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27/01 2025
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LA FHF HAUTS-DE-FRANCE ESTIME QUE 10 EHPAD PUBLICS DE LA RÉGION POURRAIENT FERMER EN 2025

(Par Bruno DECOTTIGNIES, à Lens)

LENS (Pas-de-Calais), 27 janvier 2025 (APMnews) - Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Hauts-de-France, Frédéric Chéreau, a estimé que 10 Ehpad publics de la région, représentant environ 1.000 places, dont la moitié dans le Nord et l'autre moitié dans l'Aisne, risquaient de mettre la clef sous la porte en 2025 compte tenu de leurs difficultés financières, lors de la cérémonie des vœux 2025 de sa fédération, vendredi, au musée du Louvre-Lens.

Frédéric Chéreau, maire socialiste de Douai, a succédé à Rémi Pauvros à la tête de la FHF Hauts-de-France à l'été 2024 (cf dépêche du 27/09/2024 à 15:41).

Au total, 90% des Ehpad publics de la région, autonomes ou rattachés à un hôpital, seraient en "grande difficulté", pour un déficit cumulé évalué à 70 millions d'euros (M€) en 2024.

"Nous avons eu six fermetures en 2024, dont une fermeture un peu rapide où il a fallu agir en accéléré, et nous craignons une dizaine de fermetures encore possibles en 2025, avec une vraie question derrière: quand on ferme, où partent les lits? Sont-ils maintenus, sont-ils redistribués?", s'est-il inquiété, notamment pour les résidents les plus modestes n'ayant pas les moyens de recourir au secteur privé.

Il a notamment estimé à 10.000 € par lit le surcoût du régime financier et fiscal applicable aux Ehpad publics par rapport à celui applicable aux Ehpad privés.

Si les groupements territoriaux sociaux et médico-sociaux (GTSMS) peuvent contribuer à faire des économies d'échelle sur les achats, ils ne répondront pas aux problèmes de déficit des Ehpad, a prévenu Frédéric Chéreau.

"Chasser en meute"

Il a aussi pointé la situation financière des hôpitaux publics de la région, dont le déficit cumulé devrait atteindre 350 M€, soit 10% du déficit national des hôpitaux publics de France (cf dépêche du 21/01/2025 à 16:33), alors que les hôpitaux publics régionaux réalisent environ 10% de l'activité totale des hôpitaux publics.

"Savoir faire face aux crises est notre métier, c'est notre honneur. Je crois que nous avons promis une fois de plus que nous en étions capables. Ce qui est peut-être plus inquiétant, c'est qu'on finit par avoir l'impression que les moments de crise succèdent aux moments de crise, sans temps mort", a-t-il commenté.

"Dans ce contexte, ça devient plus compliqué de se projeter, de travailler sur des projets de long terme, de recherche, d'investissement, de formation, ou des sujets qui sont aujourd'hui devant nous, comme la transition écologique, comme l'intelligence artificielle", a-t-il poursuivi.

Frédéric Chéreau a toutefois salué le rebond d'activité en 2024, de +3%, concentré sur l'ambulatoire médical, où "la concurrence avec le privé est forte".

L'hospitalisation conventionnelle a en revanche tendance à se tasser, restant inférieure à 2019. "Ça contribue à la tension financière de nos hôpitaux", a-t-il rappelé.

La pénurie médicale "qui se poursuit notamment sur les spécialités à permanence des soins [PDS]" n'arrange rien. "La PDS est une contrainte qui peut nuire à notre activité médicale, doit être suffisamment et solidement financée, ça sera un de nos chantiers 2025", a-t-il promis.

La pénurie de personnel médical tend en revanche à se résorber, a-t-il évoqué, avant d'annoncer vouloir travailler de façon "innovante" sur l'attractivité des métiers "le plus en amont possible", avant même le choix des formations via Parcoursup, pour résorber les taux de pertes importants en cours de formation paramédicale ou dans les premières années d'exercice.

Concernant les renouvellements d'autorisations, le président de la FHF régionale a enjoint ses adhérents à signaler toutes les difficultés potentielles sur les dossiers qui ne sont "pas gagnés d'avance", afin de "chasser en meute".

"Parfois, quand un dossier est un peu fragile, [il faut] qu'on puisse échanger avec le directeur et le PCME [président de la commission médicale d'établissement], mais que quand le dossier est solide, que nous montions les arguments, pour que tous les membres de la FHF présents à la CSOS [commission spécialisée de l'organisation des soins] tiennent le même discours, défendent solidement le dossier, parce que ça se joue parfois à un temps d'échange de cinq ou 10 minutes" avant que le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) ne se fasse son idée.

Mettre à contribution les cliniques incapables d'assurer la continuité des soins

Il a assuré que pour les autorisations conditionnées à la participation à la PDS et à la continuité des soins, introduites par la loi "Valletoux" (cf dépêche du 28/12/2023 à 10:27), la FHF serait très vigilante à ce que les établissements privés s'y engageant jouent vraiment le jeu.

"Nous voyons encore régulièrement des patients qui devraient être pris par une clinique privée sur une spécialité donnée en continuité/permanence des soins […] renvoyés à l'hôpital public voisin. Dans certains cas, effectivement la clinique n'est pas en mesure de prendre le patient. Ça interroge sur l'autorisation, est-ce qu'on n'a pas donné parfois l'autorisation un peu rapidement à des établissements qui n'ont pas la capacité à le faire ? […]. Il y a une vraie réflexion à mener dans ces cas-là sur le transfert de prise en charge financière […]. Si le privé prend l'autorisation, que le privé assume de bout en bout la continuité, la PDS, et si par hasard le patient doit revenir chez nous, il faut que la clinique finance la prise en charge de son patient sur son autorisation", a-t-il fait valoir.

Frédéric Chéreau a invité les hôpitaux à investir dans les plateaux techniques spécialisés en accès direct/aux urgences soumis à financement différencié une fois ce dernier précisé par voie réglementaire, afin de capter de la patientèle pour laquelle la concurrence avec le secteur privé est parfois rude, notamment en ophtalmologie.

bd/ab/APMnews

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LENS (Pas-de-Calais), 27 janvier 2025 (APMnews) - Le président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Hauts-de-France, Frédéric Chéreau, a estimé que 10 Ehpad publics de la région, représentant environ 1.000 places, dont la moitié dans le Nord et l'autre moitié dans l'Aisne, risquaient de mettre la clef sous la porte en 2025 compte tenu de leurs difficultés financières, lors de la cérémonie des vœux 2025 de sa fédération, vendredi, au musée du Louvre-Lens.

Frédéric Chéreau, maire socialiste de Douai, a succédé à Rémi Pauvros à la tête de la FHF Hauts-de-France à l'été 2024 (cf dépêche du 27/09/2024 à 15:41).

Au total, 90% des Ehpad publics de la région, autonomes ou rattachés à un hôpital, seraient en "grande difficulté", pour un déficit cumulé évalué à 70 millions d'euros (M€) en 2024.

"Nous avons eu six fermetures en 2024, dont une fermeture un peu rapide où il a fallu agir en accéléré, et nous craignons une dizaine de fermetures encore possibles en 2025, avec une vraie question derrière: quand on ferme, où partent les lits? Sont-ils maintenus, sont-ils redistribués?", s'est-il inquiété, notamment pour les résidents les plus modestes n'ayant pas les moyens de recourir au secteur privé.

Il a notamment estimé à 10.000 € par lit le surcoût du régime financier et fiscal applicable aux Ehpad publics par rapport à celui applicable aux Ehpad privés.

Si les groupements territoriaux sociaux et médico-sociaux (GTSMS) peuvent contribuer à faire des économies d'échelle sur les achats, ils ne répondront pas aux problèmes de déficit des Ehpad, a prévenu Frédéric Chéreau.

"Chasser en meute"

Il a aussi pointé la situation financière des hôpitaux publics de la région, dont le déficit cumulé devrait atteindre 350 M€, soit 10% du déficit national des hôpitaux publics de France (cf dépêche du 21/01/2025 à 16:33), alors que les hôpitaux publics régionaux réalisent environ 10% de l'activité totale des hôpitaux publics.

"Savoir faire face aux crises est notre métier, c'est notre honneur. Je crois que nous avons promis une fois de plus que nous en étions capables. Ce qui est peut-être plus inquiétant, c'est qu'on finit par avoir l'impression que les moments de crise succèdent aux moments de crise, sans temps mort", a-t-il commenté.

"Dans ce contexte, ça devient plus compliqué de se projeter, de travailler sur des projets de long terme, de recherche, d'investissement, de formation, ou des sujets qui sont aujourd'hui devant nous, comme la transition écologique, comme l'intelligence artificielle", a-t-il poursuivi.

Frédéric Chéreau a toutefois salué le rebond d'activité en 2024, de +3%, concentré sur l'ambulatoire médical, où "la concurrence avec le privé est forte".

L'hospitalisation conventionnelle a en revanche tendance à se tasser, restant inférieure à 2019. "Ça contribue à la tension financière de nos hôpitaux", a-t-il rappelé.

La pénurie médicale "qui se poursuit notamment sur les spécialités à permanence des soins [PDS]" n'arrange rien. "La PDS est une contrainte qui peut nuire à notre activité médicale, doit être suffisamment et solidement financée, ça sera un de nos chantiers 2025", a-t-il promis.

La pénurie de personnel médical tend en revanche à se résorber, a-t-il évoqué, avant d'annoncer vouloir travailler de façon "innovante" sur l'attractivité des métiers "le plus en amont possible", avant même le choix des formations via Parcoursup, pour résorber les taux de pertes importants en cours de formation paramédicale ou dans les premières années d'exercice.

Concernant les renouvellements d'autorisations, le président de la FHF régionale a enjoint ses adhérents à signaler toutes les difficultés potentielles sur les dossiers qui ne sont "pas gagnés d'avance", afin de "chasser en meute".

"Parfois, quand un dossier est un peu fragile, [il faut] qu'on puisse échanger avec le directeur et le PCME [président de la commission médicale d'établissement], mais que quand le dossier est solide, que nous montions les arguments, pour que tous les membres de la FHF présents à la CSOS [commission spécialisée de l'organisation des soins] tiennent le même discours, défendent solidement le dossier, parce que ça se joue parfois à un temps d'échange de cinq ou 10 minutes" avant que le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) ne se fasse son idée.

Mettre à contribution les cliniques incapables d'assurer la continuité des soins

Il a assuré que pour les autorisations conditionnées à la participation à la PDS et à la continuité des soins, introduites par la loi "Valletoux" (cf dépêche du 28/12/2023 à 10:27), la FHF serait très vigilante à ce que les établissements privés s'y engageant jouent vraiment le jeu.

"Nous voyons encore régulièrement des patients qui devraient être pris par une clinique privée sur une spécialité donnée en continuité/permanence des soins […] renvoyés à l'hôpital public voisin. Dans certains cas, effectivement la clinique n'est pas en mesure de prendre le patient. Ça interroge sur l'autorisation, est-ce qu'on n'a pas donné parfois l'autorisation un peu rapidement à des établissements qui n'ont pas la capacité à le faire ? […]. Il y a une vraie réflexion à mener dans ces cas-là sur le transfert de prise en charge financière […]. Si le privé prend l'autorisation, que le privé assume de bout en bout la continuité, la PDS, et si par hasard le patient doit revenir chez nous, il faut que la clinique finance la prise en charge de son patient sur son autorisation", a-t-il fait valoir.

Frédéric Chéreau a invité les hôpitaux à investir dans les plateaux techniques spécialisés en accès direct/aux urgences soumis à financement différencié une fois ce dernier précisé par voie réglementaire, afin de capter de la patientèle pour laquelle la concurrence avec le secteur privé est parfois rude, notamment en ophtalmologie.

bd/ab/APMnews