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03/03 2021
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LE CHU DE NANCY CRAINT DE SUBIR DES RÉPERCUSSIONS DES DÉPROGRAMMATIONS COVID JUSQU'EN 2022

NANCY, 3 mars 2021 (APMnews) - Confronté à une forte pression épidémique depuis la première vague de Covid-19 au printemps 2020, le CHU de Nancy craint de voir les conséquences de la crise sanitaire peser sur son activité au-delà de l'année 2021, a-t-on appris fin février lors d'un entretien avec Bernard Dupont, le directeur général du CHU.

Pour faire face à la seconde vague, le CHU de Nancy a dû repasser d'une capacité initiale de 66 lits de réanimation à 100 lits de réanimation ouverts depuis fin octobre 2020.

"Pour doubler ce nombre de lits de réa, ça nous a amenés à déprogrammer massivement, jusqu’à 50% ou 60% sur certaines disciplines", a expliqué le directeur général du CHU de Nancy, en citant notamment les "disciplines médicales de malades chroniques" et certaines spécialités de chirurgie (vasculaire, orthopédique, neurochirurgie).

Le CHU accueillait 123 patients Covid hospitalisés mercredi matin, dont 41 en réanimation (sur 92 lits de réa ouverts, avec 46 patients réanimatoires non Covid actuellement hospitalisés), 53 patients en secteur de médecine Covid et 23 patients Covid pris en charge au titre d’une autre pathologie.

"La pression Covid est forte et surtout de façon exogène", a poursuivi Bernard Dupont en mentionnant de nombreux patients Covid pris en charge au CHU en provenance des Vosges ou de Moselle.

Alors que 70% des blocs opératoires de l'établissement nancéen sont fermés et 60% à 70% des interventions déprogrammées depuis octobre, le CHU a enregistré un recul global de 16% de son activité en 2020 par rapport à 2019.

"Au stade où on en est, on est dans une situation financière meilleure que l’année précédente quand on isole tous les surcoûts et les insuffisances de recettes liés à la crise Covid", a cependant rapporté Bernard Dupont, alors que le CHU affiche un résultat prévisionnel déficitaire de 3,4 millions d'euros (M€) pour 2020, contre -4,8 M€ de prévisionnel en 2019.

Pour tenter de contourner ces contraintes, le CHU s'est appuyé sur les coopérations développées avec les établissements publics et privés de son territoire au cours de la crise sanitaire, notamment le centre hospitalier (CH) de Toul et les cliniques Jeanne-d 'Arc (Groupe Pasteur, Lunéville) et Gentilly (Elsan, Nancy) pour déporter dans ces établissements des interventions ne nécessitant pas un plateau technique lourd, comme les endoscopies, avec des mises à disposition de bloc à la journée.

"Ça permet de bénéficier de l’aide des professionnels de l’anesthésie", a commenté Bernard Dupont, en faisant toutefois état de "problèmes rencontrés car les équipes n’étaient pas dans leur élément".

Le directeur a cependant fait remarquer que les deux cliniques "jou[ai]ent le jeu" dans la répartition des patients Covid pour soulager le CHU.

Le CHU se prépare pour l'épineuse phase de reprogrammation

"La question qui va se poser maintenant, c’est la question de la reprogrammation", a pointé Bernard Dupont, "si la déprogrammation n’est pas simple, la reprogrammation ne l’est pas non plus".

Sur le modèle du dispositif mis en place à l'issue de la première vague (cf dépêche du 01/10/2020 à 12:11), le CHU a mis en place des groupes de travail associant la commission médicale d'établissement (CME) et la direction pour organiser une reprogrammation graduée, en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.

"Tout le monde va être pressé et aura des arguments", a prévenu le directeur. "On a intérêt à anticiper pour ne pas rencontrer une nouvelle crise", a-t-il poursuivi, en redoutant une perte de patience dans la communauté médicale.

"On a déprogrammé la chirurgie bariatrique ou presque depuis un an, dans un établissement où en faisait beaucoup", a-t-il cité en guise d'exemple, en ajoutant que les médecins concernés étaient conscients que la chirurgie bariatrique ne serait pas prioritaire au moment de la reprogrammation. "Ce n'est pas évident pour le moral des malades et des chirurgiens."

"Pour rattraper le printemps 2020, il aurait fallu qu’on reprenne plein pot jusqu’à maintenant", a constaté le DG du CHU, "il faudra des mois [pour rattraper les déprogrammations depuis octobre 2020], je ne serai pas étonné que jusqu’en 2022 inclus on ait des suites".

En dressant le bilan de l'année 2020, le directeur a néanmoins relevé notamment un essor fulgurant du télésoin, avec 31.368 actes de télémédecine, dont 29.515 téléconsultations, toutes spécialités médicales confondues, contre 2.406 actes en 2019 dont seulement près de 300 téléconsultations.

Le CHU attend un retour du ministère sur son schéma directeur immobilier

"On a continué le plan de retour à l'équilibre sur le début d’année 2020, qui a permis de faire 11 M€ de gains dans le cadre du Cref [contrat de retour à l'équilibre financier]", a complété Bernard Dupont.

Il a salué au passage l'aide apportée par l'expert en santé publique Bruno Rossetti, envoyé par le secrétariat général à l’investissement: "Ça nous a permis de montrer combien l’effort qui était demandé au CHU était important, y compris au regard de ce qui est régulièrement demandé pour d’autres établissements."

En 2021, Bernard Dupont espère que le dossier du schéma directeur immobilier du CHU pourra enfin être validé dans sa dernière mouture, avec le "maintien des effectifs et des lits à hauteur de ce qui a été atteint en 2020, la transformation de postes administratifs ou techniques en soignants dans les 5 ans à venir [autour de 150 postes] et le maintien des cibles d’économie".

"Le dossier Copermo [comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers] qu’on a présenté début 2020 n’a pas changé, à part sur quelques mètres carrés", a-t-il assuré, au sujet du projet immobilier qui prévoit de rassembler progressivement l'ensemble des activités de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) du CHU sur les hôpitaux de Brabois (cf dépêche du 29/01/2020 à 13:03).

"Ce qui a changé la donne, c’est le fait que le ministre a confirmé que le financement du dossier ne pourrait plus passer par des suppressions de lits et des suppressions de postes", a-t-il ajouté, en référence aux propos tenus par le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, depuis avril 2020 sur les réorganisations hospitalières (cf dépêche du 06/04/2020 à 21:44), réitérés lors d’un déplacement fin janvier à Nancy.

"Le ministre avait annoncé apporter une réponse fin février de façon à prendre une décision courant avril", a rapporté Bernard Dupont à ce propos, "pour la communauté hospitalière ça sera un élément de reconnaissance du travail accompli depuis 8 ans".

gl/ab/APMnews

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NANCY, 3 mars 2021 (APMnews) - Confronté à une forte pression épidémique depuis la première vague de Covid-19 au printemps 2020, le CHU de Nancy craint de voir les conséquences de la crise sanitaire peser sur son activité au-delà de l'année 2021, a-t-on appris fin février lors d'un entretien avec Bernard Dupont, le directeur général du CHU.

Pour faire face à la seconde vague, le CHU de Nancy a dû repasser d'une capacité initiale de 66 lits de réanimation à 100 lits de réanimation ouverts depuis fin octobre 2020.

"Pour doubler ce nombre de lits de réa, ça nous a amenés à déprogrammer massivement, jusqu’à 50% ou 60% sur certaines disciplines", a expliqué le directeur général du CHU de Nancy, en citant notamment les "disciplines médicales de malades chroniques" et certaines spécialités de chirurgie (vasculaire, orthopédique, neurochirurgie).

Le CHU accueillait 123 patients Covid hospitalisés mercredi matin, dont 41 en réanimation (sur 92 lits de réa ouverts, avec 46 patients réanimatoires non Covid actuellement hospitalisés), 53 patients en secteur de médecine Covid et 23 patients Covid pris en charge au titre d’une autre pathologie.

"La pression Covid est forte et surtout de façon exogène", a poursuivi Bernard Dupont en mentionnant de nombreux patients Covid pris en charge au CHU en provenance des Vosges ou de Moselle.

Alors que 70% des blocs opératoires de l'établissement nancéen sont fermés et 60% à 70% des interventions déprogrammées depuis octobre, le CHU a enregistré un recul global de 16% de son activité en 2020 par rapport à 2019.

"Au stade où on en est, on est dans une situation financière meilleure que l’année précédente quand on isole tous les surcoûts et les insuffisances de recettes liés à la crise Covid", a cependant rapporté Bernard Dupont, alors que le CHU affiche un résultat prévisionnel déficitaire de 3,4 millions d'euros (M€) pour 2020, contre -4,8 M€ de prévisionnel en 2019.

Pour tenter de contourner ces contraintes, le CHU s'est appuyé sur les coopérations développées avec les établissements publics et privés de son territoire au cours de la crise sanitaire, notamment le centre hospitalier (CH) de Toul et les cliniques Jeanne-d 'Arc (Groupe Pasteur, Lunéville) et Gentilly (Elsan, Nancy) pour déporter dans ces établissements des interventions ne nécessitant pas un plateau technique lourd, comme les endoscopies, avec des mises à disposition de bloc à la journée.

"Ça permet de bénéficier de l’aide des professionnels de l’anesthésie", a commenté Bernard Dupont, en faisant toutefois état de "problèmes rencontrés car les équipes n’étaient pas dans leur élément".

Le directeur a cependant fait remarquer que les deux cliniques "jou[ai]ent le jeu" dans la répartition des patients Covid pour soulager le CHU.

Le CHU se prépare pour l'épineuse phase de reprogrammation

"La question qui va se poser maintenant, c’est la question de la reprogrammation", a pointé Bernard Dupont, "si la déprogrammation n’est pas simple, la reprogrammation ne l’est pas non plus".

Sur le modèle du dispositif mis en place à l'issue de la première vague (cf dépêche du 01/10/2020 à 12:11), le CHU a mis en place des groupes de travail associant la commission médicale d'établissement (CME) et la direction pour organiser une reprogrammation graduée, en fonction de l'évolution de la situation sanitaire.

"Tout le monde va être pressé et aura des arguments", a prévenu le directeur. "On a intérêt à anticiper pour ne pas rencontrer une nouvelle crise", a-t-il poursuivi, en redoutant une perte de patience dans la communauté médicale.

"On a déprogrammé la chirurgie bariatrique ou presque depuis un an, dans un établissement où en faisait beaucoup", a-t-il cité en guise d'exemple, en ajoutant que les médecins concernés étaient conscients que la chirurgie bariatrique ne serait pas prioritaire au moment de la reprogrammation. "Ce n'est pas évident pour le moral des malades et des chirurgiens."

"Pour rattraper le printemps 2020, il aurait fallu qu’on reprenne plein pot jusqu’à maintenant", a constaté le DG du CHU, "il faudra des mois [pour rattraper les déprogrammations depuis octobre 2020], je ne serai pas étonné que jusqu’en 2022 inclus on ait des suites".

En dressant le bilan de l'année 2020, le directeur a néanmoins relevé notamment un essor fulgurant du télésoin, avec 31.368 actes de télémédecine, dont 29.515 téléconsultations, toutes spécialités médicales confondues, contre 2.406 actes en 2019 dont seulement près de 300 téléconsultations.

Le CHU attend un retour du ministère sur son schéma directeur immobilier

"On a continué le plan de retour à l'équilibre sur le début d’année 2020, qui a permis de faire 11 M€ de gains dans le cadre du Cref [contrat de retour à l'équilibre financier]", a complété Bernard Dupont.

Il a salué au passage l'aide apportée par l'expert en santé publique Bruno Rossetti, envoyé par le secrétariat général à l’investissement: "Ça nous a permis de montrer combien l’effort qui était demandé au CHU était important, y compris au regard de ce qui est régulièrement demandé pour d’autres établissements."

En 2021, Bernard Dupont espère que le dossier du schéma directeur immobilier du CHU pourra enfin être validé dans sa dernière mouture, avec le "maintien des effectifs et des lits à hauteur de ce qui a été atteint en 2020, la transformation de postes administratifs ou techniques en soignants dans les 5 ans à venir [autour de 150 postes] et le maintien des cibles d’économie".

"Le dossier Copermo [comité interministériel de la performance et de la modernisation de l'offre de soins hospitaliers] qu’on a présenté début 2020 n’a pas changé, à part sur quelques mètres carrés", a-t-il assuré, au sujet du projet immobilier qui prévoit de rassembler progressivement l'ensemble des activités de médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) du CHU sur les hôpitaux de Brabois (cf dépêche du 29/01/2020 à 13:03).

"Ce qui a changé la donne, c’est le fait que le ministre a confirmé que le financement du dossier ne pourrait plus passer par des suppressions de lits et des suppressions de postes", a-t-il ajouté, en référence aux propos tenus par le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, depuis avril 2020 sur les réorganisations hospitalières (cf dépêche du 06/04/2020 à 21:44), réitérés lors d’un déplacement fin janvier à Nancy.

"Le ministre avait annoncé apporter une réponse fin février de façon à prendre une décision courant avril", a rapporté Bernard Dupont à ce propos, "pour la communauté hospitalière ça sera un élément de reconnaissance du travail accompli depuis 8 ans".

gl/ab/APMnews

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