Actualités de l'Urgence - APM

LE CHU DE CLERMONT-FERRAND VA EXPÉRIMENTER PLUSIEURS PARCOURS DE SANTÉ AVEC DES CPTS
CLERMONT-FERRAND, 19 août 2025 (APMnews) - Le CHU de Clermont-Ferrand a entrepris il y a quelques mois une démarche d'"aller vers" les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de son territoire, qui l'a conduit à signer une convention-cadre avec 10 d'entre elles et à réfléchir à l'expérimentation de plusieurs parcours de santé, a expliqué Christopher Albano, directeur de la communication, de la relation ville-hôpital, du mécénat, des relations internationales et référent de la politique handicap au CHU, dans un entretien accordé lundi à APMnews.
Alors que jusqu'à fin 2024, le territoire du Puy-de-Dôme ne comptait que trois CPTS ayant signé leur accord conventionnel, il en dénombre désormais 16 dont certaines sont à cheval sur l'Allier (cf dépêche du 12/06/2025 à 16:57).
Profitant de ce contexte, le CHU a créé un binôme médico-administratif (composé de Christopher Albano, directeur de la relation ville-hôpital, et de la Dr Marie Blanquet, médecin en santé publique) afin de créer des liens et des parcours entre les CPTS et le CHU.
Cet entretien a été effectué dans le cadre d'une série d'interviews réalisées par APMnews au cours de l'été sur les relations entre les hôpitaux et les CPTS (cf dépêche du 22/07/2025 à 16:14, dépêche du 28/07/2025 à 10:08, dépêche du 01/08/2025 à 12:03, dépêche du 05/08/2025 à 18:58 et dépêche du 18/08/2025 à 11:00). |
APMnews: Qu'est-ce qui a conduit à la collaboration entre le CHU de Clermont-Ferrand et des CPTS?
Christopher Albano: J'ai pris mon poste en octobre 2024. Un état des lieux a montré qu'il y avait très peu de relations entre l'hôpital et la médecine de ville. Nous avions une seule convention qui était très large puisqu'elle portait sur les sorties d'hospitalisation, mais il n'existait aussi que très peu de CPTS puisqu'il n'y en avait que trois sur le territoire.
Fin 2024-début 2025, l'ensemble des CPTS du territoire ont été créées et se sont organisées, faisant en sorte que le Puy-de-Dôme soit intégralement couvert par elles.
J'ai voulu entamer une démarche d'aller vers ces CPTS. La présidente de la CME [commission médicale d'établissement] du CHU s'est montrée d'accord et a suggéré de constituer un binôme médico-administratif, ce que nous avons fait avec la Dr Marie Blanquet. Nous avons d'abord travaillé sur sept parcours: le diabète de type 2, le repérage des fragilités chez les personnes âgées, la sécurisation du médicament (et notamment la conciliation médicamenteuse en amont et en aval de l'hospitalisation), l'obésité, le repérage des cancers et des addictions, les maladies rares ainsi que sur l'accès aux urgences à l'intérieur de tous ces parcours.
Il existait alors 12 CPTS. Nous nous sommes dit: 'On va les rencontrer, essayer de voir quel est l'existant et quel est le besoin.' Dans le même temps, nous avons décidé de rencontrer tous les services du CHU qui correspondent à nos parcours et de leur demander ce qu'ils ont et de quoi ils ont besoin. Ensuite, de faire 'matcher' les deux dans le but de créer du lien, de faciliter le travail des professionnels de santé et ceux de l'hôpital et bien évidemment de fluidifier le parcours des patients.
APMnews: Comment ces partenariats se traduisent-ils et quelles actions concrètes communes ont-elles été mises en place pour améliorer l'accès aux soins de la population?
Christopher Albano: Après avoir travaillé pendant cinq-six mois dans le cadre de ces rencontres, on leur a proposé d'agir en deux étapes. La première a été de proposer une convention-cadre. Dix CPTS l'ont signée et deux sont en attente. Ces conventions fixent un cap et ont pour objet de définir les conditions et les modalités générales de la collaboration entre les parties. La définition et la structuration des parcours de santé feront l'objet d'avenants distincts.
Dans cette convention, il y a aussi une incitation à travailler ensemble sur une interopérabilité des systèmes informatiques, en passant essentiellement par le GCS [groupement de coopération sanitaire] Sara et l'outil MonSisra, qui est l'outil d'Auvergne-Rhône-Alpes permettant d'échanger des données de santé de patients, rapidement et en toute sécurité, avec les professionnels et structures intervenant dans la prise en charge. Il est vraiment important d'avoir un outil commun pour que les médecins puissent se parler, comme en télé-expertise.
De notre côté, nous nous sommes engagés à soutenir les besoins de formation de chaque CPTS avec une plateforme qui est utilisée par notre centre de formation des professionnels de santé. Nous leur mettons à disposition des outils ou proposons des formations à travers lesquelles des médecins et des infirmiers vont former la médecine de ville à certaines spécificités, comme à la dénutrition ou au repérage de l'insuffisance cardiaque.
Avec déjà deux CPTS, nous cherchons à aller plus loin et travaillons sur plusieurs parcours.
Avec la CPTS 'Entre Limagne et Livradois' [cf dépêche du 16/01/2024 à 13:54], nous préparons aussi la mise en place de la responsabilité populationnelle en insuffisance cardiaque. Nous allons le faire avec Antoine Malone de la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Dr Sandra Gomez, responsable de notre DIM [département de l'information médicale], qui a créé tous les algorithmes et les tableaux de bord pour la responsabilité populationnelle au niveau national [cf dépêche du 22/05/2019 à 08:40] et travaille à la mettre en œuvre sur notre territoire. C'est en cours de construction pour essayer de déployer ce projet d'ici la fin de l'année.
Avec la CPTS Sancy Ouest, il y a un parcours expérimental sur les lombalgies chroniques qui est basé aussi sur des ateliers pluridisciplinaires. Cette phase expérimentale va durer jusqu'à la fin octobre. Les initiateurs vont recueillir et analyser des questionnaires de suivi, prévoir une extraction et, derrière, nous pourrons organiser des réunions avec notre service de santé publique pour mettre en place des démarches communes.
Avec cette CPTS, nous prévoyons de créer aussi des parcours pour les patients complexes, un parcours de l'addictologie, un parcours de l'ostéoporose. Sur l'addictologie, une journée est aussi en train d'être organisée avec la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) qui va venir en octobre.
On essaie vraiment de faire des points réguliers pour avoir un suivi bien précis et établir un vrai maillage sur mesure pour chaque CPTS ou chaque parcours.
APMnews: Rencontrez-vous des difficultés pour mettre en œuvre votre démarche?
Christopher Albano: En fait, non. Cela a été extrêmement fluide, c'est même allé un peu plus vite que prévu. Alors que nous avions décidé d'attaquer les parcours en septembre, on a commencé leur construction fin juin-début juillet, avec près de deux-trois mois d'avance parce que, finalement, les CPTS ont répondu et adhéré plus vite que prévu. Et ce sont elles qui ont été motrices en disant 'Maintenant, OK, c'est bien, on a une convention-cadre, mais faisons-la vivre. Allons plus loin, plus vite.'
De notre côté, nous ne sommes pour l'instant que deux à travailler sur le sujet de manière quotidienne. Nous sommes en train de voir pour trouver un temps de secrétariat, un temps administratif supplémentaire dans l'hôpital pour nous aider à faire ces tableaux de suivi, à coordonner et à structurer un peu tout cela. Nous allons aussi répondre à certains appels à projets de l'agence régionale de santé sur certains parcours.
Au sein du CHU, tous les services que nous avons rencontrés étaient plutôt partants et sont demandeurs.
Nous avons aussi fourni des outils, comme un annuaire de toutes nos assistantes sociales qu'on a envoyé aux CPTS et un annuaire de toutes les CPTS, avec toutes les portes d'entrée directement accessibles, que nous avons transmis à nos cadres de santé. Les cadres de santé et les assistantes sociales ont maintenant un contact établi et direct par CPTS, ce qui facilite leur travail par exemple pour les retours à domicile.
san/nc/APMnews
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LE CHU DE CLERMONT-FERRAND VA EXPÉRIMENTER PLUSIEURS PARCOURS DE SANTÉ AVEC DES CPTS
CLERMONT-FERRAND, 19 août 2025 (APMnews) - Le CHU de Clermont-Ferrand a entrepris il y a quelques mois une démarche d'"aller vers" les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de son territoire, qui l'a conduit à signer une convention-cadre avec 10 d'entre elles et à réfléchir à l'expérimentation de plusieurs parcours de santé, a expliqué Christopher Albano, directeur de la communication, de la relation ville-hôpital, du mécénat, des relations internationales et référent de la politique handicap au CHU, dans un entretien accordé lundi à APMnews.
Alors que jusqu'à fin 2024, le territoire du Puy-de-Dôme ne comptait que trois CPTS ayant signé leur accord conventionnel, il en dénombre désormais 16 dont certaines sont à cheval sur l'Allier (cf dépêche du 12/06/2025 à 16:57).
Profitant de ce contexte, le CHU a créé un binôme médico-administratif (composé de Christopher Albano, directeur de la relation ville-hôpital, et de la Dr Marie Blanquet, médecin en santé publique) afin de créer des liens et des parcours entre les CPTS et le CHU.
Cet entretien a été effectué dans le cadre d'une série d'interviews réalisées par APMnews au cours de l'été sur les relations entre les hôpitaux et les CPTS (cf dépêche du 22/07/2025 à 16:14, dépêche du 28/07/2025 à 10:08, dépêche du 01/08/2025 à 12:03, dépêche du 05/08/2025 à 18:58 et dépêche du 18/08/2025 à 11:00). |
APMnews: Qu'est-ce qui a conduit à la collaboration entre le CHU de Clermont-Ferrand et des CPTS?
Christopher Albano: J'ai pris mon poste en octobre 2024. Un état des lieux a montré qu'il y avait très peu de relations entre l'hôpital et la médecine de ville. Nous avions une seule convention qui était très large puisqu'elle portait sur les sorties d'hospitalisation, mais il n'existait aussi que très peu de CPTS puisqu'il n'y en avait que trois sur le territoire.
Fin 2024-début 2025, l'ensemble des CPTS du territoire ont été créées et se sont organisées, faisant en sorte que le Puy-de-Dôme soit intégralement couvert par elles.
J'ai voulu entamer une démarche d'aller vers ces CPTS. La présidente de la CME [commission médicale d'établissement] du CHU s'est montrée d'accord et a suggéré de constituer un binôme médico-administratif, ce que nous avons fait avec la Dr Marie Blanquet. Nous avons d'abord travaillé sur sept parcours: le diabète de type 2, le repérage des fragilités chez les personnes âgées, la sécurisation du médicament (et notamment la conciliation médicamenteuse en amont et en aval de l'hospitalisation), l'obésité, le repérage des cancers et des addictions, les maladies rares ainsi que sur l'accès aux urgences à l'intérieur de tous ces parcours.
Il existait alors 12 CPTS. Nous nous sommes dit: 'On va les rencontrer, essayer de voir quel est l'existant et quel est le besoin.' Dans le même temps, nous avons décidé de rencontrer tous les services du CHU qui correspondent à nos parcours et de leur demander ce qu'ils ont et de quoi ils ont besoin. Ensuite, de faire 'matcher' les deux dans le but de créer du lien, de faciliter le travail des professionnels de santé et ceux de l'hôpital et bien évidemment de fluidifier le parcours des patients.
APMnews: Comment ces partenariats se traduisent-ils et quelles actions concrètes communes ont-elles été mises en place pour améliorer l'accès aux soins de la population?
Christopher Albano: Après avoir travaillé pendant cinq-six mois dans le cadre de ces rencontres, on leur a proposé d'agir en deux étapes. La première a été de proposer une convention-cadre. Dix CPTS l'ont signée et deux sont en attente. Ces conventions fixent un cap et ont pour objet de définir les conditions et les modalités générales de la collaboration entre les parties. La définition et la structuration des parcours de santé feront l'objet d'avenants distincts.
Dans cette convention, il y a aussi une incitation à travailler ensemble sur une interopérabilité des systèmes informatiques, en passant essentiellement par le GCS [groupement de coopération sanitaire] Sara et l'outil MonSisra, qui est l'outil d'Auvergne-Rhône-Alpes permettant d'échanger des données de santé de patients, rapidement et en toute sécurité, avec les professionnels et structures intervenant dans la prise en charge. Il est vraiment important d'avoir un outil commun pour que les médecins puissent se parler, comme en télé-expertise.
De notre côté, nous nous sommes engagés à soutenir les besoins de formation de chaque CPTS avec une plateforme qui est utilisée par notre centre de formation des professionnels de santé. Nous leur mettons à disposition des outils ou proposons des formations à travers lesquelles des médecins et des infirmiers vont former la médecine de ville à certaines spécificités, comme à la dénutrition ou au repérage de l'insuffisance cardiaque.
Avec déjà deux CPTS, nous cherchons à aller plus loin et travaillons sur plusieurs parcours.
Avec la CPTS 'Entre Limagne et Livradois' [cf dépêche du 16/01/2024 à 13:54], nous préparons aussi la mise en place de la responsabilité populationnelle en insuffisance cardiaque. Nous allons le faire avec Antoine Malone de la Fédération hospitalière de France (FHF) et la Dr Sandra Gomez, responsable de notre DIM [département de l'information médicale], qui a créé tous les algorithmes et les tableaux de bord pour la responsabilité populationnelle au niveau national [cf dépêche du 22/05/2019 à 08:40] et travaille à la mettre en œuvre sur notre territoire. C'est en cours de construction pour essayer de déployer ce projet d'ici la fin de l'année.
Avec la CPTS Sancy Ouest, il y a un parcours expérimental sur les lombalgies chroniques qui est basé aussi sur des ateliers pluridisciplinaires. Cette phase expérimentale va durer jusqu'à la fin octobre. Les initiateurs vont recueillir et analyser des questionnaires de suivi, prévoir une extraction et, derrière, nous pourrons organiser des réunions avec notre service de santé publique pour mettre en place des démarches communes.
Avec cette CPTS, nous prévoyons de créer aussi des parcours pour les patients complexes, un parcours de l'addictologie, un parcours de l'ostéoporose. Sur l'addictologie, une journée est aussi en train d'être organisée avec la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (Mildeca) qui va venir en octobre.
On essaie vraiment de faire des points réguliers pour avoir un suivi bien précis et établir un vrai maillage sur mesure pour chaque CPTS ou chaque parcours.
APMnews: Rencontrez-vous des difficultés pour mettre en œuvre votre démarche?
Christopher Albano: En fait, non. Cela a été extrêmement fluide, c'est même allé un peu plus vite que prévu. Alors que nous avions décidé d'attaquer les parcours en septembre, on a commencé leur construction fin juin-début juillet, avec près de deux-trois mois d'avance parce que, finalement, les CPTS ont répondu et adhéré plus vite que prévu. Et ce sont elles qui ont été motrices en disant 'Maintenant, OK, c'est bien, on a une convention-cadre, mais faisons-la vivre. Allons plus loin, plus vite.'
De notre côté, nous ne sommes pour l'instant que deux à travailler sur le sujet de manière quotidienne. Nous sommes en train de voir pour trouver un temps de secrétariat, un temps administratif supplémentaire dans l'hôpital pour nous aider à faire ces tableaux de suivi, à coordonner et à structurer un peu tout cela. Nous allons aussi répondre à certains appels à projets de l'agence régionale de santé sur certains parcours.
Au sein du CHU, tous les services que nous avons rencontrés étaient plutôt partants et sont demandeurs.
Nous avons aussi fourni des outils, comme un annuaire de toutes nos assistantes sociales qu'on a envoyé aux CPTS et un annuaire de toutes les CPTS, avec toutes les portes d'entrée directement accessibles, que nous avons transmis à nos cadres de santé. Les cadres de santé et les assistantes sociales ont maintenant un contact établi et direct par CPTS, ce qui facilite leur travail par exemple pour les retours à domicile.
san/nc/APMnews