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24/08 2023
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LE CH D'AUXERRE PRÉPARE UN PROJET MÉDICAL 2023-2027 "ASSEZ DÉFENSIF"

(Par Geoffroy LANG)

AUXERRE, 24 août 2023 (APMnews) - Le projet d'établissement 2023-2027 du centre hospitalier (CH) d'Auxerre, qui devrait être finalisé d'ici la fin d'année, comportera un volet médical "assez défensif", a rapporté son directeur, Pascal Gouin, lors d'un entretien accordé lundi à APMnews.

Le CH d'Auxerre, accompagné par le cabinet de conseil E&Y, devrait finaliser son projet d'établissement 2023-2027 d'ici fin 2023.

Le directeur de l'établissement, Pascal Gouin, contacté lundi par APMnews, a indiqué que le volet médical du prochain projet d'établissement serait "assez défensif", en portant notamment sur la consolidation des filières médicales de l'établissement et sur une recherche de complémentarités avec l'activité du CH de Sens.

Alors que la presse locale s'était fait l'écho début août d'une volonté de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté de profiter du changement de direction à venir dans les deux hôpitaux supports de groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Yonne, Pascal Gouin a rappelé qu'il était favorable au rapprochement de ces deux CH depuis 2016.

Pour le directeur auxerrois, qui quittera ses fonctions fin octobre pour faire valoir ses droits à la retraite, le rapprochement des hôpitaux d'Auxerre et Sens paraît "inéluctable dans un département où on souffre démographiquement, tant en termes de recrutement que de population, avec les mêmes difficultés au nord comme au sud", a-t-il argumenté.

"Chacun devra faire un pas vers l'autre, il y a des filières qu'il faudra concéder, des spécialités qu'il faudra marquer sur Sens, qui sont tout à fait légitimes", a-t-il reconnu.

Il a également pointé l'existence de "doublons un peu exotiques sur la permanence des soins" entre le GHT Sud-Yonne Haut Nivernais (qui rassemble les CH d'Auxerre, de Clamecy, d'Avallon et de Tonnerre, en direction commune, ainsi que le CHS de l'Yonne) et le GHT Nord Yonne qui regroupe les CH de Sens, Joigny et Villeneuve-sur-Yonne.

Ces doublons représentent "un coût énorme, alors que dans des GHT plus conséquents, il y a longtemps qu'on a optimisé la permanence des soins", a fait valoir Pascal Gouin.

Alors que tous les établissements du GHT Sud-Yonne Haut Nivernais ont validé le futur projet médico-soignant partagé (PMSP) du GHT, à l'exception des instances du CH de Tonnerre qui se prononceront début septembre, le PMSP à venir mettra "l'accent sur deux filières" structurantes: les filières urgences et personnes âgées.

Cette consolidation des filières du PMSP 2023-2027 passera à nouveau par la recherche de complémentarités et de fluidité entre les équipes des services d'urgence du GHT, ainsi par l'harmonisation des pratiques.

L'abandon du projet de transfert du centre de réception et de régulation des appels (CRRA) d'Auxerre vers Dijon a également permis de donner "plus de lisibilité pour les recrutements" depuis que l'avenir du Samu 89 semble assuré (cf dépêche du 05/08/2022 à 11:06), a fait remarquer Pascal Gouin.

Au sortir d'un nouvel été marqué par des tensions nationales sur les services d'urgence, le directeur a constaté que le CH avait pu passer l'été sans connaître de rupture majeure car il avait été confronté à un manque de médecins urgentistes dès 2015.

Face à cette pénurie de personnel, l'établissement avait alors paré à la situation en recrutant des attachés associés et son service d'urgence compte désormais 28 médecins à temps plein sur 35 postes, "le reste étant compensé par du TTA [temps de travail additionnel]".

"On avait déjà nos réseaux constitués même si aujourd'hui on est en concurrence avec les autres établissements qui prennent le même chemin en raison des pénuries de ressources médicales", a constaté Pascal Gouin. "On a réussi à combler les besoins qu'on pouvait avoir en accompagnant sur un parcours de formation les attachés associés pour leur permettre d'intégrer un statut plus pérenne."

Il s'est d'ailleurs félicité de n'avoir jamais été contraint de mettre en place une régulation des admissions aux urgences, qu'il juge "un peu dommageable pour les patients", bien qu'inévitable dans certains territoires comme la Mayenne (cf dépêche du 07/07/2023 à 18:05).

Une activité chirurgicale toujours convalescente

Si l'activité 2022 de l'établissement "ressemble beaucoup à celle de 2019 en médecine", le CH d'Auxerre n'a pas pu renouer avec son niveau d'activité pré-Covid en chirurgie, tandis que l'obstétrique pâtit de la démographie baissière du territoire.

Le fonctionnement des blocs opératoires de l'établissement est également obéré par la pénurie nationale d'anesthésistes.

Ainsi, après avoir connu un léger excédent en 2021 (337.000 euros), le CH d'Auxerre accuse un déficit de 2,9 millions d'euros (M€) sur son budget principal (191 M€).

Au moment de quitter le CH d'Auxerre, qu'il dirige depuis 2007, et le monde hospitalier, Pascal Gouin a confié être non "pas usé mais soulagé" de prendre sa retraite, en regrettant certaines évolutions du métier de directeur hospitalier, qui doit notamment composer avec une moindre "marge de liberté pour de la logique de projet".

"Auparavant, les choses se faisaient dans des cadres de contrats d'objectifs et de moyens qui avaient du sens. Désormais, ces contrats sont plus contraints et plus prévisibles, beaucoup moins fédérateurs, pour des raisons de coûts et d'une offre de soins qui n'est pas simple à réguler", a-t-il expliqué.

S'il considère que les aspirations à une médicalisation de la gouvernance sont légitimes, il a tenu à rappeler que "le corps des directeurs aspire à être toujours le chef d'orchestre", avant d'ajouter: "Apprendre à jouer les partitions à plusieurs, ce n'est pas simple."

Il a par ailleurs regretté que les directeurs de soins soient "un peu mis de côté" dans les débats entourant la médicalisation de la gouvernance hospitalière.

"On ne peut pas parler d'association médicale ou soignante sans parler de partage de responsabilité", a-t-il fait remarquer par la suite. "Un partage des rôles, ça doit aussi passer par un partage de la responsabilité."

Pascal Gouin a ainsi plaidé pour la création d'un trinôme entre directeur, médecin et directeur des soins pour faire évoluer la gouvernance hospitalière, en soulignant que les élus à la tête des conseils de surveillance connaissaient moins les "contraintes du quotidien" d'un établissement.

Selon lui, une bonne partie de ces difficultés et de ses incompréhensions entre les différents corps aspirant à être associés à la direction hospitalière pourrait être dépassée en mettant en place des séminaires et des formations communes entre directeurs, médecins, cadre de santé et élus.



Le CH d'Auxerre en chiffres (2022)

  • Capacités: 469 lits et 83 places
  • Effectifs: 158 personnels médicaux (équivalents temps plein, ETP) et 1.616 ETP non médicaux
  • Budget: 191 M€ (budget H)
  • Résultat consolidé: -2,9 M€
  • 59.000 passages aux urgences
  • 1.700 naissances
  • 44.000 séjours et séances
  • 7.710 interventions chirurgicales

gl/nc/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

AUXERRE, 24 août 2023 (APMnews) - Le projet d'établissement 2023-2027 du centre hospitalier (CH) d'Auxerre, qui devrait être finalisé d'ici la fin d'année, comportera un volet médical "assez défensif", a rapporté son directeur, Pascal Gouin, lors d'un entretien accordé lundi à APMnews.

Le CH d'Auxerre, accompagné par le cabinet de conseil E&Y, devrait finaliser son projet d'établissement 2023-2027 d'ici fin 2023.

Le directeur de l'établissement, Pascal Gouin, contacté lundi par APMnews, a indiqué que le volet médical du prochain projet d'établissement serait "assez défensif", en portant notamment sur la consolidation des filières médicales de l'établissement et sur une recherche de complémentarités avec l'activité du CH de Sens.

Alors que la presse locale s'était fait l'écho début août d'une volonté de l'agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté de profiter du changement de direction à venir dans les deux hôpitaux supports de groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Yonne, Pascal Gouin a rappelé qu'il était favorable au rapprochement de ces deux CH depuis 2016.

Pour le directeur auxerrois, qui quittera ses fonctions fin octobre pour faire valoir ses droits à la retraite, le rapprochement des hôpitaux d'Auxerre et Sens paraît "inéluctable dans un département où on souffre démographiquement, tant en termes de recrutement que de population, avec les mêmes difficultés au nord comme au sud", a-t-il argumenté.

"Chacun devra faire un pas vers l'autre, il y a des filières qu'il faudra concéder, des spécialités qu'il faudra marquer sur Sens, qui sont tout à fait légitimes", a-t-il reconnu.

Il a également pointé l'existence de "doublons un peu exotiques sur la permanence des soins" entre le GHT Sud-Yonne Haut Nivernais (qui rassemble les CH d'Auxerre, de Clamecy, d'Avallon et de Tonnerre, en direction commune, ainsi que le CHS de l'Yonne) et le GHT Nord Yonne qui regroupe les CH de Sens, Joigny et Villeneuve-sur-Yonne.

Ces doublons représentent "un coût énorme, alors que dans des GHT plus conséquents, il y a longtemps qu'on a optimisé la permanence des soins", a fait valoir Pascal Gouin.

Alors que tous les établissements du GHT Sud-Yonne Haut Nivernais ont validé le futur projet médico-soignant partagé (PMSP) du GHT, à l'exception des instances du CH de Tonnerre qui se prononceront début septembre, le PMSP à venir mettra "l'accent sur deux filières" structurantes: les filières urgences et personnes âgées.

Cette consolidation des filières du PMSP 2023-2027 passera à nouveau par la recherche de complémentarités et de fluidité entre les équipes des services d'urgence du GHT, ainsi par l'harmonisation des pratiques.

L'abandon du projet de transfert du centre de réception et de régulation des appels (CRRA) d'Auxerre vers Dijon a également permis de donner "plus de lisibilité pour les recrutements" depuis que l'avenir du Samu 89 semble assuré (cf dépêche du 05/08/2022 à 11:06), a fait remarquer Pascal Gouin.

Au sortir d'un nouvel été marqué par des tensions nationales sur les services d'urgence, le directeur a constaté que le CH avait pu passer l'été sans connaître de rupture majeure car il avait été confronté à un manque de médecins urgentistes dès 2015.

Face à cette pénurie de personnel, l'établissement avait alors paré à la situation en recrutant des attachés associés et son service d'urgence compte désormais 28 médecins à temps plein sur 35 postes, "le reste étant compensé par du TTA [temps de travail additionnel]".

"On avait déjà nos réseaux constitués même si aujourd'hui on est en concurrence avec les autres établissements qui prennent le même chemin en raison des pénuries de ressources médicales", a constaté Pascal Gouin. "On a réussi à combler les besoins qu'on pouvait avoir en accompagnant sur un parcours de formation les attachés associés pour leur permettre d'intégrer un statut plus pérenne."

Il s'est d'ailleurs félicité de n'avoir jamais été contraint de mettre en place une régulation des admissions aux urgences, qu'il juge "un peu dommageable pour les patients", bien qu'inévitable dans certains territoires comme la Mayenne (cf dépêche du 07/07/2023 à 18:05).

Une activité chirurgicale toujours convalescente

Si l'activité 2022 de l'établissement "ressemble beaucoup à celle de 2019 en médecine", le CH d'Auxerre n'a pas pu renouer avec son niveau d'activité pré-Covid en chirurgie, tandis que l'obstétrique pâtit de la démographie baissière du territoire.

Le fonctionnement des blocs opératoires de l'établissement est également obéré par la pénurie nationale d'anesthésistes.

Ainsi, après avoir connu un léger excédent en 2021 (337.000 euros), le CH d'Auxerre accuse un déficit de 2,9 millions d'euros (M€) sur son budget principal (191 M€).

Au moment de quitter le CH d'Auxerre, qu'il dirige depuis 2007, et le monde hospitalier, Pascal Gouin a confié être non "pas usé mais soulagé" de prendre sa retraite, en regrettant certaines évolutions du métier de directeur hospitalier, qui doit notamment composer avec une moindre "marge de liberté pour de la logique de projet".

"Auparavant, les choses se faisaient dans des cadres de contrats d'objectifs et de moyens qui avaient du sens. Désormais, ces contrats sont plus contraints et plus prévisibles, beaucoup moins fédérateurs, pour des raisons de coûts et d'une offre de soins qui n'est pas simple à réguler", a-t-il expliqué.

S'il considère que les aspirations à une médicalisation de la gouvernance sont légitimes, il a tenu à rappeler que "le corps des directeurs aspire à être toujours le chef d'orchestre", avant d'ajouter: "Apprendre à jouer les partitions à plusieurs, ce n'est pas simple."

Il a par ailleurs regretté que les directeurs de soins soient "un peu mis de côté" dans les débats entourant la médicalisation de la gouvernance hospitalière.

"On ne peut pas parler d'association médicale ou soignante sans parler de partage de responsabilité", a-t-il fait remarquer par la suite. "Un partage des rôles, ça doit aussi passer par un partage de la responsabilité."

Pascal Gouin a ainsi plaidé pour la création d'un trinôme entre directeur, médecin et directeur des soins pour faire évoluer la gouvernance hospitalière, en soulignant que les élus à la tête des conseils de surveillance connaissaient moins les "contraintes du quotidien" d'un établissement.

Selon lui, une bonne partie de ces difficultés et de ses incompréhensions entre les différents corps aspirant à être associés à la direction hospitalière pourrait être dépassée en mettant en place des séminaires et des formations communes entre directeurs, médecins, cadre de santé et élus.



Le CH d'Auxerre en chiffres (2022)

  • Capacités: 469 lits et 83 places
  • Effectifs: 158 personnels médicaux (équivalents temps plein, ETP) et 1.616 ETP non médicaux
  • Budget: 191 M€ (budget H)
  • Résultat consolidé: -2,9 M€
  • 59.000 passages aux urgences
  • 1.700 naissances
  • 44.000 séjours et séances
  • 7.710 interventions chirurgicales

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