Actualités de l'Urgence - APM

05/01 2023
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LA VAGUE D'ARRÊTS MALADIE AUX URGENCES DU CHR METZ-THIONVILLE FAIT TACHE D'HUILE SUR PLUSIEURS HÔPITAUX MOSELLANS

METZ, SARREGUEMINES, SAINT-AVOLD, FORBACH (Moselle), 5 janvier 2023 (APMnews) - Les hôpitaux de Sarreguemines, Forbach et Saint-Avold ont enregistré depuis mercredi des vagues d'arrêts maladie parmi leurs soignants, perturbant le fonctionnement de leurs services d'urgence, tout comme au CHR Metz-Thionville, déjà confronté à cette problématique depuis une semaine.

"En 24 heures, nous avons 23 infirmiers sur 33, 15 aides-soignants sur 18 et un médecin sur 20 qui se sont déclarés en arrêt maladie", a rapporté la Dr Emmanuelle Seris, cheffe du service des urgences au CH Sarreguemines et déléguée syndicale Grand Est pour l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), contactée jeudi par APMnews.

Carte réalisée par APMnews avec Datawrapper
Carte réalisée par APMnews avec Datawrapper

Le centre hospitalier (CH) de Sarreguemines est composé de deux sites distincts: l'hôpital Robert-Pax à Sarreguemines (MCO et imagerie médicale, médecine nucléaire) et l'hôpital Saint-Joseph à Bitche (médecine, SLD et SSR), pour une capacité globale de 354 places.

Dans un communiqué diffusé jeudi, la direction de l'établissement a également indiqué que les urgences gynécologiques et obstétricales continuaient de fonctionner normalement, malgré "le fort niveau d'arrêts maladie qui touche particulièrement le service d'accueil des urgences de l'hôpital Robert-Pax et le centre de soins non programmés de l'hôpital Saint-Joseph", où "la moitié de l'effectif est actuellement en arrêt".

"Le service ne ferme pas et nous continuons d'assurer les urgences vitales et le service mobile d'urgence et de réanimation (Smur), mais on navigue à vue", a déploré l'urgentiste, qui exerce également le mandat de secrétaire générale de la section syndicale de l'Association des médecins bienveillants des urgences. "Je n'ai aucune idée de comment va évoluer la situation sur place", a-t-elle reconnu.

"Nous n'avions jamais eu autant d'arrêts maladie d'un coup", a-t-elle poursuivi. "Le personnel est à bout, la plupart des salariés présentent des symptômes anxiodépressifs évidents, ils sont bouleversés par leur travail et ne sont plus en état d'assurer leurs fonctions aujourd'hui."

Depuis le 23 décembre 2022, le service des urgences, en grève "depuis trois ans", a durci son mouvement social. "Nous souhaitions faire entendre qu'il n'était plus possible de ne pas avoir de perspective de sortie de crise, et cela, à l'échelle nationale, pas seulement à l'échelle de notre établissement", a contextualisé Emmanuelle Seris.

"Au regard de l'ampleur de cette situation", la direction du CH de Sarreguemines a donc invité la population à s'adresser en priorité aux médecins traitants ou, en dehors des heures d'ouverture des cabinets médicaux, de contacter le Samu ou l'association départementale de permanence des soins (ADPS) Medigarde.

Après avoir mis en place le dispositif "hôpital en tension" (HET) depuis plusieurs semaines, le CH a déclenché son plan blanc mercredi soir, avant de restreindre l'accès à ses services d'urgence dans la soirée.

L'hôpital a également engagé "la déprogrammation des consultations de médecine toutes spécialités et hôpitaux de jour" afin de "retrouver des marges au niveau paramédical", a fait savoir Guillaume Flück, directeur adjoint de l'établissement, joint jeudi par APMnews.

Le directeur a précisé que cette vague d'arrêts maladie s'était produite après une hausse du taux d'hospitalisation des patients des urgences.

Malgré le déclenchement du plan blanc, il a précisé que l'hôpital n'aurait recours à des rappels sur congés de ses personnels qu'en dernier recours.

En sus des 23 infirmiers et 15 aides-soignants en congé maladie, les urgences de Sarreguemines étaient également privées jeudi de cinq secrétaires sur six et trois infirmiers "psy" sur cinq.

Les urgences du CH de Saint-Avold également touchées

À une quarantaine de kilomètres, l'hôpital de Saint-Avold, un établissement de santé privé d'intérêt collectif (Espic) du groupe privé non lucratif SOS santé, est également confronté depuis mercredi à une vague d'arrêts maladie dans son service d'urgence.

"Officiellement j'ai reçu 14 arrêts ce matin sur 38 personnels paramédicaux, il pourrait y en avoir d'autres", a rapporté Denis Garcia, le directeur de l'établissement, joint jeudi par APMnews.

Alors que l'établissement enregistre habituellement une cinquantaine de passages quotidiens aux urgences, il fait face à "près de 100 passages par jour ces derniers temps".

Le directeur a souligné que les locaux du service d'urgence n'étaient pas adaptés à ce volume d'activité et que le personnel du service se retrouvait par conséquent "en souffrance".

"On va faire tout le nécessaire pour maintenir les urgences ouvertes H24", a assuré Denis Garcia, en ajoutant qu'il s'attendait cependant à "passer un week-end et une semaine difficiles", notamment en raison de l'appel à la grève illimitée à partir du mardi 10 janvier déposée mercredi par la fédération FO services publics et de santé (cf dépêche du 05/01/2023 à 16:00).

De sources concordantes, le CH de Forbach, situé à 20 kilomètres, serait également confronté à la même problématique, mais ni l'agence régionale de santé (ARS) ni la direction de l'établissement n'étaient en mesure de répondre aux sollicitations d'APMnews jeudi.

Pas d'amélioration au CHR Metz-Thionville

Au CHR de Metz-Thionville, le retour progressif à la normale espéré par la direction à partir de jeudi ne s'est pas produit, alors que 55 des 76 soignants de l'équipe paramédicale des urgences de l'hôpital Bel-Air (Thionville) sont toujours arrêtés et n'ont pas fait de retour sur les mesures de sortie de crise proposées par la direction (cf dépêche du 04/01/2023 à 17:00).

Contactée jeudi par APMnews, la présidente de la commission médicale d'établissement (CME) du CHR, la Dr Marie-France Oliéric, a salué ces mesures, en se montrant toutefois prudente sur les 12 recrutements soignants annoncés pour les urgences, compte tenu des difficultés de recrutement paramédical rencontrées par l'établissement.

"Ce qui m'inquiète c'est que tout le monde parle des urgences mais c'est tendu partout, c'est compliqué dans tous les services", a prévenu Marie-France Oliéric, en faisant part de ses craintes sur les conséquences "d'une nouvelle déprogrammation massive" entraînant des départs de médecins spécialistes.

Elle a notamment souligné les difficultés rencontrées par le CHR pour "mobiliser du SSR [soins de suite et de réadaptation]".

"L'hôpital public est en train de tout prendre en pleine figure mais les hôpitaux privés et les Espic ne jouent pas le jeu", a-t-elle déploré.

Pour la présidente de CME du CHR, seuls des renforts de professionnels médicaux et paramédicaux libéraux pourraient améliorer la situation de l'hôpital dans l'immédiat: "On a un service de SSR gériatrique qui est fermé, si on avait juste des infirmières pour ouvrir un service, on pourrait ouvrir 24 lits".

"Je pense que l'aide doit venir de l'extérieur", a-t-elle assuré, en expliquant que le CHR pâtissait aussi du départ non compensé de personnels paramédicaux depuis la crise sanitaire du Covid-19: "On ne tourne déjà pas au bloc, on a perdu tout un pan de chirurgie fonctionnelle depuis 2019".

jr-gl/ab/APMnews

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METZ, SARREGUEMINES, SAINT-AVOLD, FORBACH (Moselle), 5 janvier 2023 (APMnews) - Les hôpitaux de Sarreguemines, Forbach et Saint-Avold ont enregistré depuis mercredi des vagues d'arrêts maladie parmi leurs soignants, perturbant le fonctionnement de leurs services d'urgence, tout comme au CHR Metz-Thionville, déjà confronté à cette problématique depuis une semaine.

"En 24 heures, nous avons 23 infirmiers sur 33, 15 aides-soignants sur 18 et un médecin sur 20 qui se sont déclarés en arrêt maladie", a rapporté la Dr Emmanuelle Seris, cheffe du service des urgences au CH Sarreguemines et déléguée syndicale Grand Est pour l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf), contactée jeudi par APMnews.

Carte réalisée par APMnews avec Datawrapper
Carte réalisée par APMnews avec Datawrapper

Le centre hospitalier (CH) de Sarreguemines est composé de deux sites distincts: l'hôpital Robert-Pax à Sarreguemines (MCO et imagerie médicale, médecine nucléaire) et l'hôpital Saint-Joseph à Bitche (médecine, SLD et SSR), pour une capacité globale de 354 places.

Dans un communiqué diffusé jeudi, la direction de l'établissement a également indiqué que les urgences gynécologiques et obstétricales continuaient de fonctionner normalement, malgré "le fort niveau d'arrêts maladie qui touche particulièrement le service d'accueil des urgences de l'hôpital Robert-Pax et le centre de soins non programmés de l'hôpital Saint-Joseph", où "la moitié de l'effectif est actuellement en arrêt".

"Le service ne ferme pas et nous continuons d'assurer les urgences vitales et le service mobile d'urgence et de réanimation (Smur), mais on navigue à vue", a déploré l'urgentiste, qui exerce également le mandat de secrétaire générale de la section syndicale de l'Association des médecins bienveillants des urgences. "Je n'ai aucune idée de comment va évoluer la situation sur place", a-t-elle reconnu.

"Nous n'avions jamais eu autant d'arrêts maladie d'un coup", a-t-elle poursuivi. "Le personnel est à bout, la plupart des salariés présentent des symptômes anxiodépressifs évidents, ils sont bouleversés par leur travail et ne sont plus en état d'assurer leurs fonctions aujourd'hui."

Depuis le 23 décembre 2022, le service des urgences, en grève "depuis trois ans", a durci son mouvement social. "Nous souhaitions faire entendre qu'il n'était plus possible de ne pas avoir de perspective de sortie de crise, et cela, à l'échelle nationale, pas seulement à l'échelle de notre établissement", a contextualisé Emmanuelle Seris.

"Au regard de l'ampleur de cette situation", la direction du CH de Sarreguemines a donc invité la population à s'adresser en priorité aux médecins traitants ou, en dehors des heures d'ouverture des cabinets médicaux, de contacter le Samu ou l'association départementale de permanence des soins (ADPS) Medigarde.

Après avoir mis en place le dispositif "hôpital en tension" (HET) depuis plusieurs semaines, le CH a déclenché son plan blanc mercredi soir, avant de restreindre l'accès à ses services d'urgence dans la soirée.

L'hôpital a également engagé "la déprogrammation des consultations de médecine toutes spécialités et hôpitaux de jour" afin de "retrouver des marges au niveau paramédical", a fait savoir Guillaume Flück, directeur adjoint de l'établissement, joint jeudi par APMnews.

Le directeur a précisé que cette vague d'arrêts maladie s'était produite après une hausse du taux d'hospitalisation des patients des urgences.

Malgré le déclenchement du plan blanc, il a précisé que l'hôpital n'aurait recours à des rappels sur congés de ses personnels qu'en dernier recours.

En sus des 23 infirmiers et 15 aides-soignants en congé maladie, les urgences de Sarreguemines étaient également privées jeudi de cinq secrétaires sur six et trois infirmiers "psy" sur cinq.

Les urgences du CH de Saint-Avold également touchées

À une quarantaine de kilomètres, l'hôpital de Saint-Avold, un établissement de santé privé d'intérêt collectif (Espic) du groupe privé non lucratif SOS santé, est également confronté depuis mercredi à une vague d'arrêts maladie dans son service d'urgence.

"Officiellement j'ai reçu 14 arrêts ce matin sur 38 personnels paramédicaux, il pourrait y en avoir d'autres", a rapporté Denis Garcia, le directeur de l'établissement, joint jeudi par APMnews.

Alors que l'établissement enregistre habituellement une cinquantaine de passages quotidiens aux urgences, il fait face à "près de 100 passages par jour ces derniers temps".

Le directeur a souligné que les locaux du service d'urgence n'étaient pas adaptés à ce volume d'activité et que le personnel du service se retrouvait par conséquent "en souffrance".

"On va faire tout le nécessaire pour maintenir les urgences ouvertes H24", a assuré Denis Garcia, en ajoutant qu'il s'attendait cependant à "passer un week-end et une semaine difficiles", notamment en raison de l'appel à la grève illimitée à partir du mardi 10 janvier déposée mercredi par la fédération FO services publics et de santé (cf dépêche du 05/01/2023 à 16:00).

De sources concordantes, le CH de Forbach, situé à 20 kilomètres, serait également confronté à la même problématique, mais ni l'agence régionale de santé (ARS) ni la direction de l'établissement n'étaient en mesure de répondre aux sollicitations d'APMnews jeudi.

Pas d'amélioration au CHR Metz-Thionville

Au CHR de Metz-Thionville, le retour progressif à la normale espéré par la direction à partir de jeudi ne s'est pas produit, alors que 55 des 76 soignants de l'équipe paramédicale des urgences de l'hôpital Bel-Air (Thionville) sont toujours arrêtés et n'ont pas fait de retour sur les mesures de sortie de crise proposées par la direction (cf dépêche du 04/01/2023 à 17:00).

Contactée jeudi par APMnews, la présidente de la commission médicale d'établissement (CME) du CHR, la Dr Marie-France Oliéric, a salué ces mesures, en se montrant toutefois prudente sur les 12 recrutements soignants annoncés pour les urgences, compte tenu des difficultés de recrutement paramédical rencontrées par l'établissement.

"Ce qui m'inquiète c'est que tout le monde parle des urgences mais c'est tendu partout, c'est compliqué dans tous les services", a prévenu Marie-France Oliéric, en faisant part de ses craintes sur les conséquences "d'une nouvelle déprogrammation massive" entraînant des départs de médecins spécialistes.

Elle a notamment souligné les difficultés rencontrées par le CHR pour "mobiliser du SSR [soins de suite et de réadaptation]".

"L'hôpital public est en train de tout prendre en pleine figure mais les hôpitaux privés et les Espic ne jouent pas le jeu", a-t-elle déploré.

Pour la présidente de CME du CHR, seuls des renforts de professionnels médicaux et paramédicaux libéraux pourraient améliorer la situation de l'hôpital dans l'immédiat: "On a un service de SSR gériatrique qui est fermé, si on avait juste des infirmières pour ouvrir un service, on pourrait ouvrir 24 lits".

"Je pense que l'aide doit venir de l'extérieur", a-t-elle assuré, en expliquant que le CHR pâtissait aussi du départ non compensé de personnels paramédicaux depuis la crise sanitaire du Covid-19: "On ne tourne déjà pas au bloc, on a perdu tout un pan de chirurgie fonctionnelle depuis 2019".

jr-gl/ab/APMnews

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