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08/04 2024
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LA GRADATION CROISSANTE DES MOYENS D'INTERVENTION EXTRA-HOSPITALIERS DOIT CONDUIRE À UNE RÉFLEXION SUR LEUR MAILLAGE (FEDORU)

PARIS, 8 avril 2024 (APMnews) - La gradation croissante des moyens d'intervention extra-hospitaliers, avec le développement des antennes Smur ou les unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P), doit conduire à une réflexion sur leur maillage, a estimé le Dr Marc Noizet, président de Samu urgences de France et coordonnateur du réseau régional Est-Rescue, à l'occasion de la journée nationale de la Fédération nationale des observatoires régionaux des urgences (Fedoru).

Le code de la santé publique permet "à titre exceptionnel, lorsque la situation locale le justifie", à un établissement de santé autorisé de "mettre en place, hors de l'établissement, des moyens destinés à faire fonctionner, de façon temporaire ou permanente", une antenne Smur.

Une enquête menée par la Fedoru a fait apparaître que 57 antennes Smur étaient déployées pour près de 430 Smur existants, a rapporté Marc Noizet lors de la journée nationale de la fédération, organisée fin mars au ministère de la santé et de la prévention.

Le coordinateur du réseau et observatoire régional des urgences (ORU) du Grand Est Est-Rescue a cependant souligné que le ministère faisait état de son côté de 47 antennes Smur, alors que deux régions n'avaient pas répondu à l'enquête, la Normandie et l'Ile-de-France, en ajoutant qu'il ne s'agissait pas a priori des régions les plus concernées.

En retranchant deux cas de figure atypiques de ces données (interventions d'hélismur déclaré comme antenne Smur et des antennes Smur de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille fonctionnant comme des Smur), cette enquête fait apparaître que 39% des antennes ont été touchées par des fermetures en 2023, dont la moitié (47%) transformée en équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU).

Du côté des effectifs de ces antennes Smur, 77% des médecins et 70% des infirmiers qui y participent y exercent exclusivement, les autres professionnels ayant des activités avec un service d'urgence ou un centre de soins non programmés.

"Dans 70% des cas, les médecins participant aux antennes Smur exercent aussi dans l'établissement de rattachement de l'antenne, et 50% des infirmiers", a développé Marc Noizet.

En 2023, 94% des 24.229 interventions effectuées par les antennes Smur correspondaient à des soins primaires.

Une implantation à parfaire

"On voit qu'il y a des regroupements qui chevauchent des zones régionales où on a des concentrations de Smur autour d'une antenne Smur", a fait par la suite remarquer le coordinateur d'Est-Rescue.

Inversement, les travaux de la Fedoru font apparaître que 15 zones ayant un bassin de population de 20.000 habitants ou plus, et donc ayant statistiquement un besoin d'une intervention par jour, étaient dépourvues d'une antenne Smur ou d'un Smur à moins de 30 minutes.

La carthographie des Smur et des antennes Smur en 2023 (Fedoru)
La carthographie des Smur et des antennes Smur en 2023 (Fedoru)

Marc Noizet a donc estimé que cette situation "nécessiterait peut-être d'avoir une réflexion différente" et que le maillage des Smur et des antennes Smur était "peut-être à améliorer".

Il a cependant défendu l'intérêt de ces antennes de Smur pour permettre la mise en place d'une réponse graduée aux besoins de soins urgents, comme celui des interventions extra-hospitalières non médicalisées présentées plus tôt lors de la journée Fedoru.

Le directeur médical adjoint du réseau "Urgences Bourgogne Franche-Comté", le Dr Mohamed Hachelaf, avait précédemment présenté le résultat d'une étude rétrospective multicentrique sur 2023 sur le profil des interventions de transports infirmiers interhospitaliers (TIIH) et d'unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P) dans les régions Grand Est, Occitanie et Bourgogne Franche-Comté (seul le Samu 21/58 ayant répondu pour cette dernière enquête).

Pour ces trois régions, 2.906 interventions d'UMH-P ont été recensées en 2023, pour 2.824 patients pris en charge.

Des UMH-P effectuant jusqu'à 38% de l'activité Smur

Si ces interventions ont représenté en moyenne 6% des interventions primaires en Smur dans le périmètre de l'étude, le Dr Hachelaf a fait remarquer qu'il y a des sites dépourvus UMP-H pour lesquels cette proportion était donc nulle, tandis que les UMH-P représentaient jusqu'à 38% de l'activité d'autres sites.

Il a par ailleurs fait remarquer que seules 33 interventions avaient nécessité un Smur médicalisé, tandis qu'aucun événement indésirable grave lié aux soins (EIGS) concernant une UMH-P n'avait été déclaré dans les trois régions sur la période étudiée.

Le constat était analogue du côté des 5.204 interventions de TIIH (4.952 patients) passées en revue, avec seulement deux interventions ayant nécessité un renfort médical et aucun EIGS déclaré.

"Le profil des interventions des UMH-P et des TIIH est conforme aux préconisations par les sociétés savantes", a rappelé en conclusion Mohamed Hachelaf, en ajoutant que l'absence d'EIGS et le faible recours à des renforts médicaux tendaient à prouver que la sécurité de ces prises en charge était assurée.

Pour le directeur médical adjoint d'Urgences Bourgogne Franche-Comté, ces résultats plaident donc en faveur d'une nouvelle offre de soins graduée.

De son côté, Marc Noizet a souligné que cette deuxième enquête faisait apparaître qu'un tiers des interventions d'UMP-H passées en revue dans le Grand Est se faisaient de manière encadrée pour des douleurs thoraciques, soit une portion proche de celle des Smur (26%): "Il faut qu'on continue à travailler cette pertinence d'engagement, et probablement les critères d'engagements aussi".

"Pour ce travail-là, il y a une nécessité d'avoir des données de qualité, qui soient automatisées, et ça nécessite des outils qui soient interconnectés avec des bases de données", a-t-il enchaîné. "On doit savoir faire la même chose avec nos Smur que ce qu'on sait faire depuis 2003 avec le RPU [résumé de passage aux urgences] dans nos services d'urgence."

Alors que des travaux ont été engagés sous l'égide de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pour établir ces résumés patients d'intervention Smur (RPIS) équivalents aux RPU, l'adjointe au chef du bureau premier recours de la DGOS, Louise Pihouée, a assuré qu'ils étaient "en passe d'aboutir avec un arrêté attendu avant cet été" pour "une mise en application dès 2025", lors d'un échange dans le cadre de la journée Fedoru.

"L'objectif est ensuite de travailler sur le RDR [résumé du dossier de régulation] et le RPU", a-t-elle poursuivi, après avoir rappelé que "l'ensemble des éléments du code de la santé publique se rapportant au Smur sont applicables aux antennes Smur".

L'adjointe au chef du bureau premier recours a par ailleurs indiqué que les infirmiers correspondants du Samu créés fin 2023 (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27 et dépêche du 03/01/2024 à 09:08) pour "compléter les dispositifs des médecins correspondants" feraient l'objet d'un guide "attendu pour la fin d'année".

De son côté, Laurent Gadot, économiste de la santé au sein du bureau premier recours de la sous-direction régulation de l'offre de soins, a assuré que "la modélisation des zones où l'on pourrait implanter un Smur" était en cours "dans le cadre d'une réflexion sur la dotation populationnelle".

gl/ab/APMnews

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PARIS, 8 avril 2024 (APMnews) - La gradation croissante des moyens d'intervention extra-hospitaliers, avec le développement des antennes Smur ou les unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P), doit conduire à une réflexion sur leur maillage, a estimé le Dr Marc Noizet, président de Samu urgences de France et coordonnateur du réseau régional Est-Rescue, à l'occasion de la journée nationale de la Fédération nationale des observatoires régionaux des urgences (Fedoru).

Le code de la santé publique permet "à titre exceptionnel, lorsque la situation locale le justifie", à un établissement de santé autorisé de "mettre en place, hors de l'établissement, des moyens destinés à faire fonctionner, de façon temporaire ou permanente", une antenne Smur.

Une enquête menée par la Fedoru a fait apparaître que 57 antennes Smur étaient déployées pour près de 430 Smur existants, a rapporté Marc Noizet lors de la journée nationale de la fédération, organisée fin mars au ministère de la santé et de la prévention.

Le coordinateur du réseau et observatoire régional des urgences (ORU) du Grand Est Est-Rescue a cependant souligné que le ministère faisait état de son côté de 47 antennes Smur, alors que deux régions n'avaient pas répondu à l'enquête, la Normandie et l'Ile-de-France, en ajoutant qu'il ne s'agissait pas a priori des régions les plus concernées.

En retranchant deux cas de figure atypiques de ces données (interventions d'hélismur déclaré comme antenne Smur et des antennes Smur de l'Assistance publique-hôpitaux de Marseille fonctionnant comme des Smur), cette enquête fait apparaître que 39% des antennes ont été touchées par des fermetures en 2023, dont la moitié (47%) transformée en équipes paramédicales de médecine d'urgence (EPMU).

Du côté des effectifs de ces antennes Smur, 77% des médecins et 70% des infirmiers qui y participent y exercent exclusivement, les autres professionnels ayant des activités avec un service d'urgence ou un centre de soins non programmés.

"Dans 70% des cas, les médecins participant aux antennes Smur exercent aussi dans l'établissement de rattachement de l'antenne, et 50% des infirmiers", a développé Marc Noizet.

En 2023, 94% des 24.229 interventions effectuées par les antennes Smur correspondaient à des soins primaires.

Une implantation à parfaire

"On voit qu'il y a des regroupements qui chevauchent des zones régionales où on a des concentrations de Smur autour d'une antenne Smur", a fait par la suite remarquer le coordinateur d'Est-Rescue.

Inversement, les travaux de la Fedoru font apparaître que 15 zones ayant un bassin de population de 20.000 habitants ou plus, et donc ayant statistiquement un besoin d'une intervention par jour, étaient dépourvues d'une antenne Smur ou d'un Smur à moins de 30 minutes.

La carthographie des Smur et des antennes Smur en 2023 (Fedoru)
La carthographie des Smur et des antennes Smur en 2023 (Fedoru)

Marc Noizet a donc estimé que cette situation "nécessiterait peut-être d'avoir une réflexion différente" et que le maillage des Smur et des antennes Smur était "peut-être à améliorer".

Il a cependant défendu l'intérêt de ces antennes de Smur pour permettre la mise en place d'une réponse graduée aux besoins de soins urgents, comme celui des interventions extra-hospitalières non médicalisées présentées plus tôt lors de la journée Fedoru.

Le directeur médical adjoint du réseau "Urgences Bourgogne Franche-Comté", le Dr Mohamed Hachelaf, avait précédemment présenté le résultat d'une étude rétrospective multicentrique sur 2023 sur le profil des interventions de transports infirmiers interhospitaliers (TIIH) et d'unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P) dans les régions Grand Est, Occitanie et Bourgogne Franche-Comté (seul le Samu 21/58 ayant répondu pour cette dernière enquête).

Pour ces trois régions, 2.906 interventions d'UMH-P ont été recensées en 2023, pour 2.824 patients pris en charge.

Des UMH-P effectuant jusqu'à 38% de l'activité Smur

Si ces interventions ont représenté en moyenne 6% des interventions primaires en Smur dans le périmètre de l'étude, le Dr Hachelaf a fait remarquer qu'il y a des sites dépourvus UMP-H pour lesquels cette proportion était donc nulle, tandis que les UMH-P représentaient jusqu'à 38% de l'activité d'autres sites.

Il a par ailleurs fait remarquer que seules 33 interventions avaient nécessité un Smur médicalisé, tandis qu'aucun événement indésirable grave lié aux soins (EIGS) concernant une UMH-P n'avait été déclaré dans les trois régions sur la période étudiée.

Le constat était analogue du côté des 5.204 interventions de TIIH (4.952 patients) passées en revue, avec seulement deux interventions ayant nécessité un renfort médical et aucun EIGS déclaré.

"Le profil des interventions des UMH-P et des TIIH est conforme aux préconisations par les sociétés savantes", a rappelé en conclusion Mohamed Hachelaf, en ajoutant que l'absence d'EIGS et le faible recours à des renforts médicaux tendaient à prouver que la sécurité de ces prises en charge était assurée.

Pour le directeur médical adjoint d'Urgences Bourgogne Franche-Comté, ces résultats plaident donc en faveur d'une nouvelle offre de soins graduée.

De son côté, Marc Noizet a souligné que cette deuxième enquête faisait apparaître qu'un tiers des interventions d'UMP-H passées en revue dans le Grand Est se faisaient de manière encadrée pour des douleurs thoraciques, soit une portion proche de celle des Smur (26%): "Il faut qu'on continue à travailler cette pertinence d'engagement, et probablement les critères d'engagements aussi".

"Pour ce travail-là, il y a une nécessité d'avoir des données de qualité, qui soient automatisées, et ça nécessite des outils qui soient interconnectés avec des bases de données", a-t-il enchaîné. "On doit savoir faire la même chose avec nos Smur que ce qu'on sait faire depuis 2003 avec le RPU [résumé de passage aux urgences] dans nos services d'urgence."

Alors que des travaux ont été engagés sous l'égide de la direction générale de l'offre de soins (DGOS) pour établir ces résumés patients d'intervention Smur (RPIS) équivalents aux RPU, l'adjointe au chef du bureau premier recours de la DGOS, Louise Pihouée, a assuré qu'ils étaient "en passe d'aboutir avec un arrêté attendu avant cet été" pour "une mise en application dès 2025", lors d'un échange dans le cadre de la journée Fedoru.

"L'objectif est ensuite de travailler sur le RDR [résumé du dossier de régulation] et le RPU", a-t-elle poursuivi, après avoir rappelé que "l'ensemble des éléments du code de la santé publique se rapportant au Smur sont applicables aux antennes Smur".

L'adjointe au chef du bureau premier recours a par ailleurs indiqué que les infirmiers correspondants du Samu créés fin 2023 (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27 et dépêche du 03/01/2024 à 09:08) pour "compléter les dispositifs des médecins correspondants" feraient l'objet d'un guide "attendu pour la fin d'année".

De son côté, Laurent Gadot, économiste de la santé au sein du bureau premier recours de la sous-direction régulation de l'offre de soins, a assuré que "la modélisation des zones où l'on pourrait implanter un Smur" était en cours "dans le cadre d'une réflexion sur la dotation populationnelle".

gl/ab/APMnews

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