15", ont commenté les magistrats lors d'une conférence de presse organisée en amont de la publication du rapport.
Un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
Sur l'offre et l'organisation des soins à la phase aiguë, ils ont rappelé qu'il existait 138 unités neurovasculaires (UNV) sur l'objectif de 140 fixé par le plan, "un point positif qui a permis de réduire le taux de mortalité et de séquelles".
"Pourtant, les résultats sont en deçà des attentes, avec 50% des patients qui passent par une UNV, contre un objectif de 90%, et un délai d'admission au-delà de quatre heures pour 30-40%, ce qui représente une perte de chance", avec des inégalités d'accès sur le territoire aux UNV pour la thrombolyse mais aussi aux centres de neuroradiologie interventionnelle (NRI) pour la thrombectomie mécanique.
En raison du manque de personnel spécialisé actuellement (neurologues, neuroradiologues, infirmiers), l'ouverture de nouvelles UNV ou de nouveaux centres NRI "n'apparaît pas envisageable à court terme", et la Cour recommande de renforcer le maillage territorial en développant "le recours au télé-AVC" entre les UNV et les établissements de santé de proximité.
Il convient d'"actualiser la circulaire ministérielle du 6 mars 2012 relative aux filières des patients victimes d'AVC pour promouvoir des organisations territoriales plus mutualisées et des parcours de soins associant davantage les établissements de santé de proximité".
Il est nécessaire d'"élaborer un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pour la filière neurovasculaire", ajoutent les sages. Ils rapportent de leurs échanges avec les agences régionales de santé (ARS) et des responsables d'UNV des fermetures de lits "régulières et motivées par la difficulté à pourvoir les postes ouverts", voire de certaines UNV (Sens et Nevers en Bourgogne-Franche-Comté, Evreux en Normandie, Tarbes en Occitanie) (cf dépêche du 14/11/2024 à 16:04).
Manque d'efforts sur la construction du post-AVC
Enfin, la Cour s'est interrogée sur le post-AVC, notamment l'accès aux soins médicaux et de réadaptation (SMR), aux structures médico-sociales et au domicile. "Le plan 2010-2014 a surtout porté sur la phase aiguë et il n'y a pas eu, de la part des pouvoirs publics, des efforts importants sur la construction du post-AVC", a-t-elle commenté.
Globalement, il apparaît que la filière post-AVC est "mal articulée" avec l'offre de soins pour la phase aiguë et en premier lieu, le bilan est "décevant" pour la phase post-aiguë en SMR en raison d'un manque de lits et d'une durée de séjour qui augmente. Un tiers des patients n'ont pas accès aux SMR, ce qui favorise leur maintien dans des unités de phase aiguë ou leur sortie, trop précoce, vers des lieux inadaptés.
La préparation de la sortie et le suivi à domicile sont également "très insuffisants", avec 45% des patients qui n'ont pas de consultation post-AVC avant de rentrer chez eux. Il existe ensuite des difficultés d'accès aux professionnels de santé libéraux nécessaires à leur accompagnement, notamment un médecin spécialiste ou un généraliste, et une faible coordination de ces professionnels.
Concernant les structures médico-sociales, il existe notamment un réseau développé d'Ehpad mais ces établissements n'ont souvent "pas les capacités, les compétences pour accueillir des patients victimes d'AVC" et il faudrait en financer avec des capacités adaptées.
La Cour formule ainsi quatre recommandations, et tout d'abord de déployer le programme d'accompagnement du retour au domicile (Prado) pour les victimes d'AVC dans tous les établissements de santé disposant d'une UNV. En 2023, 12.000 victimes d'AVC ont adhéré à Prado, soit un taux de couverture d'un peu plus de 10%, et selon une étude, le taux de décès des bénéficiaires du programme est de 5,3%, contre 8,9% dans le groupe contrôle, sur 2020-2022.
Dans le cadre d'un avenant aux schémas régionaux de santé, il convient d'"articuler plus efficacement la filière aiguë de prise en charge des AVC avec les structures d'aval (SMR, HAD, médecine de ville, médico-social) afin d'assurer aux victimes d'AVC un accueil rapide et adapté".
Enfin, les magistrats de la rue Cambon appellent à assurer aux patients "l'accès à un médecin traitant par la mobilisation de la caisse primaire d'assurance maladie et de la communauté professionnelle territoriale de santé compétentes" et préconisent d''impliquer les associations de victimes d'AVC et de leurs aidants dans les instances nationales et régionales de concertation et de pilotage des politiques de santé, du handicap et de la perte d'autonomie".
La Haute autorité de santé (HAS) a publié, mardi, un guide du parcours de soins des patients ayant eu un AVC, avec un chapitre sur les leviers mobilisables par les pouvoirs publics pour l'améliorer (cf dépêche du 28/10/2025 à 13:25), note-t-on.
ld/rm/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- CNPMU
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Podcast
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre
Retour
LA COUR DES COMPTES FORMULE DES RECOMMANDATIONS POUR LA PRÉVENTION, LA PRISE EN CHARGE AIGUË ET CHRONIQUE DES AVC
En 2022, 800.000 personnes ont été prises en charge pour des séquelles d'AVC et 160.000 hospitalisées en 2022 pour un AVC aigu ou un accident ischémique transitoire, et ces derniers pourraient augmenter de 35% d'ici 2035 avec le vieillissement de la population, justifiant que les sages de la Cambon évaluent le plan AVC mis en œuvre en 2010-2014.
S'interrogeant sur l'efficacité et l'efficience des parcours de soins, ils ont formulé une recommandation générale à destination des pouvoirs publics: "définir un nouveau plan AVC permettant un pilotage efficient de l'organisation des parcours de soins des victimes d'AVC", s'appuyant sur une analyse des parcours de soins (cf dépêche du 28/10/2025 à 20:00).
De manière plus précise, ils se sont posé trois questions concernant les différentes étapes de la prise en charge des AVC, la prévention, la phase aiguë et enfin, la rééducation et la phase chronique.
Concernant la prévention primaire, la Cour a une appréciation "réservée" sous l'angle de sa cohérence et de sa pertinence au regard des connaissances sur cette pathologie. "Le contrôle de l'hypertension n'a pas constitué, comme le recommandait pourtant le plan AVC, une priorité de la politique de prévention, alors qu'il s'agit du facteur de risque principal de l'AVC."
Elle recommande d'"élaborer un plan d'action visant à améliorer le dépistage et la prise en charge de l'hypertension artérielle", dans le cadre plus global de la stratégie de prévention contre les maladies cardiovasculaires.
En outre, le rôle du médecin traitant dans le repérage des personnes à risque, leur suivi et leur orientation dans des parcours de soins adaptés apparaît essentiel.
Par ailleurs, des facteurs de risque plus spécifiques et méconnus d'AVC mériteraient aussi d'être mieux pris en compte dans les actions de prévention, comme les apnées du sommeil, l'usage de drogues, l'association de la contraception chimique et du tabac chez les jeunes femmes.
La Cour préconise en parallèle de "définir une stratégie nationale de communication sur la connaissance de l'AVC par la population et sur l'importance d'appeler le 15 en urgence" pour assurer une rapidité de prise en charge et une bonne orientation des patients.
"L'hypertension artérielle n'est pas toujours diagnostiquée et quand elle l'est, elle n'est pas toujours traitée ou bien traitée […]. Et en cas de signes d'AVC, 35% des personnes interrogées dans une enquête n'appelleraient pas le 15", ont commenté les magistrats lors d'une conférence de presse organisée en amont de la publication du rapport.
Un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences
Sur l'offre et l'organisation des soins à la phase aiguë, ils ont rappelé qu'il existait 138 unités neurovasculaires (UNV) sur l'objectif de 140 fixé par le plan, "un point positif qui a permis de réduire le taux de mortalité et de séquelles".
"Pourtant, les résultats sont en deçà des attentes, avec 50% des patients qui passent par une UNV, contre un objectif de 90%, et un délai d'admission au-delà de quatre heures pour 30-40%, ce qui représente une perte de chance", avec des inégalités d'accès sur le territoire aux UNV pour la thrombolyse mais aussi aux centres de neuroradiologie interventionnelle (NRI) pour la thrombectomie mécanique.
En raison du manque de personnel spécialisé actuellement (neurologues, neuroradiologues, infirmiers), l'ouverture de nouvelles UNV ou de nouveaux centres NRI "n'apparaît pas envisageable à court terme", et la Cour recommande de renforcer le maillage territorial en développant "le recours au télé-AVC" entre les UNV et les établissements de santé de proximité.
Il convient d'"actualiser la circulaire ministérielle du 6 mars 2012 relative aux filières des patients victimes d'AVC pour promouvoir des organisations territoriales plus mutualisées et des parcours de soins associant davantage les établissements de santé de proximité".
Il est nécessaire d'"élaborer un plan de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences pour la filière neurovasculaire", ajoutent les sages. Ils rapportent de leurs échanges avec les agences régionales de santé (ARS) et des responsables d'UNV des fermetures de lits "régulières et motivées par la difficulté à pourvoir les postes ouverts", voire de certaines UNV (Sens et Nevers en Bourgogne-Franche-Comté, Evreux en Normandie, Tarbes en Occitanie) (cf dépêche du 14/11/2024 à 16:04).
Manque d'efforts sur la construction du post-AVC
Enfin, la Cour s'est interrogée sur le post-AVC, notamment l'accès aux soins médicaux et de réadaptation (SMR), aux structures médico-sociales et au domicile. "Le plan 2010-2014 a surtout porté sur la phase aiguë et il n'y a pas eu, de la part des pouvoirs publics, des efforts importants sur la construction du post-AVC", a-t-elle commenté.
Globalement, il apparaît que la filière post-AVC est "mal articulée" avec l'offre de soins pour la phase aiguë et en premier lieu, le bilan est "décevant" pour la phase post-aiguë en SMR en raison d'un manque de lits et d'une durée de séjour qui augmente. Un tiers des patients n'ont pas accès aux SMR, ce qui favorise leur maintien dans des unités de phase aiguë ou leur sortie, trop précoce, vers des lieux inadaptés.
La préparation de la sortie et le suivi à domicile sont également "très insuffisants", avec 45% des patients qui n'ont pas de consultation post-AVC avant de rentrer chez eux. Il existe ensuite des difficultés d'accès aux professionnels de santé libéraux nécessaires à leur accompagnement, notamment un médecin spécialiste ou un généraliste, et une faible coordination de ces professionnels.
Concernant les structures médico-sociales, il existe notamment un réseau développé d'Ehpad mais ces établissements n'ont souvent "pas les capacités, les compétences pour accueillir des patients victimes d'AVC" et il faudrait en financer avec des capacités adaptées.
La Cour formule ainsi quatre recommandations, et tout d'abord de déployer le programme d'accompagnement du retour au domicile (Prado) pour les victimes d'AVC dans tous les établissements de santé disposant d'une UNV. En 2023, 12.000 victimes d'AVC ont adhéré à Prado, soit un taux de couverture d'un peu plus de 10%, et selon une étude, le taux de décès des bénéficiaires du programme est de 5,3%, contre 8,9% dans le groupe contrôle, sur 2020-2022.
Dans le cadre d'un avenant aux schémas régionaux de santé, il convient d'"articuler plus efficacement la filière aiguë de prise en charge des AVC avec les structures d'aval (SMR, HAD, médecine de ville, médico-social) afin d'assurer aux victimes d'AVC un accueil rapide et adapté".
Enfin, les magistrats de la rue Cambon appellent à assurer aux patients "l'accès à un médecin traitant par la mobilisation de la caisse primaire d'assurance maladie et de la communauté professionnelle territoriale de santé compétentes" et préconisent d''impliquer les associations de victimes d'AVC et de leurs aidants dans les instances nationales et régionales de concertation et de pilotage des politiques de santé, du handicap et de la perte d'autonomie".
La Haute autorité de santé (HAS) a publié, mardi, un guide du parcours de soins des patients ayant eu un AVC, avec un chapitre sur les leviers mobilisables par les pouvoirs publics pour l'améliorer (cf dépêche du 28/10/2025 à 13:25), note-t-on.
ld/rm/APMnews
Rechercher
Se connecter
Adhérer







Adhérer à la SFMU
Alerte sanitaire
Inscription newsletter