Actualités de l'Urgence - APM
LE DÉFI DES URGENCES ET DE LA PERMANENCE DES SOINS POUR LES ADOLESCENTS EN PSYCHIATRIE
STRASBOURG, 2 octobre 2023 (APMnews) - Quelles organisations peuvent être mises en place pour les urgences et la permanence des soins à destination des adolescents qui nécessitent des soins psychiatriques, se sont interrogés les présidents de l'Association des établissements du service public de santé mentale (Adesm) et de la Conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement (CME) des centres hospitaliers spécialisés (CHS), vendredi, lors des Journées de l'Association nationale des psychiatres présidents et vice-présidents de CME de centre hospitalier (ANPCME) organisées jeudi et vendredi à Strasbourg.
La crise Covid a mis en exergue les besoins en accompagnement des adolescents, rappelle-t-on (cf dépêche du 08/06/2022 à 18:23, dépêche du 11/01/2022 à 12:21).
"L'alerte a été donnée par les pédopsychiatres, puis par nos organisations, puis par les institutions, fin 2020 et surtout à partir de janvier 2021, alors que nous n'avions pas été, ou si peu, sollicités par les ARS [agences régionales de santé]", s'est remémoré le président de l'Adesm, Pascal Mariotti.
"On a fait face. Nos établissements ont mis en œuvre des réponses, y compris nouvelles. On a densifié, souvent, la présence de PEA [psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent] […] aux urgences. On a vu se multiplier les projets d'équipes mobiles de crise ou d'hôpitaux de jour […]."
"Mais ceci ne saura suffire", a-t-il lancé, proposant une réflexion sur le sujet.
"On aurait sans doute intérêt à inventorier plus précisément ce qui a été mis en place par nos institutions depuis et à l'occasion de la crise Covid, pour mieux identifier ce qui fonctionne bien, ce qui s'avère plus efficace, ce qui a de la valeur ajoutée, pour ne pas, encore, avoir des réponses qui seraient uniquement capacitaires ou uniquement par les lits, parce qu'après, on sait que c'est une course sans fin", a-t-il préconisé.
Plus largement, "autant on arrive de façon assez 'macro' à cartographier l'organisation de la prise en charge des urgences adultes, autant il va falloir qu'on travaille à décrire ne serait-ce que l'existant […] des filières, des activités ou des prises en charge en urgence [des adolescents] sur les différents territoires, tant la situation paraît souvent floue, peu décrite, contrastée", a-t-il poursuivi.
"Il manque une forme de typologie pour dire ce qui se passe du côté des urgences ados, à partir de 14 ans […]. On a un besoin de cartographie territoriale et fonctionnelle pour mieux préconiser des solutions et progresser entre nous", a-t-il précisé.
Une réflexion à mener avec les urgentistes et les pédiatres
Pascal Mariotti a également relevé qu"'au plan national, le recours à l'urgence des mineurs, notamment les ados de 14 à 18 ans, semble être parvenu à un plateau [haut] en 2022. Il semblerait que la situation ne s'aggrave plus".
"Le phénomène, en revanche, ne semble pas s'observer de la même façon en hospitalisation de PEA", a-t-il noté. Alors, "quelle est la part côté urgences des solutions nouvelles qu'on a mises en place depuis 2021?", a-t-il interrogé. "On sait que pour la partie hospitalisation, malheureusement, il y a d'autres déterminants dans nos sociétés qui sont à l'œuvre que les tableaux cliniques…", a-t-il observé.
Soulignant qu'"il est essentiel d'éviter aux mineurs et à leurs familles un premier contact avec la psychiatrie via les urgences", le président de l'Adesm a proposé "deux perspectives […] interdépendantes".
Il a d'abord appelé à se questionner sur "le modèle d'évolution fonctionnelle pour la PEA des adolescents". "J'ai l'impression que le modèle, qu'il soit sectorisé ou désectorisé […], qui serait adapté à la prise en charge des adolescents se situe entre le modèle habituel de la pédopsychiatrie pour les enfants et le modèle des adultes. Il y a un fil conducteur à trouver, à renouveler, y compris en fonction de tout ce qu'on est en train d'apprendre de la crise."
Il s'est ensuite demandé "comment mettre la PEA des adolescents mieux en mesure de prévenir les situations de crise et de déployer des soins non programmés pour éviter l'urgence?", abordant là "le sujet qui fâche", à savoir "comment faire en sorte que la PEA se structure mieux pour mettre en œuvre des solutions de permanence des soins, sous des formes à définir et certainement variables d'un établissement à l'autre?"
A sa suite, le président de la conférence des présidents de CME des CHS, le Dr Christophe Schmitt, a convenu que "la permanence des soins fait partie des irritants importants" en termes d'attractivité (cf dépêche du 02/10/2023 à 18:09) et assuré "qu'on est sur une crête assez étroite entre la nécessité de mieux organiser les permanences des soins […], et en même temps, de ne pas trop alourdir la barque [pour les professionnels]".
"Ce n'est pas simple, [surtout] dans des EPSM [établissements publics de santé mentale] modestes [en taille] ou dans des services de psychiatrie à l'hôpital général", a-t-il souligné. "Il y a là un vrai défi."
"C'est une question dont il faudra que l'on discute avec nos collègues urgentistes […]. Est-il nécessaire qu'il y ait partout un psychiatre 24h/24, 365 jours par an? N'y a-t-il pas des organisations intermédiaires qu'il faut imaginer?"
"C'est vrai que l'on manque de visibilité sur les organisations, les filières mises en place. On ne fera pas l'économie de cette réflexion", a-t-il appuyé. "Et j'ai la conviction qu'il ne faut pas la faire dans notre coin", a-t-il répété, citant les urgentistes et les pédiatres (cf dépêche du 08/11/2022 à 10:52), afin "qu'on ait un minimum de référentiel commun".
vl/ab/APMnews
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LE DÉFI DES URGENCES ET DE LA PERMANENCE DES SOINS POUR LES ADOLESCENTS EN PSYCHIATRIE
STRASBOURG, 2 octobre 2023 (APMnews) - Quelles organisations peuvent être mises en place pour les urgences et la permanence des soins à destination des adolescents qui nécessitent des soins psychiatriques, se sont interrogés les présidents de l'Association des établissements du service public de santé mentale (Adesm) et de la Conférence nationale des présidents de commission médicale d'établissement (CME) des centres hospitaliers spécialisés (CHS), vendredi, lors des Journées de l'Association nationale des psychiatres présidents et vice-présidents de CME de centre hospitalier (ANPCME) organisées jeudi et vendredi à Strasbourg.
La crise Covid a mis en exergue les besoins en accompagnement des adolescents, rappelle-t-on (cf dépêche du 08/06/2022 à 18:23, dépêche du 11/01/2022 à 12:21).
"L'alerte a été donnée par les pédopsychiatres, puis par nos organisations, puis par les institutions, fin 2020 et surtout à partir de janvier 2021, alors que nous n'avions pas été, ou si peu, sollicités par les ARS [agences régionales de santé]", s'est remémoré le président de l'Adesm, Pascal Mariotti.
"On a fait face. Nos établissements ont mis en œuvre des réponses, y compris nouvelles. On a densifié, souvent, la présence de PEA [psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent] […] aux urgences. On a vu se multiplier les projets d'équipes mobiles de crise ou d'hôpitaux de jour […]."
"Mais ceci ne saura suffire", a-t-il lancé, proposant une réflexion sur le sujet.
"On aurait sans doute intérêt à inventorier plus précisément ce qui a été mis en place par nos institutions depuis et à l'occasion de la crise Covid, pour mieux identifier ce qui fonctionne bien, ce qui s'avère plus efficace, ce qui a de la valeur ajoutée, pour ne pas, encore, avoir des réponses qui seraient uniquement capacitaires ou uniquement par les lits, parce qu'après, on sait que c'est une course sans fin", a-t-il préconisé.
Plus largement, "autant on arrive de façon assez 'macro' à cartographier l'organisation de la prise en charge des urgences adultes, autant il va falloir qu'on travaille à décrire ne serait-ce que l'existant […] des filières, des activités ou des prises en charge en urgence [des adolescents] sur les différents territoires, tant la situation paraît souvent floue, peu décrite, contrastée", a-t-il poursuivi.
"Il manque une forme de typologie pour dire ce qui se passe du côté des urgences ados, à partir de 14 ans […]. On a un besoin de cartographie territoriale et fonctionnelle pour mieux préconiser des solutions et progresser entre nous", a-t-il précisé.
Une réflexion à mener avec les urgentistes et les pédiatres
Pascal Mariotti a également relevé qu"'au plan national, le recours à l'urgence des mineurs, notamment les ados de 14 à 18 ans, semble être parvenu à un plateau [haut] en 2022. Il semblerait que la situation ne s'aggrave plus".
"Le phénomène, en revanche, ne semble pas s'observer de la même façon en hospitalisation de PEA", a-t-il noté. Alors, "quelle est la part côté urgences des solutions nouvelles qu'on a mises en place depuis 2021?", a-t-il interrogé. "On sait que pour la partie hospitalisation, malheureusement, il y a d'autres déterminants dans nos sociétés qui sont à l'œuvre que les tableaux cliniques…", a-t-il observé.
Soulignant qu'"il est essentiel d'éviter aux mineurs et à leurs familles un premier contact avec la psychiatrie via les urgences", le président de l'Adesm a proposé "deux perspectives […] interdépendantes".
Il a d'abord appelé à se questionner sur "le modèle d'évolution fonctionnelle pour la PEA des adolescents". "J'ai l'impression que le modèle, qu'il soit sectorisé ou désectorisé […], qui serait adapté à la prise en charge des adolescents se situe entre le modèle habituel de la pédopsychiatrie pour les enfants et le modèle des adultes. Il y a un fil conducteur à trouver, à renouveler, y compris en fonction de tout ce qu'on est en train d'apprendre de la crise."
Il s'est ensuite demandé "comment mettre la PEA des adolescents mieux en mesure de prévenir les situations de crise et de déployer des soins non programmés pour éviter l'urgence?", abordant là "le sujet qui fâche", à savoir "comment faire en sorte que la PEA se structure mieux pour mettre en œuvre des solutions de permanence des soins, sous des formes à définir et certainement variables d'un établissement à l'autre?"
A sa suite, le président de la conférence des présidents de CME des CHS, le Dr Christophe Schmitt, a convenu que "la permanence des soins fait partie des irritants importants" en termes d'attractivité (cf dépêche du 02/10/2023 à 18:09) et assuré "qu'on est sur une crête assez étroite entre la nécessité de mieux organiser les permanences des soins […], et en même temps, de ne pas trop alourdir la barque [pour les professionnels]".
"Ce n'est pas simple, [surtout] dans des EPSM [établissements publics de santé mentale] modestes [en taille] ou dans des services de psychiatrie à l'hôpital général", a-t-il souligné. "Il y a là un vrai défi."
"C'est une question dont il faudra que l'on discute avec nos collègues urgentistes […]. Est-il nécessaire qu'il y ait partout un psychiatre 24h/24, 365 jours par an? N'y a-t-il pas des organisations intermédiaires qu'il faut imaginer?"
"C'est vrai que l'on manque de visibilité sur les organisations, les filières mises en place. On ne fera pas l'économie de cette réflexion", a-t-il appuyé. "Et j'ai la conviction qu'il ne faut pas la faire dans notre coin", a-t-il répété, citant les urgentistes et les pédiatres (cf dépêche du 08/11/2022 à 10:52), afin "qu'on ait un minimum de référentiel commun".
vl/ab/APMnews