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07/04 2021
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LES PROFESSIONNELS DE LA RÉANIMATION PUBLIENT LEUR GUIDE POUR CONSTITUER "UNE RÉSERVE SOIGNANTE EN SOINS CRITIQUES"

PARIS, 7 avril 2021 (APMnews) - Les conseils nationaux professionnels de médecine intensive et réanimation (CNP-MIR) et d'anesthésie-réanimation et médecine peropératoire (CNP-ARMPO), appuyés par la Fédération nationale des infirmiers de réanimation (Fnir), ont diffusé mardi un guide pour constituer des réserves soignantes en soins critiques afin de faire face à des augmentations brutales des besoins en soins critiques à l'image de la crise sanitaire du Covid-19.

"La crise Covid a mis en tension notre système de santé et la capacité d’accueil des soins critiques a été interrogée", ont rappelé les deux sociétés savantes dans l'introduction de ce guide réalisé sous la coordination des présidents respectifs des CNP-MIR et CNP-ARMPO, les Prs Jean-Paul Mira (Assistance publique-hôpitaux de Paris) et Bertrand Dureuil (CHU de Rouen).

Si le CNP-MIR et le CNP-ARMPO rappellent que le système de santé a su s'adapter en mettant en place des "solutions de renforcement et d’extension du nombre des lits de soins critiques", ils soulignent toutefois que "la principale limite de cette stratégie a été l’adéquation nécessaire entre les personnels soignants compétents en réanimation disponibles […] et le nombre de patients à prendre en charge".

Pour pallier ce manque de personnels soignants en cas de pic soudain d'activité dans les services de soins intensifs, les CNP d'anesthésie et de réanimation proposent donc de créer des réserves soignantes compétentes en soins critiques dans les établissements disposant d’une unité de réanimation, afin de leur donner "une réelle agilité pour étendre leur capacité en lits de soins critiques".

Un des enseignements de la première vague de Covid-19

Cette proposition avait été formulée par les CNP impliqués en réanimation auprès du ministère des solidarités et de la santé juillet 2020, après la première vague épidémique du Covid-19, rappelle-t-on (cf dépêche du 04/11/2020 à 12:17).

"Les CNP d’anesthésie-réanimation et de médecine intensive avaient fait un certain nombre de demandes à la DGOS [direction générale de l'offre de soins] concernant la deuxième vague", a recontextualisé le Pr Bertrand Dureuil, contacté mardi par APMnews, "et notamment la possibilité de créer des renforts au niveau des établissements qui avaient des réas".

"On a convenu qu’il fallait modéliser un peu le projet et proposer un cadre général pour le cadre de ses renforts", a ajouté le président du CNP-ARMPO.

Les présidents de CNP d’anesthésie-réanimation et de médecine intensive proposent donc dans ce guide de créer une réserve soignante compétente en soins critiques "composée de professionnels, ne travaillant pas habituellement en soins critiques mais volontaires pour venir en renfort en cas de crise sanitaire", soit "principalement" des infirmiers (IDE) "mais également" des aides-soignants (AS).

Une formation socle à des cycles réguliers de formation continue

Ces personnels devront bénéficier d'une formation socle composée d'une partie théorique (d'une durée de 2 à 3 jours selon le profil du candidat) et d'une partie en immersion au sein d’une réanimation pendant 3 jours au minimum.

Elle pourrait s'inscrire dans le cadre de la démarche du développement professionnel continu (DPC).

Cette formation devra permettre aux soignants candidats d'acquérir les compétences nécessaires pour:

  • coopérer avec les autres professionnels de l’équipe
  • appliquer les procédures internes et maîtriser les systèmes d’information
  • maîtriser les solutions thérapeutiques et le monitorage de base en réanimation.

"Le maintien des compétences en soins critiques, assuré par la participation à des cycles réguliers de formation, est une condition d’appartenance à la réserve", ont souligné les auteurs du guide, en mentionnant des formations théoriques, de la simulation et de nouvelles immersions dans des services de réanimation.

Pour rendre la réserve soignante attractive, ils ont également pointé que cet engagement devait être "valorisé financièrement".

"Les établissements de santé disposant d’une unité de réanimation autorisée mettent en place une plateforme de gestion des personnels de la réserve soignante", ont précisé les auteurs du guide, en recommandant d'utiliser un passeport numérique pour assurer le suivi des compétences.

La création de réserves soignantes en soins intensifs permettra également de mettre en place une approche territoriale ou régionale des ressources humaines paramédicales en soins intensifs, en s'appuyant sur les filières de soins critiques préexistantes.

En cas de nouveaux pics d'activité en soins intensifs, elles permettraient ainsi de limiter le recours aux ressources humaines issues des plateaux techniques, notamment les infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (Iade) et les infirmiers des blocs opératoires diplômés d’Etat (Ibode), en "réduisant ainsi les déprogrammations chirurgicales et interventionnelles".

Les professionnels de la réanimation demandent des orientations et un calendrier précis

Dans une tribune publiée dans Le Monde daté de jeudi, les présidents du CNP-MIR et du CNP-ARMPO formulent leurs recommandations et demandent au chef de l'Etat, sans tarder, des orientations et un calendrier précis de mise en oeuvre de leurs demandes d'évolutions structurelles et organisationnelles, afin de pouvoir répondre à l'objectif de 3.000 lits de réanimation supplémentaires demandé.

S'ils estiment nécessaire l'ouverture de ces lits, ils martèlent que cela suppose de disposer de personnel, et en particulier d'infirmiers ayant les compétences en soins critiques. Cela "ne s'acquière pas en quelques jours", insistent-ils.

La création de 3.000 lits de réanimation sous-entend de disposer de 4.800 à 6.000 nouveaux infirmiers, mais aussi d'aides-soignants, de kinésithérapeutes, de psychologues et de médecins supplémentaires, alors que l'on est dans un contexte de pénurie de personnels, antérieure à la crise, font-ils remarquer.

Ils mentionnent ainsi 3 recommandations déjà formulées en juillet 2020, à l'issue de la 1re vague du Covid-19, visant à ce que "notre système de soins critiques soit effectivement en condition de mieux s'adapter en situation de crise sanitaire".

La création d'une réserve soignante compétente en soins critiques est l'une de ces recommandations.

Il s'agit également de la reconnaissance des compétences très spécifiques des infirmiers de réanimation "qui, aujourd'hui, ne sont absolument pas prises en compte et valorisées en France".

Il faut en outre renforcer le ratio infirmier patient en réanimation, en passant de 1 infirmier pour 2,5 patients à 1 infirmier pour 2 patients. "Cette mesure, justifiée par la charge en soins très lourde, permettrait, en cas de crise et d'extension de nos réanimations, de disposer de davantage d'infirmiers experts en réanimation pour encadrer les personnels venus en renfort". Le nombre d'infirmiers experts est actuellement insuffisant et constituent un frein à l'ouverture de nouveaux lits de réanimation, soulignent-ils.

"Nous considérons que des orientations et un calendrier précis doivent être posés sans attendre, et au plus haut niveau, de manière [à ce] que notre système de santé acte les conditions qui, à terme, lui permettront de disposer des moyens […] indispensables pour répondre aux besoins de nos concitoyens", ajoutent-ils.

gl-cd/ab/APMnews

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PARIS, 7 avril 2021 (APMnews) - Les conseils nationaux professionnels de médecine intensive et réanimation (CNP-MIR) et d'anesthésie-réanimation et médecine peropératoire (CNP-ARMPO), appuyés par la Fédération nationale des infirmiers de réanimation (Fnir), ont diffusé mardi un guide pour constituer des réserves soignantes en soins critiques afin de faire face à des augmentations brutales des besoins en soins critiques à l'image de la crise sanitaire du Covid-19.

"La crise Covid a mis en tension notre système de santé et la capacité d’accueil des soins critiques a été interrogée", ont rappelé les deux sociétés savantes dans l'introduction de ce guide réalisé sous la coordination des présidents respectifs des CNP-MIR et CNP-ARMPO, les Prs Jean-Paul Mira (Assistance publique-hôpitaux de Paris) et Bertrand Dureuil (CHU de Rouen).

Si le CNP-MIR et le CNP-ARMPO rappellent que le système de santé a su s'adapter en mettant en place des "solutions de renforcement et d’extension du nombre des lits de soins critiques", ils soulignent toutefois que "la principale limite de cette stratégie a été l’adéquation nécessaire entre les personnels soignants compétents en réanimation disponibles […] et le nombre de patients à prendre en charge".

Pour pallier ce manque de personnels soignants en cas de pic soudain d'activité dans les services de soins intensifs, les CNP d'anesthésie et de réanimation proposent donc de créer des réserves soignantes compétentes en soins critiques dans les établissements disposant d’une unité de réanimation, afin de leur donner "une réelle agilité pour étendre leur capacité en lits de soins critiques".

Un des enseignements de la première vague de Covid-19

Cette proposition avait été formulée par les CNP impliqués en réanimation auprès du ministère des solidarités et de la santé juillet 2020, après la première vague épidémique du Covid-19, rappelle-t-on (cf dépêche du 04/11/2020 à 12:17).

"Les CNP d’anesthésie-réanimation et de médecine intensive avaient fait un certain nombre de demandes à la DGOS [direction générale de l'offre de soins] concernant la deuxième vague", a recontextualisé le Pr Bertrand Dureuil, contacté mardi par APMnews, "et notamment la possibilité de créer des renforts au niveau des établissements qui avaient des réas".

"On a convenu qu’il fallait modéliser un peu le projet et proposer un cadre général pour le cadre de ses renforts", a ajouté le président du CNP-ARMPO.

Les présidents de CNP d’anesthésie-réanimation et de médecine intensive proposent donc dans ce guide de créer une réserve soignante compétente en soins critiques "composée de professionnels, ne travaillant pas habituellement en soins critiques mais volontaires pour venir en renfort en cas de crise sanitaire", soit "principalement" des infirmiers (IDE) "mais également" des aides-soignants (AS).

Une formation socle à des cycles réguliers de formation continue

Ces personnels devront bénéficier d'une formation socle composée d'une partie théorique (d'une durée de 2 à 3 jours selon le profil du candidat) et d'une partie en immersion au sein d’une réanimation pendant 3 jours au minimum.

Elle pourrait s'inscrire dans le cadre de la démarche du développement professionnel continu (DPC).

Cette formation devra permettre aux soignants candidats d'acquérir les compétences nécessaires pour:

  • coopérer avec les autres professionnels de l’équipe
  • appliquer les procédures internes et maîtriser les systèmes d’information
  • maîtriser les solutions thérapeutiques et le monitorage de base en réanimation.

"Le maintien des compétences en soins critiques, assuré par la participation à des cycles réguliers de formation, est une condition d’appartenance à la réserve", ont souligné les auteurs du guide, en mentionnant des formations théoriques, de la simulation et de nouvelles immersions dans des services de réanimation.

Pour rendre la réserve soignante attractive, ils ont également pointé que cet engagement devait être "valorisé financièrement".

"Les établissements de santé disposant d’une unité de réanimation autorisée mettent en place une plateforme de gestion des personnels de la réserve soignante", ont précisé les auteurs du guide, en recommandant d'utiliser un passeport numérique pour assurer le suivi des compétences.

La création de réserves soignantes en soins intensifs permettra également de mettre en place une approche territoriale ou régionale des ressources humaines paramédicales en soins intensifs, en s'appuyant sur les filières de soins critiques préexistantes.

En cas de nouveaux pics d'activité en soins intensifs, elles permettraient ainsi de limiter le recours aux ressources humaines issues des plateaux techniques, notamment les infirmiers anesthésistes diplômés d’Etat (Iade) et les infirmiers des blocs opératoires diplômés d’Etat (Ibode), en "réduisant ainsi les déprogrammations chirurgicales et interventionnelles".

Les professionnels de la réanimation demandent des orientations et un calendrier précis

Dans une tribune publiée dans Le Monde daté de jeudi, les présidents du CNP-MIR et du CNP-ARMPO formulent leurs recommandations et demandent au chef de l'Etat, sans tarder, des orientations et un calendrier précis de mise en oeuvre de leurs demandes d'évolutions structurelles et organisationnelles, afin de pouvoir répondre à l'objectif de 3.000 lits de réanimation supplémentaires demandé.

S'ils estiment nécessaire l'ouverture de ces lits, ils martèlent que cela suppose de disposer de personnel, et en particulier d'infirmiers ayant les compétences en soins critiques. Cela "ne s'acquière pas en quelques jours", insistent-ils.

La création de 3.000 lits de réanimation sous-entend de disposer de 4.800 à 6.000 nouveaux infirmiers, mais aussi d'aides-soignants, de kinésithérapeutes, de psychologues et de médecins supplémentaires, alors que l'on est dans un contexte de pénurie de personnels, antérieure à la crise, font-ils remarquer.

Ils mentionnent ainsi 3 recommandations déjà formulées en juillet 2020, à l'issue de la 1re vague du Covid-19, visant à ce que "notre système de soins critiques soit effectivement en condition de mieux s'adapter en situation de crise sanitaire".

La création d'une réserve soignante compétente en soins critiques est l'une de ces recommandations.

Il s'agit également de la reconnaissance des compétences très spécifiques des infirmiers de réanimation "qui, aujourd'hui, ne sont absolument pas prises en compte et valorisées en France".

Il faut en outre renforcer le ratio infirmier patient en réanimation, en passant de 1 infirmier pour 2,5 patients à 1 infirmier pour 2 patients. "Cette mesure, justifiée par la charge en soins très lourde, permettrait, en cas de crise et d'extension de nos réanimations, de disposer de davantage d'infirmiers experts en réanimation pour encadrer les personnels venus en renfort". Le nombre d'infirmiers experts est actuellement insuffisant et constituent un frein à l'ouverture de nouveaux lits de réanimation, soulignent-ils.

"Nous considérons que des orientations et un calendrier précis doivent être posés sans attendre, et au plus haut niveau, de manière [à ce] que notre système de santé acte les conditions qui, à terme, lui permettront de disposer des moyens […] indispensables pour répondre aux besoins de nos concitoyens", ajoutent-ils.

gl-cd/ab/APMnews

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