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LE CHU DE CAEN PERD SON AGRÉMENT POUR ACCUEILLIR DES INTERNES AUX URGENCES
La demande de suspension d'agrément comme terrain de stage d'internat a été faite par l'Isni.
"C'est une situation peu fréquente", a reconnu la présidente de l'intersyndicale, Mélanie Debarreix, jointe par APMnews. Elle rappelle une situation similaire survenue en Ile-de-France en 2021.
L'hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne, AP-HP) avait vu son agrément suspendu par l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France en 2021 (cf dépêche du 02/08/2021 à 18:27 et dépêche du 03/11/2021 à 19:17). Le ministre des solidarités et de la santé de l'époque, Olivier Véran, avait mentionné la suspension de quatre agréments hospitaliers cette année-là, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/07/2021 à 19:30).
"Aux urgences du CHU de Caen, nous avons observé, comme dans d'autres hôpitaux en France malheureusement, un manque croissant de médecins seniors. Les internes sont trop la variable d'ajustement. La quantité de travail est trop importante, l'encadrement insuffisant; il y avait des lignes de garde incomplètes avec une seniorisation transitoire", a décrit la présidente de l'Isni.
"Les conditions minimales d'encadrement des internes prévues dans les textes ne sont pas respectées", a-t-elle insisté.
"Il y a un risque accru d'accident du travail et de détresse psychologique. C'est pourquoi nous avons demandé la suspension de l'agrément. C'est une question de protection face au risque élevé de surmenage", a expliqué Mélanie Debarreix.
Les représentants des internes en médecine générale avaient déjà obtenu une telle suspension pour les internes de médecine générale, a-t-elle noté.
Pendant le semestre qui commence lundi, il n'y aura ni internes ni docteurs juniors aux urgences du CHU de Caen.
Les 17 internes qui étaient prévus dans ce service "vont être relocalisés dans d'autres services du CHU et les docteurs juniors dans des hôpitaux périphériques".
Cette décision a été prise après des semaines de discussion, a-t-elle rapporté. "Le CHU de Caen a été très à l'écoute. Nous avons eu un très bon dialogue. Un plan d'action avait été établi avec l'ARS, mais ça n'a pas été suffisant", a-t-elle relaté.
La suspension est de six mois. Cela laisse le temps au CHU de recruter plus de médecins urgentistes et de revoir l'organisation du service, a-t-elle ajouté.
L'accompagnement pédagogique n'était plus satisfaisant, reconnaît la direction
"La décision de suspendre temporairement l'accueil des internes aux urgences a été prise par l'UFR Santé, en concertation avec le CHU. Les conditions d'encadrement ne garantissaient plus un accompagnement pédagogique satisfaisant, compte tenu du déficit d'effectifs médicaux et d'un flux de patients très soutenu. Cette suspension, transitoire, doit permettre de consolider l'équipe et de préparer une reprise des stages dans de meilleures conditions", a répondu à APMnews la direction de l'établissement.
"Notre priorité reste la robustesse et la stabilité de l'équipe médicale. C'est tout le sens des actions que nous avons engagées depuis un an pour renforcer durablement les effectifs et améliorer les conditions d'exercice. La situation reste complexe, marquée par la lourdeur des prises en charge spécifique aux CHU de recours et par les fermetures ponctuelles d'autres services d'urgences du territoire, qui accentuent la pression sur Caen", ajoute la direction.
"Face à cette situation, nous organisons des renforts médicaux complémentaires depuis d'autres services du CHU et de l'extérieur", avance le CHU, qui mentionne la régulation par le 15 en place dans le Calvados depuis le 1er juillet.
"Nous travaillons aussi en coordination étroite avec les établissements du territoire pour garantir la continuité des prises en charge. L'équipe paramédicale chargée de l'accueil et de l'orientation a également été renforcée", ajoute-t-il.
L'ARS appelle les autres établissements à la solidarité
"Comme de nombreux services d'urgences en France, malgré les efforts soutenus de la communauté médicale, les travaux de réorganisation engagés et la mobilisation régulière des établissements périphériques, le service d'urgence du CHU de Caen connaît des tensions en matière de ressources humaines médicales, affectant actuellement la capacité d'encadrement des internes", note l'ARS Normandie, sollicitée vendredi par APMnews.
Dans ce contexte, "sur décision du CHU de Caen et de l'UFR Santé, une partie des internes de médecine générale habituellement affectés sur l'établissement ne le sera pas au prochain semestre (de novembre 2025 à mai 2026)". Les internes de médecine d'urgence sont également concernés, a précisé l'agence.
Elle mentionne que "la direction du CHU de Caen travaille à l'élaboration d'un plan d'action permettant de conforter le cadre de formation et d'encadrement des internes, dans la perspective du prochain semestre".
"Dans l'attente, et afin d'assurer la continuité de l'offre de soins, de premières réponses organisationnelles internes au CHU ont été mises en œuvre", assure l'ARS.
Un travail est également en cours avec la médecine de ville pour renforcer l'offre de soins non programmés à proximité du site, ajoute-t-elle.
Par ailleurs, "un courrier à la signature du directeur général de l'ARS Normandie, des directeurs des centres hospitaliers, des présidents de commission médicale d'établissement (CME) et des chefs des urgences des établissements sièges de services d'urgence de l'ex-Basse-Normandie a été adressé à l'ensemble des praticiens urgentistes des établissements de proximité, afin de solliciter de leur part une contribution active en libérant du temps médical au profit du CHU de Caen".
L'agence rappelle que l'accès aux services d'urgence du Calvados est régulé 24h/24 depuis le 1er juillet, avec un appel au 15 obligatoire avant tout déplacement aux urgences, dans le but de limiter la surcharge des urgences en recentrant leur activité sur les situations les plus urgentes.
Les urgences de l'Hôpital privé Saint-Martin à Caen (groupe Ramsay Santé) sont régulièrement fermées. La clinique a annoncé une fermeture ce week-end jusqu'à lundi 8h30, soit la quatrième fois en 10 jours.
sl/nc/APMnews
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LE CHU DE CAEN PERD SON AGRÉMENT POUR ACCUEILLIR DES INTERNES AUX URGENCES
La demande de suspension d'agrément comme terrain de stage d'internat a été faite par l'Isni.
"C'est une situation peu fréquente", a reconnu la présidente de l'intersyndicale, Mélanie Debarreix, jointe par APMnews. Elle rappelle une situation similaire survenue en Ile-de-France en 2021.
L'hôpital Bicêtre au Kremlin-Bicêtre (Val-de-Marne, AP-HP) avait vu son agrément suspendu par l'agence régionale de santé (ARS) Ile-de-France en 2021 (cf dépêche du 02/08/2021 à 18:27 et dépêche du 03/11/2021 à 19:17). Le ministre des solidarités et de la santé de l'époque, Olivier Véran, avait mentionné la suspension de quatre agréments hospitaliers cette année-là, rappelle-t-on (cf dépêche du 21/07/2021 à 19:30).
"Aux urgences du CHU de Caen, nous avons observé, comme dans d'autres hôpitaux en France malheureusement, un manque croissant de médecins seniors. Les internes sont trop la variable d'ajustement. La quantité de travail est trop importante, l'encadrement insuffisant; il y avait des lignes de garde incomplètes avec une seniorisation transitoire", a décrit la présidente de l'Isni.
"Les conditions minimales d'encadrement des internes prévues dans les textes ne sont pas respectées", a-t-elle insisté.
"Il y a un risque accru d'accident du travail et de détresse psychologique. C'est pourquoi nous avons demandé la suspension de l'agrément. C'est une question de protection face au risque élevé de surmenage", a expliqué Mélanie Debarreix.
Les représentants des internes en médecine générale avaient déjà obtenu une telle suspension pour les internes de médecine générale, a-t-elle noté.
Pendant le semestre qui commence lundi, il n'y aura ni internes ni docteurs juniors aux urgences du CHU de Caen.
Les 17 internes qui étaient prévus dans ce service "vont être relocalisés dans d'autres services du CHU et les docteurs juniors dans des hôpitaux périphériques".
Cette décision a été prise après des semaines de discussion, a-t-elle rapporté. "Le CHU de Caen a été très à l'écoute. Nous avons eu un très bon dialogue. Un plan d'action avait été établi avec l'ARS, mais ça n'a pas été suffisant", a-t-elle relaté.
La suspension est de six mois. Cela laisse le temps au CHU de recruter plus de médecins urgentistes et de revoir l'organisation du service, a-t-elle ajouté.
L'accompagnement pédagogique n'était plus satisfaisant, reconnaît la direction
"La décision de suspendre temporairement l'accueil des internes aux urgences a été prise par l'UFR Santé, en concertation avec le CHU. Les conditions d'encadrement ne garantissaient plus un accompagnement pédagogique satisfaisant, compte tenu du déficit d'effectifs médicaux et d'un flux de patients très soutenu. Cette suspension, transitoire, doit permettre de consolider l'équipe et de préparer une reprise des stages dans de meilleures conditions", a répondu à APMnews la direction de l'établissement.
"Notre priorité reste la robustesse et la stabilité de l'équipe médicale. C'est tout le sens des actions que nous avons engagées depuis un an pour renforcer durablement les effectifs et améliorer les conditions d'exercice. La situation reste complexe, marquée par la lourdeur des prises en charge spécifique aux CHU de recours et par les fermetures ponctuelles d'autres services d'urgences du territoire, qui accentuent la pression sur Caen", ajoute la direction.
"Face à cette situation, nous organisons des renforts médicaux complémentaires depuis d'autres services du CHU et de l'extérieur", avance le CHU, qui mentionne la régulation par le 15 en place dans le Calvados depuis le 1er juillet.
"Nous travaillons aussi en coordination étroite avec les établissements du territoire pour garantir la continuité des prises en charge. L'équipe paramédicale chargée de l'accueil et de l'orientation a également été renforcée", ajoute-t-il.
L'ARS appelle les autres établissements à la solidarité
"Comme de nombreux services d'urgences en France, malgré les efforts soutenus de la communauté médicale, les travaux de réorganisation engagés et la mobilisation régulière des établissements périphériques, le service d'urgence du CHU de Caen connaît des tensions en matière de ressources humaines médicales, affectant actuellement la capacité d'encadrement des internes", note l'ARS Normandie, sollicitée vendredi par APMnews.
Dans ce contexte, "sur décision du CHU de Caen et de l'UFR Santé, une partie des internes de médecine générale habituellement affectés sur l'établissement ne le sera pas au prochain semestre (de novembre 2025 à mai 2026)". Les internes de médecine d'urgence sont également concernés, a précisé l'agence.
Elle mentionne que "la direction du CHU de Caen travaille à l'élaboration d'un plan d'action permettant de conforter le cadre de formation et d'encadrement des internes, dans la perspective du prochain semestre".
"Dans l'attente, et afin d'assurer la continuité de l'offre de soins, de premières réponses organisationnelles internes au CHU ont été mises en œuvre", assure l'ARS.
Un travail est également en cours avec la médecine de ville pour renforcer l'offre de soins non programmés à proximité du site, ajoute-t-elle.
Par ailleurs, "un courrier à la signature du directeur général de l'ARS Normandie, des directeurs des centres hospitaliers, des présidents de commission médicale d'établissement (CME) et des chefs des urgences des établissements sièges de services d'urgence de l'ex-Basse-Normandie a été adressé à l'ensemble des praticiens urgentistes des établissements de proximité, afin de solliciter de leur part une contribution active en libérant du temps médical au profit du CHU de Caen".
L'agence rappelle que l'accès aux services d'urgence du Calvados est régulé 24h/24 depuis le 1er juillet, avec un appel au 15 obligatoire avant tout déplacement aux urgences, dans le but de limiter la surcharge des urgences en recentrant leur activité sur les situations les plus urgentes.
Les urgences de l'Hôpital privé Saint-Martin à Caen (groupe Ramsay Santé) sont régulièrement fermées. La clinique a annoncé une fermeture ce week-end jusqu'à lundi 8h30, soit la quatrième fois en 10 jours.
sl/nc/APMnews
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