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24/08 2018
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LA DGOS CONTESTE LE CLASSEMENT DU POINT SUR LES APPELS AU SAMU

PARIS, 24 août 2018 (APMnews) - La direction générale de l'offre de soins (DGOS) a déclaré vendredi que le classement des Samu-centres 15 par l'hebdomadaire Le Point, en fonction du taux d'appels décrochés, est entaché "de plusieurs erreurs de méthodologie et de raisonnement", dans une réaction dont APMnews a eu copie.

Le Point a fait paraître jeudi son 22e palmarès des établissements de santé. Sont arrivés en tête le CHU de Toulouse, dans la catégorie hôpitaux publics et privés à but non lucratif, et le centre hospitalier (CH) privé Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine), dans la catégorie cliniques (cf dépêche du 23/08/2018 à 11:58).

Nouveauté cette année, la publication d'un classement des Samu-centres 15 en fonction du taux de prise en charge des appels téléphoniques, sur la base de l'enquête administrative statistique annuelle des établissements de santé (SAE) pour 2016.

L'hebdomadaire rapporte que les Samu de Pointe-à-Pitre (42,7%), Paris (49,8%), Perpignan (57,45%) ont les taux d'appels "décrochés" les plus bas (cf dépêche du 23/08/2018 à 13:06). Tous établissements confondus, le total des appels reçus non traités atteindrait 4,6 millions.

Ces statistiques ont été vivement contestées par l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et des représentants de la profession (cf dépêche du 23/08/2018 à 18:38).

Des chiffres impossibles à affirmer selon la DGOS

Dans sa réaction au classement du Point, la DGOS explique que les données de la SAE utilisées par l'hebdomadaire "doivent être interprétées avec prudence". "Elles sont déclaratives et ne font pas encore l’objet d’un recueil uniformisé et informatisé, ce qui sera le cas au terme du déploiement du programme Si-Samu (futur système d’information des Samu)."

De plus, "le suivi de la qualité dans les Samu se complète [...] d’analyses qualitatives du respect des procédures en place, de revues de morbi-mortalité...", poursuit la DGOS.

"Il n'est pas davantage tenu compte des appels adressés par erreur aux centres 15, pour lesquels les appelants raccrochent spontanément en entendant la réponse automatique dont sont dotés certains Samu."

"Pour cette raison, mais aussi parce qu'une même personne peut passer des appels multiples, on ne peut en aucun cas affirmer que 4,6 millions de personnes n’ont pas reçu de réponse", déplore-t-elle.

Ainsi, la DGOS considère que "les conclusions" de l'hebdomadaire sont "entachées de plusieurs erreurs de méthodologie et de raisonnement".

"Par exemple, l’absence de réponse dans la SAE par certains établissements sur le nombre d’appels décrochés n’a pas été prise en compte. Dans leur cas, l’ensemble des appels reçus est considéré à tort par Le Point comme n’ayant pas fait l’objet d’une réponse", assure-t-elle.

D'une manière générale, la DGOS s'oppose au "Samu-bashing", quelques mois après le décès de Naomi Musenga aux urgences du CHU de Strasbourg (cf dépêche du 09/05/2018 à 18:16).

Elle affirme que les difficultés "que rencontrent certains Samu" et services d'urgence, sont "intimement liées à l’augmentation soutenue de leur activité". Elle indique que des "enseignements ont été tirés" du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié en juin, faisant état de dysfonctionnements ponctuels et structurels dans la prise en charge de Naomi Musenga (cf dépêche du 20/06/2018 à 18:57).

La DGOS rappelle notamment que le gouvernement doit présenter à l'automne une feuille de route basée sur les propositions formulées fin juin par les organisations d'urgentistes. Celles-ci visaient à améliorer le fonctionnement des centres 15 par la création d'un diplôme d'Etat pour les assistants de régulation médicale (ARM) (cf dépêche du 02/07/2018 à 19:29) ainsi que des certifications de la Haute autorité de santé (HAS) et ISO 9001 au sein des Samu (cf dépêche du 14/05/2018 à 19:40).

Plusieurs établissements, dont le CHU de Grenoble, montent au créneau

Outre la DGOS, plusieurs établissements pointés du doigt ont vivement réagi jeudi et vendredi au classement du Point sur les Samu.

Le CH de Perpignan a qualifié ces chiffres de "pas du tout fiables" concernant le Samu des Pyrénées-Orientales, dont le taux de décrochage est le 3e plus bas. "Il y a eu des dysfonctionnements importants dans le logiciel de gestion des appels et beaucoup d'appels traités n'ont pas été comptabilisés [dans les données transmises à la SAE]", affirme-t-il.

L'hôpital rapporte que les "chiffres réels" pour le Samu sont de "81,5%" d'appels décrochés et de "75,51%" de décrochés en moins d'une minute, contre respectivement 57,45% et 53,88% selon Le Point. Il assure par ailleurs qu’il n’y a pas "de manque de moyens sur le Samu" et que les "effectifs de permanenciers d'été" sont actuellement renforcés.

Pour direction générale du CHU de Grenoble, le chiffre de 4,6 millions d'appels non traités "ne reflète en aucun cas la réalité". Il y figure "notamment de nombreuses erreurs de numéro et également des problèmes techniques rencontrés par les standards téléphoniques".

"A Grenoble, le Samu 38 [16e au classement avec un taux de 79,05%] n’a de cesse d’améliorer ses performances dans un contexte tendu d’augmentation continue du nombre d’appels (18% d’augmentation depuis le début de l’année 2018 par rapport à l’an dernier). En dépit de cette hausse importante du nombre d’appels, le taux d’appels décrochés s’est amélioré en 2018 (+3%), résultat d’une politique volontariste", affirme le CHU.

L'hôpital universitaire indique qu'il a récemment renforcé son équipe avec "+3,2" équivalents temps plein (ETP) d'ARM, "+1 médecin régulateur en journée" et "+2 médecins régulateurs en fin de journée".

De son côté, le CH du Mans "conteste l'interprétation" des chiffres publiés sur le Samu de la Sarthe (22e au classement avec 80,59% d'appels décrochés). "En effet, le Samu du CH s’est doté de nouveaux moyens informatiques qui permettent d’extraire des données plus fines et d'apporter ainsi un correctif aux données de 2016 et de donner les vrais chiffres."

"Ainsi, 96,93% des appels au 15 ont été décrochés par un assistant de régulation médicale" en 2016, dont "91 % dans la minute", indique l'hôpital.

En outre, "les appels non décrochés pointés par le journal n’ont pas concerné des appelants 'laissés pour compte' mais des appels raccrochés par l’appelant lui-même, en majorité dans les 15 premières secondes de la bande-annonce".

Dans une publication diffusée vendredi sur les réseaux sociaux, l'agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe a par ailleurs exprimé son "soutien" aux équipes du Samu du CHU de Guadeloupe, dont le taux de décrochage (42,7%) est le plus bas de France selon Le Point.

syl/ab/APMnews

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PARIS, 24 août 2018 (APMnews) - La direction générale de l'offre de soins (DGOS) a déclaré vendredi que le classement des Samu-centres 15 par l'hebdomadaire Le Point, en fonction du taux d'appels décrochés, est entaché "de plusieurs erreurs de méthodologie et de raisonnement", dans une réaction dont APMnews a eu copie.

Le Point a fait paraître jeudi son 22e palmarès des établissements de santé. Sont arrivés en tête le CHU de Toulouse, dans la catégorie hôpitaux publics et privés à but non lucratif, et le centre hospitalier (CH) privé Saint-Grégoire (Ille-et-Vilaine), dans la catégorie cliniques (cf dépêche du 23/08/2018 à 11:58).

Nouveauté cette année, la publication d'un classement des Samu-centres 15 en fonction du taux de prise en charge des appels téléphoniques, sur la base de l'enquête administrative statistique annuelle des établissements de santé (SAE) pour 2016.

L'hebdomadaire rapporte que les Samu de Pointe-à-Pitre (42,7%), Paris (49,8%), Perpignan (57,45%) ont les taux d'appels "décrochés" les plus bas (cf dépêche du 23/08/2018 à 13:06). Tous établissements confondus, le total des appels reçus non traités atteindrait 4,6 millions.

Ces statistiques ont été vivement contestées par l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) et des représentants de la profession (cf dépêche du 23/08/2018 à 18:38).

Des chiffres impossibles à affirmer selon la DGOS

Dans sa réaction au classement du Point, la DGOS explique que les données de la SAE utilisées par l'hebdomadaire "doivent être interprétées avec prudence". "Elles sont déclaratives et ne font pas encore l’objet d’un recueil uniformisé et informatisé, ce qui sera le cas au terme du déploiement du programme Si-Samu (futur système d’information des Samu)."

De plus, "le suivi de la qualité dans les Samu se complète [...] d’analyses qualitatives du respect des procédures en place, de revues de morbi-mortalité...", poursuit la DGOS.

"Il n'est pas davantage tenu compte des appels adressés par erreur aux centres 15, pour lesquels les appelants raccrochent spontanément en entendant la réponse automatique dont sont dotés certains Samu."

"Pour cette raison, mais aussi parce qu'une même personne peut passer des appels multiples, on ne peut en aucun cas affirmer que 4,6 millions de personnes n’ont pas reçu de réponse", déplore-t-elle.

Ainsi, la DGOS considère que "les conclusions" de l'hebdomadaire sont "entachées de plusieurs erreurs de méthodologie et de raisonnement".

"Par exemple, l’absence de réponse dans la SAE par certains établissements sur le nombre d’appels décrochés n’a pas été prise en compte. Dans leur cas, l’ensemble des appels reçus est considéré à tort par Le Point comme n’ayant pas fait l’objet d’une réponse", assure-t-elle.

D'une manière générale, la DGOS s'oppose au "Samu-bashing", quelques mois après le décès de Naomi Musenga aux urgences du CHU de Strasbourg (cf dépêche du 09/05/2018 à 18:16).

Elle affirme que les difficultés "que rencontrent certains Samu" et services d'urgence, sont "intimement liées à l’augmentation soutenue de leur activité". Elle indique que des "enseignements ont été tirés" du rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas), publié en juin, faisant état de dysfonctionnements ponctuels et structurels dans la prise en charge de Naomi Musenga (cf dépêche du 20/06/2018 à 18:57).

La DGOS rappelle notamment que le gouvernement doit présenter à l'automne une feuille de route basée sur les propositions formulées fin juin par les organisations d'urgentistes. Celles-ci visaient à améliorer le fonctionnement des centres 15 par la création d'un diplôme d'Etat pour les assistants de régulation médicale (ARM) (cf dépêche du 02/07/2018 à 19:29) ainsi que des certifications de la Haute autorité de santé (HAS) et ISO 9001 au sein des Samu (cf dépêche du 14/05/2018 à 19:40).

Plusieurs établissements, dont le CHU de Grenoble, montent au créneau

Outre la DGOS, plusieurs établissements pointés du doigt ont vivement réagi jeudi et vendredi au classement du Point sur les Samu.

Le CH de Perpignan a qualifié ces chiffres de "pas du tout fiables" concernant le Samu des Pyrénées-Orientales, dont le taux de décrochage est le 3e plus bas. "Il y a eu des dysfonctionnements importants dans le logiciel de gestion des appels et beaucoup d'appels traités n'ont pas été comptabilisés [dans les données transmises à la SAE]", affirme-t-il.

L'hôpital rapporte que les "chiffres réels" pour le Samu sont de "81,5%" d'appels décrochés et de "75,51%" de décrochés en moins d'une minute, contre respectivement 57,45% et 53,88% selon Le Point. Il assure par ailleurs qu’il n’y a pas "de manque de moyens sur le Samu" et que les "effectifs de permanenciers d'été" sont actuellement renforcés.

Pour direction générale du CHU de Grenoble, le chiffre de 4,6 millions d'appels non traités "ne reflète en aucun cas la réalité". Il y figure "notamment de nombreuses erreurs de numéro et également des problèmes techniques rencontrés par les standards téléphoniques".

"A Grenoble, le Samu 38 [16e au classement avec un taux de 79,05%] n’a de cesse d’améliorer ses performances dans un contexte tendu d’augmentation continue du nombre d’appels (18% d’augmentation depuis le début de l’année 2018 par rapport à l’an dernier). En dépit de cette hausse importante du nombre d’appels, le taux d’appels décrochés s’est amélioré en 2018 (+3%), résultat d’une politique volontariste", affirme le CHU.

L'hôpital universitaire indique qu'il a récemment renforcé son équipe avec "+3,2" équivalents temps plein (ETP) d'ARM, "+1 médecin régulateur en journée" et "+2 médecins régulateurs en fin de journée".

De son côté, le CH du Mans "conteste l'interprétation" des chiffres publiés sur le Samu de la Sarthe (22e au classement avec 80,59% d'appels décrochés). "En effet, le Samu du CH s’est doté de nouveaux moyens informatiques qui permettent d’extraire des données plus fines et d'apporter ainsi un correctif aux données de 2016 et de donner les vrais chiffres."

"Ainsi, 96,93% des appels au 15 ont été décrochés par un assistant de régulation médicale" en 2016, dont "91 % dans la minute", indique l'hôpital.

En outre, "les appels non décrochés pointés par le journal n’ont pas concerné des appelants 'laissés pour compte' mais des appels raccrochés par l’appelant lui-même, en majorité dans les 15 premières secondes de la bande-annonce".

Dans une publication diffusée vendredi sur les réseaux sociaux, l'agence régionale de santé (ARS) Guadeloupe a par ailleurs exprimé son "soutien" aux équipes du Samu du CHU de Guadeloupe, dont le taux de décrochage (42,7%) est le plus bas de France selon Le Point.

syl/ab/APMnews