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17/11 2023
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LE MODÈLE DE TÉLÉ-AVC DOIT ÉVOLUER DANS L'ARTOIS-HAINAUT AVEC UN NOUVEAU CENTRE DE THROMBECTOMIE À VALENCIENNES

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la journée des référents et animateurs de filières AVC)

LILLE, 17 novembre 2023 (APMnews) - Dans l'Artois Hainaut (Hauts-de-France), l'organisation de la garde par télémédecine pour l'accueil des patients victimes d'accident vasculaire cérébral (AVC) à la phase aiguë doit évoluer avec l'ouverture d'un nouveau centre de thrombectomie à Valenciennes (Nord), a-t-on appris lors de la journée nationale des référents et animateurs ARS (agences régionales de santé) de filières AVC, mercredi à Lille.

Le Dr François Mounier-Véhier a fait un point sur l'organisation du télé-AVC dans l'Artois-Hainaut, un territoire qui rassemble près de 2 millions de personnes, soit près de la moitié de la population du Nord et du Pas-de-Calais, et son évolution depuis le lancement du dispositif en 2011.

Initialement, en 2010, il y avait, sur sept centres hospitaliers (CH), trois unités neurovasculaires et un appareil d'IRM accessible 24 heures sur 24, mais les distances étaient importantes et les délais d'accès également, ce qui a poussé une réflexion pour améliorer l'accès aux soins avec les outils de télémédecine sur la base de l'expérience du CHU de Besançon (cf dépêche du 28/04/2010 à 07:00).

L'idée était de mutualiser les ressources médicales et pour cela, de mettre en place un "hub" multisite et tournant avec un neurologue pour la téléconsultation et un radiologue pour la télé-expertise afin de gérer à distance les patients pris en charge dans un des autres sites à l'aide de la plateforme créée par Accelis.

Le dispositif de télé-AVC avait été lancé en juin 2011 sur les CH de Lens, Valenciennes et Maubeuge, ce dernier ne disposant pas alors d'UNV (cf dépêche du 16/06/2011 à 19:01). Les CH de Cambrai et d'Arras ont été ajoutés respectivement en avril 2012 et décembre 2012. De 2011 à 2013, le nombre de thrombolyses a augmenté de 92% dans l'Artois et de 80% dans le Hainaut, a indiqué le Dr Mounier-Véhier.

Puis en 2014, le CHU de Lille, qui n'est pas dans ces deux territoires, a été ajouté au dispositif pour le recours à la thrombectomie. En 2015, le dispositif couvrait alors quatre CH avec une UNV (Arras, Lens, Maubeuge et Valencienne) et deux autres sans (Douai et Cambrai) et disposait de six appareils d'IRM accessibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

En dehors de Douai et Cambrai où la totalité des thrombolyses étaient réalisées dans le cadre du dispositif, la part des thrombolyses gérées à l'aide de la télémédecine était de 24% à Lens, 32% à Valenciennes et 34% à Maubeuge et Arras en 2016.

La mise en place de la garde tournante semble avoir fait évoluer positivement le maillage par les UNV, avec l'ouverture de celles d'Arras et de Maubeuge, et les effectifs de neurologues, qui sont passés de 17 en 2009 à 27 en 2018, a fait observer le Dr Mounier-Véhier.

Entre 2011 et 2021, l'activité générale du télé-AVC est passée de 175 alertes en 2011 à puis 1.560 en 2017 puis après exclusion des accidents ischémiques transitoires (AIT) des statistiques, elle était réduite, passant à 1.215 alertes en 2021. Le nombre de thrombolyses est passé de 29 à 152.

Globalement, le maillage de l'ensemble de la région est assuré pour la thrombolyse mais la thrombectomie est encore centrée sur le CHU de Lille, en lien avec la répartition géographique des centres, ce qui a conduit à l'ouverture d'un nouveau centre de thrombectomie à Valenciennes en 2023, quatre jours sur sept. "On espère qu'il le sera 24 heures sur 24, sept jours sur sept en 2024", a poursuivi le neurologue lensois.

Cependant, l'ouverture de ce centre entraîne une réorganisation du dispositif car les CH de Cambrai et Maubeuge y seraient rattachés tandis que ceux de Lens, Douai et Arras resteraient liés au CHU de Lille. Plusieurs questions se posent: faut-il une garde sept jours sur sept sur le site de Valenciennes? Quel volume d'activité justifie une garde? Est-ce qu'il faut plutôt mettre une téléconsultation et une télé-expertise en astreinte pour chaque CH?

Plusieurs réunions vont permettre de faire évoluer le modèle car ce qui est important, c'est l'organisation humaine et les parcours de soins sur lesquels se cale ensuite l'outil de télémédecine, a commenté le Dr Mounier-Véhier.

Il a par ailleurs listé des points d'attention, tout d'abord les problèmes techniques, comme les problèmes de connexion, de caméra et/ou de micro, les lenteurs ou pannes de réseau, rappelant que la hotline est essentielle et qu'une procédure dégradée est déclenchée, une astreinte de sécurité, si le problème n'est pas résolu en 10-15 minutes.

L'outil de télémédecine nécessite également que tous les acteurs se forment aux outils qui en outre évoluent, ce qui est parfois compliqué aux urgences où le turnover est important, et que les pratiques soient harmonisées. Il est également important que tous les neurologues participent au dispositif et que les radiologues se mobilisent.

Le Dr Mounier-Véhier a pointé également le risque que l'acte de télémédecine devienne routinier, ce qui nuit à la qualité des soins. Ainsi, le délai d'administration de la thrombolyse n'a pas diminué dans le cadre du télé-AVC et a même augmenté entre 2018 et 2020, de 1h18 à 1h40.

Enfin, il a souligné l'importance de la gouvernance du dispositif et des animateurs de la filière et la nécessité de développer l'évaluation.

ld/ab/APMnews

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LE MODÈLE DE TÉLÉ-AVC DOIT ÉVOLUER DANS L'ARTOIS-HAINAUT AVEC UN NOUVEAU CENTRE DE THROMBECTOMIE À VALENCIENNES

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la journée des référents et animateurs de filières AVC)

LILLE, 17 novembre 2023 (APMnews) - Dans l'Artois Hainaut (Hauts-de-France), l'organisation de la garde par télémédecine pour l'accueil des patients victimes d'accident vasculaire cérébral (AVC) à la phase aiguë doit évoluer avec l'ouverture d'un nouveau centre de thrombectomie à Valenciennes (Nord), a-t-on appris lors de la journée nationale des référents et animateurs ARS (agences régionales de santé) de filières AVC, mercredi à Lille.

Le Dr François Mounier-Véhier a fait un point sur l'organisation du télé-AVC dans l'Artois-Hainaut, un territoire qui rassemble près de 2 millions de personnes, soit près de la moitié de la population du Nord et du Pas-de-Calais, et son évolution depuis le lancement du dispositif en 2011.

Initialement, en 2010, il y avait, sur sept centres hospitaliers (CH), trois unités neurovasculaires et un appareil d'IRM accessible 24 heures sur 24, mais les distances étaient importantes et les délais d'accès également, ce qui a poussé une réflexion pour améliorer l'accès aux soins avec les outils de télémédecine sur la base de l'expérience du CHU de Besançon (cf dépêche du 28/04/2010 à 07:00).

L'idée était de mutualiser les ressources médicales et pour cela, de mettre en place un "hub" multisite et tournant avec un neurologue pour la téléconsultation et un radiologue pour la télé-expertise afin de gérer à distance les patients pris en charge dans un des autres sites à l'aide de la plateforme créée par Accelis.

Le dispositif de télé-AVC avait été lancé en juin 2011 sur les CH de Lens, Valenciennes et Maubeuge, ce dernier ne disposant pas alors d'UNV (cf dépêche du 16/06/2011 à 19:01). Les CH de Cambrai et d'Arras ont été ajoutés respectivement en avril 2012 et décembre 2012. De 2011 à 2013, le nombre de thrombolyses a augmenté de 92% dans l'Artois et de 80% dans le Hainaut, a indiqué le Dr Mounier-Véhier.

Puis en 2014, le CHU de Lille, qui n'est pas dans ces deux territoires, a été ajouté au dispositif pour le recours à la thrombectomie. En 2015, le dispositif couvrait alors quatre CH avec une UNV (Arras, Lens, Maubeuge et Valencienne) et deux autres sans (Douai et Cambrai) et disposait de six appareils d'IRM accessibles 24 heures sur 24, sept jours sur sept.

En dehors de Douai et Cambrai où la totalité des thrombolyses étaient réalisées dans le cadre du dispositif, la part des thrombolyses gérées à l'aide de la télémédecine était de 24% à Lens, 32% à Valenciennes et 34% à Maubeuge et Arras en 2016.

La mise en place de la garde tournante semble avoir fait évoluer positivement le maillage par les UNV, avec l'ouverture de celles d'Arras et de Maubeuge, et les effectifs de neurologues, qui sont passés de 17 en 2009 à 27 en 2018, a fait observer le Dr Mounier-Véhier.

Entre 2011 et 2021, l'activité générale du télé-AVC est passée de 175 alertes en 2011 à puis 1.560 en 2017 puis après exclusion des accidents ischémiques transitoires (AIT) des statistiques, elle était réduite, passant à 1.215 alertes en 2021. Le nombre de thrombolyses est passé de 29 à 152.

Globalement, le maillage de l'ensemble de la région est assuré pour la thrombolyse mais la thrombectomie est encore centrée sur le CHU de Lille, en lien avec la répartition géographique des centres, ce qui a conduit à l'ouverture d'un nouveau centre de thrombectomie à Valenciennes en 2023, quatre jours sur sept. "On espère qu'il le sera 24 heures sur 24, sept jours sur sept en 2024", a poursuivi le neurologue lensois.

Cependant, l'ouverture de ce centre entraîne une réorganisation du dispositif car les CH de Cambrai et Maubeuge y seraient rattachés tandis que ceux de Lens, Douai et Arras resteraient liés au CHU de Lille. Plusieurs questions se posent: faut-il une garde sept jours sur sept sur le site de Valenciennes? Quel volume d'activité justifie une garde? Est-ce qu'il faut plutôt mettre une téléconsultation et une télé-expertise en astreinte pour chaque CH?

Plusieurs réunions vont permettre de faire évoluer le modèle car ce qui est important, c'est l'organisation humaine et les parcours de soins sur lesquels se cale ensuite l'outil de télémédecine, a commenté le Dr Mounier-Véhier.

Il a par ailleurs listé des points d'attention, tout d'abord les problèmes techniques, comme les problèmes de connexion, de caméra et/ou de micro, les lenteurs ou pannes de réseau, rappelant que la hotline est essentielle et qu'une procédure dégradée est déclenchée, une astreinte de sécurité, si le problème n'est pas résolu en 10-15 minutes.

L'outil de télémédecine nécessite également que tous les acteurs se forment aux outils qui en outre évoluent, ce qui est parfois compliqué aux urgences où le turnover est important, et que les pratiques soient harmonisées. Il est également important que tous les neurologues participent au dispositif et que les radiologues se mobilisent.

Le Dr Mounier-Véhier a pointé également le risque que l'acte de télémédecine devienne routinier, ce qui nuit à la qualité des soins. Ainsi, le délai d'administration de la thrombolyse n'a pas diminué dans le cadre du télé-AVC et a même augmenté entre 2018 et 2020, de 1h18 à 1h40.

Enfin, il a souligné l'importance de la gouvernance du dispositif et des animateurs de la filière et la nécessité de développer l'évaluation.

ld/ab/APMnews

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