Actualités de l'Urgence - APM

22/05 2015
Retour

LA TÉLÉMÉDECINE PERMET DE "LARGES ÉCONOMIES" EN MILIEU PÉNITENTIAIRE (MÉDECIN)

(Par Pierre MARTIN, aux salons santé autonomie)

PARIS, 21 mai 2015 (APM) - La santé pénitentiaire est un champ dans lequel la télémédecine permet de "larges économies", selon l'expérience rapportée mercredi par le Dr Arnaud Depil-Duval, chef de service des urgences du centre hospitalier (CH) Eure-Seine et de l'unité sanitaire somatique (USS) de la maison d'arrêt d'Evreux.

Le médecin s'exprimait à l'occasion d'une conférence organisée aux salons santé autonomie, qui se tiennent jusqu'à jeudi à Paris. Il a commencé par présenter le circuit classique de consultations hospitalières en milieu carcéral et les dépenses associées.

En faisant la somme des "coûts de la coordination" de l'opération, de l'ambulance déplaçant le détenu entre la maison d'arrêt d'Evreux et le CH Eure-Seine, ainsi que de la consultation elle-même, Arnaud Depil-Duval a conclu à un coût unitaire de 800 euros.

Au rythme de cinq à huit consultations par mois, ce flux représente entre 48.000 et 76.800 euros par an. "D'autres problématiques" économiques se posent dans le cas d'un trajet inverse, c'est à dire lorsque le médecin se rend à la maison d'arrêt. Il a mentionné à titre d'exemple la "rentabilité des médecins" qui, lorsqu'ils se déplacent, ne consultent pas.

En comparaison, "sur cinq ans", le coût annuel du dispositif de télémédecine s'élève à 5.500 euros. Ce dernier montant est "d'autant plus modéré" que "le même matériel peut servir à d'autres activités que le pénitentiaire", a rapporté le médecin, citant notamment la gériatrie.

A Evreux, il est utilisé pour la réalisation à distance de consultations en dermatologie, en psychiatrie "et surtout pour la télérégulation des urgences". L'enjeu est d'éviter le déplacement d'un détenu pour de "petits actes", qui pourraient être réalisés par le personnel médical de la maison d'arrêt sur la base du diagnostic et de l'assistance du médecin-urgentiste.

L'intérêt de la télémédecine existe également en psychiatrie, où, selon le médecin, le circuit n'est "plus très logique dans le cas d'une hospitalisation" en établissement spécialisé. Il a expliqué qu'un point d'étape à la maison d'arrêt est obligatoire entre les deux structures médicales et rallonge encore d'un trajet le transfert.

Arnaud Depil-Duval a également identifié, parmi les avantages de la télémédecine en milieu pénitentiaire, la non-mobilisation des "forces de l'ordre", dont "la disponibilité est parfois limitée". A Evreux, "30% des capacités de police [deux unités de police-secours et une unité de brigade anti-criminelle] sont mobilisés" par un transfert de détenu à l'hôpital, autant d'effectifs qui "ne remplissent par leur mission première", a-t-il signalé.

Le médecin a par ailleurs rapporté que ce mode d'organisation permettait d'éviter les refus de certains détenus de se rendre aux consultations. Afin de limiter les chances d'évasion, "ils ne sont pas informés des horaires" de leur transfert à l'hôpital.

Il arrive alors qu'une visite médicale soit prévue au même moment qu'une visite d'un proche au parloir, ou que cela vienne "bousculer leur programme". La planification d'une téléconsultation, qui ne présente pas les mêmes risques et contraintes, permet en ce sens une amélioration de "l'acceptabilité" de l'initiative médicale pour les détenus.

Arnaud Depil-Duval a cependant reconnu que la mise en place d'un tel dispositif pouvait être freiné par les craintes des praticiens face à une modification de leurs pratiques. "L'absence de cadre légal" peut conduire certains médecins à s'interroger sur la "valeur médico-légale" d'une téléconsultation et la protection juridique qu'elle leur confère en cas d'incident.

Enfin, le médecin a évoqué "l'absence de valorisation [financière] claire" des actes de télémédecine en l'état actuel des politiques tarifaires.

pm/ab/APM polsan

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

22/05 2015
Retour

LA TÉLÉMÉDECINE PERMET DE "LARGES ÉCONOMIES" EN MILIEU PÉNITENTIAIRE (MÉDECIN)

(Par Pierre MARTIN, aux salons santé autonomie)

PARIS, 21 mai 2015 (APM) - La santé pénitentiaire est un champ dans lequel la télémédecine permet de "larges économies", selon l'expérience rapportée mercredi par le Dr Arnaud Depil-Duval, chef de service des urgences du centre hospitalier (CH) Eure-Seine et de l'unité sanitaire somatique (USS) de la maison d'arrêt d'Evreux.

Le médecin s'exprimait à l'occasion d'une conférence organisée aux salons santé autonomie, qui se tiennent jusqu'à jeudi à Paris. Il a commencé par présenter le circuit classique de consultations hospitalières en milieu carcéral et les dépenses associées.

En faisant la somme des "coûts de la coordination" de l'opération, de l'ambulance déplaçant le détenu entre la maison d'arrêt d'Evreux et le CH Eure-Seine, ainsi que de la consultation elle-même, Arnaud Depil-Duval a conclu à un coût unitaire de 800 euros.

Au rythme de cinq à huit consultations par mois, ce flux représente entre 48.000 et 76.800 euros par an. "D'autres problématiques" économiques se posent dans le cas d'un trajet inverse, c'est à dire lorsque le médecin se rend à la maison d'arrêt. Il a mentionné à titre d'exemple la "rentabilité des médecins" qui, lorsqu'ils se déplacent, ne consultent pas.

En comparaison, "sur cinq ans", le coût annuel du dispositif de télémédecine s'élève à 5.500 euros. Ce dernier montant est "d'autant plus modéré" que "le même matériel peut servir à d'autres activités que le pénitentiaire", a rapporté le médecin, citant notamment la gériatrie.

A Evreux, il est utilisé pour la réalisation à distance de consultations en dermatologie, en psychiatrie "et surtout pour la télérégulation des urgences". L'enjeu est d'éviter le déplacement d'un détenu pour de "petits actes", qui pourraient être réalisés par le personnel médical de la maison d'arrêt sur la base du diagnostic et de l'assistance du médecin-urgentiste.

L'intérêt de la télémédecine existe également en psychiatrie, où, selon le médecin, le circuit n'est "plus très logique dans le cas d'une hospitalisation" en établissement spécialisé. Il a expliqué qu'un point d'étape à la maison d'arrêt est obligatoire entre les deux structures médicales et rallonge encore d'un trajet le transfert.

Arnaud Depil-Duval a également identifié, parmi les avantages de la télémédecine en milieu pénitentiaire, la non-mobilisation des "forces de l'ordre", dont "la disponibilité est parfois limitée". A Evreux, "30% des capacités de police [deux unités de police-secours et une unité de brigade anti-criminelle] sont mobilisés" par un transfert de détenu à l'hôpital, autant d'effectifs qui "ne remplissent par leur mission première", a-t-il signalé.

Le médecin a par ailleurs rapporté que ce mode d'organisation permettait d'éviter les refus de certains détenus de se rendre aux consultations. Afin de limiter les chances d'évasion, "ils ne sont pas informés des horaires" de leur transfert à l'hôpital.

Il arrive alors qu'une visite médicale soit prévue au même moment qu'une visite d'un proche au parloir, ou que cela vienne "bousculer leur programme". La planification d'une téléconsultation, qui ne présente pas les mêmes risques et contraintes, permet en ce sens une amélioration de "l'acceptabilité" de l'initiative médicale pour les détenus.

Arnaud Depil-Duval a cependant reconnu que la mise en place d'un tel dispositif pouvait être freiné par les craintes des praticiens face à une modification de leurs pratiques. "L'absence de cadre légal" peut conduire certains médecins à s'interroger sur la "valeur médico-légale" d'une téléconsultation et la protection juridique qu'elle leur confère en cas d'incident.

Enfin, le médecin a évoqué "l'absence de valorisation [financière] claire" des actes de télémédecine en l'état actuel des politiques tarifaires.

pm/ab/APM polsan

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.