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31/03 2020
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LE GRAND HÔPITAL DE L’EST FRANCILIEN MISE SUR LA SPÉCIALISATION DE SES SITES FACE AU COVID-19

(Par Caroline BESNIER)

MEAUX, 31 mars 2020 (APMnews) - L’organisation territoriale du Grand hôpital de l’Est francilien (Ghef) lui a permis de s’organiser rapidement face à l’épidémie de Covid-19 en plaçant par exemple le site de Marne-la-Vallée en première ligne et en réorientant la chirurgie à Meaux et Coulommiers, a expliqué lundi son directeur, Jean-Christophe Phelep, lors d’un entretien à APMnews.

Il a insisté sur la valeur ajoutée de la fusion récente des 4 établissements qui le composent (au 1er janvier 2017 entre les CH de Marne-la-Vallée, de Meaux et de Coulommiers et au 1er janvier 2019 avec le CH de Jouarre) (cf dépêche du 26/07/2018 à 16:58).

"Il y a encore quelques années, [ils] étaient totalement segmentés, voire parfois un peu opposés les uns aux autres", mais il existe désormais de l’entraide entre les 4 sites, ce qui a permis de réagir vite face à la crise actuelle, a souligné Jean-Christophe Phelep. Le fait d’avoir un seul chef de pôle territorial pour les urgences, un seul pharmacien de territoire et un seul chef de pôle de réanimation a été "très utile pour prendre des mesures rapides".

Le Ghef n’était pas initialement identifié pour prendre en charge des patients Covid-19 car il n’est pas siège de Samu. Mais "comme nous sommes un gros hôpital et que nous sommes proches de l’Oise, nous avons été très vite mis dans le bain", a relaté Jean-Christophe Phelep.

Le Ghef a choisi de spécialiser tout d’abord le site de Marne-la-Vallée pour accueillir des patients Covid-19 car c’est celui qui dispose de la plus grande réanimation et d’un service de médecine infectieuse. Il a été décidé en milieu de semaine dernière de fermer le bloc opératoire à l’exception d’une salle ou deux pour les césariennes.

"Cela nous permet de transformer la salle de réveil en réanimation, en utilisant les respirateurs, le matériel et le personnel car certains peuvent tout à fait passer d’une fonction bloc à une fonction réanimation", a fait valoir le directeur. Des services sont également vidés afin d’y installer de nouveaux lits de réanimation.

Le site de Marne-la-Vallée dispose habituellement de 24 lits de réanimation et de 16 lits de surveillance continue généralistes ou de cardiologie. Tous ces lits sont désormais des lits de réanimation et les capacités doivent atteindre prochainement 56 lits de réanimation.

Depuis la fin de la semaine dernière, les opérations urgentes et semi-urgentes (par exemple en cancérologie) sont réalisées surtout à Meaux mais aussi à Coulommiers.

"Meaux et Coulommiers ont été dans un premier temps épargnés" mais ils ont finalement aussi été intégrés dans la réponse au Covid-19 "quand ce n’était plus tenable et qu’on ne pouvait plus se contenter de Marne-la-Vallée", a expliqué Jean-Christophe Phelep. Meaux a vu progressivement sa réanimation se spécialiser en partie dans la prise en charge des patients Covid. Il est passé de 18 lits de réanimation à 22 en transformant ceux de surveillance continue. La capacité sera prochainement augmentée à 26 lits.

A Coulommiers, il n’y avait qu’une unité de surveillance continue (USC) de 6 lits qui a été transformée en réanimation et qui aura prochainement 8 lits au total.

A Jouarre, site gériatrique du Ghef, des mesures de sécurité ont été prises pour que les résidents et patients ne soient pas contaminés.

Parallèlement, le Ghef a ouvert des unités de médecine pour les patients Covid-19. A la fin de la semaine dernière, il y en avait 109 à Marne-la-Vallée, 40 à Meaux et 45 à Coulommiers. Ce nombre de lits devrait encore augmenter dans les jours qui viennent pour atteindre respectivement 127, 92 et 60.

A Coulommiers, un projet d’unité de soins de suite Covid, en aval des lits de médecine, est aussi en réflexion.

Pour Jean-Christophe Phelep, la situation de crise a développé des solidarités et renforcé les liens entre les équipes médicales.

Une cellule de crise se réunit tous les jours virtuellement pour déterminer les nouvelles unités à ouvrir et le matériel nécessaire (masques, surblouses, etc). Une instance du personnel est organisée tous les 2 ou 3 jours pour échanger des informations. Les médecins font tous les mardis midi une conférence sur YouTube en interne notamment pour donner des conseils d’ordre médical.

Le directeur a par ailleurs tenu à maintenir en fonctionnement les instances de l’hôpital (comité technique d’établissement -CTE-, directoire, réunion de direction hebdomadaire agrandie aux élus de la commission médicale d’établissement -CME).

Il a insisté sur la collaboration "remarquable" avec le privé et en particulier avec les cliniques, notamment celles de Tournan et Saint-Faron (groupe Saint-Gatien) et l’hôpital privé de Marne Chantereine (Seine-et-Marne), ainsi qu'avec les centres de soins de suite. Les cliniques ont pris en charge des patients et ont donné des respirateurs. Une conférence téléphonique a lieu tous les jeudis entre les établissements publics et privés du territoire.

Enfin, en coordination étroite avec les pompiers, des tentes d’accueil des patients Covid-19 ont été mises en place devant les urgences.

Réorganiser le travail, notamment en 12 heures, pour tenir dans la durée

Le directeur a souligné toutefois les tensions qui risquent d’apparaître sur le personnel en raison notamment d’arrêts maladie et de la nécessité d’ouvrir encore de nouvelles capacités. Jusqu’à présent, le Ghef a fondé sa réorganisation sur le redéploiement de professionnels d’unités dont l’activité avait été déprogrammée (plus de 100 vendredi dernier).

"Nous commençons à être un peu secs même si on a des aides extérieures et recours à la plateforme de l’ARS [agence régionale de santé] et aux étudiants infirmiers" et même si les problèmes de garde d’enfants sont en cours de résolution, a observé le directeur.

Jean-Christophe Phelep a conscience qu’"il va falloir tenir dans la durée et ne pas épuiser tout le monde". Le personnel et les syndicats ont été réunis lundi midi pour leur expliquer la nécessité de prendre des mesures exceptionnelles et temporaires "pour tenir le front". Il a notamment évoqué la réorganisation du travail et le développement massif du travail en 12 heures pour redonner des marges de manoeuvre.

Cette mesure a été accueillie "de manière très responsable car […] si on ne fait rien, dans quelques jours, on sera simplement dans l’impossibilité d’ouvrir tous les lits ou de les maintenir", a relaté le directeur. La mesure sera mise en oeuvre avec "tact et mesure, en tant que de besoin", a-t-il assuré.

Le directeur a aussi fait état de la nécessité de pouvoir demander à des personnels qui travaillent habituellement sur un site de "donner un coup de main" sur un autre site.

Interrogé sur les protections pour le personnel, il a indiqué que le Ghef avait finalement été bien livré. Il a décidé de protéger tous ses agents, et pas seulement ceux des services accueillant des patients Covid-19. " C’est un des éléments importants pour maintenir au front les centaines de personnes nécessaires".

cb/ab/APMnews

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(Par Caroline BESNIER)

MEAUX, 31 mars 2020 (APMnews) - L’organisation territoriale du Grand hôpital de l’Est francilien (Ghef) lui a permis de s’organiser rapidement face à l’épidémie de Covid-19 en plaçant par exemple le site de Marne-la-Vallée en première ligne et en réorientant la chirurgie à Meaux et Coulommiers, a expliqué lundi son directeur, Jean-Christophe Phelep, lors d’un entretien à APMnews.

Il a insisté sur la valeur ajoutée de la fusion récente des 4 établissements qui le composent (au 1er janvier 2017 entre les CH de Marne-la-Vallée, de Meaux et de Coulommiers et au 1er janvier 2019 avec le CH de Jouarre) (cf dépêche du 26/07/2018 à 16:58).

"Il y a encore quelques années, [ils] étaient totalement segmentés, voire parfois un peu opposés les uns aux autres", mais il existe désormais de l’entraide entre les 4 sites, ce qui a permis de réagir vite face à la crise actuelle, a souligné Jean-Christophe Phelep. Le fait d’avoir un seul chef de pôle territorial pour les urgences, un seul pharmacien de territoire et un seul chef de pôle de réanimation a été "très utile pour prendre des mesures rapides".

Le Ghef n’était pas initialement identifié pour prendre en charge des patients Covid-19 car il n’est pas siège de Samu. Mais "comme nous sommes un gros hôpital et que nous sommes proches de l’Oise, nous avons été très vite mis dans le bain", a relaté Jean-Christophe Phelep.

Le Ghef a choisi de spécialiser tout d’abord le site de Marne-la-Vallée pour accueillir des patients Covid-19 car c’est celui qui dispose de la plus grande réanimation et d’un service de médecine infectieuse. Il a été décidé en milieu de semaine dernière de fermer le bloc opératoire à l’exception d’une salle ou deux pour les césariennes.

"Cela nous permet de transformer la salle de réveil en réanimation, en utilisant les respirateurs, le matériel et le personnel car certains peuvent tout à fait passer d’une fonction bloc à une fonction réanimation", a fait valoir le directeur. Des services sont également vidés afin d’y installer de nouveaux lits de réanimation.

Le site de Marne-la-Vallée dispose habituellement de 24 lits de réanimation et de 16 lits de surveillance continue généralistes ou de cardiologie. Tous ces lits sont désormais des lits de réanimation et les capacités doivent atteindre prochainement 56 lits de réanimation.

Depuis la fin de la semaine dernière, les opérations urgentes et semi-urgentes (par exemple en cancérologie) sont réalisées surtout à Meaux mais aussi à Coulommiers.

"Meaux et Coulommiers ont été dans un premier temps épargnés" mais ils ont finalement aussi été intégrés dans la réponse au Covid-19 "quand ce n’était plus tenable et qu’on ne pouvait plus se contenter de Marne-la-Vallée", a expliqué Jean-Christophe Phelep. Meaux a vu progressivement sa réanimation se spécialiser en partie dans la prise en charge des patients Covid. Il est passé de 18 lits de réanimation à 22 en transformant ceux de surveillance continue. La capacité sera prochainement augmentée à 26 lits.

A Coulommiers, il n’y avait qu’une unité de surveillance continue (USC) de 6 lits qui a été transformée en réanimation et qui aura prochainement 8 lits au total.

A Jouarre, site gériatrique du Ghef, des mesures de sécurité ont été prises pour que les résidents et patients ne soient pas contaminés.

Parallèlement, le Ghef a ouvert des unités de médecine pour les patients Covid-19. A la fin de la semaine dernière, il y en avait 109 à Marne-la-Vallée, 40 à Meaux et 45 à Coulommiers. Ce nombre de lits devrait encore augmenter dans les jours qui viennent pour atteindre respectivement 127, 92 et 60.

A Coulommiers, un projet d’unité de soins de suite Covid, en aval des lits de médecine, est aussi en réflexion.

Pour Jean-Christophe Phelep, la situation de crise a développé des solidarités et renforcé les liens entre les équipes médicales.

Une cellule de crise se réunit tous les jours virtuellement pour déterminer les nouvelles unités à ouvrir et le matériel nécessaire (masques, surblouses, etc). Une instance du personnel est organisée tous les 2 ou 3 jours pour échanger des informations. Les médecins font tous les mardis midi une conférence sur YouTube en interne notamment pour donner des conseils d’ordre médical.

Le directeur a par ailleurs tenu à maintenir en fonctionnement les instances de l’hôpital (comité technique d’établissement -CTE-, directoire, réunion de direction hebdomadaire agrandie aux élus de la commission médicale d’établissement -CME).

Il a insisté sur la collaboration "remarquable" avec le privé et en particulier avec les cliniques, notamment celles de Tournan et Saint-Faron (groupe Saint-Gatien) et l’hôpital privé de Marne Chantereine (Seine-et-Marne), ainsi qu'avec les centres de soins de suite. Les cliniques ont pris en charge des patients et ont donné des respirateurs. Une conférence téléphonique a lieu tous les jeudis entre les établissements publics et privés du territoire.

Enfin, en coordination étroite avec les pompiers, des tentes d’accueil des patients Covid-19 ont été mises en place devant les urgences.

Réorganiser le travail, notamment en 12 heures, pour tenir dans la durée

Le directeur a souligné toutefois les tensions qui risquent d’apparaître sur le personnel en raison notamment d’arrêts maladie et de la nécessité d’ouvrir encore de nouvelles capacités. Jusqu’à présent, le Ghef a fondé sa réorganisation sur le redéploiement de professionnels d’unités dont l’activité avait été déprogrammée (plus de 100 vendredi dernier).

"Nous commençons à être un peu secs même si on a des aides extérieures et recours à la plateforme de l’ARS [agence régionale de santé] et aux étudiants infirmiers" et même si les problèmes de garde d’enfants sont en cours de résolution, a observé le directeur.

Jean-Christophe Phelep a conscience qu’"il va falloir tenir dans la durée et ne pas épuiser tout le monde". Le personnel et les syndicats ont été réunis lundi midi pour leur expliquer la nécessité de prendre des mesures exceptionnelles et temporaires "pour tenir le front". Il a notamment évoqué la réorganisation du travail et le développement massif du travail en 12 heures pour redonner des marges de manoeuvre.

Cette mesure a été accueillie "de manière très responsable car […] si on ne fait rien, dans quelques jours, on sera simplement dans l’impossibilité d’ouvrir tous les lits ou de les maintenir", a relaté le directeur. La mesure sera mise en oeuvre avec "tact et mesure, en tant que de besoin", a-t-il assuré.

Le directeur a aussi fait état de la nécessité de pouvoir demander à des personnels qui travaillent habituellement sur un site de "donner un coup de main" sur un autre site.

Interrogé sur les protections pour le personnel, il a indiqué que le Ghef avait finalement été bien livré. Il a décidé de protéger tous ses agents, et pas seulement ceux des services accueillant des patients Covid-19. " C’est un des éléments importants pour maintenir au front les centaines de personnes nécessaires".

cb/ab/APMnews

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