Actualités de l'Urgence - APM

LE FUTUR CHU DE GUYANE FACE AU DÉFI DE L'ACCÈS AUX SOINS SUR SON TERRITOIRE
PARIS, 27 mai 2025 (APMnews) - Desservant un territoire vaste et difficile d'accès, le futur CHU de Guyane cherche à améliorer l'accès aux soins de sa population en s'appuyant notamment sur ses centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS), ont fait valoir deux intervenants au cours d'une table ronde organisée à Santexpo.
Pour être officialisé, le CHU de Guyane attend encore la signature de sa convention universitaire, prévue mardi 3 juin (cf dépêche du 20/05/2025 à 09:56).
"La Guyane est un territoire sous-consommateur de soins car son offre est sous-dimensionnée et sa population isolée", a décrit en préambule le président de la future commission médicale d'établissement (CME) du CHU, le Pr Hatem Kallel.
Si une large majorité des Guyanais sont installés sur le littoral, 50.000 d'entre eux vivent le long des fleuves, dans des zones difficilement accessibles.
Pour prendre en charge cette population, le CHU de Guyane dispose d'un réseau de 13 CDPS et de trois hôpitaux de proximité, à Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges-de-l'Oyapock (cf dépêche du 18/04/2023 à 18:31).
"La majorité des CDPS ne sont joignables que par hélicoptère ou avion" ce qui pose des problèmes pour les soins urgents, a fait valoir Hatem Kallel. "Il faut 20 à 30 minutes pour préparer l'hélicoptère, pour un trajet de 70 à 90 minutes, donc on arrive environ deux heures après le déclenchement de l'alerte", a-t-il schématisé.
Les hôpitaux de proximité sont un relais important, en offrant la possibilité de prendre en charge des patients, de réaliser des radios ou des consultations dentaires. "Ils disposent cependant de moins de 10 lits d'hospitalisation chacun", a-t-il noté.
En dehors de l'offre publique, les professionnels de santé privés se font rares. "A l'intérieur du territoire, on compte trois pharmacies d'officine, deux médecins généralistes, deux infirmiers, deux sages-femmes", a énuméré le Dr Cyril Rousseau, directeur du pôle CDPS - hôpitaux de proximité du futur CHU (cf dépêche du 22/08/2024 à 17:40).
En outre, ces difficultés d'accès ont un coût: le transport, par avion, hélicoptère ou même pirogue, représente 20% du budget de financement de ce pôle.
Connexion satellitaire et avion
"Le CHU veut être le garant de la gradation des soins" sur l'ensemble du territoire, a toutefois souligné Cyril Rousseau.
Pour ce faire, la direction de l'hôpital est en train de déployer des antennes afin de bénéficier d'une connexion satellitaire dans chacun de ses sites. Ces antennes devraient être installées "d'ici trois mois" et permettront au CHU de développer des activités de télémédecine et de télésurveillance.
L'établissement guyanais va participer à un marché public en fin d'année afin d'obtenir son propre avion. "Cela permettra de déplacer des patients, des professionnels de santé et les marchandises sans dépendre du système commercial", a fait valoir Cyril Rousseau.
Le CHU souhaite aussi continuer à développer les spécialités dans ses hôpitaux de proximité, qui en proposent déjà une quinzaine.
Interrogé par APMnews sur une possible multiplication de ce modèle dans les autres CDPS, Cyril Rousseau a expliqué que trois autres centres "s'en inspiraient actuellement" pour améliorer leur offre de soins: ceux de Camopi, Apatou et Papaïchton. L'objectif serait de rénover leurs locaux d'ici deux ans afin d'avoir de meilleures conditions de travail et d'accueillir davantage de spécialités.
S'agissant de l'enseignement, le directeur du pôle CDPS - hôpitaux de proximité a mis en avant des diplômes universitaires "rares et attractifs", comme celui de médecine d'urgence et zones isolées.
La faculté de médecine de Guyane propose aussi un diplôme de médiation en santé. Dans cette région, "les médiateurs en santé sont des non-soignants, souvent recrutés dans le village où ils vivent", a-t-il expliqué.
S'ils servent de relais locaux pour la santé publique, leur action est encore limitée par la réglementation. Une réflexion serait en cours pour que les médiateurs puissent faire de petits actes de prévention et de dépistage, comme les prises de tension, via une dérogation de l'agence régionale de santé (ARS) Guyane.
Dans les territoires des CDPS, les Guyanais "ont leur propre culture, leur propre vision des maladies et des soins", a rappelé Hatem Kallel. "La médecine moderne n'est souvent qu'une alternative quand la médecine traditionnelle ne fonctionne pas."
"Il faut donc respecter les gens, ne pas arriver avec nos grands bouquins de médecine" et s'appuyer sur le travail des médiateurs, a-t-il insisté.
mg/nc/APMnews
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LE FUTUR CHU DE GUYANE FACE AU DÉFI DE L'ACCÈS AUX SOINS SUR SON TERRITOIRE
PARIS, 27 mai 2025 (APMnews) - Desservant un territoire vaste et difficile d'accès, le futur CHU de Guyane cherche à améliorer l'accès aux soins de sa population en s'appuyant notamment sur ses centres délocalisés de prévention et de soins (CDPS), ont fait valoir deux intervenants au cours d'une table ronde organisée à Santexpo.
Pour être officialisé, le CHU de Guyane attend encore la signature de sa convention universitaire, prévue mardi 3 juin (cf dépêche du 20/05/2025 à 09:56).
"La Guyane est un territoire sous-consommateur de soins car son offre est sous-dimensionnée et sa population isolée", a décrit en préambule le président de la future commission médicale d'établissement (CME) du CHU, le Pr Hatem Kallel.
Si une large majorité des Guyanais sont installés sur le littoral, 50.000 d'entre eux vivent le long des fleuves, dans des zones difficilement accessibles.
Pour prendre en charge cette population, le CHU de Guyane dispose d'un réseau de 13 CDPS et de trois hôpitaux de proximité, à Maripasoula, Grand-Santi et Saint-Georges-de-l'Oyapock (cf dépêche du 18/04/2023 à 18:31).
"La majorité des CDPS ne sont joignables que par hélicoptère ou avion" ce qui pose des problèmes pour les soins urgents, a fait valoir Hatem Kallel. "Il faut 20 à 30 minutes pour préparer l'hélicoptère, pour un trajet de 70 à 90 minutes, donc on arrive environ deux heures après le déclenchement de l'alerte", a-t-il schématisé.
Les hôpitaux de proximité sont un relais important, en offrant la possibilité de prendre en charge des patients, de réaliser des radios ou des consultations dentaires. "Ils disposent cependant de moins de 10 lits d'hospitalisation chacun", a-t-il noté.
En dehors de l'offre publique, les professionnels de santé privés se font rares. "A l'intérieur du territoire, on compte trois pharmacies d'officine, deux médecins généralistes, deux infirmiers, deux sages-femmes", a énuméré le Dr Cyril Rousseau, directeur du pôle CDPS - hôpitaux de proximité du futur CHU (cf dépêche du 22/08/2024 à 17:40).
En outre, ces difficultés d'accès ont un coût: le transport, par avion, hélicoptère ou même pirogue, représente 20% du budget de financement de ce pôle.
Connexion satellitaire et avion
"Le CHU veut être le garant de la gradation des soins" sur l'ensemble du territoire, a toutefois souligné Cyril Rousseau.
Pour ce faire, la direction de l'hôpital est en train de déployer des antennes afin de bénéficier d'une connexion satellitaire dans chacun de ses sites. Ces antennes devraient être installées "d'ici trois mois" et permettront au CHU de développer des activités de télémédecine et de télésurveillance.
L'établissement guyanais va participer à un marché public en fin d'année afin d'obtenir son propre avion. "Cela permettra de déplacer des patients, des professionnels de santé et les marchandises sans dépendre du système commercial", a fait valoir Cyril Rousseau.
Le CHU souhaite aussi continuer à développer les spécialités dans ses hôpitaux de proximité, qui en proposent déjà une quinzaine.
Interrogé par APMnews sur une possible multiplication de ce modèle dans les autres CDPS, Cyril Rousseau a expliqué que trois autres centres "s'en inspiraient actuellement" pour améliorer leur offre de soins: ceux de Camopi, Apatou et Papaïchton. L'objectif serait de rénover leurs locaux d'ici deux ans afin d'avoir de meilleures conditions de travail et d'accueillir davantage de spécialités.
S'agissant de l'enseignement, le directeur du pôle CDPS - hôpitaux de proximité a mis en avant des diplômes universitaires "rares et attractifs", comme celui de médecine d'urgence et zones isolées.
La faculté de médecine de Guyane propose aussi un diplôme de médiation en santé. Dans cette région, "les médiateurs en santé sont des non-soignants, souvent recrutés dans le village où ils vivent", a-t-il expliqué.
S'ils servent de relais locaux pour la santé publique, leur action est encore limitée par la réglementation. Une réflexion serait en cours pour que les médiateurs puissent faire de petits actes de prévention et de dépistage, comme les prises de tension, via une dérogation de l'agence régionale de santé (ARS) Guyane.
Dans les territoires des CDPS, les Guyanais "ont leur propre culture, leur propre vision des maladies et des soins", a rappelé Hatem Kallel. "La médecine moderne n'est souvent qu'une alternative quand la médecine traditionnelle ne fonctionne pas."
"Il faut donc respecter les gens, ne pas arriver avec nos grands bouquins de médecine" et s'appuyer sur le travail des médiateurs, a-t-il insisté.
mg/nc/APMnews