Actualités de l'Urgence - APM

En octobre 2019, interrogée par APMnews à la suite de la publication d'un rapport de la chambre régionale des comptes (CRC) sur son établissement, Laurence Garo avait indiqué que son CH se voyait bloqué sur ses investissements du fait de sa situation financière. Elle avait indiqué que le souhait était, en particulier, de rénover et agrandir son service d'urgence, rappelant que les urgences qui avaient été conçues pour accueillir 20.000 passages par an, en enregistraient plus de 40.000. Elle avait précisé que le CH voulait aussi rénover l'unité d'hospitalisation de courte durée (UHCD) et d'autres services post-urgences (cf dépêche du 23/10/2019 à 14:09).

"J’avais fait part de mon souhait l’an passé de restructurer et d’étendre la capacité de notre service d’urgences qui n’est plus adapté au nombre de passages actuel. Et bien ce voeu a été réalisé", a annoncé la directrice la semaine dernière, en précisant que l'hôpital avait obtenu à ce sujet un soutien et une aide financière de l’ARS dans le cadre du dialogue stratégique et de gestion engagé entre eux le 15 novembre 2019.

A l'heure actuelle, ni le montant de l'aide, ni le calendrier des travaux, qui concerneront aussi "un ou deux services de médecine post-urgences", ne sont connus, a précisé la direction du CH à APMnews. Le dialogue stratégique de gestion entre l'hôpital et l'ARS se poursuit et doit donner lieu à une nouvelle réunion mi-février, a-t-on appris de même source.

Le CH sera de nouveau déficitaire en 2019, a souligné Laurence Garo, lors des voeux. Si l'hôpital a amélioré son résultat de 1 M€ par, notamment, des actions de développement durable (tri des déchets) et d’optimisation de ses dépenses et de ses recettes, il a dû faire face à une "forte augmentation des coûts liés à l’intérim médical, de +1,5 M€ par rapport à 2018", obérant ainsi le résultat 2019, a-t-elle déploré. Le déficit sera atténué par des aides apportées par l'ARS.

Repenser les modes d'organisation

Laurence Garo a déclaré que l'établissement allait continuer à travailler sur son redressement financier dans le cadre du dialogue stratégique et de gestion engagé avec l’ARS, qui implique toute la gouvernance médico-administrative.

"Il nous faudra, dès que nécessaire, repenser nos modes d’organisation, nous interroger sur nos 'habitudes', travailler en privilégiant chaque fois que cela sera possible les économies 'douces', notamment en lien avec une politique de développement durable qui s’affirme de plus en plus", a-t-elle expliqué.

"Nous devrons aussi mieux faire coïncider l’affectation de nos moyens en fonction d’un niveau d’activité", a-t-elle ajouté. "Pour cela, la politique de contractualisation interne avec les pôles sera renforcée afin de mieux les impliquer et les responsabiliser dans la gestion de l’établissement."

Laurence Garo a précisé que l'activité du CH s'était montrée globalement "en légère régression en 2019", avec une baisse de 5% des séjours en hospitalisation complète (à 13.900), mais une progression "très nette", de +11%, des séjours en ambulatoire (à 4.500).

Le nombre de naissances a aussi diminué (à un peu moins de 1.000) "mais nous allons développer de nouvelles activités et prises en charge attractives pour les parturientes via notamment un projet de labellisation de la maternité".

En chirurgie (7.000 interventions en 2019), le CH a pu développer en particulier la chirurgie viscérale (hausse de 8% des séjours) avec l'arrivée d'un nouveau spécialiste, ainsi que la chirurgie urologique (+14%).

L'activité de médecine a été "très soutenue", en particulier l'activité de néphrologie qui a vu son nombre de séjours s'envoler de 58%. Les consultations externes sont restées "très dynamiques", étant en hausse de 9%, à 145.000.

L'année s'est montrée également "dynamique" pour le pôle de santé mentale, "avec beaucoup de projets qui seront détaillés lors de l'élaboration du projet" concernant ce pôle.

Les services d'Ehpad et de soins de longue durée ont bénéficié de travaux de rénovation. "mais nous devons faire plus encore", a affirmé Laurence Garo en évoquant une réflexion sur un "Ehpad du futur".

Des travaux sur certains réseaux et un second scanner en 2020

Parmi les autres projets qui vont être menés à bien en 2020, Laurence Garo a cité un projet de dispositif renforcé pour accueillir les victimes de violences infra-familiales et conjugales en lien avec le tribunal judiciaire (nouveau nom du tribunal de grande instance) de Moulins qui dispose d’un tribunal pour enfants, afin d’organiser un pôle d’accueil médico-judiciaire au CH, avec le soutien médical du service de médecine légale du CHU de Clermont-Ferrand.

Elle a évoqué la mise en oeuvre du schéma directeur des travaux sur le site d’Yzeure et le site de Moulins. "Il y a nécessité et priorité de revoir tous les réseaux d’eau de chauffage et de connexions informatiques et, au-delà, repenser les secteurs accueillant des patients en secteurs dits 'fermés' conformément aux conclusions d’une inspection 'isolement et contention' de l’ARS déroulée en avril 2019". "Il faudra aussi instaurer des solutions de climatisation dans les services de pédiatrie, santé mentale personnes âgées, soins palliatifs…", a-t-elle ajouté.

La directrice a précisé, en s'en félicitant, que les travaux de l’internat Pavillon Roux étaient terminés. "La création d’un nouvel internat, qui avait disparu avec les travaux du pôle médico-technique et logistique (PTML), était un engagement fort pris pour 2019 visant à renforcer les liens intergénérationnels entre médecins juniors et seniors dans des lieux nouveaux de convivialité", a-t-elle rappelé.

Elle a aussi annoncé que le CH de Moulins avait obtenu l'autorisation d'installer un second scanner, ce qui sera fait en septembre. "L'ingénierie du dossier a déjà débuté, nous voulons aller vite car ce second scanner améliorera considérablement la réponse en soins à la population en réduisant les délais d’obtention de rendez-vous."

Le CH a vu son autorisation de radiothérapie renouvelée jusqu'en 2026, sur la base du recrutement d'une troisième radiophysicienne en 2019 et d'autres qui sont en perspective.

"Nous maintenons nos efforts d’investissement pour le maintien d’un plateau technique de haut niveau", a assuré plus généralement Laurence Garo.

Continuer à travailler sur l'attractivité

En dehors des projets immobiliers, le CH continuera, en 2020, de "travailler sur l’attractivité, en premier lieu pour favoriser le recrutement médical et paramédical, sur tous les postes en tension, mais aussi pour faire connaître la 'marque' centre hospitalier Moulins-Yzeure", a souligné sa responsable.

Le CH compte aussi développer la recherche clinique et l’innovation tant dans le domaine médical que paramédical. "Ce sera un point fort de notre attractivité en sus des actions déjà entreprises pour attirer praticiens et professionnels de santé."

Il finalisera son projet médical puis son projet d’établissement pour les prochaines années "en articulation avec le dialogue stratégique et de gestion et les contrats pluriannuels d’objectifs et de moyens (CPOM) conclus avec l’ARS et le Département de l’Allier".

Il développera des actions de prévention en santé notamment via le nouveau pôle de santé publique et de prévention (PSPP) mis en place fin 2019 sous une gouvernance médico-administrative.

Il cherchera à favoriser la qualité de vie au travail, par "un travail de fond" sur le projet social de l’établissement qui devra être conduit et finalisé en 2020 sous l’égide de la direction des ressources humaines (DRH) en partenariat avec les organisations syndicales et toute la communauté hospitalière. "Ceci participera activement aux travaux menés sur le développement de l’attractivité du centre hospitalier."

Le centre hospitalier de Moulins-Yzeure poursuivra le développement des coopérations avec les établissements publics et privés du territoire ainsi qu'avec la médecine libérale et notamment en lien avec la constitution des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS).

L'hôpital, qui couvre un bassin de 100.000 habitants, "conserve et développe une place essentielle au sein du département de l’Allier et du groupement hospitalier de territoire Allier-Puy de Dôme constitué autour du CHU de Clermont-Ferrand", a assuré sa responsable.

san/ab/APMnews