Actualités de l'Urgence - APM

LE DISPOSITIF DES ANTENNES DE MÉDECINE D'URGENCE PEINE ENCORE À CONVAINCRE
PARIS, 6 juin 2025 (APMnews) - Les antennes de médecine d'urgence, nouveau type de structure intermédiaire créée en décembre 2023, devraient connaître un démarrage timide à l'occasion de l'actualisation des projets régionaux de santé (PRS) à l'automne 2025, ont prédit les représentants de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et de Samu-Urgences de France (SUdF), jeudi lors de la conférence de presse du congrès Urgences 2025.
Les conditions d'implantation et de fonctionnement de l'activité de médecine d'urgence ont évolué avec la parution, en décembre 2023, de deux décrets et d'un arrêté (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27).
Ces textes avaient notamment créé un nouveau type de structure intermédiaire, l'antenne de médecine d'urgence, pour accroître la gradation des services d'urgence en introduisant un nouveau type de structure ouverte 7 jours sur 7, toute l'année, sur "une amplitude d'au moins 12 heures de service continu".
Ces antennes de médecine d'urgence visent à "adapter l'offre à la réalité des besoins de la population, avec une fermeture en nuit profonde", a rappelé la présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), la Pr Sandrine Charpentier, jeudi lors de la conférence de presse du congrès Urgences 2025.
Alors que ces dispositifs sont parfois perçus par la population comme une dégradation de l'offre d'un service d'urgence, la présidente de la SFMU a assuré que les antennes de médecine d'urgence ne constituaient "pas une dégradation mais une adaptation de l'offre".
Elle a rappelé que ces antennes seraient "toujours adossées à un Smur" et qu'elles s'inscriraient dans "une logique de territoire, en s'adossant à une structure d'urgence, pour des partenariats de gestion des filières, de formation, de maintien des compétences".
Alors que les premières antennes devraient voir le jour à l'occasion de l'actualisation des projets régionaux de santé (PRS), à l'automne 2025, la présidente de la SFMU comme le président de Samu-Urgences de France (SUDF), le Dr Marc Noizet, pressentent une première vague de conversion modeste, car "ce sont pour l'instant les établissements qui doivent faire la demande pour devenir une antenne de médecine d'urgence", a rappelé le Dr Noizet.
"En Occitanie, on a estimé qu'une dizaine d'établissements pourraient être convertis en antennes; dans la pratique, il y en aura trois ou quatre", a ainsi illustré Sandrine Charpentier, tandis que Marc Noizet a fait état de quatre demandes d'autorisation pour des antennes de médecine d'urgence.
Une perte de confort pour certains services d'urgence
Dans le sillage de son audition par la commission d'enquête relative à l'organisation du système de santé et aux difficultés d'accès aux soins de l'Assemblée nationale fin mai (cf dépêche du 28/05/2025 à 19:12), le président de SUDF a reconnu une hostilité de certains urgentistes à l'égard des antennes de médecine d'urgence, alors que celles-ci "pourraient toucher paradoxalement des sites plutôt attractifs" en raison d'une faible activité, notamment en nuit profonde.
"L'idée, c'est quand même de réinjecter de la ressource, c'est pour cela que dans le texte sur les antennes de médecine d'urgence, il y a la notion d'équipe territoriale", a poursuivi le Dr Noizet. "Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, on n'a plus les moyens de faire fonctionner les 700 services d'urgence en France comme ils ont été créés il y a 25 ans."
Interrogés par APMnews sur un possible attrait du secteur privé pour les antennes de médecine d'urgence, les représentants de la SFMU et de SUDF ont estimé que la conversion d'un service d'urgence privé en antenne risquait d'achopper sur la présence d'un Smur et surtout sur la notion d'équipe commune, pour laquelle aucune dérogation n'est prévue, bien que "la DGOS [direction générale de l'offre de soins] étudie la possibilité de faire travailler des équipes à statut mixte".
"Les différents points qui ont été ouverts par les modifications réglementaires de 2023 permettent d'organiser différemment le tissu sanitaire dans nos territoires, sous réserve que certains ajustements aient encore lieu", a estimé par la suite Marc Noizet, en citant en premier lieu les centres de soins non programmés.
"On a besoin de donner un statut à ces centres, avec une mission précise, un positionnement, des modalités de fonctionnement", a-t-il développé, en faisant état de l'impression que ces structures "génèrent une activité supplémentaire plutôt qu'elles ne comblent un réel manque dans le maillage territorial".
Il s'est également inquiété d'un appel d'air pour "des médecins urgentistes qui quittent l'hôpital pour ne plus faire de nuits et de week-ends", alors que les centres de santé proposent aussi un mode d'exercice plus attractif pour les généralistes libéraux, avec un accès à un plateau technique, au travail en équipe et à des profils pathologiques différents.
Samu-Urgences de France plaide pour un encadrement renforcé des centres de santé
Pour le président de SUDF, les centres de santé pourraient, à condition d'être correctement encadrés, constituer une réponse opportune pour "décharger les urgences hospitalières des soins non programmés là où elles sont saturées, ou pour renforcer le maillage là où il n'y a pas d'offre de service d'urgence".
Alors que la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2025 portait de premières mesures de régulation de l'implantation des structures de soins non programmés (cf dépêche du 18/02/2025 à 12:57), le président de SUDF espère que le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) en portera de nouvelles sur ce sujet.
Il a également estimé qu'une remise à plat des schémas de permanence des soins ambulatoires (PDSA) sur l'ensemble du territoire s'imposait, alors que la participation des médecins libéraux s'étiole toujours un peu plus chaque année.
Après avoir appelé à la poursuite du déploiement des Samu-SAS, Marc Noizet a estimé que les dispositifs de régulation médicale d'accès aux services d'urgence ou de réorientation pouvaient "se faire quand le territoire est mature, avec une concertation des professionnels parce qu'il faut qu'il y ait une offre alternative qui soit construite autour de ces services d'urgence".
Au début de la conférence de presse, le Dr Yann Penverne, médecin urgentiste au CHU de Nantes, avait évoqué les conditions de réussite pour la mise en place de dispositifs de régulation préalables à l'accès aux urgences et de réorientation, après avoir développé le sujet lors d'une table ronde mercredi en ouverture du congrès (cf APM GL0SXFW25).
Le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu-SAS de Poitiers, a de son côté mis en exergue la nécessaire adaptation des pratiques des urgentistes pour la prise en charge des personnes âgées, en rappelant que le nombre de patients âgés de plus de 75 ans devrait progresser de 33% entre 2023 et 2033.
Il a évoqué "des progrès à faire dans les SAU [services d'accueil des urgences] comme à la régulation", avec "des espaces dédiés et des parcours patients en fragilité" au sein des services ou en ayant recours à des outils permettant d'améliorer la régulation, comme la télémédecine et la visiorégulation, pour éviter tout passage évitable, tout en s'appuyant sur les services d'hospitalisation à domicile (HAD).
"Il faut que l'on s'organise au niveau du SAS pour mobiliser d'autres acteurs que les médecins", a-t-il poursuivi, en évoquant notamment les dispositifs d'appui à la coordination (DAC), mais aussi les gériatres, et ce en ayant toujours "une vigilance particulière pour éviter les recours aux urgences".
Le Dr Delelis-Fanien a plaidé pour un rapprochement plus général entre urgentistes et gériatres et les dispositifs apparentés, comme les équipes mobiles de gériatrie (EMOG), en leur proposant par exemple de faire partie des staffs des urgences.
Il a également insisté sur la nécessité de "statuer rapidement sur la nécessité d'hospitalisation" des patients âgés aux urgences, tout comme sur celle de prêter une attention particulière au retour à domicile, "avec un vrai suivi".
gl/lb/APMnews
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PARIS, 6 juin 2025 (APMnews) - Les antennes de médecine d'urgence, nouveau type de structure intermédiaire créée en décembre 2023, devraient connaître un démarrage timide à l'occasion de l'actualisation des projets régionaux de santé (PRS) à l'automne 2025, ont prédit les représentants de la Société française de médecine d'urgence (SFMU) et de Samu-Urgences de France (SUdF), jeudi lors de la conférence de presse du congrès Urgences 2025.
Les conditions d'implantation et de fonctionnement de l'activité de médecine d'urgence ont évolué avec la parution, en décembre 2023, de deux décrets et d'un arrêté (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27).
Ces textes avaient notamment créé un nouveau type de structure intermédiaire, l'antenne de médecine d'urgence, pour accroître la gradation des services d'urgence en introduisant un nouveau type de structure ouverte 7 jours sur 7, toute l'année, sur "une amplitude d'au moins 12 heures de service continu".
Ces antennes de médecine d'urgence visent à "adapter l'offre à la réalité des besoins de la population, avec une fermeture en nuit profonde", a rappelé la présidente de la Société française de médecine d'urgence (SFMU), la Pr Sandrine Charpentier, jeudi lors de la conférence de presse du congrès Urgences 2025.
Alors que ces dispositifs sont parfois perçus par la population comme une dégradation de l'offre d'un service d'urgence, la présidente de la SFMU a assuré que les antennes de médecine d'urgence ne constituaient "pas une dégradation mais une adaptation de l'offre".
Elle a rappelé que ces antennes seraient "toujours adossées à un Smur" et qu'elles s'inscriraient dans "une logique de territoire, en s'adossant à une structure d'urgence, pour des partenariats de gestion des filières, de formation, de maintien des compétences".
Alors que les premières antennes devraient voir le jour à l'occasion de l'actualisation des projets régionaux de santé (PRS), à l'automne 2025, la présidente de la SFMU comme le président de Samu-Urgences de France (SUDF), le Dr Marc Noizet, pressentent une première vague de conversion modeste, car "ce sont pour l'instant les établissements qui doivent faire la demande pour devenir une antenne de médecine d'urgence", a rappelé le Dr Noizet.
"En Occitanie, on a estimé qu'une dizaine d'établissements pourraient être convertis en antennes; dans la pratique, il y en aura trois ou quatre", a ainsi illustré Sandrine Charpentier, tandis que Marc Noizet a fait état de quatre demandes d'autorisation pour des antennes de médecine d'urgence.
Une perte de confort pour certains services d'urgence
Dans le sillage de son audition par la commission d'enquête relative à l'organisation du système de santé et aux difficultés d'accès aux soins de l'Assemblée nationale fin mai (cf dépêche du 28/05/2025 à 19:12), le président de SUDF a reconnu une hostilité de certains urgentistes à l'égard des antennes de médecine d'urgence, alors que celles-ci "pourraient toucher paradoxalement des sites plutôt attractifs" en raison d'une faible activité, notamment en nuit profonde.
"L'idée, c'est quand même de réinjecter de la ressource, c'est pour cela que dans le texte sur les antennes de médecine d'urgence, il y a la notion d'équipe territoriale", a poursuivi le Dr Noizet. "Ce qui est sûr, c'est qu'aujourd'hui, on n'a plus les moyens de faire fonctionner les 700 services d'urgence en France comme ils ont été créés il y a 25 ans."
Interrogés par APMnews sur un possible attrait du secteur privé pour les antennes de médecine d'urgence, les représentants de la SFMU et de SUDF ont estimé que la conversion d'un service d'urgence privé en antenne risquait d'achopper sur la présence d'un Smur et surtout sur la notion d'équipe commune, pour laquelle aucune dérogation n'est prévue, bien que "la DGOS [direction générale de l'offre de soins] étudie la possibilité de faire travailler des équipes à statut mixte".
"Les différents points qui ont été ouverts par les modifications réglementaires de 2023 permettent d'organiser différemment le tissu sanitaire dans nos territoires, sous réserve que certains ajustements aient encore lieu", a estimé par la suite Marc Noizet, en citant en premier lieu les centres de soins non programmés.
"On a besoin de donner un statut à ces centres, avec une mission précise, un positionnement, des modalités de fonctionnement", a-t-il développé, en faisant état de l'impression que ces structures "génèrent une activité supplémentaire plutôt qu'elles ne comblent un réel manque dans le maillage territorial".
Il s'est également inquiété d'un appel d'air pour "des médecins urgentistes qui quittent l'hôpital pour ne plus faire de nuits et de week-ends", alors que les centres de santé proposent aussi un mode d'exercice plus attractif pour les généralistes libéraux, avec un accès à un plateau technique, au travail en équipe et à des profils pathologiques différents.
Samu-Urgences de France plaide pour un encadrement renforcé des centres de santé
Pour le président de SUDF, les centres de santé pourraient, à condition d'être correctement encadrés, constituer une réponse opportune pour "décharger les urgences hospitalières des soins non programmés là où elles sont saturées, ou pour renforcer le maillage là où il n'y a pas d'offre de service d'urgence".
Alors que la loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2025 portait de premières mesures de régulation de l'implantation des structures de soins non programmés (cf dépêche du 18/02/2025 à 12:57), le président de SUDF espère que le prochain projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) en portera de nouvelles sur ce sujet.
Il a également estimé qu'une remise à plat des schémas de permanence des soins ambulatoires (PDSA) sur l'ensemble du territoire s'imposait, alors que la participation des médecins libéraux s'étiole toujours un peu plus chaque année.
Après avoir appelé à la poursuite du déploiement des Samu-SAS, Marc Noizet a estimé que les dispositifs de régulation médicale d'accès aux services d'urgence ou de réorientation pouvaient "se faire quand le territoire est mature, avec une concertation des professionnels parce qu'il faut qu'il y ait une offre alternative qui soit construite autour de ces services d'urgence".
Au début de la conférence de presse, le Dr Yann Penverne, médecin urgentiste au CHU de Nantes, avait évoqué les conditions de réussite pour la mise en place de dispositifs de régulation préalables à l'accès aux urgences et de réorientation, après avoir développé le sujet lors d'une table ronde mercredi en ouverture du congrès (cf APM GL0SXFW25).
Le Dr Henri Delelis-Fanien, directeur médical du Samu-SAS de Poitiers, a de son côté mis en exergue la nécessaire adaptation des pratiques des urgentistes pour la prise en charge des personnes âgées, en rappelant que le nombre de patients âgés de plus de 75 ans devrait progresser de 33% entre 2023 et 2033.
Il a évoqué "des progrès à faire dans les SAU [services d'accueil des urgences] comme à la régulation", avec "des espaces dédiés et des parcours patients en fragilité" au sein des services ou en ayant recours à des outils permettant d'améliorer la régulation, comme la télémédecine et la visiorégulation, pour éviter tout passage évitable, tout en s'appuyant sur les services d'hospitalisation à domicile (HAD).
"Il faut que l'on s'organise au niveau du SAS pour mobiliser d'autres acteurs que les médecins", a-t-il poursuivi, en évoquant notamment les dispositifs d'appui à la coordination (DAC), mais aussi les gériatres, et ce en ayant toujours "une vigilance particulière pour éviter les recours aux urgences".
Le Dr Delelis-Fanien a plaidé pour un rapprochement plus général entre urgentistes et gériatres et les dispositifs apparentés, comme les équipes mobiles de gériatrie (EMOG), en leur proposant par exemple de faire partie des staffs des urgences.
Il a également insisté sur la nécessité de "statuer rapidement sur la nécessité d'hospitalisation" des patients âgés aux urgences, tout comme sur celle de prêter une attention particulière au retour à domicile, "avec un vrai suivi".
gl/lb/APMnews