Actualités de l'Urgence - APM

14/11 2019
Retour

LA HAS NE RECOMMANDE PAS LA KINÉSITHÉRAPIE RESPIRATOIRE EN CAS DE BRONCHIOLITE AIGUË CHEZ LE NOURRISSON

PARIS, 14 novembre 2019 (APMnews) - La Haute autorité de santé (HAS) ne recommande pas les techniques de kinésithérapie respiratoire et rappelle que les traitements médicamenteux ne sont pas indiqués pour la prise en charge du premier épisode de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois, dans ses recommandations de bonne pratique publiées jeudi.

La bronchiolite touche "pas loin d'un demi-million d'enfants tous les hivers" en France et est une cause de recours massif aux soins, a rappelé la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec, lors d'un point presse organisé mercredi.

Depuis les dernières recommandations émises en 2000, de nouvelles études sont parues sur la prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse de la bronchiolite, et les recommandations sont de fait sensiblement modifiées, a-t-elle ajouté.

Conjointement avec le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP), la HAS a élaboré une grille d'évaluation sous forme de check-list, permettant de définir trois niveaux de gravité de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois.

Les formes légères, modérées ou graves sont ainsi définies en fonction de critères de gravité clinique (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, problèmes d'alimentation...) et de critères de vulnérabilité (prématurité inférieure ou égale à 36 semaines, âge inférieur à 2 mois, contexte socio-économique défavorable...).

Selon ces nouvelles recommandations, les formes légères, qui sont les plus fréquentes, ne nécessitent pas d'hospitalisation -ce qui permet par ailleurs d'éviter d'exposer les bébés à des germes. Dans ce cas, la prise en charge repose sur une approche non médicamenteuse, avec le lavage de nez comme action principale. Il est important que cette technique soit bien expliquée aux parents par le médecin de premier recours car elle soulage vraiment l'enfant, a souligné Pierre-Louis Druais, médecin généraliste et vice-président de la commission "recommandations, pertinence, parcours et indicateurs" de la HAS.

Quand cela est nécessaire, "il est essentiel d'assurer une surveillance pluridisciplinaire de ces nourrissons afin de ne pas les perdre de vue pendant cette période critique, en particulier les deux premiers jours", souligne la HAS.

Les formes modérées doivent pour leur part faire l'objet d'une évaluation afin d'orienter les nourrissons, si nécessaire, vers une prise en charge en ville ou, au cas par cas, à l'hôpital. Quant aux formes graves, elles doivent d'emblée être orientées vers l'hôpital et si nécessaire, vers une unité de soins intensifs. Les nourrissons de moins de 6 semaines relèvent également d'une surveillance hospitalière systématique.

Une évolution du rôle des kinésithérapeutes

La HAS rappelle que les traitements médicamenteux (bronchodilatateurs, adrénaline, sérum salé hypertonique) ne sont pas indiqués dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë, et qu'une antibiothérapie doit être réservée aux cas rares de surinfection bactérienne. Les sirops antitussifs et les fluidifiants bronchiques sont pour leur part contre-indiqués.

En outre, la HAS et le CNPP rapportent que les études menées en milieu hospitalier ne montrent pas d'amélioration clinique ou de bénéfice sur la durée d'hospitalisation lorsque la kinésithérapie respiratoire (technique de l'augmentation du flux expiratoire) est utilisée. Quant à l'efficacité de cette pratique en ambulatoire, aucune étude n'a été publiée, si ce n'est des retours d'expérience non formalisés, a pointé le pédiatre Christophe Marguet, chef de projet au CNPP et président du groupe de travail.

Déjà en 2000, le recours à la kinésithérapie respiratoire n'avait pas été recommandé (en raison d'un manque de données). Mais cela n'est pas appliqué dans la pratique, une grande majorité de parents y ayant recours pour traiter la bronchiolite de leur nourrisson. La France est le seul pays, avec la Belgique, à avoir cette pratique, a noté Dominique Le Guludec.

Cela "ne veut pas dire que le rôle du kinésithérapeute a diminué", a-t-elle déclaré, soulignant que le Réseau bronchiolite (composé notamment de kinésithérapeutes) était extrêmement utile pour les parents, notamment pour la surveillance des enfants, l'éducation thérapeutique (enseignement du lavage de nez), le conseil... "Il faut maintenir [ces réseaux] car ils ont démontré leur efficacité", a-t-elle ajouté, soulignant que si leur rôle était amené à être modifié, c'était en termes de contenu et non de structuration.

Elle a en outre noté que dans certains cas, comme dans celui des enfants handicapés, la kinésithérapie respiratoire pouvait être utile.

"Nous demandons à tous les professionnels de santé, dont les kinés, de continuer la recherche" car il y a des techniques qu'il sera intéressant d'évaluer proprement, notamment en termes de recours aux hospitalisations, a ajouté la présidente de la HAS.

Les techniques de kinésithérapie respiratoire traditionnelles (clapping, vibration...) sont pour leur part contre-indiquées.

sb/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

14/11 2019
Retour

LA HAS NE RECOMMANDE PAS LA KINÉSITHÉRAPIE RESPIRATOIRE EN CAS DE BRONCHIOLITE AIGUË CHEZ LE NOURRISSON

PARIS, 14 novembre 2019 (APMnews) - La Haute autorité de santé (HAS) ne recommande pas les techniques de kinésithérapie respiratoire et rappelle que les traitements médicamenteux ne sont pas indiqués pour la prise en charge du premier épisode de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois, dans ses recommandations de bonne pratique publiées jeudi.

La bronchiolite touche "pas loin d'un demi-million d'enfants tous les hivers" en France et est une cause de recours massif aux soins, a rappelé la présidente de la HAS, Dominique Le Guludec, lors d'un point presse organisé mercredi.

Depuis les dernières recommandations émises en 2000, de nouvelles études sont parues sur la prise en charge médicamenteuse et non médicamenteuse de la bronchiolite, et les recommandations sont de fait sensiblement modifiées, a-t-elle ajouté.

Conjointement avec le Conseil national professionnel de pédiatrie (CNPP), la HAS a élaboré une grille d'évaluation sous forme de check-list, permettant de définir trois niveaux de gravité de la bronchiolite aiguë chez le nourrisson de moins de 12 mois.

Les formes légères, modérées ou graves sont ainsi définies en fonction de critères de gravité clinique (fréquence respiratoire, fréquence cardiaque, problèmes d'alimentation...) et de critères de vulnérabilité (prématurité inférieure ou égale à 36 semaines, âge inférieur à 2 mois, contexte socio-économique défavorable...).

Selon ces nouvelles recommandations, les formes légères, qui sont les plus fréquentes, ne nécessitent pas d'hospitalisation -ce qui permet par ailleurs d'éviter d'exposer les bébés à des germes. Dans ce cas, la prise en charge repose sur une approche non médicamenteuse, avec le lavage de nez comme action principale. Il est important que cette technique soit bien expliquée aux parents par le médecin de premier recours car elle soulage vraiment l'enfant, a souligné Pierre-Louis Druais, médecin généraliste et vice-président de la commission "recommandations, pertinence, parcours et indicateurs" de la HAS.

Quand cela est nécessaire, "il est essentiel d'assurer une surveillance pluridisciplinaire de ces nourrissons afin de ne pas les perdre de vue pendant cette période critique, en particulier les deux premiers jours", souligne la HAS.

Les formes modérées doivent pour leur part faire l'objet d'une évaluation afin d'orienter les nourrissons, si nécessaire, vers une prise en charge en ville ou, au cas par cas, à l'hôpital. Quant aux formes graves, elles doivent d'emblée être orientées vers l'hôpital et si nécessaire, vers une unité de soins intensifs. Les nourrissons de moins de 6 semaines relèvent également d'une surveillance hospitalière systématique.

Une évolution du rôle des kinésithérapeutes

La HAS rappelle que les traitements médicamenteux (bronchodilatateurs, adrénaline, sérum salé hypertonique) ne sont pas indiqués dans la prise en charge de la bronchiolite aiguë, et qu'une antibiothérapie doit être réservée aux cas rares de surinfection bactérienne. Les sirops antitussifs et les fluidifiants bronchiques sont pour leur part contre-indiqués.

En outre, la HAS et le CNPP rapportent que les études menées en milieu hospitalier ne montrent pas d'amélioration clinique ou de bénéfice sur la durée d'hospitalisation lorsque la kinésithérapie respiratoire (technique de l'augmentation du flux expiratoire) est utilisée. Quant à l'efficacité de cette pratique en ambulatoire, aucune étude n'a été publiée, si ce n'est des retours d'expérience non formalisés, a pointé le pédiatre Christophe Marguet, chef de projet au CNPP et président du groupe de travail.

Déjà en 2000, le recours à la kinésithérapie respiratoire n'avait pas été recommandé (en raison d'un manque de données). Mais cela n'est pas appliqué dans la pratique, une grande majorité de parents y ayant recours pour traiter la bronchiolite de leur nourrisson. La France est le seul pays, avec la Belgique, à avoir cette pratique, a noté Dominique Le Guludec.

Cela "ne veut pas dire que le rôle du kinésithérapeute a diminué", a-t-elle déclaré, soulignant que le Réseau bronchiolite (composé notamment de kinésithérapeutes) était extrêmement utile pour les parents, notamment pour la surveillance des enfants, l'éducation thérapeutique (enseignement du lavage de nez), le conseil... "Il faut maintenir [ces réseaux] car ils ont démontré leur efficacité", a-t-elle ajouté, soulignant que si leur rôle était amené à être modifié, c'était en termes de contenu et non de structuration.

Elle a en outre noté que dans certains cas, comme dans celui des enfants handicapés, la kinésithérapie respiratoire pouvait être utile.

"Nous demandons à tous les professionnels de santé, dont les kinés, de continuer la recherche" car il y a des techniques qu'il sera intéressant d'évaluer proprement, notamment en termes de recours aux hospitalisations, a ajouté la présidente de la HAS.

Les techniques de kinésithérapie respiratoire traditionnelles (clapping, vibration...) sont pour leur part contre-indiquées.

sb/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.