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20/10 2025
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LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MÉDECINE PÉRINATALE CRAINT UNE PRISE AU PIÈGE DE LA CRISE DE LA PÉRINATALITÉ PAR LA CRISE POLITIQUE

(Par Carole DEBRAY, au congrès de la SFMP)

RENNES, 20 octobre 2025 (APMnews) - Après un entretien considéré comme "une vraie avancée" avec l'ex-ministre chargé de la santé Yannick Neuder en juillet, attendu de longue date, les responsables de la Société française de médecine périnatale (SFMP) craignent une nouvelle paralysie du débat sur la périnatalité, en raison des changements de ministres, mais aussi des prochaines échéances électorales, à commencer par les élections municipales en mars 2026.

Les acteurs de la périnatalité alertent depuis trois ans sur la nécessité de réorganiser l'offre de soins en périnatalité. "Tout a été dit, on est sur la même longueur d'ondes (avec les autres sociétés savantes), on s'est fait entendre, il y a eu une vraie caisse de résonnance, des missions [parlementaires], on s'est dit 'c'est en train de frémir'… Et maintenant, on voit deux écueils majeurs", a décrit le Pr Michel Dreyfus, past président de la SFMP, lors d'une conférence de presse organisée vendredi dans le cadre du congrès de la société savante, à Rennes.

Premier écueil, "qui est à la barre? On a réussi à avoir en trois ans des entretiens avec deux des neuf ministres qui se sont succédé: François Braun et Yannick Neuder […]. A chaque fois, on a l'impression qu'il faut remettre le compteur à zéro".

Par ailleurs, les échéances électorales de 2026, notamment les élections municipales, prévues en mars, "où se font élire les maires, qui sont généralement les présidents de conseil de surveillance des hôpitaux", sont un obstacle à une évolution, notamment, du moratoire sur la fermeture des maternités. "A moins qu'un maire ait décidé de ne pas se faire réélire ou de ne pas demander sa réélection, quel maire, à six mois des élections, va mettre sur le tapis, maintenant, la fermeture d'une maternité? Et juste après [en 2027, NDLR], il y aura l'élection présidentielle", a souligné le Pr Dreyfus. Pour lui, il est certain que dans les six mois qui viennent, cette question ne sera pas abordée.

Pourtant, un entretien, décroché "main dans la main" avec les autres sociétés savantes impliquées, le 22 juillet avec Yannick Neuder -six mois après la première demande d'entretien et quelque peu poussé par les communiqués de presse "un peu virulents" diffusés entre-temps par la SFMP- laissait espérer une réelle avancée.

"Il a dit qu'il était d'accord avec notre modèle, mais qu'il avait bien compris les obstacles politiques et il a bien entendu les obstacles, de notre côté, sur les ressources humaines", a rapporté la Pr Delphine Mitanchez, présidente de la SFMP. Le ministre s'est dit intéressé par le modèle proposé, mais [a déclaré] qu'il souhaitait pouvoir le tester d'abord dans une région. Puis "il s'est engagé à la révision des décrets de périnatalité de 1998 qui gèrent l'organisation de la périnatalité en France".

Toujours selon la Pr Mitanchez, Yannick Neuder a alors demandé à ses conseillers s'il était possible de commencer dès septembre, a affirmé qu'il fallait aller vite et faire des réunions pragmatiques. Une semaine plus tard, "M. Neuder m'a envoyé à SMS me disant 'très heureux de vous rencontrer à la rentrée pour le groupe de travail afin d'améliorer la prise en charge périnatale'", a-t-elle poursuivi.

Mais c'était sans compter la chute du gouvernement de François Bayrou le 9 septembre, auquel l'Assemblée nationale a refusé d'accorder sa confiance à l'occasion d'une déclaration de politique générale (cf dépêche du 09/09/2025 à 20:33). Yannick Neuder n'est plus au gouvernement et Stéphanie Rist est désormais ministre de la santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées au sein du gouvernement Lecornu 2.

Désinformation permanente et déclarations "à la hussarde"

La Pr Mitanchez, le Pr Dreyfus et le Pr Damien Subtil, vice-président de la SFMP, ont de nouveau fait part de leur agacement face à des affirmations erronées portées par des personnalités politiques et relayées dans les médias, qui alimentent la confusion et vont à l'encontre du modèle qu'ils proposent pour une offre de soins sécurisée et de proximité en périnatalité, reposant sur le regroupement des plateaux techniques et partagé par d'autres sociétés savantes (cf dépêche du 19/03/2025 à 16:56).

Les trois représentants de la SFMP dénoncent le lien qui est fait en permanence entre mortalité infantile et fermeture des maternités, "une désinformation permanente", des déclarations "à la hussarde" jusque dans l'Hémicycle, qui ne sont "pas admissibles".

Le sujet a atteint son point d'orgue à la sortie, début mars, du livre-enquête 4,1. Le scandale des accouchements en France, des journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, sur l'augmentation alarmante de la mortalité infantile en France (cf dépêche du 18/03/2025 à 12:19). Bien que la plupart des chapitres de l'ouvrage soient instructifs, seul le premier a été largement repris dans les médias et le monde politique, faisant porter sur la fermeture des petites maternités la cause essentielle de la dégradation de l'offre de soins, en se fondant sur une seule étude, très locale et ancienne, aux résultats qui plus est non significatifs.

"Les politiques se permettent de lancer des affirmations sans aucune vérification de leurs sources. Nous sommes des scientifiques et chaque fois que l'on disait quelque chose, nous sommes allés vérifier nos sources, soit sur des données de santé publique dans le pays, soit sur des publications dans des revues internationales avec des relecteurs, etc., qui ont validé les travaux. Et finalement, ce qui va prévaloir dans le public, ce n'est pas la parole des gens qui ont des arguments posés, réfléchis, scientifiques, mais [celle de]ceux qui lancent comme ça, à la hussarde, qu''une dame qui habite à plus de 45 minutes de la maternité a deux fois plus de risques que son enfant meure à la naissance', ce que l'on peut entendre à l'Assemblée nationale par exemple", a déploré la Pr Mitanchez

"Il y a une désinformation permanente des femmes, qu'on leurre en leur expliquant que c'est parce que les maternités ferment que leur enfant est à risque quand elles vont accoucher, et peut-être [aussi] elles-mêmes. On sait très bien que ce n'est pas ça." En revanche la précarité, touchant en particulier les femmes migrantes, constitue le principal risque. Ainsi, dans le dernier rapport sur les morts maternelles, parmi ces morts, un tiers de femmes sont en situation de précarité, a-t-elle rappelé. Une étude française également publiée en septembre dans BMJ Medicine rejoint cette analyse, montrant que la récente hausse de la mortalité néonatale en France a touché principalement les communes socialement défavorisées (cf dépêche du 16/09/2025 à 06:00).

"Une méta-analyse récente dans le BMJ Open en 2020 conclut que, selon les données récupérées dans la littérature internationale (pas uniquement en France, mais aussi dans les pays du Nord de l'Europe qui ont restreint leur nombre de maternités), il n'est pas possible de conclure si la fermeture ou l'augmentation de la distance ou du temps (de trajet) sont associés à un devenir pire pour les mères et les enfants. Donc, il n'existe aucune preuve dans la littérature", a-t-elle souligné.

Tout récemment, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), dans son rapport publié en septembre sur les "Inégalités de genre et [la] santé des femmes au prisme de la périnatalité", relève, dans un résumé (la "fiche de communication"), que "la fermeture massive des maternités aggrave les inégalités territoriales: 40% des femmes vivent à plus de 45 minutes d'une maternité, augmentant les risques de mortalité infantile". Ce sont "trois affirmations fausses dans une seule phrase", s'est agacée la présidente de la SFMP.

"Les inégalités territoriales, ce sont des inégalités sociales, et qui s'aggravent"

"Il faut que les gens se penchent sur la littérature française". Une étude publiée en 2025 montre ainsi que dans les zones rurales, où l'éloignement d'une maternité est plus important que dans les zones urbaines, entre 2014 et 2017, le taux de mortalité néonatale est stable par rapport à 2005 et inférieur à 2 pour 1.000. En région parisienne, où l'on peut dire que la densité de maternités ne pose pas de problème, le taux de mortalité a augmenté depuis 2005 et est plus élevé, supérieur à 2,75‰, a-t-elle rapporté.

"Mais surtout, le taux de mortalité néonatale est le plus élevé dans les zones à index de déprivation élevé, et là où il y a des femmes migrantes, on arrive à 3‰".

"Donc les inégalités territoriales, ce sont des inégalités sociales, et qui s'aggravent". "On fait l'autruche, on n'oriente pas le regard là où il faut, parce que: est-ce acceptable en France, pays de l'égalité, des droits de l'Homme, que l'on ne soit pas égaux en face de la santé? C'est la vraie question que les politiques ne veulent pas se poser", a-t-elle martelé.

Les deux autres affirmations du Cese sont également fausses, a enchaîné le Pr Dreyfus. Dire que "40% des femmes vivent à plus de 45 minutes d'une maternité, c'est complètement erroné. Et faire le lien avec l'augmentation de la mortalité néonatale […], personne ne peut le montrer".

Il a rappelé, sur le modèle suédois, l'exemple de la Finlande, qui a "encore plus réduit le nombre de maternités [que la Suède], [mais] a l'un des plus faibles sinon le plus faible taux de mortalité néonatale d'Europe". Pourtant, il y a peu de maternités. La Finlande est passée de 130 maternités en 1980 à 18 actuellement et envisage de passer à 16, a complété la Pr Mitanchez.

Une proposition de loi visant à lutter contre la mortalité infantile a été votée en première lecture à l'Assemblée nationale en mai, avec la réintroduction d'un moratoire de trois ans sur la fermeture des maternités. Elle a été transmise au Sénat le 16 mai.

Entretemps, les sénatrices Annick Jacquemet et Véronique Guillotin, auteures du rapport intitulé "Transformation de l'offre de soins périnatals dans les territoires: le travail doit commencer", adopté le 10 septembre 2024 par le Sénat, ont déposé une proposition de résolution au Sénat pour demander au gouvernement la mise en œuvre d'un certain nombre de conclusions de leur rapport, la plupart pouvant l'être par voie réglementaire.

cd/lb/APMnews

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LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE DE MÉDECINE PÉRINATALE CRAINT UNE PRISE AU PIÈGE DE LA CRISE DE LA PÉRINATALITÉ PAR LA CRISE POLITIQUE

(Par Carole DEBRAY, au congrès de la SFMP)

RENNES, 20 octobre 2025 (APMnews) - Après un entretien considéré comme "une vraie avancée" avec l'ex-ministre chargé de la santé Yannick Neuder en juillet, attendu de longue date, les responsables de la Société française de médecine périnatale (SFMP) craignent une nouvelle paralysie du débat sur la périnatalité, en raison des changements de ministres, mais aussi des prochaines échéances électorales, à commencer par les élections municipales en mars 2026.

Les acteurs de la périnatalité alertent depuis trois ans sur la nécessité de réorganiser l'offre de soins en périnatalité. "Tout a été dit, on est sur la même longueur d'ondes (avec les autres sociétés savantes), on s'est fait entendre, il y a eu une vraie caisse de résonnance, des missions [parlementaires], on s'est dit 'c'est en train de frémir'… Et maintenant, on voit deux écueils majeurs", a décrit le Pr Michel Dreyfus, past président de la SFMP, lors d'une conférence de presse organisée vendredi dans le cadre du congrès de la société savante, à Rennes.

Premier écueil, "qui est à la barre? On a réussi à avoir en trois ans des entretiens avec deux des neuf ministres qui se sont succédé: François Braun et Yannick Neuder […]. A chaque fois, on a l'impression qu'il faut remettre le compteur à zéro".

Par ailleurs, les échéances électorales de 2026, notamment les élections municipales, prévues en mars, "où se font élire les maires, qui sont généralement les présidents de conseil de surveillance des hôpitaux", sont un obstacle à une évolution, notamment, du moratoire sur la fermeture des maternités. "A moins qu'un maire ait décidé de ne pas se faire réélire ou de ne pas demander sa réélection, quel maire, à six mois des élections, va mettre sur le tapis, maintenant, la fermeture d'une maternité? Et juste après [en 2027, NDLR], il y aura l'élection présidentielle", a souligné le Pr Dreyfus. Pour lui, il est certain que dans les six mois qui viennent, cette question ne sera pas abordée.

Pourtant, un entretien, décroché "main dans la main" avec les autres sociétés savantes impliquées, le 22 juillet avec Yannick Neuder -six mois après la première demande d'entretien et quelque peu poussé par les communiqués de presse "un peu virulents" diffusés entre-temps par la SFMP- laissait espérer une réelle avancée.

"Il a dit qu'il était d'accord avec notre modèle, mais qu'il avait bien compris les obstacles politiques et il a bien entendu les obstacles, de notre côté, sur les ressources humaines", a rapporté la Pr Delphine Mitanchez, présidente de la SFMP. Le ministre s'est dit intéressé par le modèle proposé, mais [a déclaré] qu'il souhaitait pouvoir le tester d'abord dans une région. Puis "il s'est engagé à la révision des décrets de périnatalité de 1998 qui gèrent l'organisation de la périnatalité en France".

Toujours selon la Pr Mitanchez, Yannick Neuder a alors demandé à ses conseillers s'il était possible de commencer dès septembre, a affirmé qu'il fallait aller vite et faire des réunions pragmatiques. Une semaine plus tard, "M. Neuder m'a envoyé à SMS me disant 'très heureux de vous rencontrer à la rentrée pour le groupe de travail afin d'améliorer la prise en charge périnatale'", a-t-elle poursuivi.

Mais c'était sans compter la chute du gouvernement de François Bayrou le 9 septembre, auquel l'Assemblée nationale a refusé d'accorder sa confiance à l'occasion d'une déclaration de politique générale (cf dépêche du 09/09/2025 à 20:33). Yannick Neuder n'est plus au gouvernement et Stéphanie Rist est désormais ministre de la santé, des familles, de l'autonomie et des personnes handicapées au sein du gouvernement Lecornu 2.

Désinformation permanente et déclarations "à la hussarde"

La Pr Mitanchez, le Pr Dreyfus et le Pr Damien Subtil, vice-président de la SFMP, ont de nouveau fait part de leur agacement face à des affirmations erronées portées par des personnalités politiques et relayées dans les médias, qui alimentent la confusion et vont à l'encontre du modèle qu'ils proposent pour une offre de soins sécurisée et de proximité en périnatalité, reposant sur le regroupement des plateaux techniques et partagé par d'autres sociétés savantes (cf dépêche du 19/03/2025 à 16:56).

Les trois représentants de la SFMP dénoncent le lien qui est fait en permanence entre mortalité infantile et fermeture des maternités, "une désinformation permanente", des déclarations "à la hussarde" jusque dans l'Hémicycle, qui ne sont "pas admissibles".

Le sujet a atteint son point d'orgue à la sortie, début mars, du livre-enquête 4,1. Le scandale des accouchements en France, des journalistes Anthony Cortes et Sébastien Leurquin, sur l'augmentation alarmante de la mortalité infantile en France (cf dépêche du 18/03/2025 à 12:19). Bien que la plupart des chapitres de l'ouvrage soient instructifs, seul le premier a été largement repris dans les médias et le monde politique, faisant porter sur la fermeture des petites maternités la cause essentielle de la dégradation de l'offre de soins, en se fondant sur une seule étude, très locale et ancienne, aux résultats qui plus est non significatifs.

"Les politiques se permettent de lancer des affirmations sans aucune vérification de leurs sources. Nous sommes des scientifiques et chaque fois que l'on disait quelque chose, nous sommes allés vérifier nos sources, soit sur des données de santé publique dans le pays, soit sur des publications dans des revues internationales avec des relecteurs, etc., qui ont validé les travaux. Et finalement, ce qui va prévaloir dans le public, ce n'est pas la parole des gens qui ont des arguments posés, réfléchis, scientifiques, mais [celle de]ceux qui lancent comme ça, à la hussarde, qu''une dame qui habite à plus de 45 minutes de la maternité a deux fois plus de risques que son enfant meure à la naissance', ce que l'on peut entendre à l'Assemblée nationale par exemple", a déploré la Pr Mitanchez

"Il y a une désinformation permanente des femmes, qu'on leurre en leur expliquant que c'est parce que les maternités ferment que leur enfant est à risque quand elles vont accoucher, et peut-être [aussi] elles-mêmes. On sait très bien que ce n'est pas ça." En revanche la précarité, touchant en particulier les femmes migrantes, constitue le principal risque. Ainsi, dans le dernier rapport sur les morts maternelles, parmi ces morts, un tiers de femmes sont en situation de précarité, a-t-elle rappelé. Une étude française également publiée en septembre dans BMJ Medicine rejoint cette analyse, montrant que la récente hausse de la mortalité néonatale en France a touché principalement les communes socialement défavorisées (cf dépêche du 16/09/2025 à 06:00).

"Une méta-analyse récente dans le BMJ Open en 2020 conclut que, selon les données récupérées dans la littérature internationale (pas uniquement en France, mais aussi dans les pays du Nord de l'Europe qui ont restreint leur nombre de maternités), il n'est pas possible de conclure si la fermeture ou l'augmentation de la distance ou du temps (de trajet) sont associés à un devenir pire pour les mères et les enfants. Donc, il n'existe aucune preuve dans la littérature", a-t-elle souligné.

Tout récemment, le Conseil économique, social et environnemental (Cese), dans son rapport publié en septembre sur les "Inégalités de genre et [la] santé des femmes au prisme de la périnatalité", relève, dans un résumé (la "fiche de communication"), que "la fermeture massive des maternités aggrave les inégalités territoriales: 40% des femmes vivent à plus de 45 minutes d'une maternité, augmentant les risques de mortalité infantile". Ce sont "trois affirmations fausses dans une seule phrase", s'est agacée la présidente de la SFMP.

"Les inégalités territoriales, ce sont des inégalités sociales, et qui s'aggravent"

"Il faut que les gens se penchent sur la littérature française". Une étude publiée en 2025 montre ainsi que dans les zones rurales, où l'éloignement d'une maternité est plus important que dans les zones urbaines, entre 2014 et 2017, le taux de mortalité néonatale est stable par rapport à 2005 et inférieur à 2 pour 1.000. En région parisienne, où l'on peut dire que la densité de maternités ne pose pas de problème, le taux de mortalité a augmenté depuis 2005 et est plus élevé, supérieur à 2,75‰, a-t-elle rapporté.

"Mais surtout, le taux de mortalité néonatale est le plus élevé dans les zones à index de déprivation élevé, et là où il y a des femmes migrantes, on arrive à 3‰".

"Donc les inégalités territoriales, ce sont des inégalités sociales, et qui s'aggravent". "On fait l'autruche, on n'oriente pas le regard là où il faut, parce que: est-ce acceptable en France, pays de l'égalité, des droits de l'Homme, que l'on ne soit pas égaux en face de la santé? C'est la vraie question que les politiques ne veulent pas se poser", a-t-elle martelé.

Les deux autres affirmations du Cese sont également fausses, a enchaîné le Pr Dreyfus. Dire que "40% des femmes vivent à plus de 45 minutes d'une maternité, c'est complètement erroné. Et faire le lien avec l'augmentation de la mortalité néonatale […], personne ne peut le montrer".

Il a rappelé, sur le modèle suédois, l'exemple de la Finlande, qui a "encore plus réduit le nombre de maternités [que la Suède], [mais] a l'un des plus faibles sinon le plus faible taux de mortalité néonatale d'Europe". Pourtant, il y a peu de maternités. La Finlande est passée de 130 maternités en 1980 à 18 actuellement et envisage de passer à 16, a complété la Pr Mitanchez.

Une proposition de loi visant à lutter contre la mortalité infantile a été votée en première lecture à l'Assemblée nationale en mai, avec la réintroduction d'un moratoire de trois ans sur la fermeture des maternités. Elle a été transmise au Sénat le 16 mai.

Entretemps, les sénatrices Annick Jacquemet et Véronique Guillotin, auteures du rapport intitulé "Transformation de l'offre de soins périnatals dans les territoires: le travail doit commencer", adopté le 10 septembre 2024 par le Sénat, ont déposé une proposition de résolution au Sénat pour demander au gouvernement la mise en œuvre d'un certain nombre de conclusions de leur rapport, la plupart pouvant l'être par voie réglementaire.

cd/lb/APMnews

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