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12/01 2024
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LES PNEUMOLOGUES APPELLENT À LANCER UN PROJET AMBITIEUX DE DÉPISTAGE ORGANISÉ DU CANCER DU POUMON EN 2024

PARIS, 12 janvier 2024 (APMnews) - Les pneumologues appellent les pouvoirs publics à arbitrer en 2024 en faveur d'un projet ambitieux qui préfigure un programme national de dépistage organisé du cancer du poumon en France, à l'occasion de leur congrès annuel qui se tient à la fin du mois à Lille, a relayé le président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), le Pr Jesus Gonzales, vendredi lors d'une conférence de presse.

Sur le plan scientifique, le dépistage du cancer du poumon par scanner faibles doses a démontré son efficacité dans deux grandes études, NELSON et NLST, et les résultats sont "massifs" (cf dépêche du 29/01/2020 à 23:00), a rappelé le pneumologue affilié à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP).

"Dans les pays qui ont mis en place le dépistage organisé, comme les Etats-Unis, les trois quarts des cas diagnostiqués le sont au stade nodulaire isolé, alors que dans les pays sans programme, comme la France, les trois quarts des cas sont diagnostiqués au stade métastatique, ce qui a un coût très élevé pour la société. C'est un changement de paradigme."

La France a pris du retard. La situation est "très triste". Le dépistage organisé du cancer du poumon "n'est plus un sujet scientifique" et "on a besoin d'un arbitrage pour avancer", a insisté le Pr Gonzales, ajoutant que le référentiel demandé par l'Institut national du cancer (Inca) était "presque prêt".

L'Inca et la Haute autorité de santé (HAS) s'étaient déclarés, début 2022, favorables à un programme pilote pour mettre en place un dépistage organisé en France. Le cahier des charges et l'appel à projets devaient être publiés à la fin 2023 mais "l'agenda politique ne nous a pas aidés", a observé le Pr Sébastien Couraud des Hospices civils de Lyon, représentant la SPLF au sein d'un groupe de travail ad hoc, contacté par APMnews.

Il s'agit de décider de soit mener une nouvelle expérimentation pour recueillir des données précises sur le bénéfice attribuable et les effets indésirables associés à l'utilisation du scanner, soit entrer dans "un programme préfigurant le dépistage, avec des aspects organisationnels, où on pourra recueillir aussi des données d'efficacité et de sécurité".

"Il n'est plus question de se demander si c'est efficace, on le sait! Et il ne serait pas éthique de mener un essai randomisé alors que le dépistage a fait ses preuves. Certes, côté recherche, il y a toujours matière à creuser: les doses [de rayons] délivrées, la qualité de vie, l'anxiété, le surdiagnostic… Avançons! Il faut y aller en 2024, se lancer dans un projet sérieux et ambitieux, avec un aspect opérationnel, de santé publique."

Lorsque l'appel à projet sera publié, ce qui est à présent attendu au cours du premier trimestre 2024, l'objectif sera de "réaliser les premiers scanners fin 2024 ou début 2025".

Aux HCL en particulier, le camion pour évaluer un dépistage mobile auprès des populations rurales "a été commandé et sera prêt!", a ajouté le Pr Couraud.

Le Pr Gonzales a rejeté l'idée d'un nouveau programme de recherche clinique car "c'est plus difficile à financer, à organiser et qu'il se déroule essentiellement dans les CHU, ce qui exclut une partie de la population". "L'efficacité a été démontrée et c'est une priorité du président de la République!"

La faisabilité du dépistage organisé du cancer du poumon est inscrite dans la stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030 de l'Inca qu'Emmanuel Macron avait présentée en février 2021, rappelle-t-on (cf dépêche du 04/02/2021 à 06:00).

"La population a bien compris le lien entre cigarette et cancer du poumon, elle est intéressée", a également fait valoir le président de la SPLF.

Tester également le dépistage de la BPCO et des calcifications des coronaires

Interrogé par APMnews sur l'intérêt de rechercher d'autres maladies liées au tabac à l'occasion du dépistage, une approche qui se développe (cf dépêche du 05/07/2023 à 18:17), il a expliqué que c'était "un pied dans la porte pour dépister en particulier la BPCO [bronchopneumopathie chronique obstructive] et les calcifications des coronaires".

"Dans l'idéal, et c'est ce que la SPLF propose, il faudrait à l'occasion du dépistage du cancer du poumon proposer également une consultation de sevrage tabagique et une spirométrie", a précisé le Pr Gonzales.

"On espère que cette proposition sera suivie car le seul dépistage du cancer du poumon n'a pas le même intérêt. Le calcul du score de risque de cancer, ainsi que le score calcique des coronaires, l'évaluation de la fonction ventilatoire et les conseils de sevrage tabagiques peuvent favoriser la participation au suivi au fil des ans", point faible des programmes de dépistage, a commenté le Dr Hervé Pegliasco de l'Hôpital européen à Marseille.

Cette question a été discutée au sein du groupe de travail, a ajouté le Pr Couraud. "Le scanner thoracique ne se limite pas aux poumons donc c'est une opportunité pour mener une action de sevrage tabagique et dépister d'autres maladies auprès de cette population, la BPCO et les calcifications des coronaires étant les sujets les plus avancés sur le plan scientifique. Il serait incongru de ne pas les intégrer."

Le cahier des charges, qui doit donc être encore validé, propose un volet tabacologique et un dépistage de la BPCO et du risque cardiovasculaire par la mesure du score de calcification des coronaires. Si les conseils de sevrages tabagiques sont incontournables, le dépistage des autres maladies peut faire l'objet d'"études ancillaires" dans le cadre des expérimentations car son intérêt notamment en matière de survie n'est pas encore démontré.

Les projets visant à évaluer la faisabilité d'un programme de dépistage du cancer du poumon doivent aussi permettre de déterminer les actions pour le rendre accessible à l'ensemble de la population. Outre le camion équipé d'un scanner qui sera testé par les HCL, le Pr Pegliasco a mentionné une expérimentation soutenue par l'agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui permet à des médiateurs de santé de faire du porte-à-porte auprès de populations fragiles mais non sensibilisées.

Chaque année en France, près de 53.000 nouveaux cas de cancer du poumon sont diagnostiqués et 33.000 personnes décèdent d'un cancer du poumon, rappelle la SPLF.

ld/cd/APMnews

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PARIS, 12 janvier 2024 (APMnews) - Les pneumologues appellent les pouvoirs publics à arbitrer en 2024 en faveur d'un projet ambitieux qui préfigure un programme national de dépistage organisé du cancer du poumon en France, à l'occasion de leur congrès annuel qui se tient à la fin du mois à Lille, a relayé le président de la Société de pneumologie de langue française (SPLF), le Pr Jesus Gonzales, vendredi lors d'une conférence de presse.

Sur le plan scientifique, le dépistage du cancer du poumon par scanner faibles doses a démontré son efficacité dans deux grandes études, NELSON et NLST, et les résultats sont "massifs" (cf dépêche du 29/01/2020 à 23:00), a rappelé le pneumologue affilié à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (AP-HP).

"Dans les pays qui ont mis en place le dépistage organisé, comme les Etats-Unis, les trois quarts des cas diagnostiqués le sont au stade nodulaire isolé, alors que dans les pays sans programme, comme la France, les trois quarts des cas sont diagnostiqués au stade métastatique, ce qui a un coût très élevé pour la société. C'est un changement de paradigme."

La France a pris du retard. La situation est "très triste". Le dépistage organisé du cancer du poumon "n'est plus un sujet scientifique" et "on a besoin d'un arbitrage pour avancer", a insisté le Pr Gonzales, ajoutant que le référentiel demandé par l'Institut national du cancer (Inca) était "presque prêt".

L'Inca et la Haute autorité de santé (HAS) s'étaient déclarés, début 2022, favorables à un programme pilote pour mettre en place un dépistage organisé en France. Le cahier des charges et l'appel à projets devaient être publiés à la fin 2023 mais "l'agenda politique ne nous a pas aidés", a observé le Pr Sébastien Couraud des Hospices civils de Lyon, représentant la SPLF au sein d'un groupe de travail ad hoc, contacté par APMnews.

Il s'agit de décider de soit mener une nouvelle expérimentation pour recueillir des données précises sur le bénéfice attribuable et les effets indésirables associés à l'utilisation du scanner, soit entrer dans "un programme préfigurant le dépistage, avec des aspects organisationnels, où on pourra recueillir aussi des données d'efficacité et de sécurité".

"Il n'est plus question de se demander si c'est efficace, on le sait! Et il ne serait pas éthique de mener un essai randomisé alors que le dépistage a fait ses preuves. Certes, côté recherche, il y a toujours matière à creuser: les doses [de rayons] délivrées, la qualité de vie, l'anxiété, le surdiagnostic… Avançons! Il faut y aller en 2024, se lancer dans un projet sérieux et ambitieux, avec un aspect opérationnel, de santé publique."

Lorsque l'appel à projet sera publié, ce qui est à présent attendu au cours du premier trimestre 2024, l'objectif sera de "réaliser les premiers scanners fin 2024 ou début 2025".

Aux HCL en particulier, le camion pour évaluer un dépistage mobile auprès des populations rurales "a été commandé et sera prêt!", a ajouté le Pr Couraud.

Le Pr Gonzales a rejeté l'idée d'un nouveau programme de recherche clinique car "c'est plus difficile à financer, à organiser et qu'il se déroule essentiellement dans les CHU, ce qui exclut une partie de la population". "L'efficacité a été démontrée et c'est une priorité du président de la République!"

La faisabilité du dépistage organisé du cancer du poumon est inscrite dans la stratégie décennale de lutte contre le cancer 2021-2030 de l'Inca qu'Emmanuel Macron avait présentée en février 2021, rappelle-t-on (cf dépêche du 04/02/2021 à 06:00).

"La population a bien compris le lien entre cigarette et cancer du poumon, elle est intéressée", a également fait valoir le président de la SPLF.

Tester également le dépistage de la BPCO et des calcifications des coronaires

Interrogé par APMnews sur l'intérêt de rechercher d'autres maladies liées au tabac à l'occasion du dépistage, une approche qui se développe (cf dépêche du 05/07/2023 à 18:17), il a expliqué que c'était "un pied dans la porte pour dépister en particulier la BPCO [bronchopneumopathie chronique obstructive] et les calcifications des coronaires".

"Dans l'idéal, et c'est ce que la SPLF propose, il faudrait à l'occasion du dépistage du cancer du poumon proposer également une consultation de sevrage tabagique et une spirométrie", a précisé le Pr Gonzales.

"On espère que cette proposition sera suivie car le seul dépistage du cancer du poumon n'a pas le même intérêt. Le calcul du score de risque de cancer, ainsi que le score calcique des coronaires, l'évaluation de la fonction ventilatoire et les conseils de sevrage tabagiques peuvent favoriser la participation au suivi au fil des ans", point faible des programmes de dépistage, a commenté le Dr Hervé Pegliasco de l'Hôpital européen à Marseille.

Cette question a été discutée au sein du groupe de travail, a ajouté le Pr Couraud. "Le scanner thoracique ne se limite pas aux poumons donc c'est une opportunité pour mener une action de sevrage tabagique et dépister d'autres maladies auprès de cette population, la BPCO et les calcifications des coronaires étant les sujets les plus avancés sur le plan scientifique. Il serait incongru de ne pas les intégrer."

Le cahier des charges, qui doit donc être encore validé, propose un volet tabacologique et un dépistage de la BPCO et du risque cardiovasculaire par la mesure du score de calcification des coronaires. Si les conseils de sevrages tabagiques sont incontournables, le dépistage des autres maladies peut faire l'objet d'"études ancillaires" dans le cadre des expérimentations car son intérêt notamment en matière de survie n'est pas encore démontré.

Les projets visant à évaluer la faisabilité d'un programme de dépistage du cancer du poumon doivent aussi permettre de déterminer les actions pour le rendre accessible à l'ensemble de la population. Outre le camion équipé d'un scanner qui sera testé par les HCL, le Pr Pegliasco a mentionné une expérimentation soutenue par l'agence régionale de santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d'Azur (Paca), qui permet à des médiateurs de santé de faire du porte-à-porte auprès de populations fragiles mais non sensibilisées.

Chaque année en France, près de 53.000 nouveaux cas de cancer du poumon sont diagnostiqués et 33.000 personnes décèdent d'un cancer du poumon, rappelle la SPLF.

ld/cd/APMnews

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