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30/10 2019
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LE RECOURS INAPPROPRIÉ AUX URGENCES ASSOCIÉ À DES CRITÈRES DE VULNÉRABILITÉ SOCIALE (ÉTUDE)

PARIS, 30 octobre 2019 (APMnews) - Le recours inapproprié aux urgences est associé à la vulnérabilité sociale, selon une étude menée par une équipe du service des urgences de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et de la faculté médecine de Sorbonne université, avec la Société française de médecine d'urgence (SFMU), l'université Clermont Auvergne et l'Inserm, publiée mercredi dans le British Medical Journal Quality & Safety.

Les travaux, coordonnés par le Dr Youri Yordanov, urgentiste à l'hôpital Saint-Antoine, ont porté sur les déterminants socio-économiques et territoriaux du recours inapproprié aux urgences, à partir des données issues de l'enquête nationale menée par la SFMU et la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) en juin 2013 (cf dépêche du 30/07/2014 à 11:40).

Cette enquête a inclus 48.711 patients, dans 734 accueils des urgences. L'étude menée sur le recours approprié aux urgences a porté sur les patients adultes, soit 29.407 personnes de plus de 15 ans.

Elle rappelle en préambule que le recours inapproprié aux urgences représenterait entre 20% et 40% des passages, entraînant un surcoût pour le système de santé et un risque accru d'engorgement des services.

Les chercheurs ont utilisé et comparé trois mesures pour tenter de définir le caractère approprié de la venue aux urgences. Deux étaient d'ordre subjectif: il a été demandé aux médecins de se prononcer sur le degré d'adéquation du recours, sur une échelle numérique allant de 0 à 10, et de répondre à la question de savoir si la demande de soins aurait pu être prise en charge par un médecin généraliste le jour même ou le lendemain.

La troisième mesure s'est appuyée sur les ressources utilisées au cours du passage aux urgences. Les passages ont été définis comme étant inappropriés en cas de consultation sans réalisation d’examens complémentaires, d’actes thérapeutiques ou ne donnant pas lieu à une hospitalisation.

Sur l'échantillon étudié, entre 13,5% et 27,4% des visites aux urgences ont été considérées comme inappropriées en fonction de la définition retenue.

Seulement 6% des passages ont été définis comme inappropriés de manière conjointe selon les trois méthodes. Quelle que soit la mesure utilisée, l'étude a montré que la probabilité de passage inapproprié diminue avec l’âge et la distance des urgences par rapport au domicile du patient (plus de 10 kms).

Elle s'accroît en revanche en cas de mauvaise couverture maladie (absence de couverture complémentaire) et de symptômes persistant depuis plusieurs jours.

Les résultats n'ont pas fait apparaître de lien entre le recours inapproprié aux urgences et la densité médicale départementale en médecins libéraux.

Près de 10% des patients ont néanmoins déclaré avoir au recours aux urgences faute de médecin généraliste disponible en ville.

Le recours inapproprié aux urgences est donc associé à des facteurs de vulnérabilité socio-économique, mais pas à des déterminants géographiques, conclut l'étude.

"Elle ne met pas en évidence de lien avec la densité médicale départementale", souligne l'AP-HP dans un communiqué de mercredi reprenant ces résultats. Elle relève néanmoins que, selon l'étude, "l’hétérogénéité des densités médicales au sein d’un même département pourrait expliquer l’absence de résultat significatif".

Une autre conclusion de ces travaux est d'interroger "la notion de passage inapproprié aux urgences dans la mesure où elle ne tient pas compte de l’urgence ressentie par le patient et de l'éventuelle absence d'alternative", souligne l'AP-HP.

(British Medical Journal Quality & Safety, publication en ligne du 30 octobre)

mlb/ab/APMnews

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PARIS, 30 octobre 2019 (APMnews) - Le recours inapproprié aux urgences est associé à la vulnérabilité sociale, selon une étude menée par une équipe du service des urgences de l'hôpital Saint-Antoine (AP-HP) et de la faculté médecine de Sorbonne université, avec la Société française de médecine d'urgence (SFMU), l'université Clermont Auvergne et l'Inserm, publiée mercredi dans le British Medical Journal Quality & Safety.

Les travaux, coordonnés par le Dr Youri Yordanov, urgentiste à l'hôpital Saint-Antoine, ont porté sur les déterminants socio-économiques et territoriaux du recours inapproprié aux urgences, à partir des données issues de l'enquête nationale menée par la SFMU et la direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques (Drees) en juin 2013 (cf dépêche du 30/07/2014 à 11:40).

Cette enquête a inclus 48.711 patients, dans 734 accueils des urgences. L'étude menée sur le recours approprié aux urgences a porté sur les patients adultes, soit 29.407 personnes de plus de 15 ans.

Elle rappelle en préambule que le recours inapproprié aux urgences représenterait entre 20% et 40% des passages, entraînant un surcoût pour le système de santé et un risque accru d'engorgement des services.

Les chercheurs ont utilisé et comparé trois mesures pour tenter de définir le caractère approprié de la venue aux urgences. Deux étaient d'ordre subjectif: il a été demandé aux médecins de se prononcer sur le degré d'adéquation du recours, sur une échelle numérique allant de 0 à 10, et de répondre à la question de savoir si la demande de soins aurait pu être prise en charge par un médecin généraliste le jour même ou le lendemain.

La troisième mesure s'est appuyée sur les ressources utilisées au cours du passage aux urgences. Les passages ont été définis comme étant inappropriés en cas de consultation sans réalisation d’examens complémentaires, d’actes thérapeutiques ou ne donnant pas lieu à une hospitalisation.

Sur l'échantillon étudié, entre 13,5% et 27,4% des visites aux urgences ont été considérées comme inappropriées en fonction de la définition retenue.

Seulement 6% des passages ont été définis comme inappropriés de manière conjointe selon les trois méthodes. Quelle que soit la mesure utilisée, l'étude a montré que la probabilité de passage inapproprié diminue avec l’âge et la distance des urgences par rapport au domicile du patient (plus de 10 kms).

Elle s'accroît en revanche en cas de mauvaise couverture maladie (absence de couverture complémentaire) et de symptômes persistant depuis plusieurs jours.

Les résultats n'ont pas fait apparaître de lien entre le recours inapproprié aux urgences et la densité médicale départementale en médecins libéraux.

Près de 10% des patients ont néanmoins déclaré avoir au recours aux urgences faute de médecin généraliste disponible en ville.

Le recours inapproprié aux urgences est donc associé à des facteurs de vulnérabilité socio-économique, mais pas à des déterminants géographiques, conclut l'étude.

"Elle ne met pas en évidence de lien avec la densité médicale départementale", souligne l'AP-HP dans un communiqué de mercredi reprenant ces résultats. Elle relève néanmoins que, selon l'étude, "l’hétérogénéité des densités médicales au sein d’un même département pourrait expliquer l’absence de résultat significatif".

Une autre conclusion de ces travaux est d'interroger "la notion de passage inapproprié aux urgences dans la mesure où elle ne tient pas compte de l’urgence ressentie par le patient et de l'éventuelle absence d'alternative", souligne l'AP-HP.

(British Medical Journal Quality & Safety, publication en ligne du 30 octobre)

mlb/ab/APMnews

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