Actualités de l'Urgence - APM

Le CH de Montauban (837 lits et places) ne disposait pas de projet d'établissement à l'arrivée du nouveau directeur, Sébastien Massip, en mars 2021. Il présentait aussi une situation budgétaire dégradée et des contraintes architecturales fortes.

En mars, le premier ministre de l'époque, Jean Castex, est venu annoncer l'engagement de l'Etat dans la reconstruction de l'hôpital pour 2023 avec un financement de 200 millions d'euros (M€) dont 176 M€ de l'Etat (cf dépêche du 14/03/2022 à 18:12), a rappelé Brigitte Barèges, maire de Montauban et présidente du conseil de surveillance du CH, lors d'une conférence de presse.

Elle s'est félicitée du nouveau projet d'établissement du CH qui comprend des mesures formant "une belle offre" pour attirer des professionnels de santé sur le territoire, qui est par ailleurs très dynamique avec une population en progression.

Elle a relevé que le nouveau directeur avait "décoincé beaucoup de choses et remis la concertation au coeur".

Le projet d'établissement 2022-2026, intitulé "projet Pactes" (pour patients, professionnels, projets, avenir, ambulatoire, audace, confiance, coopération, contractualisation, territoire, transparence, transformation, engagement, excellence, ensemble et soins, solidarité, service public), présenté aux instances la semaine précédente et adopté, vise à répondre aux besoins de santé d'une population "qui s'accroît, qui vieillit et se précarise", a commenté Sébastien Massip.

"Cela nécessite d'avoir une filière gériatrique la plus complète possible et pas seulement des Ehpad neufs, même si c'est important, [avec] des modalités de prise en charge répondant aux besoins." Il a aussi mentionné le court séjour gériatrique et la nécessité d'avoir un hôpital de jour pour cette filière gériatrique.

Le projet d'établissement comprend beaucoup de projets accompagnant le développement de l'activité de soins de suite et de réadaptation (SSR) y compris dans son volet ambulatoire. Un projet de création d'équipes mobiles en réadaptation a été déposé auprès des tutelles. "On souhaite avoir une filière gériatrique à l'échelle du territoire qui fonctionne aussi bien à Moissac qu'à Montauban", a-t-il commenté.

La deuxième priorité est la nécessité de renforcer l'offre de soins en cancérologie médicale et chirurgicale (digestive et mammaire). Pour l'oncologie médicale, "on va porter un projet pour identifier deux binômes: un d'oncologie médicale et un d'hématologie clinique". Ces recrutements vont se faire en lien avec l'Oncopole (Institut universitaire du cancer de Toulouse, IUCT).

La troisième priorité concerne la diversification des modes de prise en charge en psychiatrie avec le recrutement de praticiens et des projets attractifs pour les attirer.

"Nous voulons aussi renforcer notre position de leader en chirurgie orthopédique avec la création d'une équipe territoriale et conforter notre équipe de chirurgie digestive pour se développer aussi à l'échelle du territoire", a ajouté Sébastien Massip.

Le Dr Jérôme Roustan, président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Montauban, a souligné l'objectif de renforcer la position de référence de l'établissement sur son territoire en travaillant les parcours de soins avec de nouveaux outils, en coordonnant mieux ces parcours entre les acteurs, en essayant de compléter l'offre de soins au CH de Moissac et par des partenariats avec la ville.

"C'est un projet d'établissement ambitieux mais qui reste réaliste, intégré dans son territoire et articulé avec tous les acteurs", a-t-il commenté.

Renforcer l'attractivité

Pour la première fois, il y a un projet social pour les personnels médicaux, en plus de celui des non-médicaux, pour répondre aux difficultés de démographie et aux attentes des nouvelles générations afin de fidéliser les recrutements. Le CH de Montauban emploie 1.900 personnels non médicaux et environ 200 médecins.

"Nous avons mis en place l'accueil des nouveaux arrivants et je leur ai dit qu'ils étaient les nouveaux ambassadeurs de l'hôpital pour faire venir d'autres professionnels car quels que soient la spécialité et le corps de métier, nous recrutons", a relaté le directeur.

"Nous sommes quasi sûrs de recruter des médecins urgentistes grâce à une nouvelle organisation et cela se fait au profit d'une fédération territoriale", a-t-il cité. De même, la dermatologie va être renforcée.

Actuellement, il y a un médecin libéral dans le centre de Montauban et un spécialiste au CH, "et c'est tout pour le département". Un spécialiste de Toulouse a pu être recruté pour l'hôpital. Son arrivée va permettre de reprendre les activités de photothérapie extracorporelle et remettre une activité de dermatologie au CH de Moissac. Un renfort est aussi en cours en pneumologie.

Un nouvel internat est en projet et le CH veut s'autonomiser dans la gestion de l'absentéisme avec un effectif de suppléance pour éviter l'intérim. Face à la "ressource rare" en manipulateurs, le CH réfléchit avec les élus, le conseil régional et Toulouse à développer une offre de formation à Montauban.

Le président de CME a cité un projet sur l'alimentation pour les soignants et les patients, afin d'améliorer la prestation fournie.

Il est aussi prévu de conserver des partenariats, par exemple en imagerie. Un appareil d'IRM de plus a été inauguré fin juin à Montauban, à la clinique du Pont-de-Chaume (Elsan) acheté par le groupement d'intérêt économique (GIE) formé entre le CH et le secteur libéral.

Ce projet d'établissement comprend de nombreux projets sur quatre ans qui vont se mettre en place progressivement.

Le projet d'établissement intègre un projet médical et soignant, un projet social, un projet relatif à la qualité et la gestion des risques, et aussi un projet des usagers, un projet managérial, un schéma directeur du système d'information (SDSI), un projet de gestion, un projet logistique, un projet de transformation écologique, un schéma directeur immobilier (SDI) et un projet relatif à la recherche et à l'innovation.

Des actions dès 2022

Le projet d'établissement comprend des actions à mettre en place à partir de l'été. Au chapitre du projet médical, le déblocage du projet des Ehpad est programmé, avec la construction d'un nouveau bâtiment permettant d'accueillir les deux maisons de retraite de l'hôpital.

Les partenariats au sein du GHT Tarn-et-Garonne doivent être relancés à travers la constitution de nouvelles équipes territoriales ou la reprise d'activités de consultations avancées: pneumologie, rhumatologie et dermatologie.

Une nouvelle organisation des admissions aux urgences va par ailleurs être mise en place, nécessitant notamment de renforcer le rôle et les missions de la régulation et l'installation d'un nouveau scanner.

Le schéma directeur immobilier va se concentrer sur la poursuite des études concernant les structures extrahospitalières de psychiatrie et le rapprochement de l'institution avec le secteur médico-social.

Au chapitre social, pour améliorer l'accueil et l'intégration des nouveaux praticiens, le CH va accompagner des actions de développement professionnel continu (DPC) des personnels médicaux (délégation de gestion aux pôles cliniques et médico-techniques). Un lieu assurant la fonction d'internat doit être trouvé. Une sous-commission de la CME sera mise en place pour la qualité de vie et des conditions de travail et l'attractivité.

Pour le personnel non médical, une prime de recrutement infirmier sera mise en oeuvre sur les pôles de SSR/gériatrie et psychiatrie adultes. Un groupe de travail sur l'attractivité des métiers techniques et logistiques sera lancé.

Une réflexion sur des places de crèche pour les enfants du personnel va être menée.

Pour le système d'information, il est prévu le renouvellement de la sauvegarde, des serveurs, de 400 postes de travail, des pare-feu et des débits sur les sites extrahospitaliers. Le CH a obtenu un soutien exceptionnel de 960.000 euros de l'agence régionale de santé (ARS).

S'agissant de la transformation écologique, le CH va faire réaliser son bilan carbone et un éco-pâturage va être installé sur le site de Capou.

Sur le plan managérial, les pôles ont été recomposés et la gouvernance va se mettre en place.

En gestion, les équipes travailleront sur le compte de résultat analytique par pôle, les tableaux de bord activité finances, la réalisation d'études médico-économiques sur la base de données partagées avec le département d'information médicale (DIM).

Parallèlement, à moyen et long termes, l'ensemble des études nécessaires à la réalisation du SDI seront menées avec la perspective du nouvel hôpital pour 2030. La communauté hospitalière va s'engager dans ce projet au deuxième semestre avec des groupes de travail internes.

"Pour la première fois depuis plusieurs années, l'exercice 2021 va se caractériser par le plus faible déficit, moins de 2 M€ sur un budget de 165 M€. C'est un bon retour à un début d'équilibre", s'est aussi félicité Sébastien Massif.

"Mon objectif est d'enrayer la spirale infernale dans laquelle nous ne pouvons pas investir, avec un site qui se dégrade, et de convaincre que si des investissements sont faits, l'établissement retrouve de l'attractivité pour les médecins et les patients", a-t-il assuré.

sl/nc/APMnews