Actualités de l'Urgence - APM

LA FÉDÉRATION HOSPITALIÈRE DE FRANCE PUBLIE SON PREMIER BAROMÈTRE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Le baromètre fait partie d'un livret sur l'IA plus large, publié dans un contexte de "très forte pression à l'adoption" liée aux investissements massifs dans l'IA, a souligné lors de sa présentation Laurent Pierre, conseiller "numérique en santé" de la FHF et responsable de la commission numérique et IA, créée en avril.
"L'hôpital est une chance pour l'IA", et non l'inverse, a-t-il estimé, car il va aider à la rendre "éthique et fiable".
L'engouement pour l'IA se traduit par la part d'établissements qui utilisent déjà des solutions d'intelligence artificielle en production: 65% ont répondu par l'affirmative et 90% ont "l'intention de lancer de nouvelles initiatives ou projets basés sur l'IA, d'ici un à trois ans".
"Le recours à l'IA dans les établissements se structure et s'élargit", relève encore l'étude, avec 48% des établissements qui ont identifié un référent ou établi un comité de pilotage dédié. "Parmi eux, 70% travaillent à une véritable feuille de route stratégique au niveau de l'établissement, et 34% l'élargissent déjà à l'échelle du groupement hospitalier de territoire (GHT)".
Actuellement, "le nombre d'applications déployées reste généralement modeste -moins d'une dizaine", avec deux grands usages, en imagerie la relecture des radios aux urgences et l'aide à la rédaction. "Pour beaucoup d'établissements, le déploiement de ces outils gagnerait à être mieux encadré", juge encore la FHF.
L'amélioration de l'efficacité opérationnelle au premier rang des bénéfices
Concernant les bénéfices attendus ou constatés vis-à-vis de l'IA, 80% ont cité en réponse "l'amélioration de l'efficacité opérationnelle", la technologie étant perçue comme "un levier pour fluidifier les processus (automatisation des tâches)" et "dégager du temps "non médical" pour le réinvestir dans le soin".
L'amélioration de la qualité des soins intervient en deuxième point, à 69%, devant l'amélioration de la satisfaction des patients et/ou du personnel (42%), au coude-à-coude avec l'optimisation des coûts (38%).
"Le message des hospitaliers est sans ambiguïté, interprète la FHF: l'IA doit avant tout libérer du temps médical et améliorer les résultats cliniques pour, in fine, mieux bénéficier aux patients et aux équipes". Quant à l'optimisation des coûts, "elle apparaît non pas comme une fin en soi, mais plutôt comme la conséquence naturelle d'une meilleure organisation des soins".
La médecine sur mesure enregistre un petit score, 8%, "sa concrétisation se heurt[ant] encore au manque d'interopérabilité entre les systèmes".
S'agissant des priorités d'usage, elles "dessinent une tendance où l'IA s'ancre d'abord dans le cœur de métier clinique, avec pour objectif de diagnostiquer mieux et plus vite". Ainsi, l'IA est utilisée par un peu plus de la moitié pour l'aide au diagnostic ou à la décision clinique, loin devant le pilotage stratégique et l'analyse de données (21%), freinés par "le manque de structuration et d'interopérabilité des données", et la recherche clinique ou biomédicale (14%), un usage bien identifié mais "moins cité puisqu'il concerne principalement les CHU".
L'organisation logistique et les flux sont des domaines peu exploités, -cités par un peu plus de 10% des répondants-, "alors même que les gains potentiels grâce à l'IA (gestion des stocks, planification des rendez-vous, optimisation de la gestion des lits) sont a priori importants".
"In fine, les établissements souhaitent se structurer autour d'une gouvernance qui pourrait reposer sur trois piliers stratégiques", synthétise le baromètre: "gagner du temps médical et paramédical", "optimiser le pilotage organisationnel, financier et logistique" et "automatiser les tâches répétitives et soutenir les fonctions support".
Les répondants ont aussi été interrogés sur les freins, qui sont en premier lieu financiers, 83% évoquant un déficit structurel de moyens: "80% des établissements consacrent moins de 2% du budget DSI à l'IA, et 56% d'entre eux n'ont aucun budget dédié", note la FHF. Les deux tiers mentionnent aussi le manque de compétences internes en sciences des données et un tiers, le cadre réglementaire -règlement sur l'IA et RGPD. Enfin, "la qualité des données constitue un frein majeur", pointe la FHF, même si elle n'est citée que par 20% des répondants, presque à égalité avec la résistance au changement ou les réticences du personnel.
Premières recommandations
Outre le baromètre, le livret comprend des éléments pour guider la démarche des établissements et éviter de "créer une génération de soignants dépendants de l'assistance algorithmique". La commission numérique et IA va poursuivre ses travaux.
Au premier rang, figure la mise en place d'une stratégie: gouvernance, feuille de route partagée et définition des moyens. La FHF recommande le dispositif de garantie humaine des systèmes fondés sur l'IA en santé, décrit dans la spécification Afnor 2213. Cette démarche "se déploie progressivement", relève la fédération.
L'échelon du groupement hospitalier de territoire (GHT) est présenté comme une réponse aux problématiques de ressources, qui "permet de mutualiser les investissements, partager les compétences et négocier des conditions préférentielles".
La FHF demande aussi un "plan IA" national, "qui permettrait d'homogénéiser les démarches et de mutualiser certains coûts", alors que le retour sur investissement est parfois complexe à calculer. La commission IA de la FHF fait une offre de services, "s'engag[eant] à travailler sur ce sujet pour proposer des solutions adaptées aux réalités économiques du secteur hospitalier et médico-social public". Le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, a soumis à consultation, le 1er juillet, une stratégie sur l'IA en santé, rappelle-t-on (cf dépêche du 01/07/2025 à 21:25).
Lors d'une table ronde organisée dans le cadre de ces universités d'été, la coresponsable de la délégation au numérique en santé (DNS) Hela Ghariani a fait allusion aux travaux en cours sur le ROI de l'IA, en vue de la prochaine loi de financement de la sécurité sociale (cf dépêche du 25/06/2025 à 13:23 et dépêche du 26/11/2024 à 16:58). La Haute autorité de santé (HAS) a aussi lancé des travaux en vue de structurer l'évaluation des dispositifs médicaux (DM) numériques à usage professionnel, à la demande de la DNS (cf dépêche du 27/08/2025 à 12:32).
sbl/lb/APMnews
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LA FÉDÉRATION HOSPITALIÈRE DE FRANCE PUBLIE SON PREMIER BAROMÈTRE DE L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE
Le baromètre fait partie d'un livret sur l'IA plus large, publié dans un contexte de "très forte pression à l'adoption" liée aux investissements massifs dans l'IA, a souligné lors de sa présentation Laurent Pierre, conseiller "numérique en santé" de la FHF et responsable de la commission numérique et IA, créée en avril.
"L'hôpital est une chance pour l'IA", et non l'inverse, a-t-il estimé, car il va aider à la rendre "éthique et fiable".
L'engouement pour l'IA se traduit par la part d'établissements qui utilisent déjà des solutions d'intelligence artificielle en production: 65% ont répondu par l'affirmative et 90% ont "l'intention de lancer de nouvelles initiatives ou projets basés sur l'IA, d'ici un à trois ans".
"Le recours à l'IA dans les établissements se structure et s'élargit", relève encore l'étude, avec 48% des établissements qui ont identifié un référent ou établi un comité de pilotage dédié. "Parmi eux, 70% travaillent à une véritable feuille de route stratégique au niveau de l'établissement, et 34% l'élargissent déjà à l'échelle du groupement hospitalier de territoire (GHT)".
Actuellement, "le nombre d'applications déployées reste généralement modeste -moins d'une dizaine", avec deux grands usages, en imagerie la relecture des radios aux urgences et l'aide à la rédaction. "Pour beaucoup d'établissements, le déploiement de ces outils gagnerait à être mieux encadré", juge encore la FHF.
L'amélioration de l'efficacité opérationnelle au premier rang des bénéfices
Concernant les bénéfices attendus ou constatés vis-à-vis de l'IA, 80% ont cité en réponse "l'amélioration de l'efficacité opérationnelle", la technologie étant perçue comme "un levier pour fluidifier les processus (automatisation des tâches)" et "dégager du temps "non médical" pour le réinvestir dans le soin".
L'amélioration de la qualité des soins intervient en deuxième point, à 69%, devant l'amélioration de la satisfaction des patients et/ou du personnel (42%), au coude-à-coude avec l'optimisation des coûts (38%).
"Le message des hospitaliers est sans ambiguïté, interprète la FHF: l'IA doit avant tout libérer du temps médical et améliorer les résultats cliniques pour, in fine, mieux bénéficier aux patients et aux équipes". Quant à l'optimisation des coûts, "elle apparaît non pas comme une fin en soi, mais plutôt comme la conséquence naturelle d'une meilleure organisation des soins".
La médecine sur mesure enregistre un petit score, 8%, "sa concrétisation se heurt[ant] encore au manque d'interopérabilité entre les systèmes".
S'agissant des priorités d'usage, elles "dessinent une tendance où l'IA s'ancre d'abord dans le cœur de métier clinique, avec pour objectif de diagnostiquer mieux et plus vite". Ainsi, l'IA est utilisée par un peu plus de la moitié pour l'aide au diagnostic ou à la décision clinique, loin devant le pilotage stratégique et l'analyse de données (21%), freinés par "le manque de structuration et d'interopérabilité des données", et la recherche clinique ou biomédicale (14%), un usage bien identifié mais "moins cité puisqu'il concerne principalement les CHU".
L'organisation logistique et les flux sont des domaines peu exploités, -cités par un peu plus de 10% des répondants-, "alors même que les gains potentiels grâce à l'IA (gestion des stocks, planification des rendez-vous, optimisation de la gestion des lits) sont a priori importants".
"In fine, les établissements souhaitent se structurer autour d'une gouvernance qui pourrait reposer sur trois piliers stratégiques", synthétise le baromètre: "gagner du temps médical et paramédical", "optimiser le pilotage organisationnel, financier et logistique" et "automatiser les tâches répétitives et soutenir les fonctions support".
Les répondants ont aussi été interrogés sur les freins, qui sont en premier lieu financiers, 83% évoquant un déficit structurel de moyens: "80% des établissements consacrent moins de 2% du budget DSI à l'IA, et 56% d'entre eux n'ont aucun budget dédié", note la FHF. Les deux tiers mentionnent aussi le manque de compétences internes en sciences des données et un tiers, le cadre réglementaire -règlement sur l'IA et RGPD. Enfin, "la qualité des données constitue un frein majeur", pointe la FHF, même si elle n'est citée que par 20% des répondants, presque à égalité avec la résistance au changement ou les réticences du personnel.
Premières recommandations
Outre le baromètre, le livret comprend des éléments pour guider la démarche des établissements et éviter de "créer une génération de soignants dépendants de l'assistance algorithmique". La commission numérique et IA va poursuivre ses travaux.
Au premier rang, figure la mise en place d'une stratégie: gouvernance, feuille de route partagée et définition des moyens. La FHF recommande le dispositif de garantie humaine des systèmes fondés sur l'IA en santé, décrit dans la spécification Afnor 2213. Cette démarche "se déploie progressivement", relève la fédération.
L'échelon du groupement hospitalier de territoire (GHT) est présenté comme une réponse aux problématiques de ressources, qui "permet de mutualiser les investissements, partager les compétences et négocier des conditions préférentielles".
La FHF demande aussi un "plan IA" national, "qui permettrait d'homogénéiser les démarches et de mutualiser certains coûts", alors que le retour sur investissement est parfois complexe à calculer. La commission IA de la FHF fait une offre de services, "s'engag[eant] à travailler sur ce sujet pour proposer des solutions adaptées aux réalités économiques du secteur hospitalier et médico-social public". Le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, a soumis à consultation, le 1er juillet, une stratégie sur l'IA en santé, rappelle-t-on (cf dépêche du 01/07/2025 à 21:25).
Lors d'une table ronde organisée dans le cadre de ces universités d'été, la coresponsable de la délégation au numérique en santé (DNS) Hela Ghariani a fait allusion aux travaux en cours sur le ROI de l'IA, en vue de la prochaine loi de financement de la sécurité sociale (cf dépêche du 25/06/2025 à 13:23 et dépêche du 26/11/2024 à 16:58). La Haute autorité de santé (HAS) a aussi lancé des travaux en vue de structurer l'évaluation des dispositifs médicaux (DM) numériques à usage professionnel, à la demande de la DNS (cf dépêche du 27/08/2025 à 12:32).
sbl/lb/APMnews