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LA PRISE EN CHARGE EN SSR DES PATIENTS COVID-19 REPRÉSENTE UN "SACRÉ DÉFI" (DG DE RAMSAY SANTÉ)
PARIS, 10 avril 2020 (APMnews) - Pascal Roché, directeur général de Ramsay Santé, groupe de cliniques qui soigne 350 patients Covid-19 en réanimation en France, a estimé que leur prise en charge en soins de suite et de réanimation (SSR) représente un "sacré défi" en matière d'accompagnement, de compétences et d'organisation, dans un entretien avec APMnews vendredi.
APMnews: Comment s'organise le groupe dans la prise en charge de patients Covid-19 sur le territoire ?
Les deux tiers des patients que nous prenons en charge le sont dans nos établissements d'Ile-de-France. Ils sont directement arrivés par les services d'urgence, ou par transfert des hôpitaux publics, que ce soit l'AP-HP, ou hors AP-HP, comme le centre hospitalier Robert-Ballanger [Aulnay-sous-Bois, Seine-Saint-Denis] ou le groupe hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil [Seine-Saint-Denis]. Une coopération a été mise en place avec les hôpitaux en Ile-de-France et fonctionne très bien. Elle concerne la prise en charge des patients Covid-19 et l'optimisation des ressources. Un certain nombre de soignants et médecins libéraux travaillant au sein du groupe se sont portés volontaires là où il y avait des besoins, pour rejoindre un certain nombre de sites, dont des hôpitaux publics.
Hors Ile-de-France, on prend également en charge beaucoup de patients Covid en Rhône-Alpes. Nous avons 50 patients en réanimation dans nos hôpitaux à Lyon. Nous sommes également présents à Saint-Etienne et Bourg-en-Bresse. Il y a une prise en charge de patients Covid-19 à Toulouse, où 30 patients en réanimation sont accueillis dans nos trois hôpitaux de la zone, et venant quasiment tous du Grand Est. Nous prenons aussi en charge des patients Covid-19, dans un nombre moindre, à Lille, à Caen, au Havre et à Marseille.
Nous prêtons des respirateurs, ventilateurs à des établissements publics. Il y a une coordination main dans la main territoriale en Ile-de-France et en Rhône-Alpes notamment.
Le 15 mars, nous n'avions aucun patient Covid-19. Depuis, nous avons créé des centaines de lits de médecine et plus de 150 lits de réanimation, soit dans des endroits où il y avait déjà une réanimation, comme à l'hôpital privé Jacques-Cartier de Massy, qui est passé de 25 à 46 lits de réanimation, soit en transformant des services de soins intensifs en réanimation, soit ex nihilo en créant des soins de réanimation. La force de notre empreinte géographique nous a permis par exemple de transférer des équipes et des équipements d'une clinique à côté de l'hôpital privé Jacques-Cartier pour le renforcer.
Par ailleurs, près de 200 médecins et infirmières sont venus d'hôpitaux de Ramsay Santé pour l'instant très peu touchés par la crise, de Bayonne, Biarritz, de La Rochelle, du Havre, par exemple, pour renforcer nos équipes en réanimation notamment et en soins intensifs dans nos établissements franciliens. C'est un élan basé sur le volontariat.
A l'hôpital privé des Peupliers, dans le XIIIe arrondissement de Paris,10 infirmières sont venues du Havre. Elles sont présentes depuis plus d'une semaine, en renforcement l'équipe de réanimation. On a aussi fait venir il y a 12 jours du Danemark [Ramsay Santé y est implanté depuis le rachat de Capio], où l'épidémie est considérée sous contrôle, des médicaments, curare et morphiniques, notamment à notre clinique italienne à Omegna en Italie, à un moment où la situation restait très tendue.
Combien de places sont encore disponibles pour accueillir des patients atteints de cette maladie?
Au 9 avril, le nombre de lits Covid-19 disponible du groupe grimpe à 785 sur le territoire, dont 90 en Ile-de-France. En réanimation, nous comptons 142 lits disponibles en France, dont 23 en Ile-de-France.
Vous évoquez une problématique importante dans les SSR, que voulez-vous dire ?
On a un défi lancé qui va s'accroître pour les personnes sortant de soins intensifs et de réanimation. Elles ont un besoin de récupération physique, psychologique par rapport au traumatisme de ces soins. Nous sommes en train d'adapter nos activités SSR pour prendre en charge les patients en post-réanimation. On est passé en quelques jours de 0 à 270 lits SSR Covid-19. Ce n'est pas habituel de faire ce type de prise en charge post-réanimation, c'est un sacré défi en termes d'accompagnement, de compétences et d'organisation.
Organisez-vous des formations dans le cadre de la lutte contre le Covid-19?
On a organisé et on continue à organiser énormément de formations grâce aux outils de vidéo et d'e-learning, en particulier. On a formé des dizaines et des dizaines de médecins, des chirurgiens notamment, qui se sont portés volontaires pour renforcer les équipes de réanimation. On a formé beaucoup d'infirmières de chirurgie à devenir infirmières réanimatrices. On fait attention à ce que ces personnes soient intégrées à une équipe de purs réanimateurs. On n'aura jamais des sites de 10 lits de réanimation avec uniquement des personnes formées et n'étant pas à la base anesthésistes-réanimateurs ou infirmières de réanimation.
On est également en train de développer des modules de formation pour nos équipes en SSR, on effectue des retours d'expériences, des partages, on a mis en place en interne une base de données, de vidéos, avec les recommandations des sociétés savantes. Nous utilisons également des formations faites par l'hôpital public. Il y a une vraie solidarité entre tous les établissements pour aider les équipes à prendre en charge des patients Covid-19.
Quid des équipements de Ramsay Santé pour lutter contre le Covid-19, en particulier des consommables ?
Au-delà de ce qui est fourni ou peut être fourni par l'Etat, la situation reste très tendue sur le matériel, actuellement. On aura aussi besoin, au moment de la reprise d'activité, de curare, etc. Aujourd'hui, l'attention se porte un peu moins sur les masques avec les livraisons qui arrivent. Mais la tension est extrême sur les blouses et surblouses, elle reste forte sur les gants et il y a aussi une tension sur les produits de réanimation. On cherche à se fournir en pousse-seringues, notamment. Par ailleurs, on est soucieux concernant l'approvisionnement des consommables de dialyse pour des patients en réanimation.
Le groupe Elsan organise des coopérations pour la prise en charge des résidents d'Ehpad (cf dépêche du 07/04/2020 à 13:29). Ramsay Santé a-t-il lui aussi lancé des coopérations avec ce type de structures ?
Nous avons lancé des coopérations avec des Ehpad, par exemple avec le groupe Orpea en Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore avec DomusVi. Les coopérations avec les Ehpad se passent au niveau du territoire. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider les directeurs d'Ehpad localement s'ils nous sollicitent.
Quelle est l'incidence des déprogrammations pour le groupe ?
On constate une baisse d'activité d'environ 75% en chirurgie dans le groupe. Nous constatons aussi moins de passages aux urgences pour d'autres problématiques [que le Covid-19]. Nous continuons à faire de la chirurgie urgente. La chirurgie très légère a été déprogrammée.
Dans la partie diagnostic/suivi, il va falloir qu'on s'interroge sur la notion de perte de chance pour les patients. Nos équipes dans le groupe craignent de plus en plus un rebond sur d’autres pathologies, notamment en cancérologie. Il faut, s'il est confirmé que nous sommes sur un plateau concernant l'épidémie, réfléchir au bon moment pour rouvrir la chirurgie et le diagnostic intermédiaires.
Combien de personnes travaillant au sein du groupe ont-elles été infectées par le coronavirus ?
Parmi nos soignants et médecins, des centaines l'ont été, de manière parfois dramatique: un de nos directeurs d'établissement est décédé du Covid-19. Il venait de prendre en main la clinique de La Défense (cf dépêche du 30/03/2020 à 18:54).
Télésuivi: le groupe va utiliser Covidom Ramsay Santé a annoncé jeudi qu'il déploierait, dans la majorité de ses cliniques, Covidom, un dispositif de télésuivi des patients Covid-19 développé Nouveal e-santé, une société spécialisée dans l'édition de logiciels de télésuivi. Il est déjà en oeuvre au sein de l'AP-HP, notamment (cf dépêche du 13/03/2020 à 16:27). "Ce partenariat s'inscrit dans la collaboration que nous entretenons depuis le début de la crise épidémique avec les hôpitaux publics sous l’égide des autorités de tutelle", a expliqué François Demesmay, directeur innovation médicale et expérience patient de Ramsay Santé. |
jyp/nc/APMnews
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LA PRISE EN CHARGE EN SSR DES PATIENTS COVID-19 REPRÉSENTE UN "SACRÉ DÉFI" (DG DE RAMSAY SANTÉ)
PARIS, 10 avril 2020 (APMnews) - Pascal Roché, directeur général de Ramsay Santé, groupe de cliniques qui soigne 350 patients Covid-19 en réanimation en France, a estimé que leur prise en charge en soins de suite et de réanimation (SSR) représente un "sacré défi" en matière d'accompagnement, de compétences et d'organisation, dans un entretien avec APMnews vendredi.
APMnews: Comment s'organise le groupe dans la prise en charge de patients Covid-19 sur le territoire ?
Les deux tiers des patients que nous prenons en charge le sont dans nos établissements d'Ile-de-France. Ils sont directement arrivés par les services d'urgence, ou par transfert des hôpitaux publics, que ce soit l'AP-HP, ou hors AP-HP, comme le centre hospitalier Robert-Ballanger [Aulnay-sous-Bois, Seine-Saint-Denis] ou le groupe hospitalier intercommunal Le Raincy-Montfermeil [Seine-Saint-Denis]. Une coopération a été mise en place avec les hôpitaux en Ile-de-France et fonctionne très bien. Elle concerne la prise en charge des patients Covid-19 et l'optimisation des ressources. Un certain nombre de soignants et médecins libéraux travaillant au sein du groupe se sont portés volontaires là où il y avait des besoins, pour rejoindre un certain nombre de sites, dont des hôpitaux publics.
Hors Ile-de-France, on prend également en charge beaucoup de patients Covid en Rhône-Alpes. Nous avons 50 patients en réanimation dans nos hôpitaux à Lyon. Nous sommes également présents à Saint-Etienne et Bourg-en-Bresse. Il y a une prise en charge de patients Covid-19 à Toulouse, où 30 patients en réanimation sont accueillis dans nos trois hôpitaux de la zone, et venant quasiment tous du Grand Est. Nous prenons aussi en charge des patients Covid-19, dans un nombre moindre, à Lille, à Caen, au Havre et à Marseille.
Nous prêtons des respirateurs, ventilateurs à des établissements publics. Il y a une coordination main dans la main territoriale en Ile-de-France et en Rhône-Alpes notamment.
Le 15 mars, nous n'avions aucun patient Covid-19. Depuis, nous avons créé des centaines de lits de médecine et plus de 150 lits de réanimation, soit dans des endroits où il y avait déjà une réanimation, comme à l'hôpital privé Jacques-Cartier de Massy, qui est passé de 25 à 46 lits de réanimation, soit en transformant des services de soins intensifs en réanimation, soit ex nihilo en créant des soins de réanimation. La force de notre empreinte géographique nous a permis par exemple de transférer des équipes et des équipements d'une clinique à côté de l'hôpital privé Jacques-Cartier pour le renforcer.
Par ailleurs, près de 200 médecins et infirmières sont venus d'hôpitaux de Ramsay Santé pour l'instant très peu touchés par la crise, de Bayonne, Biarritz, de La Rochelle, du Havre, par exemple, pour renforcer nos équipes en réanimation notamment et en soins intensifs dans nos établissements franciliens. C'est un élan basé sur le volontariat.
A l'hôpital privé des Peupliers, dans le XIIIe arrondissement de Paris,10 infirmières sont venues du Havre. Elles sont présentes depuis plus d'une semaine, en renforcement l'équipe de réanimation. On a aussi fait venir il y a 12 jours du Danemark [Ramsay Santé y est implanté depuis le rachat de Capio], où l'épidémie est considérée sous contrôle, des médicaments, curare et morphiniques, notamment à notre clinique italienne à Omegna en Italie, à un moment où la situation restait très tendue.
Combien de places sont encore disponibles pour accueillir des patients atteints de cette maladie?
Au 9 avril, le nombre de lits Covid-19 disponible du groupe grimpe à 785 sur le territoire, dont 90 en Ile-de-France. En réanimation, nous comptons 142 lits disponibles en France, dont 23 en Ile-de-France.
Vous évoquez une problématique importante dans les SSR, que voulez-vous dire ?
On a un défi lancé qui va s'accroître pour les personnes sortant de soins intensifs et de réanimation. Elles ont un besoin de récupération physique, psychologique par rapport au traumatisme de ces soins. Nous sommes en train d'adapter nos activités SSR pour prendre en charge les patients en post-réanimation. On est passé en quelques jours de 0 à 270 lits SSR Covid-19. Ce n'est pas habituel de faire ce type de prise en charge post-réanimation, c'est un sacré défi en termes d'accompagnement, de compétences et d'organisation.
Organisez-vous des formations dans le cadre de la lutte contre le Covid-19?
On a organisé et on continue à organiser énormément de formations grâce aux outils de vidéo et d'e-learning, en particulier. On a formé des dizaines et des dizaines de médecins, des chirurgiens notamment, qui se sont portés volontaires pour renforcer les équipes de réanimation. On a formé beaucoup d'infirmières de chirurgie à devenir infirmières réanimatrices. On fait attention à ce que ces personnes soient intégrées à une équipe de purs réanimateurs. On n'aura jamais des sites de 10 lits de réanimation avec uniquement des personnes formées et n'étant pas à la base anesthésistes-réanimateurs ou infirmières de réanimation.
On est également en train de développer des modules de formation pour nos équipes en SSR, on effectue des retours d'expériences, des partages, on a mis en place en interne une base de données, de vidéos, avec les recommandations des sociétés savantes. Nous utilisons également des formations faites par l'hôpital public. Il y a une vraie solidarité entre tous les établissements pour aider les équipes à prendre en charge des patients Covid-19.
Quid des équipements de Ramsay Santé pour lutter contre le Covid-19, en particulier des consommables ?
Au-delà de ce qui est fourni ou peut être fourni par l'Etat, la situation reste très tendue sur le matériel, actuellement. On aura aussi besoin, au moment de la reprise d'activité, de curare, etc. Aujourd'hui, l'attention se porte un peu moins sur les masques avec les livraisons qui arrivent. Mais la tension est extrême sur les blouses et surblouses, elle reste forte sur les gants et il y a aussi une tension sur les produits de réanimation. On cherche à se fournir en pousse-seringues, notamment. Par ailleurs, on est soucieux concernant l'approvisionnement des consommables de dialyse pour des patients en réanimation.
Le groupe Elsan organise des coopérations pour la prise en charge des résidents d'Ehpad (cf dépêche du 07/04/2020 à 13:29). Ramsay Santé a-t-il lui aussi lancé des coopérations avec ce type de structures ?
Nous avons lancé des coopérations avec des Ehpad, par exemple avec le groupe Orpea en Auvergne-Rhône-Alpes, ou encore avec DomusVi. Les coopérations avec les Ehpad se passent au niveau du territoire. Nous faisons tout ce que nous pouvons pour aider les directeurs d'Ehpad localement s'ils nous sollicitent.
Quelle est l'incidence des déprogrammations pour le groupe ?
On constate une baisse d'activité d'environ 75% en chirurgie dans le groupe. Nous constatons aussi moins de passages aux urgences pour d'autres problématiques [que le Covid-19]. Nous continuons à faire de la chirurgie urgente. La chirurgie très légère a été déprogrammée.
Dans la partie diagnostic/suivi, il va falloir qu'on s'interroge sur la notion de perte de chance pour les patients. Nos équipes dans le groupe craignent de plus en plus un rebond sur d’autres pathologies, notamment en cancérologie. Il faut, s'il est confirmé que nous sommes sur un plateau concernant l'épidémie, réfléchir au bon moment pour rouvrir la chirurgie et le diagnostic intermédiaires.
Combien de personnes travaillant au sein du groupe ont-elles été infectées par le coronavirus ?
Parmi nos soignants et médecins, des centaines l'ont été, de manière parfois dramatique: un de nos directeurs d'établissement est décédé du Covid-19. Il venait de prendre en main la clinique de La Défense (cf dépêche du 30/03/2020 à 18:54).
Télésuivi: le groupe va utiliser Covidom Ramsay Santé a annoncé jeudi qu'il déploierait, dans la majorité de ses cliniques, Covidom, un dispositif de télésuivi des patients Covid-19 développé Nouveal e-santé, une société spécialisée dans l'édition de logiciels de télésuivi. Il est déjà en oeuvre au sein de l'AP-HP, notamment (cf dépêche du 13/03/2020 à 16:27). "Ce partenariat s'inscrit dans la collaboration que nous entretenons depuis le début de la crise épidémique avec les hôpitaux publics sous l’égide des autorités de tutelle", a expliqué François Demesmay, directeur innovation médicale et expérience patient de Ramsay Santé. |
jyp/nc/APMnews