Actualités de l'Urgence - APM

La conférence de presse a réuni Etienne Le Maigat, délégué territorial de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire, Francis Saint-Hubert, directeur des hôpitaux de Vendée, le Dr François Brau, co-chef de service urgence-Samu-Smur du centre hospitalier départemental (CHD) de Vendée à La Roche-sur-Yon, Laurence Halna, directrice des soins du CHD de Vendée, le Dr Abdelwahed Fouini, représentant de l'association départementale pour l'organisation de la permanence des soins (Adops) et le Dr Dominique Brachet, président de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Centre Vendée.

"Dans une période de fortes tensions sur les ressources humaines au plan national, les hôpitaux de Vendée sont contraints de modifier leurs organisations pour préparer la période estivale", indiquent-ils dans un communiqué.

Malgré un important plan de recrutement se traduisant par une augmentation annuelle de 160 équivalents temps plein (ETP) en moyenne depuis 2018, le CHD de Vendée n'est pas parvenu à recruter cette année le personnel nécessaire à ses besoins. Il va devoir fermer 20% de ses lits cet été, contre 15% en 2021 -soit en moyenne 56 lits de plus fermés sur la période estivale.

"Il manque ainsi aujourd'hui une centaine de professionnels infirmiers et aides-soignants", précise le communiqué.

Par ailleurs, "les personnels hospitaliers sont très fatigués depuis la pandémie. Le taux d'absentéisme s'élève à 9,57% (à fin mai 2022), en hausse de 1,4 point par rapport à 2021 (le tiers de cette augmentation s'explique par les congés maternité)".

"L'objectif prioritaire est d'assurer la réponse aux soins les plus urgents, et aussi de prendre soin des équipes dont la mobilisation ne s'est pas relâchée depuis la crise sanitaire. Dans ce contexte, la collaboration ville/hôpital pour proposer de nouveaux modes de prises en charge aux patients devient indispensable et montre déjà son efficacité en Vendée", indique la direction du CHD.

Les équipes médicales et la direction ont travaillé pendant plusieurs semaines pour proposer des organisations qui permettent d'assurer la réponse aux soins les plus urgents, un niveau d'ouverture de lits suffisants, et la prise en compte du besoin de repos des professionnels.

Plusieurs principes ont été arrêtés:

• le maintien de la capacité d'accueil pour les disciplines de recours (neurologie, unités de soins continus...)
• le maintien des congés annuels des personnels
• le renforcement de la coordination territoriale entre les établissements publics et privés
• la mise en place au CHD de Vendée d’une cellule "parcours patient", chargée de gérer au quotidien les difficultés d'hospitalisation en lien avec les services de soins et les autres établissements du territoire
• et la couverture Smur de la Vendée par l’hélismur 24h/24 depuis le 1er juin et pour quatre mois.

En complément, des actions spécifiques RH sont également menées comme:

• le recours à de nouvelles organisations de travail (intégration dans les services de professionnels en missions transversales, postes de coordination, intégration accompagnée d'étudiants en santé...)
• exceptionnellement, des organisations provisoires en 12h dans trois secteurs sensibles (pédiatrie, maternité et Ehpad)
• le renforcement des demandes d'intérim
• la sollicitation, de nouveau, de la réserve sanitaire
• le paiement des congés annuels pour les CDD
• la priorisation des affectations des professionnels du pool de remplacement sur les besoins identifiés institutionnellement.

Des mesures aux urgences

Les hôpitaux de Vendée sont confrontés à la pénurie de médecins urgentistes. Ce déficit de médecins urgentistes représente entre 35% et 40% de l'effectif médical cible dont, au CHD de Vendée, 19 à 22 ETP sur 57 ETP, et, à l'échelle de la direction commune, 34 ETP.

Des équipes paramédicales d'urgence (EPMU) vont être mises en place en Vendée cet été comme annoncé (cf dépêche du 03/06/2022 à 17:53). Ces équipes paramédicales de proximité ont pour mission d'intervenir en amont du Smur si celui-ci se trouve à plus de 30 minutes de distance au moment du déclenchement par le Samu. Ce nouveau dispositif, expérimenté en Sarthe, est mis en place cet été au CHD de Vendée, au CH Côte de Lumière et au CH Loire Vendée Océan.

Sur certaines périodes et certains établissements, les services d'urgences seront fermés aux arrivées spontanées -la population sera invitée à appeler la régulation (le 15 ou le 116-117) pour y accéder. Des communications spécifiques seront réalisées par secteur pour l'informer. Il est aussi demandé à la population de privilégier l'appel aux professionnels de santé (médecins traitants, pharmaciens, dentistes) avant de contacter le 116-117.

Des organisations innovantes ville-hôpital

Afin d’améliorer la réponse aux besoins de soins médicaux non programmés aigus relevant de la médecine générale pour les patients ne trouvant pas de réponse au sein des cabinets du territoire, plusieurs dispositifs sont mis en place. "Ces dispositifs innovants ont été salués par la mission Braun (mission flash urgences), venue les découvrir le 14 juin", souligne le communiqué.

Les sept centres de soins non programmés (CSNP) ouverts progressivement depuis début 2022 (cf dépêche du 01/03/2022 à 18:51) constituent l'une des réponses aux besoins de soins ressentis par les patients comme urgents mais ne nécessitant pas une prise en charge par les services hospitaliers d'accueil des urgences. C'est une "offre de soins intermédiaire entre le cabinet de ville et la structure d'urgence plus spécialisée" qui permet de conjuguer fluidité, proximité, rapidité et qualité des soins.

Des agendas partagés avec les médecins généralistes permettent de proposer des rendez-vous au plus proche du domicile des patients.

Autre innovation: les stages autonomes en soins primaires ambulatoires supervisés, dits Saspas, qui sont un maillon de la chaîne de soins non programmés. Ils permettent de réaliser des consultations de médecine générale afin de répondre aux besoins de santé de la population, de parfaire la formation des internes de médecine générale sur le territoire avec une variété de la pratique médicale, et d'apporter une réponse à une crise démographique médicale notamment en médecine générale.

La Vendée compte 3 Saspas hospitaliers: au CH de Fontenay-le-Comte, au CHD de Vendée sur le site de La Roche-sur-Yon, et au CH Loire Vendée Océan. Ils relèvent d'une forte collaboration entre le centre hospitalier et la CPTS de référence, permettant notamment la réinsertion dans le circuit de médecine générale des patients nécessitant un suivi.

En outre, une équipe d'optimisation du parcours de soins (EOPS) a pour objectifs de dépister et prévenir le risque des passages aux urgences des personnes de plus de 75 ans et/ou handicapées, de faciliter l'accès de cette population fragile à l'offre de soins la plus adaptée à ses besoins, et d'identifier les besoins réels, par le suivi d'indicateurs, afin d’optimiser le parcours de soins.

Ce dispositif, accompagné par l’ARS Pays de la Loire, est porté conjointement par le CHD Vendée, l'hospitalisation à domicile (HAD), la clinique Saint-Charles et l'établissement public de santé mentale (EPSM) Georges-Mazurelle.

L'équipe EOPS est composée d’un médecin, trois infirmières, une assistante sociale et une secrétaire médicale. Elle intervient auprès des personnes de plus de 75 ans à domicile, des résidents d’Ehpad et d’Ehpa et des personnes handicapées à domicile ou en établissement médico-social.

Ses missions s’articulent autour de trois axes:

• actions de communication, sensibilisation, formation et évaluation
• avis téléphonique ou téléconsultation
• prise en charge suite à un passage aux urgences pour éviter un nouveau passage.

Enfin, l'HAD et les établissements privés, cliniques et établissements de soins de suite et de réadaptation (SSR) du département sont également des partenaires pour les hôpitaux de Vendée, cite le communiqué.

sl/ed/APMnews