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18/01 2021
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LA FILIÈRE AVC IMPACTÉE PAR LE COVID-19 DURANT LA PREMIÈRE VAGUE, MAIS MOINS DURANT LA DEUXIÈME

PARIS, 18 janvier 2021 (APMnews) - La filière de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) a été impactée de façon significative par la crise du Covid-19 durant la première vague mais l'impact a été limité durant la deuxième vague, grâce notamment à une anticipation, selon des données présentées vendredi au congrès virtuel de la Société française neurovasculaire (SFNV).

Catherine Lamy de l'hôpital Sainte-Anne à Paris a présenté des données sur la région Ile-de-France, région où la diffusion de l'épidémie a été importante lors de la première vague et "tous les établissements de santé ont été concernés par la prise en charge du Covid-19", mais où "la prise en charge en urgence des AVC est restée une des priorités de la filière neurologique".

Il y a dans cette région la plus peuplée 21 unités neurovasculaires (UNV), dont une pédiatrique, avec une forte concentration sur Paris intra-muros ainsi que la petite couronne.

Durant la première vague au printemps 2020, il y a eu "une perte globale en capacité d'accueil", a noté Catherine Lamy.

"Certaines USINV [unités de soins intensifs neurovasculaires] ont été transformées en USC [unités de surveillance continue] pour la prise en charge des patients Covid-19 oxygénodépendants. Des lits ont été parfois délocalisés, ou mutualisés en Usic [unités de soins intensifs cardiologiques], en réanimation…". Il y a eu aussi une mobilisation d'une partie des effectifs médicaux et paramédicaux pour des patients Covid.

Baisse du nombre de lits d'USINV durant la première vague

Alors que la capacité des USINV en Ile-de-France est en temps normal de 170 lits, elle est passée à 123 lits, soit une baisse de 28%, durant la première vague. La perte de lits neurovasculaires transformés en lits Covid était "plus marquée dans Paris intra-muros".

C'est toutefois moins que la perte de 50% des lits d'UNV et de neurologie générale.

Mais au décours de cette première vagu,e il y a eu une "reprise progressive de l'activité des filières neurovasculaires et des consultations". Puis lorsqu'est arrivé la deuxième vague, d'une part elle a été "moins brutale", d'autre part elle a été "mieux anticipée", grâce à l'expérience acquise durant la première vague, a indiqué la neurologue parisienne.

Il y a eu une réorganisation visant à limiter la perte de chance, aussi bien pour les patients Covid que non Covid, et la déprogrammation d'activités a été "progressive et moins massive". Cela a permis de maintenir les filières habituelles.

"Peu de lits d'USINV ont été fermés" durant cette deuxième vague, on est seulement passé de 170 à 153 lits. Et quand des lits ont été fermés, c'était parfois lié à des problèmes d'effectifs, conséquence de la fatigue du personnel. En revanche, beaucoup de lits d'UNV ont été fermés.

Baisse du nombre d'AVC

Concernant l'impact du Covid-19 sur l'activité des établissements possédant une UNV, le nombre d'AVC hospitalisés entre mars et mai 2020 a été diminué de 17% (données DIM) ou 22% (données PMSI) par rapport à la même période en 2019. La proportion d'AVC ischémiques ou hémorragiques était stable et l'âge des patients similaire.

Une diminution du nombre de thrombolyses et de thrombectomies a été observée mais, malgré cela, la proportion de patients avec un infarctus cérébral qui ont été revascularisés était similaire (12,9% en 2019 et 12,8% en 2020).

Les AVC associés au Covid-19 représentaient 5% du total des AVC (soit 170 cas, dont 51 en réanimation ou USC et 119 en USINV/UNV).

"Ces chiffres sont comparables à ceux de la littérature qui montrent une réduction de 20 à 30% selon les régions des événements coronaires et cérébrovasculaires durant la première vague de Covid-19", a-t-elle noté. Ce qu'a confirmé Sébastien Richard du CHU de Nancy en faisant une revue de la littérature: "il y a eu partout une baisse du nombre d'AVC", qui a concerné "surtout les AVC mineurs".

Ce qui pourrait être dû à un "moindre recours aux soins" par autocensure, ou maintien au domicile d'AVC mineurs, ou à une prise en charge dans d'autres filières, ou bien encore à une réelle baisse liée à une "diminution transitoire de facteurs de risque" tels que le stress professionnel ou l'effort physique.

Concernant les thrombectomies, Pascale Dhote-Burger, représentante de la direction générale de l'offre de soins (DGOS), a précisé qu'une baisse de l'activité interventionnelle avait été observée sur toute la France durant la période mars-avril 2020.

Sébastien Richard a estimé, au vu d'études de différents pays, que globalement "la pandémie a nui à la filière AVC". Face notamment à des augmentations de délais d'arrivée des patients pouvant être liée à la saturation des moyens de transports médicaux, la télé-expertise pourrait être "une solution" pour "voir les patients à distance" et "anticiper les transports et les techniques de reperfusion".

Un impact en aval

Catherine Lamy a par ailleurs noté que les réorganisations des UNV avaient eu un impact sur le parcours de soin des patients après la phase aiguë: la diminution du nombre de lits d'UNV a causé des difficultés en aval des USINV et le retour à domicile a été plus complexe. Mais il y a eu une mobilisation des soins de suite et de réadaptation (SSR), de la ville et de l'hospitalisation à domicile (HAD), a-t-elle ajouté.

De plus, des consultations post-AVC ont dû être reportées, des équipes mobiles ont arrêté leur activité, de même que des kinésithérapeutes et des orthophonistes (avec toutefois le recours aux télésoins).

fb/ab/APMnews

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LA FILIÈRE AVC IMPACTÉE PAR LE COVID-19 DURANT LA PREMIÈRE VAGUE, MAIS MOINS DURANT LA DEUXIÈME

PARIS, 18 janvier 2021 (APMnews) - La filière de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC) a été impactée de façon significative par la crise du Covid-19 durant la première vague mais l'impact a été limité durant la deuxième vague, grâce notamment à une anticipation, selon des données présentées vendredi au congrès virtuel de la Société française neurovasculaire (SFNV).

Catherine Lamy de l'hôpital Sainte-Anne à Paris a présenté des données sur la région Ile-de-France, région où la diffusion de l'épidémie a été importante lors de la première vague et "tous les établissements de santé ont été concernés par la prise en charge du Covid-19", mais où "la prise en charge en urgence des AVC est restée une des priorités de la filière neurologique".

Il y a dans cette région la plus peuplée 21 unités neurovasculaires (UNV), dont une pédiatrique, avec une forte concentration sur Paris intra-muros ainsi que la petite couronne.

Durant la première vague au printemps 2020, il y a eu "une perte globale en capacité d'accueil", a noté Catherine Lamy.

"Certaines USINV [unités de soins intensifs neurovasculaires] ont été transformées en USC [unités de surveillance continue] pour la prise en charge des patients Covid-19 oxygénodépendants. Des lits ont été parfois délocalisés, ou mutualisés en Usic [unités de soins intensifs cardiologiques], en réanimation…". Il y a eu aussi une mobilisation d'une partie des effectifs médicaux et paramédicaux pour des patients Covid.

Baisse du nombre de lits d'USINV durant la première vague

Alors que la capacité des USINV en Ile-de-France est en temps normal de 170 lits, elle est passée à 123 lits, soit une baisse de 28%, durant la première vague. La perte de lits neurovasculaires transformés en lits Covid était "plus marquée dans Paris intra-muros".

C'est toutefois moins que la perte de 50% des lits d'UNV et de neurologie générale.

Mais au décours de cette première vagu,e il y a eu une "reprise progressive de l'activité des filières neurovasculaires et des consultations". Puis lorsqu'est arrivé la deuxième vague, d'une part elle a été "moins brutale", d'autre part elle a été "mieux anticipée", grâce à l'expérience acquise durant la première vague, a indiqué la neurologue parisienne.

Il y a eu une réorganisation visant à limiter la perte de chance, aussi bien pour les patients Covid que non Covid, et la déprogrammation d'activités a été "progressive et moins massive". Cela a permis de maintenir les filières habituelles.

"Peu de lits d'USINV ont été fermés" durant cette deuxième vague, on est seulement passé de 170 à 153 lits. Et quand des lits ont été fermés, c'était parfois lié à des problèmes d'effectifs, conséquence de la fatigue du personnel. En revanche, beaucoup de lits d'UNV ont été fermés.

Baisse du nombre d'AVC

Concernant l'impact du Covid-19 sur l'activité des établissements possédant une UNV, le nombre d'AVC hospitalisés entre mars et mai 2020 a été diminué de 17% (données DIM) ou 22% (données PMSI) par rapport à la même période en 2019. La proportion d'AVC ischémiques ou hémorragiques était stable et l'âge des patients similaire.

Une diminution du nombre de thrombolyses et de thrombectomies a été observée mais, malgré cela, la proportion de patients avec un infarctus cérébral qui ont été revascularisés était similaire (12,9% en 2019 et 12,8% en 2020).

Les AVC associés au Covid-19 représentaient 5% du total des AVC (soit 170 cas, dont 51 en réanimation ou USC et 119 en USINV/UNV).

"Ces chiffres sont comparables à ceux de la littérature qui montrent une réduction de 20 à 30% selon les régions des événements coronaires et cérébrovasculaires durant la première vague de Covid-19", a-t-elle noté. Ce qu'a confirmé Sébastien Richard du CHU de Nancy en faisant une revue de la littérature: "il y a eu partout une baisse du nombre d'AVC", qui a concerné "surtout les AVC mineurs".

Ce qui pourrait être dû à un "moindre recours aux soins" par autocensure, ou maintien au domicile d'AVC mineurs, ou à une prise en charge dans d'autres filières, ou bien encore à une réelle baisse liée à une "diminution transitoire de facteurs de risque" tels que le stress professionnel ou l'effort physique.

Concernant les thrombectomies, Pascale Dhote-Burger, représentante de la direction générale de l'offre de soins (DGOS), a précisé qu'une baisse de l'activité interventionnelle avait été observée sur toute la France durant la période mars-avril 2020.

Sébastien Richard a estimé, au vu d'études de différents pays, que globalement "la pandémie a nui à la filière AVC". Face notamment à des augmentations de délais d'arrivée des patients pouvant être liée à la saturation des moyens de transports médicaux, la télé-expertise pourrait être "une solution" pour "voir les patients à distance" et "anticiper les transports et les techniques de reperfusion".

Un impact en aval

Catherine Lamy a par ailleurs noté que les réorganisations des UNV avaient eu un impact sur le parcours de soin des patients après la phase aiguë: la diminution du nombre de lits d'UNV a causé des difficultés en aval des USINV et le retour à domicile a été plus complexe. Mais il y a eu une mobilisation des soins de suite et de réadaptation (SSR), de la ville et de l'hospitalisation à domicile (HAD), a-t-elle ajouté.

De plus, des consultations post-AVC ont dû être reportées, des équipes mobiles ont arrêté leur activité, de même que des kinésithérapeutes et des orthophonistes (avec toutefois le recours aux télésoins).

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