Actualités de l'Urgence - APM

30/09 2015
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LA FHF ENTÉRINE LES RECOMMANDATIONS D'UN COLLÈGE D'ACTEURS DU SECTEUR PSYCHIATRIQUE

(Par Pierre MARTIN)

PARIS, 29 septembre 2015 (APM) - Le conseil d'administration de la Fédération hospitalière de France (FHF) a validé mercredi les recommandations de sa commission psychiatrie et santé mentale, a rapporté lundi à l'APM son coordonnateur, le Dr Yvan Halimi.

Composée de 19 membres, elle compte notamment des directeurs de centres hospitaliers spécialisés (CHS), des médecins, des représentants de collectivités territoriales et des représentants d'associations de patients. L'élaboration de ces recommandations a débuté fin 2013 pour s'achever en mars 2015.

Elles sont le prolongement des 20 propositions formulées en 2011 par cinq organisations, dont la FHF, dans le cadre du Plan psychiatrie et santé mentale 2011-15.

Les conclusions de la commission seront évoquées pour la première fois vendredi à Angers, à l'occasion de la première rencontre régionale des acteurs et partenaires de la psychiatrie publique en Pays-de-la-Loire. Elles devraient par la suite être "formalisées" et diffusées sur le site internet de la fédération.

Neuf grands thèmes sont abordés: la recherche, l'implication des usagers dans l'amélioration des soins, la formation infirmière en psychiatrie, les prises en charge d'urgence, les relations entre médecins généralistes et psychiatrie, les particularités des personnes âgées, le suivi des enfants maltraités ou négligés, la problématique du logement des patients, et enfin la question des modes de financement du secteur.

S'APPUYER SUR LE VECU DES PATIENTS

Le Dr Halimi a insisté auprès de l'APM sur la nécessité de soutenir la participation des patients à l'élaboration des politiques de soin et de prévention. Ils "apportent un regard précieux pour améliorer la qualité des soins", et tout particulièrement dans le champ des soins sans consentement, où "le vécu d'une personne est important pour mieux comprendre les enjeux".

Dans un document de travail transmis à l'APM, la commission recommande que des subventions équivalentes à celles dont bénéficie l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) soient accordées à la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie (Fnapsy). Elle prône également une "sécurisation" des budgets de financement des groupes d'entraide mutuelle (GEM).

Yvan Halimi a estimé que "la diminution des heures de formation théorique et pratique", consécutive à la disparition, en 1992, du diplôme d'infirmier de secteur psychiatrique, avait eu un impact sur la qualité des soins et qu'elle avait contribué à un "vécu d'insécurité" dans la profession. La commission préconise donc la création d'une année de spécialisation infirmière de niveau master I, appuyée par un stage dans des services de psychiatrie.

Sur la prise en charge des enfants victimes de maltraitance et de négligence, le Dr Halimi a regretté un "accès difficile" aux soins pour des jeunes patients "fragilisés" et souvent isolés de leur famille. Il a défendu l'organisation d'une "pédopsychiatrie de liaison avec les services de protection de l'enfance", à l'instar de ce qui se fait actuellement dans les services de pédiatrie, régulièrement visités par des psychiatres. La commission souhaite en outre le développement d'actions de formation auprès des professionnels des services de protection de l'enfance sur les "signes de souffrance psychique de l'enfant".

Yvan Halimi a également dénoncé l'utilisation par le gouvernement des budgets de psychiatrie comme "variable d'ajustement". "Faute de modalités d'allocation des ressources suffisamment claires", celui-ci a par exemple pu annuler, en 2014, 253 millions d'euros de dotation annuelle.

La commission psychiatrie et santé mentale de la FHF réitère donc une revendication largement partagée par l'ensemble des acteurs: la reprise du comité de pilotage pour la mise en oeuvre de la valorisation de l'activité en psychiatrie (VAP), et la mise en place d'un modèle "pluraliste" de financement (géopopulationnel, activité, Migac -mission d'intérêt général et d'aide à la contractualisation).

TRAVAILLER SUR LES URGENCES ET LE LIEN AVEC LE MEDECIN GENERALISTE

Dans le champ des urgences psychiatriques, la commission préconise entre autres des formations spécifiques aux urgentistes et infirmiers diplômés d'Etat (IDE) exerçant dans les services d'accueil des urgences (SAU). Elle souhaite le développement des compétences psychiatriques au sein des Samu, où il n'existe "pas de dispositif dédié", et la formalisation d'un "budget [priorisé et] inscrit au projet de territoire".

Face à l'"insuffisante coordination" entre les médecins généralistes et le secteur psychiatrique, les intervenants de la commission insistent sur la mise en oeuvre de la charte signée, en avril, entre la conférence des présidents de CME (commission médicale d'établissement) de CHS et le collège de la médecine générale.

Ils mettent en garde contre un "double cloisonnement" des personnes âgées: "délaissement par les équipes [de psychiatrie] de la population des établissements pour personnes âgées" (Ehpad), et dans le même temps "réticence du secteur médico-social pour accueillir les patients psychiatriques".

Développer les interventions des équipes de psychiatrie dans les Ehpad, en s'appuyant sur le médecin coordonnateur, contribuerait à compenser ce risque, estime la commission. Elle prône également une spécialisation en psycho-gériatrie dans la formation initiale des médecins et une formation adaptée des professionnels du secteur médico-social.

Pointant un "pourcentage important de personnes hospitalisées en milieu spécialisé par carence de solutions d'hébergement ou de logement", elle défend la "mise en place d'un accompagnement global au domicile (service d'accompagnement à la vie sociale -SAVS-, service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés -Samsah-, auxiliaires de vie)".

S'agissant enfin de la recherche, la commission alerte sur le fait que le budget attribué aux maladies mentales ne représente en France que 2% de la recherche biomédicale, contre 7% au Royaume-Uni et 11% aux Etats-Unis. Outre la "mise en oeuvre [...] d'une organisation régionale et nationale de la recherche en psychiatrie", annoncée le 29 janvier, elle recommande "l'augmentation du nombre [très insuffisant] de postes universitaires" dans cette discipline.

pm/ab/APM polsan

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(Par Pierre MARTIN)

PARIS, 29 septembre 2015 (APM) - Le conseil d'administration de la Fédération hospitalière de France (FHF) a validé mercredi les recommandations de sa commission psychiatrie et santé mentale, a rapporté lundi à l'APM son coordonnateur, le Dr Yvan Halimi.

Composée de 19 membres, elle compte notamment des directeurs de centres hospitaliers spécialisés (CHS), des médecins, des représentants de collectivités territoriales et des représentants d'associations de patients. L'élaboration de ces recommandations a débuté fin 2013 pour s'achever en mars 2015.

Elles sont le prolongement des 20 propositions formulées en 2011 par cinq organisations, dont la FHF, dans le cadre du Plan psychiatrie et santé mentale 2011-15.

Les conclusions de la commission seront évoquées pour la première fois vendredi à Angers, à l'occasion de la première rencontre régionale des acteurs et partenaires de la psychiatrie publique en Pays-de-la-Loire. Elles devraient par la suite être "formalisées" et diffusées sur le site internet de la fédération.

Neuf grands thèmes sont abordés: la recherche, l'implication des usagers dans l'amélioration des soins, la formation infirmière en psychiatrie, les prises en charge d'urgence, les relations entre médecins généralistes et psychiatrie, les particularités des personnes âgées, le suivi des enfants maltraités ou négligés, la problématique du logement des patients, et enfin la question des modes de financement du secteur.

S'APPUYER SUR LE VECU DES PATIENTS

Le Dr Halimi a insisté auprès de l'APM sur la nécessité de soutenir la participation des patients à l'élaboration des politiques de soin et de prévention. Ils "apportent un regard précieux pour améliorer la qualité des soins", et tout particulièrement dans le champ des soins sans consentement, où "le vécu d'une personne est important pour mieux comprendre les enjeux".

Dans un document de travail transmis à l'APM, la commission recommande que des subventions équivalentes à celles dont bénéficie l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (Unafam) soient accordées à la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie (Fnapsy). Elle prône également une "sécurisation" des budgets de financement des groupes d'entraide mutuelle (GEM).

Yvan Halimi a estimé que "la diminution des heures de formation théorique et pratique", consécutive à la disparition, en 1992, du diplôme d'infirmier de secteur psychiatrique, avait eu un impact sur la qualité des soins et qu'elle avait contribué à un "vécu d'insécurité" dans la profession. La commission préconise donc la création d'une année de spécialisation infirmière de niveau master I, appuyée par un stage dans des services de psychiatrie.

Sur la prise en charge des enfants victimes de maltraitance et de négligence, le Dr Halimi a regretté un "accès difficile" aux soins pour des jeunes patients "fragilisés" et souvent isolés de leur famille. Il a défendu l'organisation d'une "pédopsychiatrie de liaison avec les services de protection de l'enfance", à l'instar de ce qui se fait actuellement dans les services de pédiatrie, régulièrement visités par des psychiatres. La commission souhaite en outre le développement d'actions de formation auprès des professionnels des services de protection de l'enfance sur les "signes de souffrance psychique de l'enfant".

Yvan Halimi a également dénoncé l'utilisation par le gouvernement des budgets de psychiatrie comme "variable d'ajustement". "Faute de modalités d'allocation des ressources suffisamment claires", celui-ci a par exemple pu annuler, en 2014, 253 millions d'euros de dotation annuelle.

La commission psychiatrie et santé mentale de la FHF réitère donc une revendication largement partagée par l'ensemble des acteurs: la reprise du comité de pilotage pour la mise en oeuvre de la valorisation de l'activité en psychiatrie (VAP), et la mise en place d'un modèle "pluraliste" de financement (géopopulationnel, activité, Migac -mission d'intérêt général et d'aide à la contractualisation).

TRAVAILLER SUR LES URGENCES ET LE LIEN AVEC LE MEDECIN GENERALISTE

Dans le champ des urgences psychiatriques, la commission préconise entre autres des formations spécifiques aux urgentistes et infirmiers diplômés d'Etat (IDE) exerçant dans les services d'accueil des urgences (SAU). Elle souhaite le développement des compétences psychiatriques au sein des Samu, où il n'existe "pas de dispositif dédié", et la formalisation d'un "budget [priorisé et] inscrit au projet de territoire".

Face à l'"insuffisante coordination" entre les médecins généralistes et le secteur psychiatrique, les intervenants de la commission insistent sur la mise en oeuvre de la charte signée, en avril, entre la conférence des présidents de CME (commission médicale d'établissement) de CHS et le collège de la médecine générale.

Ils mettent en garde contre un "double cloisonnement" des personnes âgées: "délaissement par les équipes [de psychiatrie] de la population des établissements pour personnes âgées" (Ehpad), et dans le même temps "réticence du secteur médico-social pour accueillir les patients psychiatriques".

Développer les interventions des équipes de psychiatrie dans les Ehpad, en s'appuyant sur le médecin coordonnateur, contribuerait à compenser ce risque, estime la commission. Elle prône également une spécialisation en psycho-gériatrie dans la formation initiale des médecins et une formation adaptée des professionnels du secteur médico-social.

Pointant un "pourcentage important de personnes hospitalisées en milieu spécialisé par carence de solutions d'hébergement ou de logement", elle défend la "mise en place d'un accompagnement global au domicile (service d'accompagnement à la vie sociale -SAVS-, service d'accompagnement médico-social pour adultes handicapés -Samsah-, auxiliaires de vie)".

S'agissant enfin de la recherche, la commission alerte sur le fait que le budget attribué aux maladies mentales ne représente en France que 2% de la recherche biomédicale, contre 7% au Royaume-Uni et 11% aux Etats-Unis. Outre la "mise en oeuvre [...] d'une organisation régionale et nationale de la recherche en psychiatrie", annoncée le 29 janvier, elle recommande "l'augmentation du nombre [très insuffisant] de postes universitaires" dans cette discipline.

pm/ab/APM polsan

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