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17/03 2020
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LE CH DE LENS A RÉSERVÉ UN BÂTIMENT ENTIER AU CORONAVIRUS

LENS (Pas-de-Calais), 17 mars 2020 (APMnews) - Le CH de Lens a vidé entièrement un de ses bâtiments pour le consacrer à la prise en charge des cas suspects et avérés de Covid-19, où les généralistes du territoire assurent des consultations destinées aux personnes susceptibles d'être atteintes, a-t-on appris mardi lors d'une conférence de presse téléphonique.

"Actuellement, nous n'avons aucun [cas confirmé] dans nos locaux", a précisé d'emblée Sandrine Cotton, administratrice provisoire, quelques minutes avant de rejoindre une réunion de crise.

Le centre hospitalier (CH) -qui compte un millier de lits et places- compte toutefois 6 patients en hospitalisation complète soupçonnés d'être porteurs du coronavirus, sur une capacité de 8 lits qui va être amenée à 14 voire à "plus de 20". Ces patients sont réunis au sein du bâtiment spécifique, qui accueille à la fois les consultations des généralistes, l'hospitalisation complète, et peut-être plus tard, des consultations de suivi.

Les lits de réanimation consacrés aux cas de Covid-19 sont pour l'instant centrés sur le CH de Béthune, à une trentaine de kilomètres, avec 5 lits actuels, et potentiellement 10 plus tard.

A Lens, 8 lits de réanimation supplémentaires devraient être ouverts, dans les locaux occupés il y a encore peu par les soins intensifs en cardiologie, déplacés pour l'occasion. La chimiothérapie a également été déplacée. Les personnels médicaux et paramédicaux d'anesthésie-réanimation du CH seront mobilisés autour de ces lits. Pour l'instant, seuls les infectiologues et pneumologues sont impliqués.

Une salle aux urgences sert à la prise en charge de patients porteurs du virus ou suspects qui nécessiteraient d'être traités pour autre chose. Le bloc opératoire, réparti sur 2 étages, permet de consacrer un étage aux cas de Covid-19, et un autre aux patients non suspects, explique le Dr Laurent Tronchon, président du collège médical du groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Artois, dont le CH de Lens est l'établissement support.

"On maintient l'activité des urgences standards, sachant que la fréquentation est quand même en baisse. On a mis en place un circuit dédié pour l'accueil des patients qui se présenteraient aux urgences en étant suspects", présente-t-il.

"On continue à avoir, malgré la tension sur l'ensemble des services d'urgences de la région, l'aide des urgentistes qui continuent à nous aider sur nos plannings, qui pour l'instant sont toujours maintenus", ajoute-t-il. L'établissement a connu en 2019 de graves difficultés de démographie médicale aux urgences, rappelle-t-on (cf dépêche du 10/07/2019 à 15:27).

"Ce qui permet de décharger de tous les patients sans signe de gravité, c'est le dispositif avec les médecins généralistes, qui est mis en place en parallèle", explique Laurent Tronchon.

Le dispositif qu'évoque ce praticien mobilise médecins et infirmiers libéraux volontaires depuis samedi et affiche une capacité de 200 consultations par jour, selon le Dr Emmanuel Brunelle, médecin généraliste qui pilote le dispositif à Lens. 22 consultations ont eu lieu dimanche, 17 lundi et une vingtaine mardi matin.

Des dispositifs similaires sont mis en place ou doivent l'être prochainement à la polyclinique d'Hénin-Beaumont (Espic, groupe Ahnac) ainsi qu'aux CH de Béthune et d'Hénin-Beaumont, explique le Dr Brunelle. Les volontaires ne manquent pas parmi les professionnels de santé libéraux, assure-t-il.

Le choix de centraliser les consultations en lien avec le coronavirus à l'hôpital répond à un souci de bénéficier des capacités d'hygiène et de désinfection de l'établissement pour minimiser les risques de contamination, explique-t-il. Dans le même temps, les consultations sans rendez-vous en cabinet sont suspendues.

Le choix de ce dispositif s'opère au niveau du département avec l'agence régionale de santé (ARS), explique Emmanuelle Brunelle.

Derniers ajustements avant la bataille

Hôpital et médecins s'apprêtent ainsi à affronter la vague de contaminations qui s'annonce. Les jeunes retraités anciens professionnels de santé, étudiants aides-soignants, infirmiers et futurs médecins sont contactés et prêts à venir en renfort, ainsi que les professionnels de l'hôpital libérés par la déprogrammation des consultations et opérations, expliquent les responsables de l'hôpital.

Les réanimateurs sont en contact permanent avec leurs collègues de la région, notamment ceux de l'Oise qui ont été les premiers impliqués, assure Laurent Tronchon.

A ce jour, l'établissement ne manque d'aucun matériel, mais il faut rappeler chaque jour les bonnes pratiques aux professionnels, explique Sandrine Cotton, dont l'établissement travaille actuellement à l'établissement de solutions d'aval avec le secteur privé, pour libérer des lits et des compétences.

Mardi matin, la directrice a dû s'assurer que l'Education nationale ferait bien appliquer l'accueil des enfants de professionnels hospitalier à l'école, les attitudes ayant été "très disparates" selon les communes ces deux premiers jours.

Interrogé sur l'aggravation des risques que représente la prévalence de maladies pulmonaires dans le bassin minier, Laurent Tronchon explique n'avoir aucune donnée permettant d'extrapoler. "En Ile-de-France, le nombre de patients tout-venant nécessitant des soins critiques double tous les 2,5 à 3 jours. Il faut s'attendre à ça. Nous en sommes encore au début, ça va arriver, il ne faut pas se faire d'illusion", commente-t-il.

bd/nc/APMnews

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LENS (Pas-de-Calais), 17 mars 2020 (APMnews) - Le CH de Lens a vidé entièrement un de ses bâtiments pour le consacrer à la prise en charge des cas suspects et avérés de Covid-19, où les généralistes du territoire assurent des consultations destinées aux personnes susceptibles d'être atteintes, a-t-on appris mardi lors d'une conférence de presse téléphonique.

"Actuellement, nous n'avons aucun [cas confirmé] dans nos locaux", a précisé d'emblée Sandrine Cotton, administratrice provisoire, quelques minutes avant de rejoindre une réunion de crise.

Le centre hospitalier (CH) -qui compte un millier de lits et places- compte toutefois 6 patients en hospitalisation complète soupçonnés d'être porteurs du coronavirus, sur une capacité de 8 lits qui va être amenée à 14 voire à "plus de 20". Ces patients sont réunis au sein du bâtiment spécifique, qui accueille à la fois les consultations des généralistes, l'hospitalisation complète, et peut-être plus tard, des consultations de suivi.

Les lits de réanimation consacrés aux cas de Covid-19 sont pour l'instant centrés sur le CH de Béthune, à une trentaine de kilomètres, avec 5 lits actuels, et potentiellement 10 plus tard.

A Lens, 8 lits de réanimation supplémentaires devraient être ouverts, dans les locaux occupés il y a encore peu par les soins intensifs en cardiologie, déplacés pour l'occasion. La chimiothérapie a également été déplacée. Les personnels médicaux et paramédicaux d'anesthésie-réanimation du CH seront mobilisés autour de ces lits. Pour l'instant, seuls les infectiologues et pneumologues sont impliqués.

Une salle aux urgences sert à la prise en charge de patients porteurs du virus ou suspects qui nécessiteraient d'être traités pour autre chose. Le bloc opératoire, réparti sur 2 étages, permet de consacrer un étage aux cas de Covid-19, et un autre aux patients non suspects, explique le Dr Laurent Tronchon, président du collège médical du groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Artois, dont le CH de Lens est l'établissement support.

"On maintient l'activité des urgences standards, sachant que la fréquentation est quand même en baisse. On a mis en place un circuit dédié pour l'accueil des patients qui se présenteraient aux urgences en étant suspects", présente-t-il.

"On continue à avoir, malgré la tension sur l'ensemble des services d'urgences de la région, l'aide des urgentistes qui continuent à nous aider sur nos plannings, qui pour l'instant sont toujours maintenus", ajoute-t-il. L'établissement a connu en 2019 de graves difficultés de démographie médicale aux urgences, rappelle-t-on (cf dépêche du 10/07/2019 à 15:27).

"Ce qui permet de décharger de tous les patients sans signe de gravité, c'est le dispositif avec les médecins généralistes, qui est mis en place en parallèle", explique Laurent Tronchon.

Le dispositif qu'évoque ce praticien mobilise médecins et infirmiers libéraux volontaires depuis samedi et affiche une capacité de 200 consultations par jour, selon le Dr Emmanuel Brunelle, médecin généraliste qui pilote le dispositif à Lens. 22 consultations ont eu lieu dimanche, 17 lundi et une vingtaine mardi matin.

Des dispositifs similaires sont mis en place ou doivent l'être prochainement à la polyclinique d'Hénin-Beaumont (Espic, groupe Ahnac) ainsi qu'aux CH de Béthune et d'Hénin-Beaumont, explique le Dr Brunelle. Les volontaires ne manquent pas parmi les professionnels de santé libéraux, assure-t-il.

Le choix de centraliser les consultations en lien avec le coronavirus à l'hôpital répond à un souci de bénéficier des capacités d'hygiène et de désinfection de l'établissement pour minimiser les risques de contamination, explique-t-il. Dans le même temps, les consultations sans rendez-vous en cabinet sont suspendues.

Le choix de ce dispositif s'opère au niveau du département avec l'agence régionale de santé (ARS), explique Emmanuelle Brunelle.

Derniers ajustements avant la bataille

Hôpital et médecins s'apprêtent ainsi à affronter la vague de contaminations qui s'annonce. Les jeunes retraités anciens professionnels de santé, étudiants aides-soignants, infirmiers et futurs médecins sont contactés et prêts à venir en renfort, ainsi que les professionnels de l'hôpital libérés par la déprogrammation des consultations et opérations, expliquent les responsables de l'hôpital.

Les réanimateurs sont en contact permanent avec leurs collègues de la région, notamment ceux de l'Oise qui ont été les premiers impliqués, assure Laurent Tronchon.

A ce jour, l'établissement ne manque d'aucun matériel, mais il faut rappeler chaque jour les bonnes pratiques aux professionnels, explique Sandrine Cotton, dont l'établissement travaille actuellement à l'établissement de solutions d'aval avec le secteur privé, pour libérer des lits et des compétences.

Mardi matin, la directrice a dû s'assurer que l'Education nationale ferait bien appliquer l'accueil des enfants de professionnels hospitalier à l'école, les attitudes ayant été "très disparates" selon les communes ces deux premiers jours.

Interrogé sur l'aggravation des risques que représente la prévalence de maladies pulmonaires dans le bassin minier, Laurent Tronchon explique n'avoir aucune donnée permettant d'extrapoler. "En Ile-de-France, le nombre de patients tout-venant nécessitant des soins critiques double tous les 2,5 à 3 jours. Il faut s'attendre à ça. Nous en sommes encore au début, ça va arriver, il ne faut pas se faire d'illusion", commente-t-il.

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