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08/10 2021
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LA MAMMOGRAPHIE POURRAIT AUSSI PERMETTRE DE DÉTECTER LES FEMMES À RISQUE CARDIOVASCULAIRE

PARIS, 8 octobre 2021 (APMnews) - La mammographie réalisée dans un but de dépistage du cancer du sein pourrait aussi permettre, en recherchant les calcifications dans les artères mammaires, de dépister des femmes à risque de maladie cardiovasculaire, ont estimé des spécialistes lors des Journées françaises de radiologie (JFR) à Paris.

Bien que les femmes soient généralement considérées comme à moindre risque cardiovasculaire que les hommes, les maladies cardiovasculaires sont en réalité devenues la première cause de mortalité, avec une augmentation de la prévalence de ces maladies chez les femmes d'âge moyen en raison de l'augmentation de certains facteurs de risque, a rappelé Stéphane Manzo-Silberman de l'hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP).

De plus, le niveau de risque cardiovasculaire chez les femmes est mal estimé car les scores de risque qui ont été élaborés, basés principalement sur les facteurs de risque classiques que sont notamment la pression artérielle et la cholestérolémie, l'ont été à partir de l'observation de cohortes principalement masculines. Ainsi, pour un même niveau de risque estimé à partir du score de Framingham, le risque réel d'événement cardiovasculaire est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Et 20% des événements coronaires surviennent chez des femmes n'ayant pas de facteur de risque classique.

Ces scores de risque mériteraient d'être affinés, en intégrant d'autres éléments comme l'hémoglobine glyquée, le taux de protéine C-réactive, les facteurs hormonaux (dont les traitements: contraception, traitement hormonosubstitutif)...

Un autre moyen d'améliorer l'évaluation du risque cardiovasculaire des femmes serait de mesurer le niveau de calcification des artères coronaires, qui est associé à l'athérosclérose et est corrélé au risque d'événement cardiovasculaire, particulièrement chez les femmes. Cela peut être fait avec un scanner cardiaque.

Mais toutes les femmes ne subissent pas de scanner cardiaque. En revanche, un grand nombre d'entre elles font régulièrement des mammographies en dépistage du cancer du sein. Or, la mammographie permet aussi de voir des artères mammaires, et donc de voir si celles-ci présentent des calcifications.

Corrélation entre les calcifications dans les artères mammaires et coronaires

Ces calcifications sont présentes dans 9% à 29% des mammographies selon les populations, a constaté Thu Ha Dao de l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil. Elles sont plus fréquentes chez les personnes âgées, avec une hypertension, une insuffisance rénale, un diabète… Des études dans d'autres pays ont montré une corrélation entre les calcifications des artères mammaires et le risque cardiovasculaire.

Elle a présenté une étude réalisée dans cet établissement sur 507 femmes qui ont eu à la fois une mammographie et une imagerie thoracique. Les chercheurs ont établi à la fois un score de calcification coronaire et un score de calcification des artères mammaires, basés sur le nombre de vaisseaux présentant une calcification et la portion du vaisseau qui est calcifiée.

Dans cette cohorte -potentiellement biaisée par rapport à la population générale en raison du recrutement hospitalier, a noté la spécialiste-, 22% des femmes présentaient des calcifications d'artères mammaires.

La proportion présentant des calcifications des coronaires était plus élevée: 45%.

Il n'y a donc pas de concordance complète entre les deux mesures, mais l'étude montre qu'un score élevé de calcification des artères mammaires a une spécificité de 95% pour indiquer qu'il y a aussi des calcifications des coronaires, et donc un niveau de risque cardiovasculaire augmenté.

Puisque la fréquence des calcifications des artères mammaires était deux fois plus faible que celle des coronaires, la sensibilité était nécessairement plus faible, 41%.

Mais cela montre qu'au moins une partie des patientes ayant des calcifications coronaires pourraient être dépistées par la recherche de calcifications dans les artères mammaires lors d'une mammographie, notamment chez les femmes jeunes ou d'âge moyen.

Cela suggère que les femmes ayant un score de calcification mammaire élevé pourraient être envoyées d'emblée en consultation cardiologique pour un bilan cardiovasculaire, a noté Thu Ha Dao. L'intérêt de cette stratégie devra toutefois être confirmé par des études prospectives.

L'avenir pourrait aussi passer par la détection automatique des calcifications des artères mammaires par une intelligence artificielle, a-t-elle ajouté.

fb/nc/APMnews

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LA MAMMOGRAPHIE POURRAIT AUSSI PERMETTRE DE DÉTECTER LES FEMMES À RISQUE CARDIOVASCULAIRE

PARIS, 8 octobre 2021 (APMnews) - La mammographie réalisée dans un but de dépistage du cancer du sein pourrait aussi permettre, en recherchant les calcifications dans les artères mammaires, de dépister des femmes à risque de maladie cardiovasculaire, ont estimé des spécialistes lors des Journées françaises de radiologie (JFR) à Paris.

Bien que les femmes soient généralement considérées comme à moindre risque cardiovasculaire que les hommes, les maladies cardiovasculaires sont en réalité devenues la première cause de mortalité, avec une augmentation de la prévalence de ces maladies chez les femmes d'âge moyen en raison de l'augmentation de certains facteurs de risque, a rappelé Stéphane Manzo-Silberman de l'hôpital Lariboisière à Paris (AP-HP).

De plus, le niveau de risque cardiovasculaire chez les femmes est mal estimé car les scores de risque qui ont été élaborés, basés principalement sur les facteurs de risque classiques que sont notamment la pression artérielle et la cholestérolémie, l'ont été à partir de l'observation de cohortes principalement masculines. Ainsi, pour un même niveau de risque estimé à partir du score de Framingham, le risque réel d'événement cardiovasculaire est plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Et 20% des événements coronaires surviennent chez des femmes n'ayant pas de facteur de risque classique.

Ces scores de risque mériteraient d'être affinés, en intégrant d'autres éléments comme l'hémoglobine glyquée, le taux de protéine C-réactive, les facteurs hormonaux (dont les traitements: contraception, traitement hormonosubstitutif)...

Un autre moyen d'améliorer l'évaluation du risque cardiovasculaire des femmes serait de mesurer le niveau de calcification des artères coronaires, qui est associé à l'athérosclérose et est corrélé au risque d'événement cardiovasculaire, particulièrement chez les femmes. Cela peut être fait avec un scanner cardiaque.

Mais toutes les femmes ne subissent pas de scanner cardiaque. En revanche, un grand nombre d'entre elles font régulièrement des mammographies en dépistage du cancer du sein. Or, la mammographie permet aussi de voir des artères mammaires, et donc de voir si celles-ci présentent des calcifications.

Corrélation entre les calcifications dans les artères mammaires et coronaires

Ces calcifications sont présentes dans 9% à 29% des mammographies selon les populations, a constaté Thu Ha Dao de l'hôpital Henri-Mondor (AP-HP) à Créteil. Elles sont plus fréquentes chez les personnes âgées, avec une hypertension, une insuffisance rénale, un diabète… Des études dans d'autres pays ont montré une corrélation entre les calcifications des artères mammaires et le risque cardiovasculaire.

Elle a présenté une étude réalisée dans cet établissement sur 507 femmes qui ont eu à la fois une mammographie et une imagerie thoracique. Les chercheurs ont établi à la fois un score de calcification coronaire et un score de calcification des artères mammaires, basés sur le nombre de vaisseaux présentant une calcification et la portion du vaisseau qui est calcifiée.

Dans cette cohorte -potentiellement biaisée par rapport à la population générale en raison du recrutement hospitalier, a noté la spécialiste-, 22% des femmes présentaient des calcifications d'artères mammaires.

La proportion présentant des calcifications des coronaires était plus élevée: 45%.

Il n'y a donc pas de concordance complète entre les deux mesures, mais l'étude montre qu'un score élevé de calcification des artères mammaires a une spécificité de 95% pour indiquer qu'il y a aussi des calcifications des coronaires, et donc un niveau de risque cardiovasculaire augmenté.

Puisque la fréquence des calcifications des artères mammaires était deux fois plus faible que celle des coronaires, la sensibilité était nécessairement plus faible, 41%.

Mais cela montre qu'au moins une partie des patientes ayant des calcifications coronaires pourraient être dépistées par la recherche de calcifications dans les artères mammaires lors d'une mammographie, notamment chez les femmes jeunes ou d'âge moyen.

Cela suggère que les femmes ayant un score de calcification mammaire élevé pourraient être envoyées d'emblée en consultation cardiologique pour un bilan cardiovasculaire, a noté Thu Ha Dao. L'intérêt de cette stratégie devra toutefois être confirmé par des études prospectives.

L'avenir pourrait aussi passer par la détection automatique des calcifications des artères mammaires par une intelligence artificielle, a-t-elle ajouté.

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