Actualités de l'Urgence - APM

24/01 2023
Retour

LE CH DE BOULOGNE-SUR-MER VEUT RECONSTRUIRE SES URGENCES POUR 30 MILLIONS D'EUROS

BOULOGNE-SUR-MER (Pas-de-Calais), 24 janvier 2023 (APMnews) - Afin de s'adapter au nombre croissant de patients, le centre hospitalier (CH) de Boulogne-sur-Mer porte un projet de reconstruction de son service des urgences estimé à environ 30 millions d'euros, a détaillé lundi à APMnews le directeur de l'établissement, André-Gwenaël Pors.

Durant la cérémonie des voeux du CH de Boulogne-sur-Mer, tenue le 20 janvier, André-Gwenaël Pors a annoncé que le projet médico-soignant, "pierre angulaire du nouveau projet d'établissement pour 2023-2027", serait présenté en juin.

Contacté à la suite de ces voeux, il a fait le point sur l'état d'avancement des trois projets majeurs d'investissement annoncés à son arrivée, à l'été 2021 (cf dépêche du 28/09/2021 à 18:25).

Pour les urgences, le projet initial portait sur une restructuration du service en conservant les mêmes locaux.

Finalement, l'établissement se dirige vers un chantier plus important, a expliqué le directeur. "Après avoir étudié plusieurs scénarios de restructurations lourdes des urgences, la direction a proposé de créer une extension, ou un nouveau bâtiment, sur le site principal", a-t-il relaté.

Ce changement est justifié par des urgences "datant des années 1990", "seule partie non rénovée du site central", et dont la capacité de prise en charge est "en total décalage avec le nombre actuel de passages" du CH. Le service est taillé pour 40.000 passages par an mais en a connu 61.148 en 2022, selon les chiffres communiqués par l'établissement.

"L'objectif est d'atteindre un service des urgences d'une capacité réelle de 60.000 passages environ", a avancé André-Gwenaël Pors.

Cette nouvelle ambition signifie aussi que le projet doit repasser devant l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France avant d'être validé. "Des discussions sont en cours. […] Il n'y a pas de points de blocage, mais l'ARS n'a pas encore donné son feu vert", confirme le directeur.

Les négociations pour ce projet, qui comprendrait aussi une restructuration de certains services du CH, tournent autour de son coût, estimé à environ 30 millions d'euros (M€). André-Gwenaël Pors espère un feu vert "d'ici cet été". "Une fois ce feu vert obtenu, le chantier doit prendre trois ans", poursuit-il.

Trouver des solutions à court terme

Selon les plans d'origine, le réaménagement des urgences devait s'accompagner d'une restructuration de l'unité de chirurgie ambulatoire et du bloc opératoire.

Là aussi, le projet a évolué afin de proposer une solution à court terme sans devoir attendre la fin du chantier des urgences.

Une nouvelle salle à proximité du bloc opératoire doit être mise en place "cette année" pour faciliter la prise en charge des patients debout. Le déplacement de l'unité de chirurgie ambulatoire au même niveau que le bloc opératoire est, lui, pour l'instant repoussé, selon la direction.

Le troisième investissement majeur concerne la création d'un service de médecine générale et polyvalente post-urgences d'une trentaine de lits.

Malgré un consensus aujourd'hui, "la prise de conscience de l'établissement sur l'utilité d'un tel service a été tardive", déplore le directeur.

Alors qu'il devait être sur pied pour l'été 2022, le projet est toujours au stade de l'étude. "Le problème est capacitaire: il faudrait au moins 15 lits pour ce service, mais l'établissement n'a pas trouvé de lieu géographique dans sa structure pour les accueillir", détaille André-Gwenaël Pors. "Il y a également une crainte des services de 'perdre des lits'", observe-t-il.

Là non plus, le projet ne pourrait pas attendre l'extension des urgences, puisque le besoin existe à court terme. "La direction étudie actuellement trois scénarios de modification de l'organisation des services, avec un possible regroupement de ces lits à la clé", indique le chef d'établissement.

Le CH de Boulogne-sur-Mer travaille aussi actuellement sur l'ouverture de trois unités de vie (Alzheimer) dans un ancien bâtiment du site de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Duflos. Un architecte sera choisi en mai, pour une ouverture de ces trois unités, de 15 lits chacune, prévue "en 2025".

Des comptes financiers dégradés

La marge de manoeuvre de l'établissement pour financer ces projets s'est réduite. "La situation financière du CH s'est dégradée depuis deux ans", reconnaît André-Gwenaël Pors. Son établissement affiche ainsi un "très gros déficit" d'environ 15 M€ en 2022, sur un budget principal de près de 260 M€.

Le directeur pointe l'évolution des effectifs comme l'une des causes de ce déficit, l'établissement ayant recruté 145 personnels en équivalent temps plein (ETP) entre 2019 et 2021 pour faire face à la crise Covid.

"Les effectifs recrutés durant le Covid ont été gardés [et] un pôle de remplacement comprenant 15 infirmiers et 15 aides-soignants a été créé en 2020", souligne-t-il également. Le développement de l'activité de cancérologie du CH aurait en outre fait accroître les charges de l'hôpital.

Le CH de Boulogne-sur-Mer a en même temps retrouvé en 2022 le niveau d'activité de 2019, "avec une proportion plus importante de l'activité ambulatoire", note le directeur.

Le nombre consultations s'est accru de 8,5% par rapport à 2021, à 314.484 consultations et celui de séjours et de séances a atteint 80.185 (+1% par rapport à 2021).

De même, la chirurgie a progressé de près de 11% en 2022, à 13.925 interventions. Cependant, l'activité pourrait connaître une chute en raison du manque d'anesthésistes du CH.

"C'est un paradoxe, malgré un très beau plateau technique, un bloc opératoire avec 12 salles pour la chirurgie et la quasi-totalité des spécialités, nous ne comptons que 6,5 anesthésistes en ETP, là où il nous en faudrait 18 pour faire fonctionner l'ensemble des salles", regrette André-Gwenaël Pors.

Aujourd'hui huit salles seulement tournent, un chiffre qui pourrait tomber à quatre en mars, selon les projections de l'établissement.

Ce manque s'expliquerait par le dépassement des tarifs en intérim pratiqué par certains établissements, estime le directeur. Dans ce contexte, l'entrée en vigueur en mars de la loi Rist plafonnant l'intérim médical (cf dépêche du 03/11/2022 à 17:54) est très attendue par l'établissement.

mg/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

24/01 2023
Retour

LE CH DE BOULOGNE-SUR-MER VEUT RECONSTRUIRE SES URGENCES POUR 30 MILLIONS D'EUROS

BOULOGNE-SUR-MER (Pas-de-Calais), 24 janvier 2023 (APMnews) - Afin de s'adapter au nombre croissant de patients, le centre hospitalier (CH) de Boulogne-sur-Mer porte un projet de reconstruction de son service des urgences estimé à environ 30 millions d'euros, a détaillé lundi à APMnews le directeur de l'établissement, André-Gwenaël Pors.

Durant la cérémonie des voeux du CH de Boulogne-sur-Mer, tenue le 20 janvier, André-Gwenaël Pors a annoncé que le projet médico-soignant, "pierre angulaire du nouveau projet d'établissement pour 2023-2027", serait présenté en juin.

Contacté à la suite de ces voeux, il a fait le point sur l'état d'avancement des trois projets majeurs d'investissement annoncés à son arrivée, à l'été 2021 (cf dépêche du 28/09/2021 à 18:25).

Pour les urgences, le projet initial portait sur une restructuration du service en conservant les mêmes locaux.

Finalement, l'établissement se dirige vers un chantier plus important, a expliqué le directeur. "Après avoir étudié plusieurs scénarios de restructurations lourdes des urgences, la direction a proposé de créer une extension, ou un nouveau bâtiment, sur le site principal", a-t-il relaté.

Ce changement est justifié par des urgences "datant des années 1990", "seule partie non rénovée du site central", et dont la capacité de prise en charge est "en total décalage avec le nombre actuel de passages" du CH. Le service est taillé pour 40.000 passages par an mais en a connu 61.148 en 2022, selon les chiffres communiqués par l'établissement.

"L'objectif est d'atteindre un service des urgences d'une capacité réelle de 60.000 passages environ", a avancé André-Gwenaël Pors.

Cette nouvelle ambition signifie aussi que le projet doit repasser devant l'agence régionale de santé (ARS) Hauts-de-France avant d'être validé. "Des discussions sont en cours. […] Il n'y a pas de points de blocage, mais l'ARS n'a pas encore donné son feu vert", confirme le directeur.

Les négociations pour ce projet, qui comprendrait aussi une restructuration de certains services du CH, tournent autour de son coût, estimé à environ 30 millions d'euros (M€). André-Gwenaël Pors espère un feu vert "d'ici cet été". "Une fois ce feu vert obtenu, le chantier doit prendre trois ans", poursuit-il.

Trouver des solutions à court terme

Selon les plans d'origine, le réaménagement des urgences devait s'accompagner d'une restructuration de l'unité de chirurgie ambulatoire et du bloc opératoire.

Là aussi, le projet a évolué afin de proposer une solution à court terme sans devoir attendre la fin du chantier des urgences.

Une nouvelle salle à proximité du bloc opératoire doit être mise en place "cette année" pour faciliter la prise en charge des patients debout. Le déplacement de l'unité de chirurgie ambulatoire au même niveau que le bloc opératoire est, lui, pour l'instant repoussé, selon la direction.

Le troisième investissement majeur concerne la création d'un service de médecine générale et polyvalente post-urgences d'une trentaine de lits.

Malgré un consensus aujourd'hui, "la prise de conscience de l'établissement sur l'utilité d'un tel service a été tardive", déplore le directeur.

Alors qu'il devait être sur pied pour l'été 2022, le projet est toujours au stade de l'étude. "Le problème est capacitaire: il faudrait au moins 15 lits pour ce service, mais l'établissement n'a pas trouvé de lieu géographique dans sa structure pour les accueillir", détaille André-Gwenaël Pors. "Il y a également une crainte des services de 'perdre des lits'", observe-t-il.

Là non plus, le projet ne pourrait pas attendre l'extension des urgences, puisque le besoin existe à court terme. "La direction étudie actuellement trois scénarios de modification de l'organisation des services, avec un possible regroupement de ces lits à la clé", indique le chef d'établissement.

Le CH de Boulogne-sur-Mer travaille aussi actuellement sur l'ouverture de trois unités de vie (Alzheimer) dans un ancien bâtiment du site de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) de Duflos. Un architecte sera choisi en mai, pour une ouverture de ces trois unités, de 15 lits chacune, prévue "en 2025".

Des comptes financiers dégradés

La marge de manoeuvre de l'établissement pour financer ces projets s'est réduite. "La situation financière du CH s'est dégradée depuis deux ans", reconnaît André-Gwenaël Pors. Son établissement affiche ainsi un "très gros déficit" d'environ 15 M€ en 2022, sur un budget principal de près de 260 M€.

Le directeur pointe l'évolution des effectifs comme l'une des causes de ce déficit, l'établissement ayant recruté 145 personnels en équivalent temps plein (ETP) entre 2019 et 2021 pour faire face à la crise Covid.

"Les effectifs recrutés durant le Covid ont été gardés [et] un pôle de remplacement comprenant 15 infirmiers et 15 aides-soignants a été créé en 2020", souligne-t-il également. Le développement de l'activité de cancérologie du CH aurait en outre fait accroître les charges de l'hôpital.

Le CH de Boulogne-sur-Mer a en même temps retrouvé en 2022 le niveau d'activité de 2019, "avec une proportion plus importante de l'activité ambulatoire", note le directeur.

Le nombre consultations s'est accru de 8,5% par rapport à 2021, à 314.484 consultations et celui de séjours et de séances a atteint 80.185 (+1% par rapport à 2021).

De même, la chirurgie a progressé de près de 11% en 2022, à 13.925 interventions. Cependant, l'activité pourrait connaître une chute en raison du manque d'anesthésistes du CH.

"C'est un paradoxe, malgré un très beau plateau technique, un bloc opératoire avec 12 salles pour la chirurgie et la quasi-totalité des spécialités, nous ne comptons que 6,5 anesthésistes en ETP, là où il nous en faudrait 18 pour faire fonctionner l'ensemble des salles", regrette André-Gwenaël Pors.

Aujourd'hui huit salles seulement tournent, un chiffre qui pourrait tomber à quatre en mars, selon les projections de l'établissement.

Ce manque s'expliquerait par le dépassement des tarifs en intérim pratiqué par certains établissements, estime le directeur. Dans ce contexte, l'entrée en vigueur en mars de la loi Rist plafonnant l'intérim médical (cf dépêche du 03/11/2022 à 17:54) est très attendue par l'établissement.

mg/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.