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14/02 2022
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LES RECOMMANDATIONS DU CONSEIL SCIENTIFIQUE COVID-19 POUR REMÉDIER À UNE STRATÉGIE ONE HEALTH "MAL STRUCTURÉE" ET "PEU LISIBLE"

PARIS, 14 février 2022 (APMnews) - Le Conseil scientifique Covid-19 formule 10 propositions pour renforcer l'approche One Health en France, parmi lesquelles la création d'une plateforme interministérielle associant différentes expertises scientifiques, l'implication des médecins spécialistes et des équipes de recherche hospitalières ou encore la levée de certains blocages administratifs, dans un avis diffusé samedi.

"La crise actuelle [du Covid-19] met en exergue la nécessité d'être capable d'identifier en amont les risques, de les prévenir et les limiter, et d'anticiper les émergences afin de mieux nous préparer aux prochaines crises sanitaires, dont les crises pandémiques", écrit le conseil scientifique en introduction de son avis daté du mardi 8 février et transmis le même jour aux autorités nationales.

Or, "cette approche ne pourra se concrétiser que de façon intégrée et intersectorielle (santé humaine et santé animale mais aussi environnement) à travers une stratégie: Une seule santé ou One Health", estime-t-il.

Le constat qu'il fait, "à la lumière de certaines failles de la gestion de la crise Covid", c'est que cette stratégie One Health est "culturellement peu partagée, actuellement mal structurée, pas suffisamment opérationnelle et peu lisible", et qu'il est donc "urgent" de développer ce concept.

"Au-delà d'une gestion de crise, c'est la structuration d'une organisation multisectorielle consolidée, réactive et intégrée au plus haut niveau de la gouvernance de la santé qu'il est nécessaire de proposer", estime le conseil scientifique.

Il formule 10 propositions pour renforcer l'approche One Health en France, estimant que "de nombreuses actions tant au niveau de la recherche qu'à celui des institutions sont nécessaires pour répondre aux enjeux associés aux crises sanitaires".

Il recommande en premier lieu de "mettre en place une plateforme interministérielle One Health ou une gouvernance interministérielle placée au plus haut niveau du gouvernement, qui associerait différentes expertises scientifiques". Son rôle serait "d'analyser et d'actualiser régulièrement les risques majeurs d'émergence de pathogènes dans l'environnement, chez les animaux ou chez l'homme" et "de les partager en toute transparence avec toutes les parties prenantes".

Il préconise également d'établir une "surveillance conjointe de la santé animale et de la santé humaine pour les zoonoses", ce qui passerait notamment par l'implication renforcée du ministère de la santé et de Santé publique France (SPF) dans les "plateformes d'épidémiosurveillance multi-acteurs" déployées par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation.

Il faut pour cela établir "a minima une liste de pathogènes à surveiller" -sachant que des travaux ont débuté en ce sens sous l'égide de l'ANRS-Maladies infectieuses émergentes- et, en cas de détection, mettre en oeuvre rapidement des recherches chez l'homme et chez l'animal.

Le conseil scientifique recommande aussi de "renforcer le développement d'actions One Health entre les ministères en charge de la santé, de l'agriculture et de l'environnement", leurs agences et les autorités régionales (notamment les agences régionales de santé -ARS), en "favorisant les interactions opérationnelles avec les secteurs de la santé animale et de l'environnement, pour inclure le One Health dans une vision renouvelée de la santé publique".

Il appelle en outre à "favoriser le rapprochement des laboratoires de référence du ministère de la santé (CNR) et de l'agriculture et de l'alimentation (LNR) par des financements communs, voire une double tutelle".

Impliquer l'hôpital, "des infectiologues jusqu'aux réanimateurs"

Notant que des pathogènes comme le virus de la grippe porcine peuvent circuler dans les élevages "sans relever directement de la responsabilité du ministère de l'agriculture, car non catégorisés", le conseil scientifique recommande d'identifier les "déficits de surveillance des émergences à l'interface santé humaine - santé animale" et de redéfinir les responsabilités ministérielles de surveillance et de gestion de ces maladies.

Selon lui, il faut aussi que dès que débute une crise sanitaire, les "moyens de la mobilisation des experts en santé animale et des experts en santé humaine" soient mis en oeuvre rapidement.

Le conseil scientifique préconise également d'"impliquer l'hôpital, des infectiologues jusqu'aux réanimateurs, afin qu'ils puissent rapporter des événements cliniques anormaux et sévères sans étiologie repérée (maladie X), en particulier si elle se révèle d'importation".

Les équipes de recherche hospitalières doivent en outre être mobilisées sur "des diagnostics rapides et innovants des maladies infectieuses sévères d'origine indéterminée", et la remontée d'information rapide doit être facilitée, de même que le retour sur le suivi des cas pour "avancer dans la démarche diagnostique".

Lever les blocages administratifs

Le conseil scientifique recommande également de "lever les blocages administratifs pour la mobilisation des laboratoires de recherche et des laboratoires vétérinaires sur le diagnostic et le séquençage en temps de crise".

Il faut "faciliter pour ces laboratoires la préparation des échantillons par les CHU, leur inactivation, leur fourniture, faciliter également l'enregistrement des résultats et leur diffusion aux différents acteurs, notamment dans les territoires d'outre-mer où les capacités sont limitées", estime-t-il.

Il préconise également de "favoriser les recherches à l'interface environnement/santé animale/santé humaine concernant les zoonoses". Cela passe par le renforcement des collaborations entre les institutions (Anses/Cirad/Inrae/Inserm/IRD/Institut Pasteur…) et les échanges de données et d'informations, "notamment à travers l'ANRS-MIE". "Cette vision intègre la nécessité d'une collaboration Nord-Sud", précise-t-il.

Enfin, le conseil scientifique recommande de "s'appuyer sur les réseaux partenariaux de recherche et les implantations françaises dans les régions d'outre-mer et dans 'les pays du Sud' pour que la France soit moteur pour l'Europe d'une recherche/surveillance intégrée One Health dans les zones d'émergence, en favorisant les partenariats/études 'Sud-Sud'".

"Ce renforcement en France des approches One Health dans les institutions, la surveillance des émergences, la recherche et l'éducation devait permettre à la France d'être aussi plus visible, voire moteur dans les actions à développer au niveau européen et international", pointe le conseil scientifique.

Contribution du Conseil scientifique Covid-19 sur "One Health", les leçons de la crise

sb/ab/APMnews

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LES RECOMMANDATIONS DU CONSEIL SCIENTIFIQUE COVID-19 POUR REMÉDIER À UNE STRATÉGIE ONE HEALTH "MAL STRUCTURÉE" ET "PEU LISIBLE"

PARIS, 14 février 2022 (APMnews) - Le Conseil scientifique Covid-19 formule 10 propositions pour renforcer l'approche One Health en France, parmi lesquelles la création d'une plateforme interministérielle associant différentes expertises scientifiques, l'implication des médecins spécialistes et des équipes de recherche hospitalières ou encore la levée de certains blocages administratifs, dans un avis diffusé samedi.

"La crise actuelle [du Covid-19] met en exergue la nécessité d'être capable d'identifier en amont les risques, de les prévenir et les limiter, et d'anticiper les émergences afin de mieux nous préparer aux prochaines crises sanitaires, dont les crises pandémiques", écrit le conseil scientifique en introduction de son avis daté du mardi 8 février et transmis le même jour aux autorités nationales.

Or, "cette approche ne pourra se concrétiser que de façon intégrée et intersectorielle (santé humaine et santé animale mais aussi environnement) à travers une stratégie: Une seule santé ou One Health", estime-t-il.

Le constat qu'il fait, "à la lumière de certaines failles de la gestion de la crise Covid", c'est que cette stratégie One Health est "culturellement peu partagée, actuellement mal structurée, pas suffisamment opérationnelle et peu lisible", et qu'il est donc "urgent" de développer ce concept.

"Au-delà d'une gestion de crise, c'est la structuration d'une organisation multisectorielle consolidée, réactive et intégrée au plus haut niveau de la gouvernance de la santé qu'il est nécessaire de proposer", estime le conseil scientifique.

Il formule 10 propositions pour renforcer l'approche One Health en France, estimant que "de nombreuses actions tant au niveau de la recherche qu'à celui des institutions sont nécessaires pour répondre aux enjeux associés aux crises sanitaires".

Il recommande en premier lieu de "mettre en place une plateforme interministérielle One Health ou une gouvernance interministérielle placée au plus haut niveau du gouvernement, qui associerait différentes expertises scientifiques". Son rôle serait "d'analyser et d'actualiser régulièrement les risques majeurs d'émergence de pathogènes dans l'environnement, chez les animaux ou chez l'homme" et "de les partager en toute transparence avec toutes les parties prenantes".

Il préconise également d'établir une "surveillance conjointe de la santé animale et de la santé humaine pour les zoonoses", ce qui passerait notamment par l'implication renforcée du ministère de la santé et de Santé publique France (SPF) dans les "plateformes d'épidémiosurveillance multi-acteurs" déployées par le ministère de l'agriculture et de l'alimentation.

Il faut pour cela établir "a minima une liste de pathogènes à surveiller" -sachant que des travaux ont débuté en ce sens sous l'égide de l'ANRS-Maladies infectieuses émergentes- et, en cas de détection, mettre en oeuvre rapidement des recherches chez l'homme et chez l'animal.

Le conseil scientifique recommande aussi de "renforcer le développement d'actions One Health entre les ministères en charge de la santé, de l'agriculture et de l'environnement", leurs agences et les autorités régionales (notamment les agences régionales de santé -ARS), en "favorisant les interactions opérationnelles avec les secteurs de la santé animale et de l'environnement, pour inclure le One Health dans une vision renouvelée de la santé publique".

Il appelle en outre à "favoriser le rapprochement des laboratoires de référence du ministère de la santé (CNR) et de l'agriculture et de l'alimentation (LNR) par des financements communs, voire une double tutelle".

Impliquer l'hôpital, "des infectiologues jusqu'aux réanimateurs"

Notant que des pathogènes comme le virus de la grippe porcine peuvent circuler dans les élevages "sans relever directement de la responsabilité du ministère de l'agriculture, car non catégorisés", le conseil scientifique recommande d'identifier les "déficits de surveillance des émergences à l'interface santé humaine - santé animale" et de redéfinir les responsabilités ministérielles de surveillance et de gestion de ces maladies.

Selon lui, il faut aussi que dès que débute une crise sanitaire, les "moyens de la mobilisation des experts en santé animale et des experts en santé humaine" soient mis en oeuvre rapidement.

Le conseil scientifique préconise également d'"impliquer l'hôpital, des infectiologues jusqu'aux réanimateurs, afin qu'ils puissent rapporter des événements cliniques anormaux et sévères sans étiologie repérée (maladie X), en particulier si elle se révèle d'importation".

Les équipes de recherche hospitalières doivent en outre être mobilisées sur "des diagnostics rapides et innovants des maladies infectieuses sévères d'origine indéterminée", et la remontée d'information rapide doit être facilitée, de même que le retour sur le suivi des cas pour "avancer dans la démarche diagnostique".

Lever les blocages administratifs

Le conseil scientifique recommande également de "lever les blocages administratifs pour la mobilisation des laboratoires de recherche et des laboratoires vétérinaires sur le diagnostic et le séquençage en temps de crise".

Il faut "faciliter pour ces laboratoires la préparation des échantillons par les CHU, leur inactivation, leur fourniture, faciliter également l'enregistrement des résultats et leur diffusion aux différents acteurs, notamment dans les territoires d'outre-mer où les capacités sont limitées", estime-t-il.

Il préconise également de "favoriser les recherches à l'interface environnement/santé animale/santé humaine concernant les zoonoses". Cela passe par le renforcement des collaborations entre les institutions (Anses/Cirad/Inrae/Inserm/IRD/Institut Pasteur…) et les échanges de données et d'informations, "notamment à travers l'ANRS-MIE". "Cette vision intègre la nécessité d'une collaboration Nord-Sud", précise-t-il.

Enfin, le conseil scientifique recommande de "s'appuyer sur les réseaux partenariaux de recherche et les implantations françaises dans les régions d'outre-mer et dans 'les pays du Sud' pour que la France soit moteur pour l'Europe d'une recherche/surveillance intégrée One Health dans les zones d'émergence, en favorisant les partenariats/études 'Sud-Sud'".

"Ce renforcement en France des approches One Health dans les institutions, la surveillance des émergences, la recherche et l'éducation devait permettre à la France d'être aussi plus visible, voire moteur dans les actions à développer au niveau européen et international", pointe le conseil scientifique.

Contribution du Conseil scientifique Covid-19 sur "One Health", les leçons de la crise

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