Actualités de l'Urgence - APM

BAR-SUR-SEINE (Aube), 28 janvier 2025 (APMnews) - Les Hôpitaux Champagne Sud (HCS) ont franchi un cap dans l'intégration au cours de l'année 2024, tant sur leur mode d'organisation et que dans leur fonctionnement, a mis en avant le directeur des six établissements publics, Damien Patriat, lors des vœux communs des HCS organisés jeudi soir au centre hospitalier de Bar-sur-Seine.

"On a franchi un cap dans l'intégration de nos établissements", a souligné le directeur des Hôpitaux Champagne Sud (HCS) lors de cette cérémonie de vœux commune pour les sept établissements rassemblés sous la direction commune des HCS: les centres hospitaliers de Troyes (CHT), de Bar-sur-Aube, de Bar-sur-Seine, le groupement hospitalier Aube Marne (GHAM, Romilly-sur-Seine), l'établissement public de santé mentale de l'Aube (EPSMA, à Brienne-le-Château) et l'Ehpad Cardinal de Loménie (Brienne-le-Château), les Ehpad Cardinal de Loménie (Brienne-le-Château) et Pierre d’Arcis (Arcis-sur-Aube).

Damien Patriat a mentionné à ce titre la "gestion territoriale des lits, des professionnels et des flux patients" qui avait permis de faire face aux tensions épidémiques auxquelles ont été soumis les hôpitaux en fin d'année.

Pour illustrer cette territorialisation croissante, le directeur des HCS a par la suite évoqué les deux équipes paramédicales d'urgence (EPMU) mises en place pour les CH de Troyes et Bar-sur-Seine en partenariat avec le service départemental d'incendie et de secours (Sdis), la pharmacie à usage intérieur (PUI) commune à venir à Brienne-le-Château pour le CH de Bar-sur-Aube et l'EPSMA, le futur pôle maternité-périnatalité entre le centre périnatal de proximité (CPP) de Bar-sur-Aube, le CHT et le GHAM, ou encore le déploiement en cours d'une imagerie territoriale avec des partenaires privés.

Cette dernière coopération territoriale pourrait prendre la forme d'un plateau d'imagerie médicale mutualisé (Pimm), a confié Damien Patriat à APMnews plus tôt dans la journée, en marge des vœux de l'EPSMA à Brienne-le-Château.

Des paris en passe d'être gagnés sur les urgences et la psychiatrie

Lors des vœux du groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Aube et du Sézannais -qui rassemble les mêmes établissements que les HCS avec le CHT comme établissement support depuis que la résidence Pierre d'Arcis (Arcis-sur-Aube) a rejoint la direction commune en 2019-, le directeur a brossé un aperçu non exhaustif des différents accomplissements de l'année écoulée, avec tour à tour la mise en place d'une unité de vie protégée (UVP) de Sézanne, la reprise de la clinique Pays-de-Seine à Romilly (cf dépêche du 24/06/2024 à 18:02), l'ouverture d'une salle hybride à Troyes (cf dépêche du 26/11/2024 à 17:30), ou encore la consolidation des effectifs médicaux et de l'offre de soins de l'EPSMA: "On a pris des risques avec la communauté médicale et les soignants pour relever le challenge et atteindre les objectifs prévus".

"On a eu quatre nouveaux praticiens qui sont arrivés au niveau de la psychiatrie adulte et deux nouveaux praticiens pour la pédopsychiatrie", s'est félicité de son côté la Dr Karima Moings, présidente de la commission médicale d'établissement (PCME) de l'EPSMA, lors d'un échange avec APMnews jeudi matin.

La psychiatre a cependant souligné que son établissement comptait toujours des postes vacants, ce qui avait obligé l'EPSMA à réorganiser temporairement son offre en rapatriant ses lits d'hospitalisation de Troyes vers Brienne-le-Château, à l'exception de l'UP72 (unité psychiatrique 72h, post-urgence).

En 2025, l'EPSMA va faire évoluer son offre en regroupant ses activités de pédopsychiatrie pour optimiser l'utilisation du temps d'une ressource médicale rare et améliorer la lisibilité et la cohérence de son offre, avec un site unique, permettant de simplifier les parcours des jeunes patients, qui sont souvent amenés à passer d'un accompagnement à un autre au fil des âges et de leur état de santé.

Ce regroupement va se traduire par la construction d'une structure qui réunira les quatre structures ambulatoires pédopsychiatriques de Troyes (CMP 3-11 ans, unité pour adolescent, unité de périnatalité, unité trouble du spectre autistique/trouble du neurodéveloppement).

L'EPSMA a par ailleurs été retenu dans un appel à projets pour recevoir une nouvelle autorisation pour un hôpital de jour mère-père-bébé en vue de renforcer son offre en psychiatrie périnatale.

Situation budgétaire tendue pour les Ehpad et hôpitaux de proximité

Lors d'un entretien accordé à APMnews en marge des vœux de l'EPSMA, Damien Patriat est rentré plus en détail dans le bilan de l'année 2024, en décrivant un exercice budgétaire encore compliqué pour le secteur médico-social, avec "des Ehpad en tension", tout comme les deux hôpitaux de proximité des HCS (CH de Bar-sur-Seine et Bar-sur-Aube) pour lesquels il songe à "ajuster le modèle en diversifiant plus les activités", a exposé le directeur, en mentionnant "plus d'aller-vers, de décloisonnement, et plus d'ouverture sur le médico-social et le domicile".

Alors que l'établissement est toujours confronté à des difficultés structurelles "aujourd'hui générées par la maternité", le directeur a fait remarquer que le "plan de redressement en cours" au GHAM commençait à produire "ses effets" avec "une croissance d'activité à plus de deux chiffres" et "un IPDMS [indice de performance - durée moyenne de séjour] très inférieur à 1", notamment grâce à la reprise de la clinique Pays-de-Seine.

Après une dégradation du déficit du CHT entre 2022 et 2023, de 5,2 millions d'euros (M€) à 11,5 M€, il a estimé que l'exercice 2024 laissait présager une "tendance de fin d'hémorragie", avec un déficit prévisionnel "autour de 12 M€".

Une fois encore, il a mis en exergue des indicateurs de performances médico-économiques positifs avec un passage en dessous de 1 de l'IP-DMS, une progression de 6% d'hospitalisations complètes, "avec une pointe en milieu d'année à +11%", ou encore un "travail sur l'efficience pour contracter les coûts".

"On a poursuivi l'intrication et l'imbrication des Hôpitaux Champagne Sud", a insisté le directeur, en évoquant à nouveau les rapprochements des services de biologie et les PUI de Brienne, Bar-sur-Aube, et du GHAM à Romilly, "avec des pôles ou des services territoriaux, des autorisations uniques, des chefs et des équipes uniques".

Des urgences entièrement rénovées à l'été 2025

Le projet de refondation des urgences du CH de Troyes (cf dépêche du 29/03/2024 à 12:54), initié en mars 2023, devrait bien s'achever d'ici l'été 2025, conformément au calendrier prévu, la principale incertitude pour la direction à date étant de savoir si les nouveaux locaux du service d'urgence seront livrés avant la visite de certification de la Haute autorité de santé (HAS).

Après avoir été engagés dans une démarche de certification conjointe dès 2018, Damien Patriat a érigé la certification à venir en mars comme le principal défi des établissements du GHT de l'Aube et du Sézannais.

Les vœux organisés en marge de l'inauguration du nouvel hôpital de jour de Bar-sur-Seine ont également constitué l'occasion de rappeler l'ensemble des investissements en cours ou prévus au sein des HCS:

• Bar-sur-Seine: 2,2 M€ dont 0,85 M€ d'accompagnement Ségur pour réaménager l'entrée de l'hôpital et son parking, créer un hôpital de jour (HDJ) polyvalent à orientation gériatrique, un bâtiment administratif, un plateau de consultations avancées et prochainement un cabinet dentaire
• CH de Troyes: la rénovation du pôle imagerie (0,82 M€), le redimensionnement de l'hôpital de jour de médecine (43.000 €), la rénovation et l'aménagement de consultations externes de chirurgie (1,6 M€), la transformation des urgences (2,1 M€), la création d'un laboratoire territorial (9,2 M€ sur fonds européen Feder), la rénovation du service de radiothérapie avec le groupe Amethyst, la création d'une maison des femmes (0,5 M€ cofinancé par la Région Grand Est, la Ville et la Métropole de Troyes) d'ici fin 2025 et prochainement l'installation d'un troisième scanner
• GHAM: la création de l'unité de vie protégée (1,4 M€) et par la suite d'une salle nature au sein de la maternité (135.000 €)
• EPSMA: création d'une PUI de territoire (4,1 M€ sur fonds Feder), le regroupement des services de pédopsychiatrie
• CH de Bar-sur-Aube: l'installation d'un scanner (1 M€) et la rénovation des Ehpad (dont 77 chambres sur 130).

En clôture de la cérémonie de vœux, le maire de Troyes (LR) et président du conseil de surveillance du CHT, François Baroin, a assuré que 2025 serait "une année très importante puisque nous entrons dans le dur de la réalisation du fléchage des crédits Ségur", en évoquant "un échange long, de forte intensité" avec l'agence régionale de santé.

Il a évoqué par la suite un montant de "peu ou prou 60 M€" d'accompagnement nécessaire pour que les HCS puissent poursuivre "des objectifs précis répondant aux besoins des personnels soignants, des personnels techniques".

"L'objectif est très simple, que les personnels soient dans un cadre de travail appréciable que la dynamique d'investissements ne se relâche pas", a-t-il insisté en confirmant à APMnews qu'il attendait une aide minimum de 60 M€ pour les HCS "sur l'ensemble des projets Ségur".

gl/ab/APMnews