Actualités de l'Urgence - APM

16/11 2023
Retour

LA PRISE EN CHARGE DES AIT EST HÉTÉROGÈNE EN FRANCE ET SUIT DIFFÉRENTS MODÈLES

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la journée annuelle des référents et animateurs de filières AVC)

LILLE, 16 novembre 2023 (APMnews) - La prise en charge des accidents ischémiques transitoires (AIT) en France est assurée encore majoritairement par des unités neurovasculaires (UNV) et dans une part réduite, dans des "cliniques de l'AIT", selon des modèles différents en fonction des moyens disponibles notamment, selon un état des lieux dressé par la Société française neurovasculaire (SFNV), présenté mercredi en marge de son congrès à Lille.

Le Dr Denis Sablot du CH de Perpignan a présenté les résultats de cette enquête lors d'une session sur les AIT dans le cadre de la journée nationale des référents et animateurs ARS (agences régionales de santé) des filières de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Il s'agit de relancer les travaux initiés avec la direction générale de l'offre de soins (DGOS) en 2017 sur l'organisation d'une filière de prise en charge des AIT (cf dépêche du 16/11/2017 à 19:00) mais qui se sont interrompus ou ont été suspendus, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'en connaissait pas les raisons.

Mais les discussions semblent reprendre. "Pour cela, il est important d'avoir un état des lieux de la prise en charge des AIT en France." La SFNV a envoyé un questionnaire aux 139 responsables d'UNV en France entre mars et novembre et 123 (88,5%) ont répondu.

Parmi eux, les deux tiers (67%) déclarent qu'il n'existe aucune structure d'accueil spécifique à la prise en charge des AIT au sein de leur établissement, 23% en déclarent une en neurologie dont 18% au sein de l'UNV et 5% au sein de l'hôpital de jour (HDJ), 5% au sein du service d'accueil des urgences (SAU) et 5% encore ailleurs.

S'agissant d'une "clinique des AIT" spécifiquement identifiée, 88% des répondants déclarent qu'il n'y en a pas d'identifiée officiellement dans leur établissement, avec une prise en charge majoritairement en UNV (67%) ou en dehors (15%) mais dans 6%, il existe une organisation qui s'en rapproche.

Finalement, 15 responsables d'UNV (12%) déclarent une "clinique des AIT" reconnue officiellement par leur établissement, disposant de moyens spécifiques, du personnel et/ou un local dédié (6%), ou sans moyens (3%), ou reconnue par une autorité de santé, notamment l'ARS (2%), ou étant encore dans une autre situation (1%).

Ces 15 "cliniques de l'AIT" sont réparties inégalement sur le territoire, avec trois notamment en Ile-de-France et six sur le quart Sud-Ouest, bien que "l'une des premières ouvertes à Toulouse est fermée depuis un an", certaines sont ouvertes seulement aux heures ouvrables, cinq jours sur sept (53%) voire sept jours sur sept (6%) et d'autres 24 heures sur 24 (41%).

Toutes ces structures disposent d'un médecin référent, 60% d'une infirmière de coordination, 33% en particulier d'une infirmière de pratique avancée (IPA) de coordination et 20% d'un temps de secrétariat dédié. Plus des deux tiers (37%) ont une ligne téléphonique spécifique tenue par le neurologue ou l'infirmière.

Interrogés sur la manière de valoriser cette activité, les responsables d'UNV déclarent le faire par une hospitalisation de jour à 62%, une hospitalisation complète à 25% et une consultation à 13%.

Les requérants de la clinique sont tout d'abord d'autres professionnels de santé, le SAU (52,7%), le médecin de ville (23%), le Samu (17,8%), un autre établissement (16,5%) et les pompiers (2,7%); le patient ou la famille appelant directement dans 5,3% seulement.

Hors "clinique de l'AIT", il existe toutefois une procédure écrite spécifique à la prise en charge de l'AIT au sein de l'établissement pour 32% de 101 responsables ayant répondu à cette question et 5% sur l'ensemble du territoire de santé. Donc en majorité (53%), il n'y a aucune procédure écrite spécifique.

Des différences dans la prise en charge

La SFNV a également interrogé sur la prise en charge de ces AIT et les réponses montrent des différences, probablement en lien les habitudes et les ressources disponibles.

Par exemple, devant un déficit qui a totalement régressé mais est survenu dans les six heures, 68% des 116 responsables ayant répondu le gèrent "comme une phase aiguë, jour et nuit, mais 20% la journée, 7% au cas par cas mais 5% ne le prennent pas en charge". Si un patient se présente aux urgences avec un AIT survenu entre 6 et 24 heures avant, ils ne sont plus que 46% à le prendre en charge comme une phase aiguë et 43% ne le prennent pas en charge et s'il se présente la nuit 24 heures après, 67% réalisent tout de même l'imagerie tandis que 24% attendent le matin, 9% décidant au cas par cas.

Le Dr Sablot a encore détaillé des réponses témoignant de pratiques variables sur les examens et les délais d'explorations de première intention, l'accès à l'échocardiographie transthoracique (ETT) et transœsophagienne (ETO), avec des difficultés notamment rapportées respectivement par 58% et 78% des répondants, sur les traitements initiés, avec notamment 48% qui ont intégré la prescription systématique d'aspirine + clopidogrel mais encore 25% pour lesquels ils ne sont pas définis à l'avance.

Seulement 12% des responsables d'UNV déclarent pouvoir accéder en moins de 24 heures à une endartériectomie en cas de sténose asymptomatique et 35% doivent attendre entre cinq et 10 jours! "Ce chiffre de 12% n'est pas très satisfaisant", a-t-il commenté.

Enfin, une consultation post-AVC est proposée dans 90% des cas parmi 106 répondants dans un délai de trois à six mois le plus souvent (70%).

Les données d'activités ont été recueillies auprès du département d'information médicale de 77 UNV, permettant de dénombrer un total de 14.034 AIT pris en charge par ces structures, "ce qui est relativement cohérent par le nombre d'AIT en France estimé à 54.000 par an à partir du registre dijonnais des AVC", a commenté le neurologue, rappelant qu'"une bonne moitié ne se rend pas à l'hôpital".

Pour ces 77 UNV, le circuit varie selon les possibilités locales probablement: dans 13%, c'est l'UNV qui prend en charge l'AIT et dans 22%, l'USINV (unité de soins intensifs neurovasculaires), dans 29%, le patient passe par le SAU puis sort de l'établissement et dans la majorité des cas, 36%, il passe dans un autre service que l'UNV. La durée moyenne de séjour est de trois jours lorsque le patient passe par l'UNV et de 3,6 jours hors UNV.

Globalement, ces résultats montrent une disparité des prises en charge de l'AIT en France, selon les habitudes et les ressources, sauf notamment pour l'imagerie réalisée à la phase aiguë et la consultation post-AVC, les patients avec un AIT bénéficiant de la filière AVC, et pointent quelques points de vigilance, en particulier l'accès à l'échographie cardiaque et le délai d'accès à l'endartériectomie, a conclu le Dr Sablot.

ld/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

16/11 2023
Retour

LA PRISE EN CHARGE DES AIT EST HÉTÉROGÈNE EN FRANCE ET SUIT DIFFÉRENTS MODÈLES

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la journée annuelle des référents et animateurs de filières AVC)

LILLE, 16 novembre 2023 (APMnews) - La prise en charge des accidents ischémiques transitoires (AIT) en France est assurée encore majoritairement par des unités neurovasculaires (UNV) et dans une part réduite, dans des "cliniques de l'AIT", selon des modèles différents en fonction des moyens disponibles notamment, selon un état des lieux dressé par la Société française neurovasculaire (SFNV), présenté mercredi en marge de son congrès à Lille.

Le Dr Denis Sablot du CH de Perpignan a présenté les résultats de cette enquête lors d'une session sur les AIT dans le cadre de la journée nationale des référents et animateurs ARS (agences régionales de santé) des filières de prise en charge des accidents vasculaires cérébraux (AVC).

Il s'agit de relancer les travaux initiés avec la direction générale de l'offre de soins (DGOS) en 2017 sur l'organisation d'une filière de prise en charge des AIT (cf dépêche du 16/11/2017 à 19:00) mais qui se sont interrompus ou ont été suspendus, a-t-il poursuivi, ajoutant qu'il n'en connaissait pas les raisons.

Mais les discussions semblent reprendre. "Pour cela, il est important d'avoir un état des lieux de la prise en charge des AIT en France." La SFNV a envoyé un questionnaire aux 139 responsables d'UNV en France entre mars et novembre et 123 (88,5%) ont répondu.

Parmi eux, les deux tiers (67%) déclarent qu'il n'existe aucune structure d'accueil spécifique à la prise en charge des AIT au sein de leur établissement, 23% en déclarent une en neurologie dont 18% au sein de l'UNV et 5% au sein de l'hôpital de jour (HDJ), 5% au sein du service d'accueil des urgences (SAU) et 5% encore ailleurs.

S'agissant d'une "clinique des AIT" spécifiquement identifiée, 88% des répondants déclarent qu'il n'y en a pas d'identifiée officiellement dans leur établissement, avec une prise en charge majoritairement en UNV (67%) ou en dehors (15%) mais dans 6%, il existe une organisation qui s'en rapproche.

Finalement, 15 responsables d'UNV (12%) déclarent une "clinique des AIT" reconnue officiellement par leur établissement, disposant de moyens spécifiques, du personnel et/ou un local dédié (6%), ou sans moyens (3%), ou reconnue par une autorité de santé, notamment l'ARS (2%), ou étant encore dans une autre situation (1%).

Ces 15 "cliniques de l'AIT" sont réparties inégalement sur le territoire, avec trois notamment en Ile-de-France et six sur le quart Sud-Ouest, bien que "l'une des premières ouvertes à Toulouse est fermée depuis un an", certaines sont ouvertes seulement aux heures ouvrables, cinq jours sur sept (53%) voire sept jours sur sept (6%) et d'autres 24 heures sur 24 (41%).

Toutes ces structures disposent d'un médecin référent, 60% d'une infirmière de coordination, 33% en particulier d'une infirmière de pratique avancée (IPA) de coordination et 20% d'un temps de secrétariat dédié. Plus des deux tiers (37%) ont une ligne téléphonique spécifique tenue par le neurologue ou l'infirmière.

Interrogés sur la manière de valoriser cette activité, les responsables d'UNV déclarent le faire par une hospitalisation de jour à 62%, une hospitalisation complète à 25% et une consultation à 13%.

Les requérants de la clinique sont tout d'abord d'autres professionnels de santé, le SAU (52,7%), le médecin de ville (23%), le Samu (17,8%), un autre établissement (16,5%) et les pompiers (2,7%); le patient ou la famille appelant directement dans 5,3% seulement.

Hors "clinique de l'AIT", il existe toutefois une procédure écrite spécifique à la prise en charge de l'AIT au sein de l'établissement pour 32% de 101 responsables ayant répondu à cette question et 5% sur l'ensemble du territoire de santé. Donc en majorité (53%), il n'y a aucune procédure écrite spécifique.

Des différences dans la prise en charge

La SFNV a également interrogé sur la prise en charge de ces AIT et les réponses montrent des différences, probablement en lien les habitudes et les ressources disponibles.

Par exemple, devant un déficit qui a totalement régressé mais est survenu dans les six heures, 68% des 116 responsables ayant répondu le gèrent "comme une phase aiguë, jour et nuit, mais 20% la journée, 7% au cas par cas mais 5% ne le prennent pas en charge". Si un patient se présente aux urgences avec un AIT survenu entre 6 et 24 heures avant, ils ne sont plus que 46% à le prendre en charge comme une phase aiguë et 43% ne le prennent pas en charge et s'il se présente la nuit 24 heures après, 67% réalisent tout de même l'imagerie tandis que 24% attendent le matin, 9% décidant au cas par cas.

Le Dr Sablot a encore détaillé des réponses témoignant de pratiques variables sur les examens et les délais d'explorations de première intention, l'accès à l'échocardiographie transthoracique (ETT) et transœsophagienne (ETO), avec des difficultés notamment rapportées respectivement par 58% et 78% des répondants, sur les traitements initiés, avec notamment 48% qui ont intégré la prescription systématique d'aspirine + clopidogrel mais encore 25% pour lesquels ils ne sont pas définis à l'avance.

Seulement 12% des responsables d'UNV déclarent pouvoir accéder en moins de 24 heures à une endartériectomie en cas de sténose asymptomatique et 35% doivent attendre entre cinq et 10 jours! "Ce chiffre de 12% n'est pas très satisfaisant", a-t-il commenté.

Enfin, une consultation post-AVC est proposée dans 90% des cas parmi 106 répondants dans un délai de trois à six mois le plus souvent (70%).

Les données d'activités ont été recueillies auprès du département d'information médicale de 77 UNV, permettant de dénombrer un total de 14.034 AIT pris en charge par ces structures, "ce qui est relativement cohérent par le nombre d'AIT en France estimé à 54.000 par an à partir du registre dijonnais des AVC", a commenté le neurologue, rappelant qu'"une bonne moitié ne se rend pas à l'hôpital".

Pour ces 77 UNV, le circuit varie selon les possibilités locales probablement: dans 13%, c'est l'UNV qui prend en charge l'AIT et dans 22%, l'USINV (unité de soins intensifs neurovasculaires), dans 29%, le patient passe par le SAU puis sort de l'établissement et dans la majorité des cas, 36%, il passe dans un autre service que l'UNV. La durée moyenne de séjour est de trois jours lorsque le patient passe par l'UNV et de 3,6 jours hors UNV.

Globalement, ces résultats montrent une disparité des prises en charge de l'AIT en France, selon les habitudes et les ressources, sauf notamment pour l'imagerie réalisée à la phase aiguë et la consultation post-AVC, les patients avec un AIT bénéficiant de la filière AVC, et pointent quelques points de vigilance, en particulier l'accès à l'échographie cardiaque et le délai d'accès à l'endartériectomie, a conclu le Dr Sablot.

ld/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.