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15/05 2023
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LES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES MULTIPLIENT PAR 2,5 LE RISQUE D'HOSPITALISATION URGENTE (ÉTUDE FRANÇAISE)

GENEVE, 15 mai 2023 (APMnews) - L'exposition à des interactions médicamenteuses pourtant contre-indiquées multiplie par près de 2,5 le risque d'hospitalisation urgente, ce qui représente entre 4.500 et 8.900 hospitalisations urgentes potentiellement évitables par an, selon une étude française.

Le vieillissement de la population et la prévalence accrue des maladies chroniques dans les pays occidentaux ont conduit à une augmentation de la consommation globale de médicaments et des personnes sous polymédications, ce qui les expose à des situations d'interactions médicamenteuses, rappellent Louis Létinier du centre de recherche Inserm-Université de Bordeaux U1219 sur la santé des populations et ses collègues du CHU de Bordeaux dans Drug Safety.

De précédents travaux ont notamment montré que près d'un quart de la population âgée française était exposée à une polymédication chronique et que parmi près de 7 millions de dispensations, entre 140.000 et 500.000 par trimestre concernaient des médicaments dont l'association était contre-indiquée.

Alors que ces situations d'interactions médicamenteuses sont globalement bien documentées, leur effet sur la santé des patients l'est moins. Les chercheurs ont voulu estimer l'effet de ces interactions médicamenteuses sur le risque d'hospitalisation en population générale.

Pour cela, ils ont mené une analyse de séries de cas autocontrôlés à partir d'une cohorte de 150.000 personnes sélectionnées de manière aléatoire à partir des données de l'échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB) de l'assurance maladie sur l'année 2016.

Ils ont examiné l'exposition à des interactions médicamenteuses, définie par les périodes de dispensation de médicaments contre-indiqués qui se chevauchent et l'incidence des hospitalisations d'urgence par rapport à une période de référence de non-exposition à ces interactions.

Au total, sur la période d'étude, 967 personnes (0,6%) ont été exposées à au moins une interaction médicamenteuse contre-indiquée à un moment dans l'année, dont 177 ont été hospitalisées au moins une fois en urgence (18%) pour un total de 254 séjours. Ces patients avaient 70 ans en moyenne, 60% étaient des femmes et 17 sont décédés au cours de l'année de suivi.

Le risque d'hospitalisation en urgence au cours d'une période d'exposition à une interaction médicamenteuse contre-indiquée augmentait par rapport à la période de non-exposition, avec un rapport des taux d'incidence (IRR) de 2,4.

Les chercheurs ont calculé qu'en l'absence d'exposition à des interactions médicamenteuses contre-indiquées, il serait possible d'éviter chaque année quelque 7.200 hospitalisations d'urgence, entre 4.500 dans l'hypothèse basse et 8.900 dans l'hypothèse haute.

Chez les 177 patients hospitalisés au moins une fois en urgence, au total 188 épisodes d'exposition à une interaction médicamenteuse contre-indiquée ont été identifiés, avec 48 paires de médicaments identifiés et 26 combinaisons de classes thérapeutiques ou pharmacologiques différentes.

Il s'agissait le plus souvent des associations de l'antidépresseur escitalopram et de l'antihistaminique hydroxyzine, utilisée également comme anxiolytique ainsi que du bêtabloquant bisoprolol et de l'anti-arythmique flécaïnide.

Les classes thérapeutiques les plus représentées parmi ces interactions médicamenteuses contre-indiquées étaient antidépresseur + anxiolytique et bêtabloquant + anti-arythmique.

Sur l'ensemble de ces patients, les interactions médicamenteuses contre-indiquées étaient associées à des risques de syndrome QT long (63% des épisodes), d'insuffisance cardiaque (20%), de surdoses de médicaments contre la goutte (8%) et de médicaments hypolipémiants (5%).

Ces résultats confirment la nécessité de renforcer la formation des médecins concernant les pratiques de prescription et de développer des outils de prévention pour éviter les interactions médicamenteuses contre-indiquées, concluent les chercheurs.

(Drug Safety, publication en ligne du 12 avril)

ld/ab/APMnews

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LES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES MULTIPLIENT PAR 2,5 LE RISQUE D'HOSPITALISATION URGENTE (ÉTUDE FRANÇAISE)

GENEVE, 15 mai 2023 (APMnews) - L'exposition à des interactions médicamenteuses pourtant contre-indiquées multiplie par près de 2,5 le risque d'hospitalisation urgente, ce qui représente entre 4.500 et 8.900 hospitalisations urgentes potentiellement évitables par an, selon une étude française.

Le vieillissement de la population et la prévalence accrue des maladies chroniques dans les pays occidentaux ont conduit à une augmentation de la consommation globale de médicaments et des personnes sous polymédications, ce qui les expose à des situations d'interactions médicamenteuses, rappellent Louis Létinier du centre de recherche Inserm-Université de Bordeaux U1219 sur la santé des populations et ses collègues du CHU de Bordeaux dans Drug Safety.

De précédents travaux ont notamment montré que près d'un quart de la population âgée française était exposée à une polymédication chronique et que parmi près de 7 millions de dispensations, entre 140.000 et 500.000 par trimestre concernaient des médicaments dont l'association était contre-indiquée.

Alors que ces situations d'interactions médicamenteuses sont globalement bien documentées, leur effet sur la santé des patients l'est moins. Les chercheurs ont voulu estimer l'effet de ces interactions médicamenteuses sur le risque d'hospitalisation en population générale.

Pour cela, ils ont mené une analyse de séries de cas autocontrôlés à partir d'une cohorte de 150.000 personnes sélectionnées de manière aléatoire à partir des données de l'échantillon généraliste des bénéficiaires (EGB) de l'assurance maladie sur l'année 2016.

Ils ont examiné l'exposition à des interactions médicamenteuses, définie par les périodes de dispensation de médicaments contre-indiqués qui se chevauchent et l'incidence des hospitalisations d'urgence par rapport à une période de référence de non-exposition à ces interactions.

Au total, sur la période d'étude, 967 personnes (0,6%) ont été exposées à au moins une interaction médicamenteuse contre-indiquée à un moment dans l'année, dont 177 ont été hospitalisées au moins une fois en urgence (18%) pour un total de 254 séjours. Ces patients avaient 70 ans en moyenne, 60% étaient des femmes et 17 sont décédés au cours de l'année de suivi.

Le risque d'hospitalisation en urgence au cours d'une période d'exposition à une interaction médicamenteuse contre-indiquée augmentait par rapport à la période de non-exposition, avec un rapport des taux d'incidence (IRR) de 2,4.

Les chercheurs ont calculé qu'en l'absence d'exposition à des interactions médicamenteuses contre-indiquées, il serait possible d'éviter chaque année quelque 7.200 hospitalisations d'urgence, entre 4.500 dans l'hypothèse basse et 8.900 dans l'hypothèse haute.

Chez les 177 patients hospitalisés au moins une fois en urgence, au total 188 épisodes d'exposition à une interaction médicamenteuse contre-indiquée ont été identifiés, avec 48 paires de médicaments identifiés et 26 combinaisons de classes thérapeutiques ou pharmacologiques différentes.

Il s'agissait le plus souvent des associations de l'antidépresseur escitalopram et de l'antihistaminique hydroxyzine, utilisée également comme anxiolytique ainsi que du bêtabloquant bisoprolol et de l'anti-arythmique flécaïnide.

Les classes thérapeutiques les plus représentées parmi ces interactions médicamenteuses contre-indiquées étaient antidépresseur + anxiolytique et bêtabloquant + anti-arythmique.

Sur l'ensemble de ces patients, les interactions médicamenteuses contre-indiquées étaient associées à des risques de syndrome QT long (63% des épisodes), d'insuffisance cardiaque (20%), de surdoses de médicaments contre la goutte (8%) et de médicaments hypolipémiants (5%).

Ces résultats confirment la nécessité de renforcer la formation des médecins concernant les pratiques de prescription et de développer des outils de prévention pour éviter les interactions médicamenteuses contre-indiquées, concluent les chercheurs.

(Drug Safety, publication en ligne du 12 avril)

ld/ab/APMnews

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