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16/01 2025
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LE CHU DE POITIERS RENOUE AVEC LA HAUSSE D'ACTIVITÉ MAIS PRÉVOIT UN DÉFICIT À DEUX CHIFFRES EN 2024

(Par Jean-Yves PAILLÉ, à Poitiers)

POITIERS, 16 janvier 2025 (APMnews) - Le CHU de Poitiers a enregistré en 2024 une progression d'activité globale pour la première fois depuis la crise Covid, mais prévoit un déficit à deux chiffres après plusieurs années excédentaires, a-t-on appris auprès d'Anne Costa, en marge de la cérémonie des vœux sur le site de la Milétrie.

Interrogée par APMnews, Anne Costa a mentionné un déficit attendu à 12 millions d'euros (M€) en 2024 sur le budget global, après un résultat dans le vert en 2023. En 2022, le CHU avait enregistré un excédent sur son budget global et principal (8,7 M€), comme en 2021 (17,6 M€) et en 2020. Le CHU enregistrait des excédents depuis plusieurs années également avant la crise Covid, note-t-on.

La directrice générale a évoqué une activité en baisse de 6% en 2024 par rapport à 2019, contre -13% en 2023, ce qui constitue une hausse en 2024 sur un an.

Cette reprise d'activité a été portée par les hôpitaux de jour. "Notre difficulté, c'est sur l'hospitalisation complète", a pointé Anne Costa.

Cette dernière a mis en avant dans son discours entre autres la hausse d'activité significative sur le site de Châtellerault, avec "le développement du traitement des cancers" et "des réorganisations de grande ampleur" notamment.

Léonore Moncond'huy, maire de Poitiers (Les Ecologistes) et présidente du conseil de surveillance, a de son côté salué dans son discours les "promesses" tenues pour l'offre de soins après la fusion du CHU de Poitiers avec le groupe hospitalier Nord-Vienne (GHNV) au 1er janvier 2021 (cf dépêche du 10/06/2020 à 09:59).

L'édile a souligné en outre l'absence de journées de fermeture des urgences en 2024, citant l'exemple du site de Loudun qui avait connu d'importantes difficultés en 2023.

Anne Costa a aussi mis en avant la réouverture des salles de blocs du CHU, arrivant ce mois-ci "à quasi pleine capacité", ce qui n'était pas arrivé "depuis 2019".

Le Pr Pierre Corbi, chirurgien cardiaque et président de la commission médicale d'établissement (CME), dont le mandat prend fin cette année, a fait part d'un moral "qui remonte dans les équipes" de chirurgie.

Anne Costa a en outre salué le "succès" des consultations de médecine générale sur le site de Montmorillon, mises en place en 2024, qui ont compté plus de 1.500 patients.

Elle a expliqué à APMnews que cette dynamique d'activité résultait d'un "plan d'attractivité" qui "a permis de récupérer des infirmières [un solde positif de 90 personnels, contre un solde négatif de 90 en 2023] et des médecins" en 2024.

Le CHU "a été attentif à l'accueil des infirmières sur le site", a proposé "beaucoup de contrats d'allocation d'études", est "allé les chercher dans les différentes écoles" en leur présentant l'établissement.

Des mises en stage pour les infirmières sur leur première année ont été faites plus régulièrement, notamment en gériatrie et en neurologie, et leurs vœux ont été respectés au maximum, a poursuivi la directrice générale.

Elle n'a pas fait part de difficultés particulières concernant le recrutement des aides-soignantes.

Du côté des médecins, les équipes sont "quasiment complètes en anesthésie, pédiatrie et urgences". Ces dernières étaient particulièrement en difficulté avant 2024.

La directrice générale a égrené dans son discours plusieurs actions en faveur du corps médical: mise en place d'un livret d'accueil pour les étudiants de deuxième cycle, modernisation du management avec la généralisation des entretiens professionnels médicaux, ou encore mise en œuvre d'une nouvelle procédure de nomination des chefs de pôle et de service afin "d'offrir de meilleures conditions d'exercice et de fonctionnement aux équipes". Le président de la CME a salué dans son discours de "nouvelles procédures de nomination qui sont plus claires, plus lisibles".

Sans donner de chiffres, la directrice générale a expliqué à APMnews que le CHU compte environ autant de praticiens qu'en 2019.

Elle a également souligné des "efforts sur les durées moyennes de séjours" (DMS) permettant d'accueillir un plus grand nombre de patients.

Un "sous-recours de soins" problématique

Néanmoins, des disciplines restent en difficulté comme l'ophtalmologie et la dermatologie, a évoqué la directrice générale, tout en insistant sur "une nette amélioration [globale] des recrutements".

Le président de la CME a de son côté déploré une "sous-consommation de soins, sous-recours de soins" au sein du CHU, et des services qui, en parallèle, "nous disent que les patients sont plus graves, plus évolués", ce qui montre "qu'on les prend trop tard".

"Il y aura des efforts à faire là-dessus", a-t-il prévenu.

"Les populations ont vieilli, les maladies chroniques s'étendent et on devrait être sur un surplus de demandes. Et pourtant nous n'y sommes pas", a insisté le praticien.

Anne Costa a par ailleurs annoncé à APMnews que la régulation nocturne de l'accès aux urgences du site de Châtellerault, expérimentée en 2024 (cf AM AL8SI3V7I), serait pérennisée. "On n'a pas de difficulté par rapport à ça", a-t-elle commenté.

Questionnée sur les difficultés de la clinique de Châtellerault (groupe Kapa Santé), en cessation de paiements, la directrice générale a assuré que le CHU "est susceptible de les aider" et va "commencer les discussions" ad hoc.

L'entrepôt de données unique des trois CHU néo-aquitains lancé cette année

L'entrepôt de données de santé du groupement de coopération sanitaire (GCS) Nova (qui regroupe les trois CHU de Nouvelle-Aquitaine) sera pleinement opérationnel à partir de mi-2025, a-t-on appris par ailleurs auprès d'Anne Costa.

"Il a fallu préparer cet entrepôt de données" au regard de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), du règlement général européen sur la protection des données (RGPD) et de l'éthique, a-t-elle exposé. Il a été nécessaire ensuite de "développer des cas d'étude. C'est ce qu'on est en train de faire pour standardiser les données et permettre le rassemblement dans l'entrepôt de données de santé."

L'entrepôt rassemblera toutes les données médicales des établissements du GCS et sera utilisé "essentiellement sur la recherche" dans un premier temps.

Les travaux d'extension du pôle régional de cancérologie (PRC2), projet majeur du CHU de Poitiers, aboutiront quant à eux comme prévu au second semestre 2026, avec l'ouverture des nouveaux services de médecine nucléaire et d'hôpital de jour de cancérologie. Une deuxième phase de travaux (réhabilitation du PRC actuel avec le réagencement des locaux) se terminera en 2028, a-t-elle évoqué dans son discours.

Les opérations du PRC2 représentent un investissement total de 50 M€.

Le nouveau bâtiment des instituts de formation ouvrira à la rentrée 2028.

Anne Costa a annoncé en outre le lancement du projet 3O (formations en odontologie, ophtalmologie et ORL) qui permettra d'accueillir, à partir de 2028, 36 étudiants en sixième année, "avec l'espoir de pouvoir former des chirurgiens-dentistes susceptibles de s'installer en Poitou-Charentes".

Egalement, elle a mentionné la poursuite des travaux de réhabilitation de la tour Jean-Bernard, ou encore "des investissements biomédicaux importants" comme l'acquisition en 2024 d'un deuxième robot de chirurgie, le renouvellement d'un accélérateur de particules, d'une gamma-caméra en médecine nucléaire et d'une salle de coronarographie.

Elle a évoqué une "harmonisation de l'architecture numérique" pour l'ensemble des sites du CHU en 2025.

Concernant les investissements pour 2025, Anne Costa a précisé à APMnews qu'ils devraient atteindre les 50 M€, un montant proche de celui de 2023.

En matière de développement durable, elle a évoqué la suppression des emballages plastiques pour le linge de lit, "qui nous permet d'économiser 12 tonnes de plastique par an".

Concernant la suspension à titre conservatoire, par la direction du CHU de Poitiers, des fonctions du chef de service de chirurgie plastique, Franck Leclère, qui a été jugée illégale et annulée par le tribunal administratif de Poitiers (cf APM JYP1S9IFI), Anne Costa a expliqué à APMnews qu'une médiation était en cours. Elle devrait s'achever à la fin du mois. Le médecin "va passer en orthopédie", a-t-elle indiqué.

jyp/nc/APMnews

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(Par Jean-Yves PAILLÉ, à Poitiers)

POITIERS, 16 janvier 2025 (APMnews) - Le CHU de Poitiers a enregistré en 2024 une progression d'activité globale pour la première fois depuis la crise Covid, mais prévoit un déficit à deux chiffres après plusieurs années excédentaires, a-t-on appris auprès d'Anne Costa, en marge de la cérémonie des vœux sur le site de la Milétrie.

Interrogée par APMnews, Anne Costa a mentionné un déficit attendu à 12 millions d'euros (M€) en 2024 sur le budget global, après un résultat dans le vert en 2023. En 2022, le CHU avait enregistré un excédent sur son budget global et principal (8,7 M€), comme en 2021 (17,6 M€) et en 2020. Le CHU enregistrait des excédents depuis plusieurs années également avant la crise Covid, note-t-on.

La directrice générale a évoqué une activité en baisse de 6% en 2024 par rapport à 2019, contre -13% en 2023, ce qui constitue une hausse en 2024 sur un an.

Cette reprise d'activité a été portée par les hôpitaux de jour. "Notre difficulté, c'est sur l'hospitalisation complète", a pointé Anne Costa.

Cette dernière a mis en avant dans son discours entre autres la hausse d'activité significative sur le site de Châtellerault, avec "le développement du traitement des cancers" et "des réorganisations de grande ampleur" notamment.

Léonore Moncond'huy, maire de Poitiers (Les Ecologistes) et présidente du conseil de surveillance, a de son côté salué dans son discours les "promesses" tenues pour l'offre de soins après la fusion du CHU de Poitiers avec le groupe hospitalier Nord-Vienne (GHNV) au 1er janvier 2021 (cf dépêche du 10/06/2020 à 09:59).

L'édile a souligné en outre l'absence de journées de fermeture des urgences en 2024, citant l'exemple du site de Loudun qui avait connu d'importantes difficultés en 2023.

Anne Costa a aussi mis en avant la réouverture des salles de blocs du CHU, arrivant ce mois-ci "à quasi pleine capacité", ce qui n'était pas arrivé "depuis 2019".

Le Pr Pierre Corbi, chirurgien cardiaque et président de la commission médicale d'établissement (CME), dont le mandat prend fin cette année, a fait part d'un moral "qui remonte dans les équipes" de chirurgie.

Anne Costa a en outre salué le "succès" des consultations de médecine générale sur le site de Montmorillon, mises en place en 2024, qui ont compté plus de 1.500 patients.

Elle a expliqué à APMnews que cette dynamique d'activité résultait d'un "plan d'attractivité" qui "a permis de récupérer des infirmières [un solde positif de 90 personnels, contre un solde négatif de 90 en 2023] et des médecins" en 2024.

Le CHU "a été attentif à l'accueil des infirmières sur le site", a proposé "beaucoup de contrats d'allocation d'études", est "allé les chercher dans les différentes écoles" en leur présentant l'établissement.

Des mises en stage pour les infirmières sur leur première année ont été faites plus régulièrement, notamment en gériatrie et en neurologie, et leurs vœux ont été respectés au maximum, a poursuivi la directrice générale.

Elle n'a pas fait part de difficultés particulières concernant le recrutement des aides-soignantes.

Du côté des médecins, les équipes sont "quasiment complètes en anesthésie, pédiatrie et urgences". Ces dernières étaient particulièrement en difficulté avant 2024.

La directrice générale a égrené dans son discours plusieurs actions en faveur du corps médical: mise en place d'un livret d'accueil pour les étudiants de deuxième cycle, modernisation du management avec la généralisation des entretiens professionnels médicaux, ou encore mise en œuvre d'une nouvelle procédure de nomination des chefs de pôle et de service afin "d'offrir de meilleures conditions d'exercice et de fonctionnement aux équipes". Le président de la CME a salué dans son discours de "nouvelles procédures de nomination qui sont plus claires, plus lisibles".

Sans donner de chiffres, la directrice générale a expliqué à APMnews que le CHU compte environ autant de praticiens qu'en 2019.

Elle a également souligné des "efforts sur les durées moyennes de séjours" (DMS) permettant d'accueillir un plus grand nombre de patients.

Un "sous-recours de soins" problématique

Néanmoins, des disciplines restent en difficulté comme l'ophtalmologie et la dermatologie, a évoqué la directrice générale, tout en insistant sur "une nette amélioration [globale] des recrutements".

Le président de la CME a de son côté déploré une "sous-consommation de soins, sous-recours de soins" au sein du CHU, et des services qui, en parallèle, "nous disent que les patients sont plus graves, plus évolués", ce qui montre "qu'on les prend trop tard".

"Il y aura des efforts à faire là-dessus", a-t-il prévenu.

"Les populations ont vieilli, les maladies chroniques s'étendent et on devrait être sur un surplus de demandes. Et pourtant nous n'y sommes pas", a insisté le praticien.

Anne Costa a par ailleurs annoncé à APMnews que la régulation nocturne de l'accès aux urgences du site de Châtellerault, expérimentée en 2024 (cf AM AL8SI3V7I), serait pérennisée. "On n'a pas de difficulté par rapport à ça", a-t-elle commenté.

Questionnée sur les difficultés de la clinique de Châtellerault (groupe Kapa Santé), en cessation de paiements, la directrice générale a assuré que le CHU "est susceptible de les aider" et va "commencer les discussions" ad hoc.

L'entrepôt de données unique des trois CHU néo-aquitains lancé cette année

L'entrepôt de données de santé du groupement de coopération sanitaire (GCS) Nova (qui regroupe les trois CHU de Nouvelle-Aquitaine) sera pleinement opérationnel à partir de mi-2025, a-t-on appris par ailleurs auprès d'Anne Costa.

"Il a fallu préparer cet entrepôt de données" au regard de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), du règlement général européen sur la protection des données (RGPD) et de l'éthique, a-t-elle exposé. Il a été nécessaire ensuite de "développer des cas d'étude. C'est ce qu'on est en train de faire pour standardiser les données et permettre le rassemblement dans l'entrepôt de données de santé."

L'entrepôt rassemblera toutes les données médicales des établissements du GCS et sera utilisé "essentiellement sur la recherche" dans un premier temps.

Les travaux d'extension du pôle régional de cancérologie (PRC2), projet majeur du CHU de Poitiers, aboutiront quant à eux comme prévu au second semestre 2026, avec l'ouverture des nouveaux services de médecine nucléaire et d'hôpital de jour de cancérologie. Une deuxième phase de travaux (réhabilitation du PRC actuel avec le réagencement des locaux) se terminera en 2028, a-t-elle évoqué dans son discours.

Les opérations du PRC2 représentent un investissement total de 50 M€.

Le nouveau bâtiment des instituts de formation ouvrira à la rentrée 2028.

Anne Costa a annoncé en outre le lancement du projet 3O (formations en odontologie, ophtalmologie et ORL) qui permettra d'accueillir, à partir de 2028, 36 étudiants en sixième année, "avec l'espoir de pouvoir former des chirurgiens-dentistes susceptibles de s'installer en Poitou-Charentes".

Egalement, elle a mentionné la poursuite des travaux de réhabilitation de la tour Jean-Bernard, ou encore "des investissements biomédicaux importants" comme l'acquisition en 2024 d'un deuxième robot de chirurgie, le renouvellement d'un accélérateur de particules, d'une gamma-caméra en médecine nucléaire et d'une salle de coronarographie.

Elle a évoqué une "harmonisation de l'architecture numérique" pour l'ensemble des sites du CHU en 2025.

Concernant les investissements pour 2025, Anne Costa a précisé à APMnews qu'ils devraient atteindre les 50 M€, un montant proche de celui de 2023.

En matière de développement durable, elle a évoqué la suppression des emballages plastiques pour le linge de lit, "qui nous permet d'économiser 12 tonnes de plastique par an".

Concernant la suspension à titre conservatoire, par la direction du CHU de Poitiers, des fonctions du chef de service de chirurgie plastique, Franck Leclère, qui a été jugée illégale et annulée par le tribunal administratif de Poitiers (cf APM JYP1S9IFI), Anne Costa a expliqué à APMnews qu'une médiation était en cours. Elle devrait s'achever à la fin du mois. Le médecin "va passer en orthopédie", a-t-elle indiqué.

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