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04/02 2020
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LA SFMU DÉFEND LE NUMÉRO UNIQUE 113 EN FAISANT VALOIR LE "JUSTE SOIN"

PARIS, 4 février 2020 (APMnews) - La Société française de médecine d'urgence (SFMU) a développé ses arguments, notamment l'objectif du "juste soin", en faveur de la mise en oeuvre du numéro unique santé 113, sur lequel les arbitrages du gouvernement n'ont pas encore été rendus, lundi au cours d'une conférence de presse.

La SFMU "est engagée dans les réformes qui touchent à la médecine d'urgence et a fourni énormément de données scientifiques pour éclairer les décisions politiques", a fait valoir le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la SFMU.

Le rapport de la mission de modernisation de l'accessibilité et de la réception des communications d'urgence pour la sécurité, la santé et les secours (Marcus), menée à la demande des ministères des solidarités et de la santé et de l'intérieur, présente deux modèles pour l'organisation des numéros d'urgence (cf dépêche du 10/01/2020 à 19:13), a-t-elle rappelé.

La mission, qui a "remis son rapport le 19 décembre" 2019, a été conduite par le lieutenant-colonel de sapeurs-pompiers Romain Moutard et le Dr Yann Penverne, membre de la SFMU.

"La SFMU se positionne clairement sur le modèle A", qui propose un système de numéro unique santé (113), distinct d'un numéro secours (112), "dans l'objectif de l'amélioration du service rendu", "du juste soin" et de "la juste utilisation de la ressource médicale", a expliqué Agnès Ricard-Hibon.

Ce modèle serait le "seul compatible avec le SAS [service d'accès aux soins]", qui articulerait la médecine d'urgence hospitalière et la médecine libérale pour les soins non programmés, en lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), a développé la présidente de la SFMU.

Sur le sujet, "on s'attend à un arbitrage rapide de Matignon", a souligné Agnès Ricard-Hibon, ajoutant que "la crise du coronavirus s'est invitée" dans le calendrier politique.

"Avec le ministère de la santé, on est en symbiose, mais il est hors de question de mettre la pression sur notre ministère", a-t-elle souligné. La conférence de presse de la société savante avait été prévue avant l'arrivée de la crise sanitaire, car jusqu'à présent la SFMU ne s'était "pas exprimée sur le bien-fondé du modèle proposé, basé sur des données scientifiques solides", a-t-elle expliqué.

"On a probablement été trop frileux dans la communication jusqu'à présent", a-t-elle par ailleurs considéré, jugeant qu'il appartenait aussi à l'organisation d'expliquer "plus à la population le bon usage des structures d'urgence".

La présidente de la SFMU a également souligné "qu'éthiquement parlant", il ne s'agissait pas de se saisir de la crise sanitaire dans la perspective des arbitrages sur le SAS et le 113.

Le rapport de la mission Carli-Mesnier, remis le 19 décembre 2019 à Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, préconise également le modèle du 113, qui regrouperait le 15 et le 116-117 pour les soins non programmés dans le cadre de la mise en oeuvre du SAS, rappelle-t-on (cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39).

Cette proposition a suscité la colère des syndicats de médecins libéraux, attachés au maintien d'un numéro spécifique pour les soins non programmés et qui revendiquent une revalorisation des actes effectués dans ce cadre.

De son côté, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, qui souhaite deux numéros pour la prise en charge des secours urgents et des soins non programmés, a également exprimé son mécontentement et dénoncé "un rhabillage du 15" (cf dépêche du 20/12/2019 à 18:02).

Objectif prioritaire, "l'amélioration la qualité de la réponse"

Tout en privilégiant également l'option du 113, le "rapport Marcus" a relevé que l'hypothèse d'un numéro unique sécurité-santé-secours (112) aurait l'avantage de "répondre exhaustivement à la commande présidentielle" de "s'inspirer des bonnes pratiques de nos voisins" et de "répondre aux exigences et standards européens", note-t-on.

Avec le numéro unique santé 113, l'objectif est notamment "d'avoir un premier décroché par des professionnels de santé", a plaidé Agnès Ricard-Hibon. "Les premiers mots spontanés prononcés par les patients sont essentiels dans l'évaluation du besoin de santé et de la réponse à apporter."

S'ils ne sont pas entendus dès le "premier décroché" par un professionnel de santé, ces informations sont "soit perdues, soit mal interprétées, soit mal retranscrites, ce qu'on appelle la distraction de l'information ou les biais d'interprétation". En outre, "la personne qui appelle ne va pas les répéter car elle considère qu'elle les a déjà transmises".

Aujourd'hui, "les gens hésitent à appeler le 15 parce que ce numéro a une connotation urgences", a-t-elle poursuivi. "Or quand on a mal au ventre, on peut par exemple avoir une gastro-entérite, mais aussi un infarctus digestif. Demander aux patients de s'autodéterminer sur la gravité de la situation" est faire courir un risque d'erreur.

"La littérature objective un niveau d'erreur d'autodétermination allant de 8,4% à 11% en Angleterre", illustre ainsi l'argumentaire en faveur du 113 comme numéro unique dans le rapport "Marcus".

"Regrouper tous les professionnels de la santé, médecins urgentistes et généralistes, au sein d'une même plateforme est le meilleur moyen d'éviter de passer à côté d'une urgence vitale", a argué Agnès Ricard-Hibon.

La mise en oeuvre du 113 et du SAS permettrait "d'avoir une réponse pertinente, d'éviter la surconsommation de soins quand tout arrive aux urgences", a pointé la présidente de la SFMU. Elle a cité des exemples de pays ayant fait le choix d'un numéro unique 112, où "un décroché non santé aboutit au principe de précaution, aux départs réflexes, qui sont la problématique majeure des pompiers et des arrivées de pompiers aux urgences".

L'enjeu est d'étendre la coopération entre les centres 15 et les médecins libéraux "H24, pas de rhabiller le Samu pour en faire un super-Samu", a affirmé Agnès Ricard-Hibon, interrogée sur les critiques vis-à-vis du modèle proposé.

"Jusqu'à présent les généralistes avaient l'impression d'être sur un strapontin." Avec le système préconisé, "on change de paradigme et on fait une vraie cogestion entre les généralistes et les urgentistes", de façon harmonisée sur le territoire.

"L'objectif prioritaire est une meilleure qualité de la réponse apportée à la population, avec une meilleure pertinence, l'objectif secondaire est de désengorger les urgences", a souligné la présidente de la SFMU.

Avec la mise en place du numéro unique 113, "on s'attend à une augmentation de 10% à 15% du nombre d'appels, mais on va surtout améliorer le juste soin", a-t-elle insisté.

L'engorgement des urgences, "c'est +9% de mortalité pour la population toute confondue, +30% pour les patients les plus graves. C'est une mortalité qui ne se voit pas car elle est intra-hospitalière, à J3", a chiffré la présidente de la SFMU.

Lors de ses voeux à la presse prononcés mardi 28 janvier, Agnès Buzyn a précisé que les arbitrages sur le SAS étaient encore en cours, mais que le début de la mise en oeuvre du dispositif pour l'été n'était pas remis en cause.

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 4 février 2020 (APMnews) - La Société française de médecine d'urgence (SFMU) a développé ses arguments, notamment l'objectif du "juste soin", en faveur de la mise en oeuvre du numéro unique santé 113, sur lequel les arbitrages du gouvernement n'ont pas encore été rendus, lundi au cours d'une conférence de presse.

La SFMU "est engagée dans les réformes qui touchent à la médecine d'urgence et a fourni énormément de données scientifiques pour éclairer les décisions politiques", a fait valoir le Dr Agnès Ricard-Hibon, présidente de la SFMU.

Le rapport de la mission de modernisation de l'accessibilité et de la réception des communications d'urgence pour la sécurité, la santé et les secours (Marcus), menée à la demande des ministères des solidarités et de la santé et de l'intérieur, présente deux modèles pour l'organisation des numéros d'urgence (cf dépêche du 10/01/2020 à 19:13), a-t-elle rappelé.

La mission, qui a "remis son rapport le 19 décembre" 2019, a été conduite par le lieutenant-colonel de sapeurs-pompiers Romain Moutard et le Dr Yann Penverne, membre de la SFMU.

"La SFMU se positionne clairement sur le modèle A", qui propose un système de numéro unique santé (113), distinct d'un numéro secours (112), "dans l'objectif de l'amélioration du service rendu", "du juste soin" et de "la juste utilisation de la ressource médicale", a expliqué Agnès Ricard-Hibon.

Ce modèle serait le "seul compatible avec le SAS [service d'accès aux soins]", qui articulerait la médecine d'urgence hospitalière et la médecine libérale pour les soins non programmés, en lien avec les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), a développé la présidente de la SFMU.

Sur le sujet, "on s'attend à un arbitrage rapide de Matignon", a souligné Agnès Ricard-Hibon, ajoutant que "la crise du coronavirus s'est invitée" dans le calendrier politique.

"Avec le ministère de la santé, on est en symbiose, mais il est hors de question de mettre la pression sur notre ministère", a-t-elle souligné. La conférence de presse de la société savante avait été prévue avant l'arrivée de la crise sanitaire, car jusqu'à présent la SFMU ne s'était "pas exprimée sur le bien-fondé du modèle proposé, basé sur des données scientifiques solides", a-t-elle expliqué.

"On a probablement été trop frileux dans la communication jusqu'à présent", a-t-elle par ailleurs considéré, jugeant qu'il appartenait aussi à l'organisation d'expliquer "plus à la population le bon usage des structures d'urgence".

La présidente de la SFMU a également souligné "qu'éthiquement parlant", il ne s'agissait pas de se saisir de la crise sanitaire dans la perspective des arbitrages sur le SAS et le 113.

Le rapport de la mission Carli-Mesnier, remis le 19 décembre 2019 à Agnès Buzyn, ministre des solidarités et de la santé, préconise également le modèle du 113, qui regrouperait le 15 et le 116-117 pour les soins non programmés dans le cadre de la mise en oeuvre du SAS, rappelle-t-on (cf dépêche du 19/12/2019 à 13:39).

Cette proposition a suscité la colère des syndicats de médecins libéraux, attachés au maintien d'un numéro spécifique pour les soins non programmés et qui revendiquent une revalorisation des actes effectués dans ce cadre.

De son côté, la Fédération nationale des sapeurs-pompiers, qui souhaite deux numéros pour la prise en charge des secours urgents et des soins non programmés, a également exprimé son mécontentement et dénoncé "un rhabillage du 15" (cf dépêche du 20/12/2019 à 18:02).

Objectif prioritaire, "l'amélioration la qualité de la réponse"

Tout en privilégiant également l'option du 113, le "rapport Marcus" a relevé que l'hypothèse d'un numéro unique sécurité-santé-secours (112) aurait l'avantage de "répondre exhaustivement à la commande présidentielle" de "s'inspirer des bonnes pratiques de nos voisins" et de "répondre aux exigences et standards européens", note-t-on.

Avec le numéro unique santé 113, l'objectif est notamment "d'avoir un premier décroché par des professionnels de santé", a plaidé Agnès Ricard-Hibon. "Les premiers mots spontanés prononcés par les patients sont essentiels dans l'évaluation du besoin de santé et de la réponse à apporter."

S'ils ne sont pas entendus dès le "premier décroché" par un professionnel de santé, ces informations sont "soit perdues, soit mal interprétées, soit mal retranscrites, ce qu'on appelle la distraction de l'information ou les biais d'interprétation". En outre, "la personne qui appelle ne va pas les répéter car elle considère qu'elle les a déjà transmises".

Aujourd'hui, "les gens hésitent à appeler le 15 parce que ce numéro a une connotation urgences", a-t-elle poursuivi. "Or quand on a mal au ventre, on peut par exemple avoir une gastro-entérite, mais aussi un infarctus digestif. Demander aux patients de s'autodéterminer sur la gravité de la situation" est faire courir un risque d'erreur.

"La littérature objective un niveau d'erreur d'autodétermination allant de 8,4% à 11% en Angleterre", illustre ainsi l'argumentaire en faveur du 113 comme numéro unique dans le rapport "Marcus".

"Regrouper tous les professionnels de la santé, médecins urgentistes et généralistes, au sein d'une même plateforme est le meilleur moyen d'éviter de passer à côté d'une urgence vitale", a argué Agnès Ricard-Hibon.

La mise en oeuvre du 113 et du SAS permettrait "d'avoir une réponse pertinente, d'éviter la surconsommation de soins quand tout arrive aux urgences", a pointé la présidente de la SFMU. Elle a cité des exemples de pays ayant fait le choix d'un numéro unique 112, où "un décroché non santé aboutit au principe de précaution, aux départs réflexes, qui sont la problématique majeure des pompiers et des arrivées de pompiers aux urgences".

L'enjeu est d'étendre la coopération entre les centres 15 et les médecins libéraux "H24, pas de rhabiller le Samu pour en faire un super-Samu", a affirmé Agnès Ricard-Hibon, interrogée sur les critiques vis-à-vis du modèle proposé.

"Jusqu'à présent les généralistes avaient l'impression d'être sur un strapontin." Avec le système préconisé, "on change de paradigme et on fait une vraie cogestion entre les généralistes et les urgentistes", de façon harmonisée sur le territoire.

"L'objectif prioritaire est une meilleure qualité de la réponse apportée à la population, avec une meilleure pertinence, l'objectif secondaire est de désengorger les urgences", a souligné la présidente de la SFMU.

Avec la mise en place du numéro unique 113, "on s'attend à une augmentation de 10% à 15% du nombre d'appels, mais on va surtout améliorer le juste soin", a-t-elle insisté.

L'engorgement des urgences, "c'est +9% de mortalité pour la population toute confondue, +30% pour les patients les plus graves. C'est une mortalité qui ne se voit pas car elle est intra-hospitalière, à J3", a chiffré la présidente de la SFMU.

Lors de ses voeux à la presse prononcés mardi 28 janvier, Agnès Buzyn a précisé que les arbitrages sur le SAS étaient encore en cours, mais que le début de la mise en oeuvre du dispositif pour l'été n'était pas remis en cause.

mlb/ab/APMnews

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