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29/03 2024
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LE CHU D'ANGERS OUVRE UNE UNITÉ D'HOSPITALISATION PSYCHIATRIQUE POST-URGENCES POUR LA SARTHE, L'ANJOU ET LA MAYENNE

ANGERS, 29 mars 2024 (APMnews) - Le CHU d'Angers a ouvert, avec le soutien de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, une unité d'hospitalisation complète psychiatrique post-urgences pour réduire le nombre de patients qui attendent sur des brancards aux urgences, a-t-il présenté vendredi lors d'une conférence de presse retransmise en ligne.

Cette création s'inscrit dans les mesures issues de la task force psychiatrie de l'hémi-région Est des Pays de la Loire créée en novembre 2021 à l'initiative de l'ARS (cf dépêche du 23/02/2023 à 18:14) pour être force de propositions dans la réorganisation et l'adaptation de l'offre de soins en psychiatrie dans les établissements de la Sarthe, la Mayenne et le Maine-et-Loire, a rappelé la Pr Bénédicte Gohier, cheffe du service psychiatrie et addictologie au CHU d'Angers.

L'ouverture de cette unité appelée Unité psychiatrique Sarthe Anjou Mayenne (Upsam) et dotée de 12 lits cherche à répondre en partie aux difficultés que rencontre l'hémirégion du fait de la hausse de la prévalence des troubles psychiatriques, en particulier la dépression et les troubles anxieux, de la fermeture de lits de psychiatrie dans ces trois départements faute de personnel et de la diminution des ressources médicales, le tout créant une problématique d'aval, a-t-elle expliqué.

"Ouverte depuis lundi, l'unité permet d'accueillir des patients des trois départements adultes en hospitalisation libre (pas sous contrainte) et elle vise à diminuer leur temps d'attente aux urgences et à stabiliser leur situation clinique sur une durée courte pour qu'il y ait un flux de patients et une capacité renouvelable", a-t-elle ajouté.

Les patients sont accueillis après une évaluation faite par un psychiatre lors d'une admission en service d'urgence ou de réanimation médicale, et nécessitant une hospitalisation en psychiatrie de courte durée. La prise en charge est pluridisciplinaire et concertée entre professionnels de santé: psychiatre, infirmier, assistant de service social, infirmier de coordination.

L'ARS soutient cette création "montée en un temps record" par 2,3 millions d'euros délégués au CHU d'Angers, a indiqué Annyvonne Auffret, directrice de la délégation territoriale de l'ARS en Maine-et-Loire. Cette somme couvre des frais de personnel avec 4 équivalents temps plein (ETP) médicaux et du temps paramédical, plus des dépenses médicales et de locaux et de restauration, a-t-elle précisé.

"On peut avoir l'impression que 12 lits, ce n'est pas grand-chose, mais c'est quand même une façon d'assurer une sécurité des sorties", a souligné Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice générale du CHU d'Angers.

L'équipe comprend un médecin senior, un interne, trois infirmiers en journée et deux la nuit et le week-end, deux aides-soignants tout le temps, un temps d'assistante sociale, un temps de cadre de santé et une secrétaire médicale, a détaillé la DG. Le temps médecin se fait sur du temps additionnel pour commencer en attendant les recrutements mais le personnel paramédical est nouveau, a-t-elle précisé. Les autres activités du service de psychiatrie (20 lits) sont maintenues.

L'ouverture de cette unité implique une coordination en amont, en articulation avec les équipes des services d'accueil des urgences psychiatriques des trois départements concernés.

Le projet médical de l'unité est fondé sur des durées d'hospitalisation courtes (durée moyenne de séjour estimée de cinq jours), condition déterminante pour qu'elle remplisse son rôle.

En ce qui concerne l'aval, après la phase d'hospitalisation au CHU d'Angers, les services de psychiatrie des établissements des trois départements sont sollicités par les professionnels de l'Upsam pour garantir la continuité des prises en charge en hospitalisation ou en ambulatoire.

Une évaluation rapide de la situation psychiatrique et sociale du patient, ainsi que la coordination du parcours sont les garantes de la réussite de cette prise en charge adaptée.

"Ce n'est pas un sas d'attente vers une hospitalisation longue. C'est une unité de courte durée -cinq jours en moyenne- où l'on fait un début de soins et où l'on organise le parcours vers une prise en charge ambulatoire avec les équipes mobiles, les psychiatres libéraux, un CMP", a expliqué la Pr Gohier.

"Jusqu'alors, on pouvait être contraints de faire sortir des patients des urgences dans des circonstances bancales car pas complètement stabilisés. Cela pouvait beaucoup reposer sur l'entourage. Avec cette unité, on a plus de temps pour sécuriser la sortie", a-t-elle ajouté. "Pour des patients en rupture de traitement, on peut les réinitier et avoir une réactivité plus importante", a-t-elle cité.

"Nous faisons le pari que les structures ambulatoires des établissements sont suffisantes pour accueillir les patients", a-t-elle estimé.

Cette nouvelle unité est située au deuxième étage du bâtiment H5 - La Colline au CHU d'Angers et accessible pour les patients remplissant les conditions d'admission 24 heures sur 24, sept jour sur sept, sous réserve de la disponibilité en lits.

Cette installation rapide a été possible grâce à la coopération mise en place avec Les Capucins, établissement privé à but non lucratif partenaire du CHU d'Angers et situé à proximité immédiate géographiquement, qui a prêté des locaux qui lui servent habituellement pour des opérations tiroir, pour 2024 de façon temporaire.

"Ces patients qui arrivent par les urgences ont besoin d'un examen par le médecin urgentiste pour éliminer une pathologie somatique mais les difficultés des établissements autour font qu'ils sont plus nombreux ces derniers mois et quelques patients sont restés de nombreuses heures voire des jours à attendre une place", a témoigné le Pr Dominique Savary, chef du service des urgences.

Il a pu témoigner de répercussions rapides: "de 10 à 12 patients qui passaient la nuit aux urgences en attendant une hospitalisation pour troubles psychiatriques, nous sommes passés à quatre-cinq en ce moment".

L'unité n'est pas autorisée pour les patients à hospitaliser sous contrainte (7% des passages aux urgences adultes relèvent de la psychiatrie), donc ceux-là resteront aux urgences, a noté la DG. Mais l'unité permet de rendre plus supportable et donc moins à risque la présence de patients sur des brancards puisqu'ils sont moins nombreux.

L'Upsam, qui complète l'offre de soins existante, a déjà accueilli une quinzaine de patients depuis lundi. "A J5, nous avons des sorties et des entrées avec un flux de trois à quatre patients qui sortent par jour", a indiqué la Pr Gohier.

Insécurité: trois situations récentes d'agression à l'encontre de personnels

La directrice générale du CHU a tenu à évoquer, lors de la conférence de presse, trois situations d'agression différentes de professionnels de l'établissement survenues "sur huit à dix jours", dont deux aux urgences et une au sein du service de soins médicaux et de réadaptation (SMR), qui n'ont pas de lien avec des patients psychiatriques.

Dans ces trois cas, il s'agissait de "patients somatiques". En SMR, c'est un patient cancéreux qui a subi une hallucination le conduisant à une situation de violence. Le patient a été admis en neurologie pour voir si c'est le traitement ou bien les métastases qui sont responsables de l'hallucination.

"Aux urgences, un patient toxicomane cherchait à s'alimenter en salle de soins et il s'est débattu quand des personnels ont essayé de l'intercepter, causant des blessures", a-t-elle poursuivi.

Enfin, "un patient très bien connu des services, en grande détresse sociale ayant du mal à gérer sa frustration, a insulté et eu des gestes malheureux" à l'encontre de personnels.

Dans les trois situations, les agressions ont conduit à des arrêts de travail. "Il est inadmissible que les professionnels soient en danger en exercice", a-t-elle déclaré. Le CHU d'Angers compte environ une cinquantaine d'événements à caractère grave par an. "C'est beaucoup trop", a-t-elle admis. Elle a rappelé toutes les mesures mises en œuvre pour les limiter (équipe de sécurité, maître-chien la nuit aux urgences, systèmes d'alerte…).

Les dépôts de plainte vont maintenant être faits par l'établissement pour simplifier la vie des personnels agressés qui y renoncent parfois faute de temps.

sl/nc/APMnews

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ANGERS, 29 mars 2024 (APMnews) - Le CHU d'Angers a ouvert, avec le soutien de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, une unité d'hospitalisation complète psychiatrique post-urgences pour réduire le nombre de patients qui attendent sur des brancards aux urgences, a-t-il présenté vendredi lors d'une conférence de presse retransmise en ligne.

Cette création s'inscrit dans les mesures issues de la task force psychiatrie de l'hémi-région Est des Pays de la Loire créée en novembre 2021 à l'initiative de l'ARS (cf dépêche du 23/02/2023 à 18:14) pour être force de propositions dans la réorganisation et l'adaptation de l'offre de soins en psychiatrie dans les établissements de la Sarthe, la Mayenne et le Maine-et-Loire, a rappelé la Pr Bénédicte Gohier, cheffe du service psychiatrie et addictologie au CHU d'Angers.

L'ouverture de cette unité appelée Unité psychiatrique Sarthe Anjou Mayenne (Upsam) et dotée de 12 lits cherche à répondre en partie aux difficultés que rencontre l'hémirégion du fait de la hausse de la prévalence des troubles psychiatriques, en particulier la dépression et les troubles anxieux, de la fermeture de lits de psychiatrie dans ces trois départements faute de personnel et de la diminution des ressources médicales, le tout créant une problématique d'aval, a-t-elle expliqué.

"Ouverte depuis lundi, l'unité permet d'accueillir des patients des trois départements adultes en hospitalisation libre (pas sous contrainte) et elle vise à diminuer leur temps d'attente aux urgences et à stabiliser leur situation clinique sur une durée courte pour qu'il y ait un flux de patients et une capacité renouvelable", a-t-elle ajouté.

Les patients sont accueillis après une évaluation faite par un psychiatre lors d'une admission en service d'urgence ou de réanimation médicale, et nécessitant une hospitalisation en psychiatrie de courte durée. La prise en charge est pluridisciplinaire et concertée entre professionnels de santé: psychiatre, infirmier, assistant de service social, infirmier de coordination.

L'ARS soutient cette création "montée en un temps record" par 2,3 millions d'euros délégués au CHU d'Angers, a indiqué Annyvonne Auffret, directrice de la délégation territoriale de l'ARS en Maine-et-Loire. Cette somme couvre des frais de personnel avec 4 équivalents temps plein (ETP) médicaux et du temps paramédical, plus des dépenses médicales et de locaux et de restauration, a-t-elle précisé.

"On peut avoir l'impression que 12 lits, ce n'est pas grand-chose, mais c'est quand même une façon d'assurer une sécurité des sorties", a souligné Cécile Jaglin-Grimonprez, directrice générale du CHU d'Angers.

L'équipe comprend un médecin senior, un interne, trois infirmiers en journée et deux la nuit et le week-end, deux aides-soignants tout le temps, un temps d'assistante sociale, un temps de cadre de santé et une secrétaire médicale, a détaillé la DG. Le temps médecin se fait sur du temps additionnel pour commencer en attendant les recrutements mais le personnel paramédical est nouveau, a-t-elle précisé. Les autres activités du service de psychiatrie (20 lits) sont maintenues.

L'ouverture de cette unité implique une coordination en amont, en articulation avec les équipes des services d'accueil des urgences psychiatriques des trois départements concernés.

Le projet médical de l'unité est fondé sur des durées d'hospitalisation courtes (durée moyenne de séjour estimée de cinq jours), condition déterminante pour qu'elle remplisse son rôle.

En ce qui concerne l'aval, après la phase d'hospitalisation au CHU d'Angers, les services de psychiatrie des établissements des trois départements sont sollicités par les professionnels de l'Upsam pour garantir la continuité des prises en charge en hospitalisation ou en ambulatoire.

Une évaluation rapide de la situation psychiatrique et sociale du patient, ainsi que la coordination du parcours sont les garantes de la réussite de cette prise en charge adaptée.

"Ce n'est pas un sas d'attente vers une hospitalisation longue. C'est une unité de courte durée -cinq jours en moyenne- où l'on fait un début de soins et où l'on organise le parcours vers une prise en charge ambulatoire avec les équipes mobiles, les psychiatres libéraux, un CMP", a expliqué la Pr Gohier.

"Jusqu'alors, on pouvait être contraints de faire sortir des patients des urgences dans des circonstances bancales car pas complètement stabilisés. Cela pouvait beaucoup reposer sur l'entourage. Avec cette unité, on a plus de temps pour sécuriser la sortie", a-t-elle ajouté. "Pour des patients en rupture de traitement, on peut les réinitier et avoir une réactivité plus importante", a-t-elle cité.

"Nous faisons le pari que les structures ambulatoires des établissements sont suffisantes pour accueillir les patients", a-t-elle estimé.

Cette nouvelle unité est située au deuxième étage du bâtiment H5 - La Colline au CHU d'Angers et accessible pour les patients remplissant les conditions d'admission 24 heures sur 24, sept jour sur sept, sous réserve de la disponibilité en lits.

Cette installation rapide a été possible grâce à la coopération mise en place avec Les Capucins, établissement privé à but non lucratif partenaire du CHU d'Angers et situé à proximité immédiate géographiquement, qui a prêté des locaux qui lui servent habituellement pour des opérations tiroir, pour 2024 de façon temporaire.

"Ces patients qui arrivent par les urgences ont besoin d'un examen par le médecin urgentiste pour éliminer une pathologie somatique mais les difficultés des établissements autour font qu'ils sont plus nombreux ces derniers mois et quelques patients sont restés de nombreuses heures voire des jours à attendre une place", a témoigné le Pr Dominique Savary, chef du service des urgences.

Il a pu témoigner de répercussions rapides: "de 10 à 12 patients qui passaient la nuit aux urgences en attendant une hospitalisation pour troubles psychiatriques, nous sommes passés à quatre-cinq en ce moment".

L'unité n'est pas autorisée pour les patients à hospitaliser sous contrainte (7% des passages aux urgences adultes relèvent de la psychiatrie), donc ceux-là resteront aux urgences, a noté la DG. Mais l'unité permet de rendre plus supportable et donc moins à risque la présence de patients sur des brancards puisqu'ils sont moins nombreux.

L'Upsam, qui complète l'offre de soins existante, a déjà accueilli une quinzaine de patients depuis lundi. "A J5, nous avons des sorties et des entrées avec un flux de trois à quatre patients qui sortent par jour", a indiqué la Pr Gohier.

Insécurité: trois situations récentes d'agression à l'encontre de personnels

La directrice générale du CHU a tenu à évoquer, lors de la conférence de presse, trois situations d'agression différentes de professionnels de l'établissement survenues "sur huit à dix jours", dont deux aux urgences et une au sein du service de soins médicaux et de réadaptation (SMR), qui n'ont pas de lien avec des patients psychiatriques.

Dans ces trois cas, il s'agissait de "patients somatiques". En SMR, c'est un patient cancéreux qui a subi une hallucination le conduisant à une situation de violence. Le patient a été admis en neurologie pour voir si c'est le traitement ou bien les métastases qui sont responsables de l'hallucination.

"Aux urgences, un patient toxicomane cherchait à s'alimenter en salle de soins et il s'est débattu quand des personnels ont essayé de l'intercepter, causant des blessures", a-t-elle poursuivi.

Enfin, "un patient très bien connu des services, en grande détresse sociale ayant du mal à gérer sa frustration, a insulté et eu des gestes malheureux" à l'encontre de personnels.

Dans les trois situations, les agressions ont conduit à des arrêts de travail. "Il est inadmissible que les professionnels soient en danger en exercice", a-t-elle déclaré. Le CHU d'Angers compte environ une cinquantaine d'événements à caractère grave par an. "C'est beaucoup trop", a-t-elle admis. Elle a rappelé toutes les mesures mises en œuvre pour les limiter (équipe de sécurité, maître-chien la nuit aux urgences, systèmes d'alerte…).

Les dépôts de plainte vont maintenant être faits par l'établissement pour simplifier la vie des personnels agressés qui y renoncent parfois faute de temps.

sl/nc/APMnews

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