Actualités de l'Urgence - APM

23/05 2015
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LES COOPÉRATIONS ENTRE ÉTABLISSEMENTS SERONT UN FACTEUR-CLÉ DU DÉVELOPPEMENT DE LA CHIRURGIE AMBULATOIRE

(Par Pierre MARTIN, aux salons santé autonomie)

PARIS, 22 mai 2015 (APM) - Dans les années à venir, les coopérations entre établissements joueront un rôle essentiel dans la progression de la chirurgie ambulatoire, plus que les investissements, ont estimé jeudi deux présidents de commission médicale d'établissement (CME) et un directeur, lors des salons santé autonomie (SSA).

"Il faut arrêter de faire des investissements sauvages sans médecin derrière, pour se faire plaisir", a lancé François Gauthiez, directeur du centre hospitalier (CH) de Saint-Quentin (Aisne), qui s'exprimait lors d'une conférence organisée par la Fédération hospitalière de France (FHF).

"C'est presque scandaleux de voir la qualité de certains blocs opératoires" au vu de leur sous-utilisation, a renchéri le président de la CME du CHU de Bordeaux, Dominique Dallay. Le développement de la chirurgie ambulatoire "n'est pas un problème de plateau technique, mais d'organisation et de fidélisation des médecins".

Pour Jean-Christophe Paquet, président de CME au CH de Longjumeau (Essonne), la chirurgie ambulatoire doit avant tout être conçue comme "une pratique d'excellence", qui doit être "seniorisée". "Il va falloir un jour que l'on [se demande] si tous les hôpitaux ont vraiment besoin d'avoir un plateau technique complet, avec tout le panel de la chirurgie".

Le médecin a jugé "extrêmement difficile" de convaincre les établissements de renoncer à leurs activités dans ce domaine, mais a fait valoir qu'il existait des "hôpitaux avec 25.000 passages aux urgences par an qui n'ont plus de chirurgie" et qui pour autant "fonctionnent correctement".

Il a appelé à "bien reposer la question de la gradation des soins" entre les établissements. La prise en charge en chirurgie "part du simple accueil, sans plateau technique ni chirurgien", "en passant par des services de chirurgie générale" jusqu'à des structures spécialisées.

Le président de CME a préconisé la création de "vraies équipes territoriales dans les [futurs] GHT" (groupements hospitaliers de territoires). A titre d'exemple, il a cité le CH de Beauvais, où les chirurgiens parviennent à "garder une activité intéressante" tout en se déplaçant au CHU d'Amiens pour certaines interventions.

Dominique Dallay a également estimé que "les partenariats entre établissements dans le GHT" étaient une opportunité "précieuse". "Il ne faut pas mettre des robots partout" mais "faire ce que l'on peut faire" dans un hôpital donné et envoyer "ce qu'on ne pas faire dans un service hospitalier où le plateau est meilleur".

LE DIALOGUE DIFFICILE DE LA COOPERATION

Le médecin a cependant reconnu qu'il est "très compliqué" de décider "dans le détail du 'qui fait quoi', du 'qui paye quoi'". "La logique médicale a parfois quelques difficultés à se faire entendre", et "deux établissements préfèrent 'crever', parce qu'ils sont tous les deux en dessous du seuil, que de coopérer", a-t-il déploré.

"On ne part jamais d'une page blanche", a jugé François Gauthiez. "Il faut toujours être extrêmement pragmatique" et saisir les opportunités avec les différents partenaires.

Le directeur d'établissement a rapporté qu'un hôpital de sa communauté hospitalière de territoire (CHT) avait récemment reconstruit son plateau technique. "Ma collègue [souhaiterait] que les interventions se fassent chez [elle]", afin de "rentabiliser son outil", qui lui coûte "très cher".

Si les chirurgiens orthopédiques de Saint-Quentin ont répondu positivement, les ophtalmologues ont quant à eux estimé que le "contexte n'est pas suffisamment sécurisant". "La réponse n'est pas la même selon les disciplines", a insisté François Gauthiez. "Nous sommes confrontés à un dialogue avec les médecins", qui pour "de bonnes ou de mauvaises raisons" peuvent refuser de coopérer.

"Passer de la CHT au GHT" peut ainsi être "difficile", selon le contexte. Cela "dépend beaucoup du niveau de préparation", a poursuivi le directeur, précisant que ce passage ne "perturbe pas trop" sa CHT, dans laquelle "un projet médical commun existe déjà".

Mais "qu'on le veuille ou non, on va vers [la coopération]", a-t-il insisté, évoquant les "injonctions de restructurations capacitaires" des pouvoirs publics. En outre, "les jeunes praticiens ont de plus en plus le souci de ne pas se retrouver isolés et de partager avec une équipe leur pratique".

Selon Dominique Dallay, ces jeunes médecins sont également "très soucieux de l'organisation". Des enquêtes d'opinion révèlent que les internes "reprochent l'attente entre les opérations et la mauvaise organisation". Ils "comprennent que ça marche plus vite dans la clinique d'à côté", a-t-il rapporté, avant d'appeler à "défendre nos établissements".

LES URGENCES, "UN GISEMENT DE CHIRURGIE AMBULATOIRE"

"La plupart des hôpitaux ne savent pas prendre en charge les pathologies non programmées en ambulatoire", a estimé Jean-Christophe Paquet. Les urgences sont en ce sens un "gisement" pour la chirurgie ambulatoire, a signalé le médecin, estimant que cette pratique devrait à l'avenir devenir la norme.

Pour François Gauthiez aussi, les établissements de santé ont sur ce point "une sacrée marge d'évolution". "Paradoxalement, on a l'impression que [les urgences] 'enquiquinent' des équipes" qui sont par ailleurs "très motivées par la chirurgie ambulatoire".

Il a aussi estimé qu'avec l'arrivée des GHT, "le directeur de l'établissement pivot d'un territoire serait le patron [...] pour la planification de l'investissement". "Quand on aura achevé les choses en disant que le droit des autorisations devrait être donné par territoire, la boucle sera bouclée", a-t-il conclu.

pm/san/ab/APM polsan

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LES COOPÉRATIONS ENTRE ÉTABLISSEMENTS SERONT UN FACTEUR-CLÉ DU DÉVELOPPEMENT DE LA CHIRURGIE AMBULATOIRE

(Par Pierre MARTIN, aux salons santé autonomie)

PARIS, 22 mai 2015 (APM) - Dans les années à venir, les coopérations entre établissements joueront un rôle essentiel dans la progression de la chirurgie ambulatoire, plus que les investissements, ont estimé jeudi deux présidents de commission médicale d'établissement (CME) et un directeur, lors des salons santé autonomie (SSA).

"Il faut arrêter de faire des investissements sauvages sans médecin derrière, pour se faire plaisir", a lancé François Gauthiez, directeur du centre hospitalier (CH) de Saint-Quentin (Aisne), qui s'exprimait lors d'une conférence organisée par la Fédération hospitalière de France (FHF).

"C'est presque scandaleux de voir la qualité de certains blocs opératoires" au vu de leur sous-utilisation, a renchéri le président de la CME du CHU de Bordeaux, Dominique Dallay. Le développement de la chirurgie ambulatoire "n'est pas un problème de plateau technique, mais d'organisation et de fidélisation des médecins".

Pour Jean-Christophe Paquet, président de CME au CH de Longjumeau (Essonne), la chirurgie ambulatoire doit avant tout être conçue comme "une pratique d'excellence", qui doit être "seniorisée". "Il va falloir un jour que l'on [se demande] si tous les hôpitaux ont vraiment besoin d'avoir un plateau technique complet, avec tout le panel de la chirurgie".

Le médecin a jugé "extrêmement difficile" de convaincre les établissements de renoncer à leurs activités dans ce domaine, mais a fait valoir qu'il existait des "hôpitaux avec 25.000 passages aux urgences par an qui n'ont plus de chirurgie" et qui pour autant "fonctionnent correctement".

Il a appelé à "bien reposer la question de la gradation des soins" entre les établissements. La prise en charge en chirurgie "part du simple accueil, sans plateau technique ni chirurgien", "en passant par des services de chirurgie générale" jusqu'à des structures spécialisées.

Le président de CME a préconisé la création de "vraies équipes territoriales dans les [futurs] GHT" (groupements hospitaliers de territoires). A titre d'exemple, il a cité le CH de Beauvais, où les chirurgiens parviennent à "garder une activité intéressante" tout en se déplaçant au CHU d'Amiens pour certaines interventions.

Dominique Dallay a également estimé que "les partenariats entre établissements dans le GHT" étaient une opportunité "précieuse". "Il ne faut pas mettre des robots partout" mais "faire ce que l'on peut faire" dans un hôpital donné et envoyer "ce qu'on ne pas faire dans un service hospitalier où le plateau est meilleur".

LE DIALOGUE DIFFICILE DE LA COOPERATION

Le médecin a cependant reconnu qu'il est "très compliqué" de décider "dans le détail du 'qui fait quoi', du 'qui paye quoi'". "La logique médicale a parfois quelques difficultés à se faire entendre", et "deux établissements préfèrent 'crever', parce qu'ils sont tous les deux en dessous du seuil, que de coopérer", a-t-il déploré.

"On ne part jamais d'une page blanche", a jugé François Gauthiez. "Il faut toujours être extrêmement pragmatique" et saisir les opportunités avec les différents partenaires.

Le directeur d'établissement a rapporté qu'un hôpital de sa communauté hospitalière de territoire (CHT) avait récemment reconstruit son plateau technique. "Ma collègue [souhaiterait] que les interventions se fassent chez [elle]", afin de "rentabiliser son outil", qui lui coûte "très cher".

Si les chirurgiens orthopédiques de Saint-Quentin ont répondu positivement, les ophtalmologues ont quant à eux estimé que le "contexte n'est pas suffisamment sécurisant". "La réponse n'est pas la même selon les disciplines", a insisté François Gauthiez. "Nous sommes confrontés à un dialogue avec les médecins", qui pour "de bonnes ou de mauvaises raisons" peuvent refuser de coopérer.

"Passer de la CHT au GHT" peut ainsi être "difficile", selon le contexte. Cela "dépend beaucoup du niveau de préparation", a poursuivi le directeur, précisant que ce passage ne "perturbe pas trop" sa CHT, dans laquelle "un projet médical commun existe déjà".

Mais "qu'on le veuille ou non, on va vers [la coopération]", a-t-il insisté, évoquant les "injonctions de restructurations capacitaires" des pouvoirs publics. En outre, "les jeunes praticiens ont de plus en plus le souci de ne pas se retrouver isolés et de partager avec une équipe leur pratique".

Selon Dominique Dallay, ces jeunes médecins sont également "très soucieux de l'organisation". Des enquêtes d'opinion révèlent que les internes "reprochent l'attente entre les opérations et la mauvaise organisation". Ils "comprennent que ça marche plus vite dans la clinique d'à côté", a-t-il rapporté, avant d'appeler à "défendre nos établissements".

LES URGENCES, "UN GISEMENT DE CHIRURGIE AMBULATOIRE"

"La plupart des hôpitaux ne savent pas prendre en charge les pathologies non programmées en ambulatoire", a estimé Jean-Christophe Paquet. Les urgences sont en ce sens un "gisement" pour la chirurgie ambulatoire, a signalé le médecin, estimant que cette pratique devrait à l'avenir devenir la norme.

Pour François Gauthiez aussi, les établissements de santé ont sur ce point "une sacrée marge d'évolution". "Paradoxalement, on a l'impression que [les urgences] 'enquiquinent' des équipes" qui sont par ailleurs "très motivées par la chirurgie ambulatoire".

Il a aussi estimé qu'avec l'arrivée des GHT, "le directeur de l'établissement pivot d'un territoire serait le patron [...] pour la planification de l'investissement". "Quand on aura achevé les choses en disant que le droit des autorisations devrait être donné par territoire, la boucle sera bouclée", a-t-il conclu.

pm/san/ab/APM polsan

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