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04/04 2024
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LA CULTURE DU "BED MANAGEMENT" SE DIFFUSE MAIS RESTE SOUS-EXPLOITÉE (FEDORU)

PARIS, 4 avril 2024 (APMnews) - Des outils de "bed management" permettant d'anticiper les besoins capacitaires nécessaires pour absorber l'activité non programmée sont de plus en plus déployés dans les hôpitaux mais encore trop peu investis par les établissements et leur personnel, selon un indice de maturité du "bed management" présenté lors de la journée nationale de la Fédération nationale des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) à Paris.

Cet indice de maturité du bed management a été initialement développé par l'observatoire régional des urgences (ORU) d'Occitanie pour accompagner une gestion territoriale des lits, avant que la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pousse pour sa généralisation avec l'aide de l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap).

Il se fonde sur une enquête menée auprès des établissements au moyen d'un "questionnaire très simple de 36 questions", a résumé Alicia Malacrida, directrice de l'ORU Occitanie, lors de la journée nationale de la Fedoru, qui se tenait jeudi de la semaine dernière à Paris.

Au terme de cette première enquête nationale, 87% des établissements sollicités avaient répondu, avec six régions ayant atteint un taux d'exhaustivité de 100% (Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Guadeloupe et Mayotte).

Alors que la moyenne nationale de cet indice est de 49,1%, le directeur du pôle performance des prises en charge et parcours sanitaires de l'Anap, Valentin Simon, a estimé que ce résultat pouvait être diversement interprété: "Ça veut dire qu'il y a déjà du chemin qui a été parcouru, si on veut le voir de manière positive, mais également beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre un taux plus intéressant".

Ce résultat national varie sensiblement selon les six thématiques prises en compte, avec 66% de la cible atteinte sur les outils de gestion des lits, mais seulement 40% pour l'organisation de la fonction de bed manager et 43% pour l'organisation du pilotage du bed management.

"Avoir des outils ne veut pas forcément dire qu'on les exploite"

"Avoir des outils ne veut pas forcément dire qu'on les exploite et qu'on les exploite bien, mais c'est déjà une chose, en lien aussi avec les financements qui ont pu être accordés au niveau de l'ensemble des régions et des territoires", a fait remarquer Valentin Simon.

Alicia Malacrida a de son côté souligné que cette enquête s'était notamment attachée à déterminer si une fonction de management avait été mise en place pour assurer la gestion des lits "quelle que soit la forme qu'elle prend".

"Ce qu'on voit, c'est que 32% des établissements n'ont pas aujourd'hui de fonction de bed manager, alors que c'était une obligation, et 69% de ceux qui l'ont mis en place l'ont fait uniquement en semaine", a-t-elle pointé.

"Il y a beaucoup de questions qui se posent", a reconnu la directrice de l'ORU Occitane: "Qu'est-ce qu'un bed manager finalement dans l'établissement et quelles sont ces véritables missions?"

"Est-ce que c'est simplement quelqu'un qui s'assure d'une bonne remontée des disponibilités en lits et qui transfère cette information dans l'établissement ou est-ce que c'est quelqu'un qui a un vrai pouvoir d'ordonnancement et qui est légitimé et appuyé assis par sa direction dans l'établissement?", a-t-elle poursuivi.

Des marqueurs comme la mise en place de commissions des admissions non programmées (CANP) et du besoin journalier minimum en lits (BJML) constituent également "des points qui pêchent puisque 69% n'utilisent pas ou peu ce besoin journalier minimal en lits" a enchaîné Alicia Malacrida, tandis que 61% des établissements n'ont pas de CANP.

Par ailleurs, 70% des établissements interrogés n'avaient pas encore intégré un dispositif territorial de gestion des lits.

La directrice de l'ORU a également mis en garde sur une surinterprétation des indices de maturité concernant le déploiement d'outils de gestion des lits: 48% des outils employés par les répondants ne donnaient pas de visibilité des lits disponibles en temps réel et seuls 52% avaient été réellement adoptés par les médecins.

"Derrière ces outils, on peut avoir un tableau Excel comme on peut avoir un outil interopéré avec le logiciel d'établissement", a-t-elle fait remarquer. "Ce n'est pas parce qu'on a un outil automatisé et très chouette et très cher qu'il y a une information fiable derrière, donc un fichier Excel très bien rempli et animé au sein de l'établissement peut être tout aussi efficace."

Une marge de progression importante sur l'aval

Si 71% des sorties d'hospitalisation sont anticipées la veille, 66% de ces sorties se font encore entre 14 heures et 18 heures.

Sur cette problématique de la gestion de l'aval, dont les "bed-blockers" constituent l'exemple paroxystique, Valentin Simon a mis en exergue que 31% des établissements sondés n'avaient pas de convention active avec les soins médicaux de réadaptation (SMR) et 72% n'utilisent pas ou peu l'hospitalisation à domicile (HAD).

Le directeur du pôle performance des prises en charge et parcours sanitaires a pourtant assuré que la HAD devait constituer "un réflexe" devant être mobilisée "dès les urgences pour permettre d'éviter certaines hospitalisations" et qui pouvait également "permettre, dans certaines situations, d'être un aval, un aval envisageable".

Enfin, 36% des répondants mobilisent des dispositifs d'appui à la coordination (DAC) dans leur organisation, "ce qui est encourageant mais qui pourrait encore être développé", a-t-il estimé.

"On voit que la maturité dans les territoires est très différente, très disparate, pour ces DAC et la capacité de l'HAD à intervenir dès les urgences", a cependant nuancé Alicia Malacrida.

"Les premiers résultats mettent en évidence une certaine disparité en fonction des territoires", a abondé Valentin Simon, en souhaitant toutefois mettre en exergue "une appropriation des outils" malgré "un retard sur la mise en place de la fonction bed manager et du volet de pilotage de la gestion des lits".

gl/ld/APMnews

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PARIS, 4 avril 2024 (APMnews) - Des outils de "bed management" permettant d'anticiper les besoins capacitaires nécessaires pour absorber l'activité non programmée sont de plus en plus déployés dans les hôpitaux mais encore trop peu investis par les établissements et leur personnel, selon un indice de maturité du "bed management" présenté lors de la journée nationale de la Fédération nationale des observatoires régionaux des urgences (Fedoru) à Paris.

Cet indice de maturité du bed management a été initialement développé par l'observatoire régional des urgences (ORU) d'Occitanie pour accompagner une gestion territoriale des lits, avant que la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pousse pour sa généralisation avec l'aide de l'Agence nationale de la performance sanitaire et médico-sociale (Anap).

Il se fonde sur une enquête menée auprès des établissements au moyen d'un "questionnaire très simple de 36 questions", a résumé Alicia Malacrida, directrice de l'ORU Occitanie, lors de la journée nationale de la Fedoru, qui se tenait jeudi de la semaine dernière à Paris.

Au terme de cette première enquête nationale, 87% des établissements sollicités avaient répondu, avec six régions ayant atteint un taux d'exhaustivité de 100% (Bretagne, Pays de la Loire, Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Occitanie, Guadeloupe et Mayotte).

Alors que la moyenne nationale de cet indice est de 49,1%, le directeur du pôle performance des prises en charge et parcours sanitaires de l'Anap, Valentin Simon, a estimé que ce résultat pouvait être diversement interprété: "Ça veut dire qu'il y a déjà du chemin qui a été parcouru, si on veut le voir de manière positive, mais également beaucoup de chemin à parcourir pour atteindre un taux plus intéressant".

Ce résultat national varie sensiblement selon les six thématiques prises en compte, avec 66% de la cible atteinte sur les outils de gestion des lits, mais seulement 40% pour l'organisation de la fonction de bed manager et 43% pour l'organisation du pilotage du bed management.

"Avoir des outils ne veut pas forcément dire qu'on les exploite"

"Avoir des outils ne veut pas forcément dire qu'on les exploite et qu'on les exploite bien, mais c'est déjà une chose, en lien aussi avec les financements qui ont pu être accordés au niveau de l'ensemble des régions et des territoires", a fait remarquer Valentin Simon.

Alicia Malacrida a de son côté souligné que cette enquête s'était notamment attachée à déterminer si une fonction de management avait été mise en place pour assurer la gestion des lits "quelle que soit la forme qu'elle prend".

"Ce qu'on voit, c'est que 32% des établissements n'ont pas aujourd'hui de fonction de bed manager, alors que c'était une obligation, et 69% de ceux qui l'ont mis en place l'ont fait uniquement en semaine", a-t-elle pointé.

"Il y a beaucoup de questions qui se posent", a reconnu la directrice de l'ORU Occitane: "Qu'est-ce qu'un bed manager finalement dans l'établissement et quelles sont ces véritables missions?"

"Est-ce que c'est simplement quelqu'un qui s'assure d'une bonne remontée des disponibilités en lits et qui transfère cette information dans l'établissement ou est-ce que c'est quelqu'un qui a un vrai pouvoir d'ordonnancement et qui est légitimé et appuyé assis par sa direction dans l'établissement?", a-t-elle poursuivi.

Des marqueurs comme la mise en place de commissions des admissions non programmées (CANP) et du besoin journalier minimum en lits (BJML) constituent également "des points qui pêchent puisque 69% n'utilisent pas ou peu ce besoin journalier minimal en lits" a enchaîné Alicia Malacrida, tandis que 61% des établissements n'ont pas de CANP.

Par ailleurs, 70% des établissements interrogés n'avaient pas encore intégré un dispositif territorial de gestion des lits.

La directrice de l'ORU a également mis en garde sur une surinterprétation des indices de maturité concernant le déploiement d'outils de gestion des lits: 48% des outils employés par les répondants ne donnaient pas de visibilité des lits disponibles en temps réel et seuls 52% avaient été réellement adoptés par les médecins.

"Derrière ces outils, on peut avoir un tableau Excel comme on peut avoir un outil interopéré avec le logiciel d'établissement", a-t-elle fait remarquer. "Ce n'est pas parce qu'on a un outil automatisé et très chouette et très cher qu'il y a une information fiable derrière, donc un fichier Excel très bien rempli et animé au sein de l'établissement peut être tout aussi efficace."

Une marge de progression importante sur l'aval

Si 71% des sorties d'hospitalisation sont anticipées la veille, 66% de ces sorties se font encore entre 14 heures et 18 heures.

Sur cette problématique de la gestion de l'aval, dont les "bed-blockers" constituent l'exemple paroxystique, Valentin Simon a mis en exergue que 31% des établissements sondés n'avaient pas de convention active avec les soins médicaux de réadaptation (SMR) et 72% n'utilisent pas ou peu l'hospitalisation à domicile (HAD).

Le directeur du pôle performance des prises en charge et parcours sanitaires a pourtant assuré que la HAD devait constituer "un réflexe" devant être mobilisée "dès les urgences pour permettre d'éviter certaines hospitalisations" et qui pouvait également "permettre, dans certaines situations, d'être un aval, un aval envisageable".

Enfin, 36% des répondants mobilisent des dispositifs d'appui à la coordination (DAC) dans leur organisation, "ce qui est encourageant mais qui pourrait encore être développé", a-t-il estimé.

"On voit que la maturité dans les territoires est très différente, très disparate, pour ces DAC et la capacité de l'HAD à intervenir dès les urgences", a cependant nuancé Alicia Malacrida.

"Les premiers résultats mettent en évidence une certaine disparité en fonction des territoires", a abondé Valentin Simon, en souhaitant toutefois mettre en exergue "une appropriation des outils" malgré "un retard sur la mise en place de la fonction bed manager et du volet de pilotage de la gestion des lits".

gl/ld/APMnews

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