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17/11 2016
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LES CANCERS DU SEIN IN SITU RESTENT STABLES EN FRANCE MALGRÉ LE DÉVELOPPEMENT DU DÉPISTAGE ORGANISÉ

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, aux Journées de la SFSPM)

DIJON, 17 novembre 2016 (APM) - Les carcinomes canalaires in situ (CCIS) restent stables en France, malgré le développement du dépistage organisé du cancer du sein et l'utilisation des technologies numériques en mammographie, montrent des données présentées mercredi à Dijon aux Journées de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM).

Les CCIS sont des proliférations malignes qui restent dans les canaux galactophoriques sans franchir la membrane basale, et qui sont principalement décelés par le dépistage mammographique. Leur risque évolutif peut être difficile à évaluer, ce qui conduit à en traiter beaucoup et ils sont pointés du doigt comme potentiellement responsables de surdiagnostic et de surtraitement.

"Comme les CCIS sont souvent l'objet d'une polémique, nous avons souhaité refaire le point sur nos résultats et voir l'apport du dépistage", a indiqué Béatrice Barreau, radiologue à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), lors du forum du programme de dépistage. Cette session a lieu tous les ans lors des journées de la SFSPM et fournit des données sur le programme national et son évolution.

Le plus souvent, les CCIS sont des foyers de calcification de diagnostic facile quand ils sont de haut grade mais la détection des formes de bas grade ou de grade intermédiaire peut s'avérer difficile et le diagnostic repose sur une collaboration entre radiologue et pathologiste, ont rappelé les Drs Aurélie Jalaguier-Coudray et Jeanne Thomassin-Piana de Marseille.

=3Une proportion de 14% des cancers détectés

Selon les données nationales du dépistage organisé du cancer du sein rassemblées par Santé publique France (InVS) à partir des remontées des structures de gestion organisant le dépistage dans les départements, le taux de détection des CCIS était de 1,1 pour 1.000 femmes dépistées en France en 2011-12, ce qui représente une proportion de 14,2% des cancers du sein détectés par le programme, a rapporté Agnès Rogel de Santé publique France.

Sur 2,4 millions de femmes dépistées, 18.383 cancers du sein ont été détectés dont 2.616 CCIS.

Depuis 2004 et la généralisation du programme organisé, le taux de détection des CCIS augmente légèrement mais leur proportion parmi les cancers du sein reste stable, avec même une légère baisse en 2012, ce qui n'est pas le signe "d'un énorme surdiagnostic", a commenté Agnès Rogel.

Les variations géographiques d'un département à l'autre sont modérées. La proportion de CCIS diminue avec l'âge au dépistage et augmente avec le rang de participation au dépistage; elle augmente avec le type de technologie de mammographie numérique (avec les systèmes DR) ou avec la prise d'un traitement hormonosubstitutif (THS) lors du dépistage.

Parmi les CCIS de grade connu dans la base (69%) en 2011-12, la part des grades 2 était constante, celle des grades 1 diminuait et celle des grades 3 augmentait (proche de 50%).

Dans les données de cinq registres de cancer (Côte-d'Or, Doubs, Hérault, Isère, Loire-Atlantique), l'augmentation d'incidence des CCIS à laquelle on pouvait s'attendre après l'introduction des nouvelles technologies numériques de mammographie n'est pas observée sur cet échantillon. Le taux d'incidence standardisée des CCIS a augmenté de 6,6% par an jusqu'en 2005 (avec un pic à 15,8 pour 100.000) puis a diminué de 1,9% en moyenne par an jusqu'en 2013 pour atteindre 13,3 pour 100.000 mais la baisse n'était significative que chez les 50-64 ans, a indiqué Florence Molinié du registre Loire-Atlantique/Vendée à Nantes.

La proportion des CCIS sur l'ensemble des cancers du sein a augmenté de 9,9% en 1998-2001 à 12,6% en 2005-07 puis elle a diminué à 10,9% en 2011-13 (avec une stabilisation chez les 65-74 ans).

"L'absence d'augmentation du taux d'incidence et de la proportion des CCIS n'est pas en faveur d'une hausse du surdiagnostic avec le numérique", a-t-elle commenté.

Et les caractéristiques histologiques restent inchangées entre les diagnostics de 2003 et de 2012, en particulier chez les femmes de 50-74 ans, cible du dépistage. "Il n'y a pas d'argument pour un impact majeur de l'introduction du numérique qui aurait trouvé des cancers moins graves et donc entraîné du surdiagnostic", a-t-elle ajouté.

Patrice Heid, ingénieur biomédical de l'association marseillaise Arcades, a montré que la technologie utilisée pour la mammographie a un impact sur la détection des CCIS (par le détecteur, par la qualité de l'image et celle du support).

Selon une enquête faite par l'Institut national du cancer (Inca) ayant évalué les taux de détection par technologie, les systèmes CR étaient toujours inférieurs aux DR, avec parfois plus d'un point d'écart. La proportion de CCIS était toujours inférieure en CR (1,5 point) par rapport aux DR. Depuis 2008, la proportion de CCIS est passée de 12,1% à 16% en CR et de 12,6% à 16% en DR.

En 2014, les systèmes DR représentaient 72% du parc de mammographes contre 7% en 2008 (quand l'analogique était encore à 72%). En 2008, les systèmes DR représentaient 25% des systèmes numériques (et les CR 75%) contre 72% en 2014 (28% pour les CR), et probablement plus encore en 2016.

A l'étranger, la même observation est faite et certains pays ont complètement arrêté les systèmes CR dans les programmes de dépistage organisé, a noté Patrice Heid.

=3Pas en faveur d'une hausse du surdiagnostic

Enfin, une enquête menée au sein de l'Association des médecins coordonnateurs (Acorde) en 2016 et à laquelle 28 départements ont répondu (plus de 60.000 femmes ayant eu une biopsie après mammographie) a retrouvé un CCIS diagnostiqué pour 1.000 femmes dépistées dans le cadre du dépistage organisé, a présenté Claude-Pierre Gautier d'Avignon.

La proportion des CCIS sur l'ensemble des cancers détectés était stable aussi depuis 2008, passant de 14,8% à 14,5% en 2014 avec un pic à 15,5% en 2011.

La proportion de CCIS de bas grade était stable avec 15,5% de CCIS de grade 1 pour 2008-10 et 13,1% pour 2011-14, 37,7% et 38,5% pour le grade 2 et 46,9% et 48,5% pour le grade 3.

"L'éventuel risque de surdiagnostic et de surtraitement lié au dépistage organisé des CCIS de bas grade est faible et stable dans la population dépistée en France depuis 2008", a commenté Claude-Pierre Gautier. C'est surtout sur ces CCIS de bas grade que se posent les questions puisqu'ils ont un potentiel invasif plus faible, a-t-il rappelé.

sl/nc/APM

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LES CANCERS DU SEIN IN SITU RESTENT STABLES EN FRANCE MALGRÉ LE DÉVELOPPEMENT DU DÉPISTAGE ORGANISÉ

(Par Sylvie LAPOSTOLLE, aux Journées de la SFSPM)

DIJON, 17 novembre 2016 (APM) - Les carcinomes canalaires in situ (CCIS) restent stables en France, malgré le développement du dépistage organisé du cancer du sein et l'utilisation des technologies numériques en mammographie, montrent des données présentées mercredi à Dijon aux Journées de la Société française de sénologie et de pathologie mammaire (SFSPM).

Les CCIS sont des proliférations malignes qui restent dans les canaux galactophoriques sans franchir la membrane basale, et qui sont principalement décelés par le dépistage mammographique. Leur risque évolutif peut être difficile à évaluer, ce qui conduit à en traiter beaucoup et ils sont pointés du doigt comme potentiellement responsables de surdiagnostic et de surtraitement.

"Comme les CCIS sont souvent l'objet d'une polémique, nous avons souhaité refaire le point sur nos résultats et voir l'apport du dépistage", a indiqué Béatrice Barreau, radiologue à Anglet (Pyrénées-Atlantiques), lors du forum du programme de dépistage. Cette session a lieu tous les ans lors des journées de la SFSPM et fournit des données sur le programme national et son évolution.

Le plus souvent, les CCIS sont des foyers de calcification de diagnostic facile quand ils sont de haut grade mais la détection des formes de bas grade ou de grade intermédiaire peut s'avérer difficile et le diagnostic repose sur une collaboration entre radiologue et pathologiste, ont rappelé les Drs Aurélie Jalaguier-Coudray et Jeanne Thomassin-Piana de Marseille.

=3Une proportion de 14% des cancers détectés

Selon les données nationales du dépistage organisé du cancer du sein rassemblées par Santé publique France (InVS) à partir des remontées des structures de gestion organisant le dépistage dans les départements, le taux de détection des CCIS était de 1,1 pour 1.000 femmes dépistées en France en 2011-12, ce qui représente une proportion de 14,2% des cancers du sein détectés par le programme, a rapporté Agnès Rogel de Santé publique France.

Sur 2,4 millions de femmes dépistées, 18.383 cancers du sein ont été détectés dont 2.616 CCIS.

Depuis 2004 et la généralisation du programme organisé, le taux de détection des CCIS augmente légèrement mais leur proportion parmi les cancers du sein reste stable, avec même une légère baisse en 2012, ce qui n'est pas le signe "d'un énorme surdiagnostic", a commenté Agnès Rogel.

Les variations géographiques d'un département à l'autre sont modérées. La proportion de CCIS diminue avec l'âge au dépistage et augmente avec le rang de participation au dépistage; elle augmente avec le type de technologie de mammographie numérique (avec les systèmes DR) ou avec la prise d'un traitement hormonosubstitutif (THS) lors du dépistage.

Parmi les CCIS de grade connu dans la base (69%) en 2011-12, la part des grades 2 était constante, celle des grades 1 diminuait et celle des grades 3 augmentait (proche de 50%).

Dans les données de cinq registres de cancer (Côte-d'Or, Doubs, Hérault, Isère, Loire-Atlantique), l'augmentation d'incidence des CCIS à laquelle on pouvait s'attendre après l'introduction des nouvelles technologies numériques de mammographie n'est pas observée sur cet échantillon. Le taux d'incidence standardisée des CCIS a augmenté de 6,6% par an jusqu'en 2005 (avec un pic à 15,8 pour 100.000) puis a diminué de 1,9% en moyenne par an jusqu'en 2013 pour atteindre 13,3 pour 100.000 mais la baisse n'était significative que chez les 50-64 ans, a indiqué Florence Molinié du registre Loire-Atlantique/Vendée à Nantes.

La proportion des CCIS sur l'ensemble des cancers du sein a augmenté de 9,9% en 1998-2001 à 12,6% en 2005-07 puis elle a diminué à 10,9% en 2011-13 (avec une stabilisation chez les 65-74 ans).

"L'absence d'augmentation du taux d'incidence et de la proportion des CCIS n'est pas en faveur d'une hausse du surdiagnostic avec le numérique", a-t-elle commenté.

Et les caractéristiques histologiques restent inchangées entre les diagnostics de 2003 et de 2012, en particulier chez les femmes de 50-74 ans, cible du dépistage. "Il n'y a pas d'argument pour un impact majeur de l'introduction du numérique qui aurait trouvé des cancers moins graves et donc entraîné du surdiagnostic", a-t-elle ajouté.

Patrice Heid, ingénieur biomédical de l'association marseillaise Arcades, a montré que la technologie utilisée pour la mammographie a un impact sur la détection des CCIS (par le détecteur, par la qualité de l'image et celle du support).

Selon une enquête faite par l'Institut national du cancer (Inca) ayant évalué les taux de détection par technologie, les systèmes CR étaient toujours inférieurs aux DR, avec parfois plus d'un point d'écart. La proportion de CCIS était toujours inférieure en CR (1,5 point) par rapport aux DR. Depuis 2008, la proportion de CCIS est passée de 12,1% à 16% en CR et de 12,6% à 16% en DR.

En 2014, les systèmes DR représentaient 72% du parc de mammographes contre 7% en 2008 (quand l'analogique était encore à 72%). En 2008, les systèmes DR représentaient 25% des systèmes numériques (et les CR 75%) contre 72% en 2014 (28% pour les CR), et probablement plus encore en 2016.

A l'étranger, la même observation est faite et certains pays ont complètement arrêté les systèmes CR dans les programmes de dépistage organisé, a noté Patrice Heid.

=3Pas en faveur d'une hausse du surdiagnostic

Enfin, une enquête menée au sein de l'Association des médecins coordonnateurs (Acorde) en 2016 et à laquelle 28 départements ont répondu (plus de 60.000 femmes ayant eu une biopsie après mammographie) a retrouvé un CCIS diagnostiqué pour 1.000 femmes dépistées dans le cadre du dépistage organisé, a présenté Claude-Pierre Gautier d'Avignon.

La proportion des CCIS sur l'ensemble des cancers détectés était stable aussi depuis 2008, passant de 14,8% à 14,5% en 2014 avec un pic à 15,5% en 2011.

La proportion de CCIS de bas grade était stable avec 15,5% de CCIS de grade 1 pour 2008-10 et 13,1% pour 2011-14, 37,7% et 38,5% pour le grade 2 et 46,9% et 48,5% pour le grade 3.

"L'éventuel risque de surdiagnostic et de surtraitement lié au dépistage organisé des CCIS de bas grade est faible et stable dans la population dépistée en France depuis 2008", a commenté Claude-Pierre Gautier. C'est surtout sur ces CCIS de bas grade que se posent les questions puisqu'ils ont un potentiel invasif plus faible, a-t-il rappelé.

sl/nc/APM

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