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01/02 2024
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LE DÉPUTÉ PIERRE MOREL-A-L'HUISSIER (LIOT) TACLE LE MINISTÈRE DE LA SANTÉ SUR LES MOYENS DE SECOURS HÉLIPORTÉS

(Par Geoffroy LANG)

PARIS, 1er février 2024 (APMnews) - Pierre Morel-A-L'Huissier (Liot, Lozère) a déploré de ne pas avoir pu mener à bien sa mission sur "les moyens héliportés de secours aux personnes et de l'aide médicale urgente" en raison de l'absence de coopération du ministère de santé, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le député.

Cette "mission temporaire ayant pour objet les moyens héliportés de secours aux personnes et de l'aide médicale urgente" avait été confiée en juin 2023 au député par l'ancienne première ministre Elisabeth Borne (cf dépêche du 13/06/2023 à 18:31).

"On m'a demandé de faire un audit global des équipements, de regarder où ils étaient installés et de proposer de nouvelles installations pour redéfinir une nouvelle doctrine d'intervention", a synthétisé Pierre Morel-A-L'Huissier, joint mercredi par APMnews.

Il a indiqué qu'il devait demander -ce qu'il a obtenu à une exception près- d'être épaulé à cet effet par "des représentants de la sécurité civile et des pompiers, de la gendarmerie, du ministère de l'économie et des finances pour les douanes, éventuellement quelqu'un pour parler de l'aspect militaire et surtout le ministère de la santé".

Si le cabinet de l'ancien ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, avait assuré le député qu'il disposerait de l'aide voulue, Pierre Morel-A-L'Huissier assure que cette promesse ne s'est jamais traduite dans les faits de juillet à novembre 2023.

"A aucun moment ils n'ont saisi l'Igas [inspection générale des affaires sociales] et l'Igas m'a dit mi-novembre, 'nous n'avons pas de demande du cabinet du ministre'", s'est-il agacé. "La désignation est finalement intervenue fin novembre, à 15 jours de la fin de ma mission, donc j'ai suspendu ma mission, ce que je n'ai jamais fait de ma vie."

Après avoir fait part de ce problème à l'ancien cabinet d'Elisabeth Borne, le député rapporte qu'on lui a proposé de transformer sa mission en une "mission un peu plus considérable dans le temps". "Sauf que je constate pour l'instant qu'il ne m'a été fait aucune offre!", a-t-il déploré.

Interrogé sur les enseignements qu'il avait pu tirer de sa mission tronquée, le député a estimé "que l'échelon idéal" pour gérer une crise sanitaire et les moyens d'y répondre était le préfet de zone "qui devrait avoir la vision interministérielle la plus large qui soit pour déclencher un hélicoptère, quel qu'il soit, à côté d'un sinistre".

Il a par ailleurs jugé que maillage actuel des moyens héliportés de secours était insuffisant, en faisant toutefois état de "précommandes d'hélicoptères pour y remédier".

"On parle d'une trentaine d'hélicoptères, mais ça prend du temps et ça demande beaucoup d'argent, de 14 millions d'euros (M€) à 16 M€ en fonction des équipements", a-t-il poursuivi. "Il faut des hélicoptères supplémentaires, redéfinir les implantations."

Après avoir interpellé le gouvernement sur l'absence de soutien du ministère de la santé pour conduire sa mission, mardi matin à l'occasion des questions orales sans débat à l'Assemblée nationale, le député a confié sa surprise d'avoir appris le lancement d'un nouvel audit sur les bases d'hélicoptères dans la réponse de la ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra.

Un nouvel audit lancé à son insu

La ministre avait alors fait savoir qu'une "réflexion" avait été "engagée à [sa] demande au sein de la sécurité civile sur la pertinence de l'implantation actuelle des bases hélicoptères et ses évolutions possibles".

"Cette réflexion doit prendre en compte, parmi de nombreux critères, la demande d'égal accès aux soins sur tout le territoire national, dont, bien entendu, le milieu rural, ainsi que la réalité de l'implantation de l'ensemble des hélicoptères de secours", avait-elle ajouté en annonçant par ailleurs une "commande historique récente par le ministère de l'intérieur et des Outre-mer de 36 nouveaux hélicoptères H 145, plus puissants et plus rapides que les aéronefs actuels".

"Il y a toute une cartographie de base à remettre en place et surtout une doctrine d'intervention tenant compte des zones à risques", a insisté de son côté Pierre Morel-A-L'Huissier.

Il a cité à l'appui l'intervention récente de deux hélicoptères des pompiers et du Samu pour une noyade dans le Gard: "Une gabegie!"

Pour le député de Lozère, il faut "s'interroger sur une structure interministérielle de gestion de crise qui regroupe transports, agriculture, environnement, intérieur".

"C'est vraiment un sujet d'actualité parce que les crises sanitaires et environnementales vont se succéder, vont s'aggraver", a-t-il ajouté.

Sans nouvelle de son prérapport remis à l'ancien cabinet d'Elisabeth Borne, le député, qui préside le groupe d'étude "Pompiers, sécurité civile et gestion de crise" à l'Assemblée nationale, a indiqué qu'il devrait intégrer sa mission au programme d'auditions du groupe en mars.

Alors qu'il avait clos son intervention mardi à l'Assemblée par une pique à l'encontre des évacuations "Chardon" en TGV médicalisés durant la crise sanitaire (cf dépêche du 12/10/2020 à 18:38), Pierre Morel-A-L'Huissier s'est défendu en expliquant que les agences régionales de santé (ARS) elles-mêmes lui avaient pointé le coût élevé.

"On a transformé des TGV pour transporter 8 à 10 patients atteints du Covid, ça a coûté un argent fou alors qu'à côté, le ministère de l'intérieur avait des moyens aériens de transport", a-t-il réaffirmé, regrettant le fait que "le ministère de la santé [ait] voulu organiser ça dans son coin".

gl/ab/APMnews

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(Par Geoffroy LANG)

PARIS, 1er février 2024 (APMnews) - Pierre Morel-A-L'Huissier (Liot, Lozère) a déploré de ne pas avoir pu mener à bien sa mission sur "les moyens héliportés de secours aux personnes et de l'aide médicale urgente" en raison de l'absence de coopération du ministère de santé, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le député.

Cette "mission temporaire ayant pour objet les moyens héliportés de secours aux personnes et de l'aide médicale urgente" avait été confiée en juin 2023 au député par l'ancienne première ministre Elisabeth Borne (cf dépêche du 13/06/2023 à 18:31).

"On m'a demandé de faire un audit global des équipements, de regarder où ils étaient installés et de proposer de nouvelles installations pour redéfinir une nouvelle doctrine d'intervention", a synthétisé Pierre Morel-A-L'Huissier, joint mercredi par APMnews.

Il a indiqué qu'il devait demander -ce qu'il a obtenu à une exception près- d'être épaulé à cet effet par "des représentants de la sécurité civile et des pompiers, de la gendarmerie, du ministère de l'économie et des finances pour les douanes, éventuellement quelqu'un pour parler de l'aspect militaire et surtout le ministère de la santé".

Si le cabinet de l'ancien ministre de la santé et de la prévention, Aurélien Rousseau, avait assuré le député qu'il disposerait de l'aide voulue, Pierre Morel-A-L'Huissier assure que cette promesse ne s'est jamais traduite dans les faits de juillet à novembre 2023.

"A aucun moment ils n'ont saisi l'Igas [inspection générale des affaires sociales] et l'Igas m'a dit mi-novembre, 'nous n'avons pas de demande du cabinet du ministre'", s'est-il agacé. "La désignation est finalement intervenue fin novembre, à 15 jours de la fin de ma mission, donc j'ai suspendu ma mission, ce que je n'ai jamais fait de ma vie."

Après avoir fait part de ce problème à l'ancien cabinet d'Elisabeth Borne, le député rapporte qu'on lui a proposé de transformer sa mission en une "mission un peu plus considérable dans le temps". "Sauf que je constate pour l'instant qu'il ne m'a été fait aucune offre!", a-t-il déploré.

Interrogé sur les enseignements qu'il avait pu tirer de sa mission tronquée, le député a estimé "que l'échelon idéal" pour gérer une crise sanitaire et les moyens d'y répondre était le préfet de zone "qui devrait avoir la vision interministérielle la plus large qui soit pour déclencher un hélicoptère, quel qu'il soit, à côté d'un sinistre".

Il a par ailleurs jugé que maillage actuel des moyens héliportés de secours était insuffisant, en faisant toutefois état de "précommandes d'hélicoptères pour y remédier".

"On parle d'une trentaine d'hélicoptères, mais ça prend du temps et ça demande beaucoup d'argent, de 14 millions d'euros (M€) à 16 M€ en fonction des équipements", a-t-il poursuivi. "Il faut des hélicoptères supplémentaires, redéfinir les implantations."

Après avoir interpellé le gouvernement sur l'absence de soutien du ministère de la santé pour conduire sa mission, mardi matin à l'occasion des questions orales sans débat à l'Assemblée nationale, le député a confié sa surprise d'avoir appris le lancement d'un nouvel audit sur les bases d'hélicoptères dans la réponse de la ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux olympiques et paralympiques, Amélie Oudéa-Castéra.

Un nouvel audit lancé à son insu

La ministre avait alors fait savoir qu'une "réflexion" avait été "engagée à [sa] demande au sein de la sécurité civile sur la pertinence de l'implantation actuelle des bases hélicoptères et ses évolutions possibles".

"Cette réflexion doit prendre en compte, parmi de nombreux critères, la demande d'égal accès aux soins sur tout le territoire national, dont, bien entendu, le milieu rural, ainsi que la réalité de l'implantation de l'ensemble des hélicoptères de secours", avait-elle ajouté en annonçant par ailleurs une "commande historique récente par le ministère de l'intérieur et des Outre-mer de 36 nouveaux hélicoptères H 145, plus puissants et plus rapides que les aéronefs actuels".

"Il y a toute une cartographie de base à remettre en place et surtout une doctrine d'intervention tenant compte des zones à risques", a insisté de son côté Pierre Morel-A-L'Huissier.

Il a cité à l'appui l'intervention récente de deux hélicoptères des pompiers et du Samu pour une noyade dans le Gard: "Une gabegie!"

Pour le député de Lozère, il faut "s'interroger sur une structure interministérielle de gestion de crise qui regroupe transports, agriculture, environnement, intérieur".

"C'est vraiment un sujet d'actualité parce que les crises sanitaires et environnementales vont se succéder, vont s'aggraver", a-t-il ajouté.

Sans nouvelle de son prérapport remis à l'ancien cabinet d'Elisabeth Borne, le député, qui préside le groupe d'étude "Pompiers, sécurité civile et gestion de crise" à l'Assemblée nationale, a indiqué qu'il devrait intégrer sa mission au programme d'auditions du groupe en mars.

Alors qu'il avait clos son intervention mardi à l'Assemblée par une pique à l'encontre des évacuations "Chardon" en TGV médicalisés durant la crise sanitaire (cf dépêche du 12/10/2020 à 18:38), Pierre Morel-A-L'Huissier s'est défendu en expliquant que les agences régionales de santé (ARS) elles-mêmes lui avaient pointé le coût élevé.

"On a transformé des TGV pour transporter 8 à 10 patients atteints du Covid, ça a coûté un argent fou alors qu'à côté, le ministère de l'intérieur avait des moyens aériens de transport", a-t-il réaffirmé, regrettant le fait que "le ministère de la santé [ait] voulu organiser ça dans son coin".

gl/ab/APMnews

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