Actualités de l'Urgence - APM

LA MATERNITÉ DES LILAS (SEINE-SAINT-DENIS) NON CERTIFIÉE PAR LA HAS
"Faute de projet d'avenir et de direction opérationnelle stable" (cf dépêche du 05/04/2024 à 19:42), "la démarche qualité collective n'a été que partielle ces dernières années, ne permettant pas de répondre aux critères de la HAS", a observé mercredi le directeur de transition, Régis Caudard, contacté par APMnews.
"Malgré tout, les équipes poursuivent leur engagement et leurs savoir-faire au service des patients dans le respect des valeurs historiques des Lilas", a-t-il ajouté, en indiquant que les discussions se poursuivent "avec un autre établissement pour un éventuel rapprochement", sans donner plus de précisions.
Dans son rapport, la HAS souligne les valeurs de bientraitance envers les patients et leurs proches portées par cet établissement, géré par l'association Naissance, mais pointe plusieurs axes d'amélioration.
Elle l'encourage prioritairement à développer la maîtrise de l'urgence vitale.
"Lors de la visite, le numéro d'appel n'[était] pas unique, il n'exist[ait] pas de protocole de prise en charge des urgences vitales ni de registre d'utilisation" des chariots, dans lesquels des ampoules périmées et du matériel défectueux ont été retrouvés, note-t-elle. De plus "le matériel adulte et enfant [était]dispersé dans les différents étages" et le matériel complet était "disponible uniquement au troisième étage".
L'établissement a réagi en changeant les ampoules périmées et le matériel défectueux, en définissant un numéro d'appel unique et en demandant un devis pour acquérir du matériel supplémentaire afin d'avoir le même chariot d'urgence adulte et pédiatrique sur les quatre étages. Un protocole de prise en charge des urgences vitales a été élaboré et un registre d'utilisation du chariot a été mis en place.
La HAS recommande encore de prévoir des exercices de mise en situation de l'urgence vitale.
Elle invite par ailleurs l'établissement à poursuivre la mise en conformité du bâtiment, en particulier la sécurisation des fenêtres et des secteurs protégés.
Elle juge nécessaire de développer la culture de l'évaluation et de la pertinence en son sein en mettant en œuvre la réévaluation de la prescription d'antibiotique de la 24e et 72e heures.
Parmi les autres axes d'amélioration, elle liste le suivi des réhospitalisations, l'évaluation des résultats cliniques, l'analyse systématique de la pertinence des actes transfusionnels et l'analyse de la check-list. "La check-list est mise en œuvre de façon systématique" mais l'établissement "n'a pas d'indicateur de suivi des modalités de réalisation de la check-list, en particulier les go/no go et ne met pas en œuvre d'actions d'amélioration", est-il pointé dans le rapport.
Elle encourage l'établissement à procéder au recueil et à l'analyse de la satisfaction et de l'expérience patient. La démarche pour recueillir la satisfaction est en cours et des questionnaires pour l'orthogénie et la maternité ont été élaborés en septembre 2024, est-il indiqué dans le rapport.
La HAS préconise d'améliorer l'évaluation du risque infectieux et de l'antibioprophylaxie ainsi que l'analyse des résultats cliniques. "L'antibioprophylaxie liée aux actes invasifs n'est pas réalisée selon les bonnes pratiques, elle n'est pas prescrite dès la consultation d'anesthésie" et "l'évaluation des pratiques de l'antibioprophylaxie n'est pas réalisée", observe-t-elle.
Elle recommande des actions de communication concernant les résultats des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) aux équipes. La gouvernance souhaite mettre en place des référents qualité afin de développer la culture qualité et sécurité des soins, et elle avait "la volonté de diffuser et analyser les IQSS avec les professionnels, les instances et conduire des actions d'ici la fin de l'année 2024", observe la HAS. Par ailleurs, "les médecins participent aux RMM [revues de morbimortalité], connaissent le dispositif d'accréditation mais peu de moyens sont mis à disposition pour développer une culture sécurité à leur niveau".
Une autre conclusion porte sur le renforcement de la formation des équipes à l'utilisation des médicaments à risques notamment en établissant une liste adaptée à chaque service. "L'ensemble du circuit du médicament est maîtrisé et contrôlé depuis la prescription jusqu'à l'administration" et "l'analyse pharmaceutique est réalisée sur l'ensemble des traitements, cependant les pharmaciens n'ont pas accès au dossier pharmaceutique", note la HAS.
Enfin, elle juge nécessaire de compléter le plan blanc, de développer la coordination territoriale et de poursuivre la réflexion éthique.
Une nouvelle visite sera programmée, au plus tard, dans deux ans.
La maternité des Lilas a connu plusieurs périodes d'incertitude au cours des dernières années après le retrait en août 2014 du Groupe hospitalier Diaconesses-Croix-Saint-Simon, auparavant majoritaire au conseil d'administration de l'établissement (cf dépêche du 07/05/2014 à 18:33). Plusieurs projets ont suivi, dont une délocalisation à Montreuil soutenue par l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France mais rejetée par les équipes de la maternité, puis une reconstruction à proximité de la clinique Floréal à Bagnolet, plus à l'ordre du jour après le rachat fin 2021 de la clinique par Almaviva Santé (cf dépêche du 21/09/2015 à 10:17 et dépêche du 26/10/2015 à 13:01).
Fin 2022, un projet de rapprochement avec le groupe Avec (ex-Doctegestio) a également été abandonné. Il était fondé sur la construction d'un bâtiment pour regrouper la maternité et la clinique Vauban (médecine, chirurgie, obstétrique) à Livry-Gargan, qui a depuis arrêté ses activités. Deux nouvelles pistes étaient ensuite à l'étude, avec le centre hospitalier intercommunal (CHI) de Montreuil et la maternité des Bluets à Paris (cf dépêche du 15/04/2022 à 19:21, dépêche du 16/06/2022 à 15:36 et dépêche du 11/10/2022 à 16:56) mais ont été abandonnées.
(Décision du 15 janvier et rapport de non-certification de la maternité des Lilas)
cb/ab/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Podcast
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre

LA MATERNITÉ DES LILAS (SEINE-SAINT-DENIS) NON CERTIFIÉE PAR LA HAS
"Faute de projet d'avenir et de direction opérationnelle stable" (cf dépêche du 05/04/2024 à 19:42), "la démarche qualité collective n'a été que partielle ces dernières années, ne permettant pas de répondre aux critères de la HAS", a observé mercredi le directeur de transition, Régis Caudard, contacté par APMnews.
"Malgré tout, les équipes poursuivent leur engagement et leurs savoir-faire au service des patients dans le respect des valeurs historiques des Lilas", a-t-il ajouté, en indiquant que les discussions se poursuivent "avec un autre établissement pour un éventuel rapprochement", sans donner plus de précisions.
Dans son rapport, la HAS souligne les valeurs de bientraitance envers les patients et leurs proches portées par cet établissement, géré par l'association Naissance, mais pointe plusieurs axes d'amélioration.
Elle l'encourage prioritairement à développer la maîtrise de l'urgence vitale.
"Lors de la visite, le numéro d'appel n'[était] pas unique, il n'exist[ait] pas de protocole de prise en charge des urgences vitales ni de registre d'utilisation" des chariots, dans lesquels des ampoules périmées et du matériel défectueux ont été retrouvés, note-t-elle. De plus "le matériel adulte et enfant [était]dispersé dans les différents étages" et le matériel complet était "disponible uniquement au troisième étage".
L'établissement a réagi en changeant les ampoules périmées et le matériel défectueux, en définissant un numéro d'appel unique et en demandant un devis pour acquérir du matériel supplémentaire afin d'avoir le même chariot d'urgence adulte et pédiatrique sur les quatre étages. Un protocole de prise en charge des urgences vitales a été élaboré et un registre d'utilisation du chariot a été mis en place.
La HAS recommande encore de prévoir des exercices de mise en situation de l'urgence vitale.
Elle invite par ailleurs l'établissement à poursuivre la mise en conformité du bâtiment, en particulier la sécurisation des fenêtres et des secteurs protégés.
Elle juge nécessaire de développer la culture de l'évaluation et de la pertinence en son sein en mettant en œuvre la réévaluation de la prescription d'antibiotique de la 24e et 72e heures.
Parmi les autres axes d'amélioration, elle liste le suivi des réhospitalisations, l'évaluation des résultats cliniques, l'analyse systématique de la pertinence des actes transfusionnels et l'analyse de la check-list. "La check-list est mise en œuvre de façon systématique" mais l'établissement "n'a pas d'indicateur de suivi des modalités de réalisation de la check-list, en particulier les go/no go et ne met pas en œuvre d'actions d'amélioration", est-il pointé dans le rapport.
Elle encourage l'établissement à procéder au recueil et à l'analyse de la satisfaction et de l'expérience patient. La démarche pour recueillir la satisfaction est en cours et des questionnaires pour l'orthogénie et la maternité ont été élaborés en septembre 2024, est-il indiqué dans le rapport.
La HAS préconise d'améliorer l'évaluation du risque infectieux et de l'antibioprophylaxie ainsi que l'analyse des résultats cliniques. "L'antibioprophylaxie liée aux actes invasifs n'est pas réalisée selon les bonnes pratiques, elle n'est pas prescrite dès la consultation d'anesthésie" et "l'évaluation des pratiques de l'antibioprophylaxie n'est pas réalisée", observe-t-elle.
Elle recommande des actions de communication concernant les résultats des indicateurs de qualité et de sécurité des soins (IQSS) aux équipes. La gouvernance souhaite mettre en place des référents qualité afin de développer la culture qualité et sécurité des soins, et elle avait "la volonté de diffuser et analyser les IQSS avec les professionnels, les instances et conduire des actions d'ici la fin de l'année 2024", observe la HAS. Par ailleurs, "les médecins participent aux RMM [revues de morbimortalité], connaissent le dispositif d'accréditation mais peu de moyens sont mis à disposition pour développer une culture sécurité à leur niveau".
Une autre conclusion porte sur le renforcement de la formation des équipes à l'utilisation des médicaments à risques notamment en établissant une liste adaptée à chaque service. "L'ensemble du circuit du médicament est maîtrisé et contrôlé depuis la prescription jusqu'à l'administration" et "l'analyse pharmaceutique est réalisée sur l'ensemble des traitements, cependant les pharmaciens n'ont pas accès au dossier pharmaceutique", note la HAS.
Enfin, elle juge nécessaire de compléter le plan blanc, de développer la coordination territoriale et de poursuivre la réflexion éthique.
Une nouvelle visite sera programmée, au plus tard, dans deux ans.
La maternité des Lilas a connu plusieurs périodes d'incertitude au cours des dernières années après le retrait en août 2014 du Groupe hospitalier Diaconesses-Croix-Saint-Simon, auparavant majoritaire au conseil d'administration de l'établissement (cf dépêche du 07/05/2014 à 18:33). Plusieurs projets ont suivi, dont une délocalisation à Montreuil soutenue par l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France mais rejetée par les équipes de la maternité, puis une reconstruction à proximité de la clinique Floréal à Bagnolet, plus à l'ordre du jour après le rachat fin 2021 de la clinique par Almaviva Santé (cf dépêche du 21/09/2015 à 10:17 et dépêche du 26/10/2015 à 13:01).
Fin 2022, un projet de rapprochement avec le groupe Avec (ex-Doctegestio) a également été abandonné. Il était fondé sur la construction d'un bâtiment pour regrouper la maternité et la clinique Vauban (médecine, chirurgie, obstétrique) à Livry-Gargan, qui a depuis arrêté ses activités. Deux nouvelles pistes étaient ensuite à l'étude, avec le centre hospitalier intercommunal (CHI) de Montreuil et la maternité des Bluets à Paris (cf dépêche du 15/04/2022 à 19:21, dépêche du 16/06/2022 à 15:36 et dépêche du 11/10/2022 à 16:56) mais ont été abandonnées.
(Décision du 15 janvier et rapport de non-certification de la maternité des Lilas)
cb/ab/APMnews