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22/07 2021
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LE RAPPORT BÉNÉFICE/RISQUE DU MAGNÉSIUM INTRAVEINEUX POUR ASTHME AIGU GRAVE RESTE À DÉMONTRER

WASHINGTON, 22 juillet 2021 (APMnews) - L'administration de sulfate de magnésium pour un asthme aigu grave de l'enfant est associée à une hospitalisation après passage aux urgences, selon les résultats d'une étude canadienne, qui questionne le bénéfice de ce traitement de seconde ligne.

L'administration de sulfate de magnésium en perfusion intraveineuse (IV) lente est recommandée dans la prise en charge hospitalière de l'asthme aigu grave en cas d'échec des bronchodilatateurs en nébulisation et de la corticothérapie orale, rappellent le Dr Suzanne Schuh de l'université de Toronto et ses collègues dans JAMA Network Open. En France, ce traitement est hors autorisation de mise sur le marché (AMM), note-t-on.

Cependant, les données démontrant l'efficacité du magnésium IV sont, à leur connaissance, limitées à trois petits essais cliniques avec des résultats disparates de surcroît. Alors que le recours à ce traitement a augmenté, les hospitalisations pour asthme sont restées stables, ce qui interroge son intérêt. L'une des explications serait l'administration du magnésium aux patients les plus sévères.

Pour mieux comprendre l'association entre sévérité de l'asthme, le traitement par magnésium et les hospitalisations parmi des enfants avec un asthme aigu réfractaire, les chercheurs ont mené une analyse secondaire d'un récent essai clinique randomisé contrôlé multicentrique. Initialement, cette étude évaluait du sulfate de magnésium nébulisé avec du salbutamol chez des enfants présentant une détresse respiratoire modérée à sévère et ils étaient nombreux à recevoir du magnésium IV.

Dans cette étude, 816 enfants et adolescents de 2 à 17 ans avec un score de sévérité de la crise d'asthme PRAM de 5 points ou plus après traitement initial par bronchodilatateurs inhalés + corticoïde systémique avaient été randomisés entre magnésium nébulisé + salbutamol et placebo.

Ensuite, 215 enfants (26,3%) ont reçu du magnésium IV et 190 d'entre eux (88,4%) ont été hospitalisés, contre 174 parmi les 601 qui n'ont pas reçu de magnésium IV (29%).

Les chercheurs ont analysé les données sur deux périodes, 2011-2016 d'abord en raison d'un nombre limité de centres participants, puis sur 2017-2019.

Après ajustement des données sur la période de l'année au moment de l'inclusion, le score PRAM après le traitement initial, l'âge, le sexe, la durée de la détresse respiratoire, les antécédents d'admission en réanimation, l'atopie etc., l'analyse indique que l'hospitalisation était associée à l'administration de magnésium IV avec un risque relatif rapproché (OR) statistiquement significatif de 22,7 pour les enfants inclus entre 2011 et 2016 et de 4,2 pour ceux inclus entre 2017 et 2019.

L'hospitalisation était également associée de manière significative à l'administration supplémentaire de salbutamol (OR de 5,9) et à un score PRAM accru après passage aux urgences (OR de 2,2 pour chaque point supplémentaire).

Chez les enfants avec un score PRAM de 3 ou moins à la sortie des urgences (asthme léger) notamment, éligibles à la sortie de l'hôpital, l'administration de magnésium par IV était associée à une hospitalisation avec un OR de 8,5 par rapport à ceux n'en ayant pas reçu.

Ces résultats suggèrent que l'administration IV de magnésium semble influencer la décision d'hospitaliser les enfants après un passage aux urgences pour asthme aigu grave ou elle la suit de peu, commentent les chercheurs. Ils supposent que des médecins pourraient être réticents à laisser sortir des patients car la durée de l'effet de ce traitement n'est pas connue et qu'ils décideraient de les hospitaliser pour surveiller leur évolution. La méconnaissance également du profil de sécurité de ce traitement pourrait aussi contribuer à maintenir l'hospitalisation.

La moindre ampleur de l'association entre magnésium IV et hospitalisation au cours du temps pourrait correspondre à une confiance accrue des médecins dans ce traitement pour laisser les enfants rentrer chez eux, observent également les chercheurs.

Globalement, ces résultats indiquent qu'il est nécessaire de conduire des travaux supplémentaire pour évaluer le profil bénéfice/risque du magnésium IV et clarifier sa place dans la prise en charge de l'asthme aigu grave chez l'enfant, concluent-ils.

(JAMA Network Open, édition en ligne du 19 juillet)

ld/nc/APMnews

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LE RAPPORT BÉNÉFICE/RISQUE DU MAGNÉSIUM INTRAVEINEUX POUR ASTHME AIGU GRAVE RESTE À DÉMONTRER

WASHINGTON, 22 juillet 2021 (APMnews) - L'administration de sulfate de magnésium pour un asthme aigu grave de l'enfant est associée à une hospitalisation après passage aux urgences, selon les résultats d'une étude canadienne, qui questionne le bénéfice de ce traitement de seconde ligne.

L'administration de sulfate de magnésium en perfusion intraveineuse (IV) lente est recommandée dans la prise en charge hospitalière de l'asthme aigu grave en cas d'échec des bronchodilatateurs en nébulisation et de la corticothérapie orale, rappellent le Dr Suzanne Schuh de l'université de Toronto et ses collègues dans JAMA Network Open. En France, ce traitement est hors autorisation de mise sur le marché (AMM), note-t-on.

Cependant, les données démontrant l'efficacité du magnésium IV sont, à leur connaissance, limitées à trois petits essais cliniques avec des résultats disparates de surcroît. Alors que le recours à ce traitement a augmenté, les hospitalisations pour asthme sont restées stables, ce qui interroge son intérêt. L'une des explications serait l'administration du magnésium aux patients les plus sévères.

Pour mieux comprendre l'association entre sévérité de l'asthme, le traitement par magnésium et les hospitalisations parmi des enfants avec un asthme aigu réfractaire, les chercheurs ont mené une analyse secondaire d'un récent essai clinique randomisé contrôlé multicentrique. Initialement, cette étude évaluait du sulfate de magnésium nébulisé avec du salbutamol chez des enfants présentant une détresse respiratoire modérée à sévère et ils étaient nombreux à recevoir du magnésium IV.

Dans cette étude, 816 enfants et adolescents de 2 à 17 ans avec un score de sévérité de la crise d'asthme PRAM de 5 points ou plus après traitement initial par bronchodilatateurs inhalés + corticoïde systémique avaient été randomisés entre magnésium nébulisé + salbutamol et placebo.

Ensuite, 215 enfants (26,3%) ont reçu du magnésium IV et 190 d'entre eux (88,4%) ont été hospitalisés, contre 174 parmi les 601 qui n'ont pas reçu de magnésium IV (29%).

Les chercheurs ont analysé les données sur deux périodes, 2011-2016 d'abord en raison d'un nombre limité de centres participants, puis sur 2017-2019.

Après ajustement des données sur la période de l'année au moment de l'inclusion, le score PRAM après le traitement initial, l'âge, le sexe, la durée de la détresse respiratoire, les antécédents d'admission en réanimation, l'atopie etc., l'analyse indique que l'hospitalisation était associée à l'administration de magnésium IV avec un risque relatif rapproché (OR) statistiquement significatif de 22,7 pour les enfants inclus entre 2011 et 2016 et de 4,2 pour ceux inclus entre 2017 et 2019.

L'hospitalisation était également associée de manière significative à l'administration supplémentaire de salbutamol (OR de 5,9) et à un score PRAM accru après passage aux urgences (OR de 2,2 pour chaque point supplémentaire).

Chez les enfants avec un score PRAM de 3 ou moins à la sortie des urgences (asthme léger) notamment, éligibles à la sortie de l'hôpital, l'administration de magnésium par IV était associée à une hospitalisation avec un OR de 8,5 par rapport à ceux n'en ayant pas reçu.

Ces résultats suggèrent que l'administration IV de magnésium semble influencer la décision d'hospitaliser les enfants après un passage aux urgences pour asthme aigu grave ou elle la suit de peu, commentent les chercheurs. Ils supposent que des médecins pourraient être réticents à laisser sortir des patients car la durée de l'effet de ce traitement n'est pas connue et qu'ils décideraient de les hospitaliser pour surveiller leur évolution. La méconnaissance également du profil de sécurité de ce traitement pourrait aussi contribuer à maintenir l'hospitalisation.

La moindre ampleur de l'association entre magnésium IV et hospitalisation au cours du temps pourrait correspondre à une confiance accrue des médecins dans ce traitement pour laisser les enfants rentrer chez eux, observent également les chercheurs.

Globalement, ces résultats indiquent qu'il est nécessaire de conduire des travaux supplémentaire pour évaluer le profil bénéfice/risque du magnésium IV et clarifier sa place dans la prise en charge de l'asthme aigu grave chez l'enfant, concluent-ils.

(JAMA Network Open, édition en ligne du 19 juillet)

ld/nc/APMnews

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