Actualités de l'Urgence - APM

AUXERRE, 28 mars 2025 (APMnews) - Les centres hospitaliers (CH) d'Auxerre, Avallon, Clamecy et Tonnerre, en Bourgogne-Franche-Comté, ont engagé tour à tour l'actualisation de leur projet d'établissement, après celle de leur groupement hospitalier de territoire (GHT), a-t-on appris lundi lors d'un échange avec la directrice commune des quatre hôpitaux, Agnès Cornillault.

"Il nous fallait reprendre tous les documents programmatiques", a expliqué Agnès Cornillault un peu plus d'un an après sa prise de fonctions, fin 2023.

Le CH d'Avallon a été le premier à actualiser son projet d'établissement, début 2025, notamment pour valider son projet de reconstruction auprès de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté fin janvier (cf dépêche du 31/01/2025 à 19:18).

"Tonnerre est en train de finir son projet d'établissement, Auxerre a lancé ses travaux fin 2024 et il restera à lancer Clamecy", a poursuivi la directrice des quatre hôpitaux de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) du GHT Sud Yonne-Haut-Nivernais, qui comprend également le centre hospitalier spécialisé (CHS) de l'Yonne (Auxerre).

Les hôpitaux de la direction commune ont également mis sur rails l'actualisation de leurs schémas directeurs des systèmes d'information (SDIS) en 2024, après avoir déployé un dossier patient informatisé (DPI) unique au sein de la direction commune avec le précédent SDIS, tandis que des "discussions sont en cours avec le CHS" à ce sujet, selon la directrice.

"L'une des problématiques à Auxerre, c'est la vétusté de son bâti. Nous allons lancer une consultation pour un schéma directeur immobilier", a repris Agnès Cornillault, en pointant "la nécessité de faire un bilan d'un hôpital qui s'est progressivement étendu, avec un mélange de bâtiment d'âges différents avec un indice de vétusté globale qui est élevé".

Elle a notamment cité le cas de la résidence Saint-Germain, "un bâtiment de fin 1970 qui a besoin d'être rénové", avec le projet de déménager les lits (80 lits et 10 places de soins médicaux et de réadaptation, ainsi que cinq lits de soins palliatifs) vers le site principal du CH d'Auxerre: "C'est une opération complexe, parce que notre objectif serait de garder le même capacitaire et l'espace est très contraint."

Ce schéma directeur immobilier devra également tenter de résoudre le sujet de la saturation des capacités de parking de l'établissement, "alors que le site est en déclivité", mais aussi celui des surcoûts énergétiques, que la directrice avait déjà pointés dans une interview accordée à APMnews en août 2024 (cf dépêche du 09/08/2024 à 17:43).

Pour mener ces travaux, l'hôpital auxerrois souhaiterait "solliciter un avis extérieur" et obtenir un retour à l'automne.

La direction a d'ores et déjà prévu des travaux sur trois ans pour le remplacement de tout le système "appel malade", de la téléphonie, une consultation pour changer les groupes d'eau froide pour un coût prévisionnel de plus de 1,3 million d'euros (M€).

De premiers signes d'amélioration financière

"On a travaillé un plan d'action qui vise à améliorer notre trajectoire financière à cinq ans", a rappelé la directrice, qui avait précédemment mis en exergue la nécessité de rétablir la trajectoire financière de ses quatre établissements afin de pouvoir soutenir leurs investissements.

Ce plan d'action, qui porte notamment sur "la fiabilisation de tout le circuit de facturation et le codage des séjours", semble déjà produire de premiers effets, a rapporté la directrice: "Certaines des actions ont déjà été mises en œuvre, ce qui nous a permis d'améliorer la situation par rapport au prévisionnel sur 2024, en sachant qu'en parallèle, nous avons une assez forte augmentation d'activité sur 2024, qu'il s'agisse des séjours, des séances ou des consultations".

Alors que l'état prévisionnel des recettes et des dépenses (EPRD) du CH anticipait un déficit de près de 9 M€ en 2024, son résultat prévisionnel est en amélioration, se situant à ce jour autour de 7,6 M€.

Si le plan d'action du CH d'Auxerre a pour objectif un retour à l'équilibre à cinq ans, l'EPRD 2025 de l'hôpital prévoit un déficit de près de 9,5 M€ pour un budget de 202,5 M€.

"On a rouvert tous nos lits, mais on fait face à une augmentation d'activité", a fait remarquer Agnès Cornillault, en ajoutant que l'hôpital connaissait encore "des difficultés" de ressources humaines "sur certaines spécialités médicales", avec "des équipes qui restent fragiles, notamment l'anesthésie, qui limite l'activité des blocs", et des spécialités orphelines comme la dermatologie, la rhumatologie, l'ORL ou encore l'ophtalmologie.

La vacance de trois postes de manipulateurs en électroradiologie médicale (MERM) perturbe également le fonctionnement des urgences, comme l'ont mis en exergue les représentants CGT de l'hôpital en alertant à plusieurs reprises, en janvier, sur la dégradation des conditions de prise en charge aux urgences d'Auxerre.

"La situation s'est dégradée depuis l'été dernier, avec une saturation très régulièrement depuis", avait rapporté Corinne Rivière, secrétaire du syndicat CGT du CH d'Auxerre, contactée fin janvier par APMnews.

"L'origine du problème, c'est l'orientation des patients à leur arrivée aux urgences, et l'attente des différents bilans -sanguin, radio- pour savoir si on hospitalise ou pas", avait-elle expliqué. "Les patients dorment toujours sur des brancards et les soignants sont à bout de nerfs!"

De son côté, la direction a souligné que le service d'urgence de l'hôpital avait été configuré pour 90 passages par jour alors qu'il en accueillait "en moyenne 110, voire 150" entre décembre 2024 et janvier; tandis que les urgences pédiatriques, calibrées pour 50 passages par jour, devaient en absorber "jusqu'à 80 parfois".

Agnès Cornillault a reconnu que la situation était "difficile" malgré l'ouverture en 2024 d'une maison médicale de garde (MMG) adossée à l'hôpital.

Si elle assure partager le diagnostic de la CGT, elle a estimé que l'établissement pouvait encore s'améliorer dans son organisation, en indiquant qu'un groupe de travail avait été lancé à ce sujet.

Plusieurs mesures ont déjà été mises en place, a concédé la CGT, en mentionnant le développement d'une cellule "Bed-manager" à l'échelle du GHT, le renforcement des liens avec l'hospitalisation à domicile (HAD), le développement du réseau médico-social du pôle de gériatrie et, plus spécifiquement aux urgences, le positionnement de "15 lits tampons", des renforts d'infirmiers et d'aides-soignants.

Dans une démarche de dialogue avec la direction et l'agence régionale de santé (ARS), le syndicat réclame cependant "la révision du capacitaire du nombre de lits [à l'hôpital] au vu de la désertification médicale", un renfort permanent de paramédicaux et une coordination avec les urgences de la polyclinique Sainte-Marguerite (Elsan) à Auxerre.

gl/lb/APMnews