Actualités de l'Urgence - APM

17/02 2021
Retour

LE NIVEAU DE SOUFFRANCE DU PERSONNEL MÉDICAL HOSPITALIER AUTO-ÉVALUÉ À 8 SUR 10 (APH)

PARIS, 17 février 2021 (APMnews) - Le niveau de souffrance au travail a été auto-évalué à 8 sur 10 par le personnel médical hospitalier dans les déclarations faites auprès de l'Observatoire de la souffrance au travail (Osat), porté par l'intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH), est-il rapporté jeudi dans le bilan 2020 de l'observatoire.

Ce bilan a été réalisé à partir de 57 fiches déclarées en 2020 sur le site de l'observatoire, soit le même nombre qu'en 2019 (cf dépêche du 24/02/2020 à 18:09), dans lesquelles des médecins hospitaliers peuvent décrire "des situations individuelles de souffrance liées à leur vie professionnelle". La plateforme permet ensuite la mise en place d’une action individuelle pour y répondre ainsi qu'une surveillance de type épidémiologique sur les causes de cette souffrance.

Sur ces 57 fiches, 37% proviennent de professionnels médicaux de CHU, 61% de centres hospitaliers (CH), 2% d'établissements publics de santé mentale (EPSM). Les femmes se sont exprimées deux fois plus que les hommes (63% contre 37%). L’âge médian des déclarants était de 53 ans, 84% avaient un statut de praticien hospitalier (PH) à temps plein, 32% exerçaient une fonction de chef de service ou de chef de pôle et 54% cotisaient à un syndicat.

Parmi les 25 spécialités dans lesquelles des souffrances ont été déclarées, l'anesthésie-réanimation arrive en tête, suivie de la médecine d'urgence, la biologie et la gynécologie-obstétrique.

Le niveau de souffrance, noté sur une échelle de 1 à 10, est auto-évalué à 8 par les déclarants (stable par rapport à 2019). Ceux-ci considèrent dans 58% des cas être dans une situation de "danger imminent pour soi" (contre 60% en 2019).

Des troubles du sommeil pour 86% des déclarants

La souffrance au travail a eu pour principales conséquences des troubles du sommeil (86%), des troubles anxiodépressifs (66% des cas, avec nécessité d’un traitement anxiolytique ou antidépresseur dans 30% des cas) et des troubles alimentaires (37%).

Elle a entraîné un arrêt de travail de plus de deux semaines dans 32% des cas. Les principales conséquences sur la vie personnelle ont été des difficultés dans le couple (28% des cas) et avec les enfants (21%).

Parmi les déclarants, 7% ont fait état d'idées suicidaires (contre 25% en 2019). Par ailleurs, 9% d’addictions ont été déclarées (60% à l’alcool, 20% aux tranquillisants, 20% aux antalgiques) et 19% indiquent avoir subi un traumatisme psychologique.

Les principales causes attribuées à la souffrance au travail sont:

  • "un arbitraire flagrant lié à la gouvernance dans l’établissement" et une présomption de harcèlement moral au travail (51% des déclarations)
  • une désorganisation grave et chronique du service (46%)
  • des déficits en personnels médicaux (44%)
  • une surcharge émotionnelle (39%)
  • une désorganisation liée à la crise sanitaire (26%)
  • une insuffisance de moyens de protection individuels (16%).

La principale solution retenue par les déclarants pour faire face à ces situations a été "la soustraction à l’activité", avec un projet de démission dans 40% des cas et une recherche de mutation (25%).

La direction et la hiérarchie médicale en tête des cas de suspicion de harcèlement moral

Pour les cas de suspicion de harcèlement moral, "la protection fonctionnelle n’était pas demandée par le déclarant dans 66% des cas" et "lorsqu’elle a été demandée, elle a été refusée à chaque fois", écrit l'observatoire dans son bilan.

Les auteurs en cause en cas de présomption de harcèlement moral sont la direction (34%), la hiérarchie médicale (34%), un "collègue de même spécialité" (31%), un "collègue de même statut" (17%) et des infirmiers (10%).

Les manifestations déclarées du harcèlement moral étaient: des attitudes de mépris (83%), des "dévalorisations implicites et sournoises" (79%), des déconsidérations en public (72%), une dévalorisation explicite du travail (55%), un isolement et une mise à l’écart du groupe (55%), des menaces verbales (48%), un refus de toute communication (38%), des insultes en public (21%), des menaces physiques (7%) et des agressions physiques (3%).

Parmi les répondants, 55% ont déclaré "avoir un médecin traitant", 9% ont utilisé une plateforme téléphonique d'aide notamment celle de l'association Soins aux professionnels de la santé (SPS, 0805.23.23.36) et 51% souhaitaient être contactés par l’un des écoutants de l’observatoire.

Pour rechercher un soutien, ils avaient entrepris des démarches vers le médecin du travail dans 61% des cas, vers le psychologue (42%), le président de commission médicale d'établissement (CME) (39%), un collègue ami ou le supérieur hiérarchique (37%).

"La sollicitation du médecin traitant n’avait été réalisée que dans 33% des cas, le conseil départemental de l'ordre des médecins (CDOM) dans 23% des cas, un avocat dans 19%, l’agence régionale de santé (ARS) 14%, le Centre national de gestion (CNG) 7%". "Les réactions étaient un soutien dans 67% des cas, de la compréhension dans 64%, de l’indifférence dans 34% des cas, un parti pris pour l’autorité dans 34% des cas, un déni dans 20% et une incitation au départ dans 39% des cas", est-il détaillé dans le bilan.

L'Osat a été créé par le SNPHAR-E en 2009. Il est porté depuis décembre 2017 par APH (cf dépêche du 07/12/2017 à 18:08), qui regroupe Avenir hospitalier (AH), auquel est affilié le SNPHAR-E et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH).

syl/nc/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

17/02 2021
Retour

LE NIVEAU DE SOUFFRANCE DU PERSONNEL MÉDICAL HOSPITALIER AUTO-ÉVALUÉ À 8 SUR 10 (APH)

PARIS, 17 février 2021 (APMnews) - Le niveau de souffrance au travail a été auto-évalué à 8 sur 10 par le personnel médical hospitalier dans les déclarations faites auprès de l'Observatoire de la souffrance au travail (Osat), porté par l'intersyndicale Action Praticiens Hôpital (APH), est-il rapporté jeudi dans le bilan 2020 de l'observatoire.

Ce bilan a été réalisé à partir de 57 fiches déclarées en 2020 sur le site de l'observatoire, soit le même nombre qu'en 2019 (cf dépêche du 24/02/2020 à 18:09), dans lesquelles des médecins hospitaliers peuvent décrire "des situations individuelles de souffrance liées à leur vie professionnelle". La plateforme permet ensuite la mise en place d’une action individuelle pour y répondre ainsi qu'une surveillance de type épidémiologique sur les causes de cette souffrance.

Sur ces 57 fiches, 37% proviennent de professionnels médicaux de CHU, 61% de centres hospitaliers (CH), 2% d'établissements publics de santé mentale (EPSM). Les femmes se sont exprimées deux fois plus que les hommes (63% contre 37%). L’âge médian des déclarants était de 53 ans, 84% avaient un statut de praticien hospitalier (PH) à temps plein, 32% exerçaient une fonction de chef de service ou de chef de pôle et 54% cotisaient à un syndicat.

Parmi les 25 spécialités dans lesquelles des souffrances ont été déclarées, l'anesthésie-réanimation arrive en tête, suivie de la médecine d'urgence, la biologie et la gynécologie-obstétrique.

Le niveau de souffrance, noté sur une échelle de 1 à 10, est auto-évalué à 8 par les déclarants (stable par rapport à 2019). Ceux-ci considèrent dans 58% des cas être dans une situation de "danger imminent pour soi" (contre 60% en 2019).

Des troubles du sommeil pour 86% des déclarants

La souffrance au travail a eu pour principales conséquences des troubles du sommeil (86%), des troubles anxiodépressifs (66% des cas, avec nécessité d’un traitement anxiolytique ou antidépresseur dans 30% des cas) et des troubles alimentaires (37%).

Elle a entraîné un arrêt de travail de plus de deux semaines dans 32% des cas. Les principales conséquences sur la vie personnelle ont été des difficultés dans le couple (28% des cas) et avec les enfants (21%).

Parmi les déclarants, 7% ont fait état d'idées suicidaires (contre 25% en 2019). Par ailleurs, 9% d’addictions ont été déclarées (60% à l’alcool, 20% aux tranquillisants, 20% aux antalgiques) et 19% indiquent avoir subi un traumatisme psychologique.

Les principales causes attribuées à la souffrance au travail sont:

  • "un arbitraire flagrant lié à la gouvernance dans l’établissement" et une présomption de harcèlement moral au travail (51% des déclarations)
  • une désorganisation grave et chronique du service (46%)
  • des déficits en personnels médicaux (44%)
  • une surcharge émotionnelle (39%)
  • une désorganisation liée à la crise sanitaire (26%)
  • une insuffisance de moyens de protection individuels (16%).

La principale solution retenue par les déclarants pour faire face à ces situations a été "la soustraction à l’activité", avec un projet de démission dans 40% des cas et une recherche de mutation (25%).

La direction et la hiérarchie médicale en tête des cas de suspicion de harcèlement moral

Pour les cas de suspicion de harcèlement moral, "la protection fonctionnelle n’était pas demandée par le déclarant dans 66% des cas" et "lorsqu’elle a été demandée, elle a été refusée à chaque fois", écrit l'observatoire dans son bilan.

Les auteurs en cause en cas de présomption de harcèlement moral sont la direction (34%), la hiérarchie médicale (34%), un "collègue de même spécialité" (31%), un "collègue de même statut" (17%) et des infirmiers (10%).

Les manifestations déclarées du harcèlement moral étaient: des attitudes de mépris (83%), des "dévalorisations implicites et sournoises" (79%), des déconsidérations en public (72%), une dévalorisation explicite du travail (55%), un isolement et une mise à l’écart du groupe (55%), des menaces verbales (48%), un refus de toute communication (38%), des insultes en public (21%), des menaces physiques (7%) et des agressions physiques (3%).

Parmi les répondants, 55% ont déclaré "avoir un médecin traitant", 9% ont utilisé une plateforme téléphonique d'aide notamment celle de l'association Soins aux professionnels de la santé (SPS, 0805.23.23.36) et 51% souhaitaient être contactés par l’un des écoutants de l’observatoire.

Pour rechercher un soutien, ils avaient entrepris des démarches vers le médecin du travail dans 61% des cas, vers le psychologue (42%), le président de commission médicale d'établissement (CME) (39%), un collègue ami ou le supérieur hiérarchique (37%).

"La sollicitation du médecin traitant n’avait été réalisée que dans 33% des cas, le conseil départemental de l'ordre des médecins (CDOM) dans 23% des cas, un avocat dans 19%, l’agence régionale de santé (ARS) 14%, le Centre national de gestion (CNG) 7%". "Les réactions étaient un soutien dans 67% des cas, de la compréhension dans 64%, de l’indifférence dans 34% des cas, un parti pris pour l’autorité dans 34% des cas, un déni dans 20% et une incitation au départ dans 39% des cas", est-il détaillé dans le bilan.

L'Osat a été créé par le SNPHAR-E en 2009. Il est porté depuis décembre 2017 par APH (cf dépêche du 07/12/2017 à 18:08), qui regroupe Avenir hospitalier (AH), auquel est affilié le SNPHAR-E et la Confédération des praticiens des hôpitaux (CPH).

syl/nc/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.