Actualités de l'Urgence - APM

LES SIGNALEMENTS DE VIOLENCES EN SANTÉ ONT AUGMENTÉ DE 6,7% ENTRE 2023 ET 2024 (RAPPORT ONVS)
En 2024, le nombre de signalements d'atteintes aux personnes et aux biens a atteint 20.961. Ils provenaient de 556 établissements et de professionnels libéraux.
Ces chiffres témoignent "d'une hausse significative tant au niveau des déclarants (+17,5%) que des incidents signalés (+6,7%)", 19.640 signalements ayant été déclarés par 473 établissements et des professionnels libéraux en 2023.
La quasi-totalité (96,8% en 2023 et 2024) des signalements proviennent des établissements de santé. "La sous-représentation des signalements en secteur libéral ne reflète pas la réalité des violences sur le terrain, mais plutôt une différence notable dans les pratiques de déclaration", souligne l'ONVS, alertant sur ce biais méthodologique.
L'observatoire liste plusieurs raisons, pouvant expliquer cette sous-représentation des signalements des libéraux: l'absence de protocole institutionnels encadrant la déclaration, la charge administrative supplémentaire pour le praticien, une méconnaissance du dispositif, la normalisation des tensions avec les patients à cause de l'isolement du professionnel, l'existence d'autres plateformes de déclaration mises en place par les ordres professionnels.
Dans les établissements de santé, les incidents signalés constituent, dans l'immense majorité des cas (86% en 2023 et 88% 2024) des atteintes aux personnes: violences verbales ou physiques. "Les violences physiques sont prédominantes et affichent la progression la plus marquée, avec une augmentation de 10% entre 2023 et 2024, passant de 7.734 à 8.499 signalements", souligne l'ONVS. A l'inverse, l'observatoire note une diminution de 3% des violences avec armes en 2024 par rapport à 2023.
Les atteintes aux biens ont, elles, diminué de 12% entre 2023 et 2024 dans les établissements. "La diminution observée des signalements pourrait refléter l'efficacité de mesures de sécurisation mises en œuvre par les établissements (vidéo-surveillance, contrôle d'accès, sensibilisation du personnel), mais elle pourrait également résulter d'une lassitude dans la déclaration d'incidents considérés comme mineurs ou inévitables", suppose l'ONVS.
Les services les plus touchés sont la psychiatrie, les services de médecine-chirurgie-obstétrique (MCO), les urgences, les établissements ou services médico-sociaux (ESMS) et les unités de soins longue durée (USLD). Les USLD reculent par rapport aux données de 2020-2021, quand elles arrivaient en deuxième positon, derrière la psychiatrie et devant les urgences (cf dépêche du 21/11/2022 à 11:00).
En libéral, les violences verbales prédominent mais les menaces à l'intégrité physique et les violences physiques augmentent. "Cette évolution laisse entrevoir une possible détérioration du climat relationnel dans l'exercice libéral, avec un glissement progressif des incivilités verbales vers des formes plus graves d'agression", analyse l'ONVS.
Les atteintes aux biens restent numériquement faibles mais en progression dans le secteur libéral (46 signalements en 2023 et 53 en 2024).
Un manque de prise en charge des victimes
Ces violences sont principalement causées par des patients ou des résidents (dans 70% des cas en 2023 et 72% des cas en 2024). Les accompagnants, visiteurs et membres de la famille sont eux responsables de 17% des actes de violence en 2023 et 16% en 2024. "Ce chiffre est le reflet de la détérioration de la relation soignant-soigné, exacerbée par les contraintes organisationnelles et les attentes parfois divergentes entre usagers et professionnels", avance l'ONVS.
Les principaux motifs restent le "refus ou la contestation par le patient, le résident ou l'accompagnant/la famille" et les "faits non communiqués".
L'analyse du profil des victimes par l'ONVS montre qu'il s'agit plus souvent d'infirmiers ou d'aide-soignants (65% des victimes) et de femmes.
À la suite d'un fait de violences, les soignants sont de moins en moins nombreux à avoir présenté un arrêt de travail. "Les signalements remontés sur l'ONVS révèlent une diminution de 16% du nombre total de professionnels ayant nécessité un arrêt de travail à la suite de violences, passant de 302 en 2023 à 253 en 2024", note l'observatoire.
L'ONVS, piloté par Nicolas Delmas depuis début septembre (cf dépêche du 05/09/2025 à 19:14), juge cependant "peu probable" que cette diminution des arrêts de travail s'explique par une plus faible intensité des violences.
"La seconde hypothèse est celle d'une prise en charge insuffisante des victimes de violences en santé. Cette explication mérite une attention particulière car elle pourrait indiquer une banalisation progressive des incidents ou des pressions institutionnelles conduisant à minimiser le recours aux arrêts de travail", alerte l'observatoire.
Comme en 2022 (cf dépêche du 21/11/2022 à 11:01), il constate qu'il reste d'ailleurs rare que les signalements donnent lieu à des démarches judiciaires complémentaires (dépôt d'une main courante ou d'une plainte): dans seulement 10% des cas.
Pour mettre fin à ces violences, l'ONVS voit d'un bon œil la loi "visant à renforcer la sécurité des professionnels en santé", publiée en juillet (cf dépêche du 10/07/2025 à 09:50).
En mai, lors du salon Santexpo, la DGOS a mentionné aussi une nouvelle feuille de route, comprenant six axes et 10 mesures, portant notamment la création d'un réseau national de référents sécurité au sein des agences régionales de santé (ARS), et un renforcement des protocoles santé-police-justice (cf dépêche du 21/05/2025 à 14:30).
Rapport 2025 de l'ONVS, données 2023 et 2024
ah/san/APMnews
Informations professionnelles
- AFMU
- Agenda
- Annonces de postes
- Annuaire de l'urgence
- Audits
- Calculateurs
- Cas cliniques
- Cochrane PEC
- COVID-19
- DynaMed
- E-learning
- Géodes
- Grand public
- Librairie
- Médecine factuelle
- Outils professionnels
- Podcast
- Portail de l'urgence
- Recherche avancée
- Recommandations
- Recommandations SFMU
- Référentiels SFMU
- Textes réglementaires
- UrgencesDPC
- Webinaire
- Weblettre

LES SIGNALEMENTS DE VIOLENCES EN SANTÉ ONT AUGMENTÉ DE 6,7% ENTRE 2023 ET 2024 (RAPPORT ONVS)
En 2024, le nombre de signalements d'atteintes aux personnes et aux biens a atteint 20.961. Ils provenaient de 556 établissements et de professionnels libéraux.
Ces chiffres témoignent "d'une hausse significative tant au niveau des déclarants (+17,5%) que des incidents signalés (+6,7%)", 19.640 signalements ayant été déclarés par 473 établissements et des professionnels libéraux en 2023.
La quasi-totalité (96,8% en 2023 et 2024) des signalements proviennent des établissements de santé. "La sous-représentation des signalements en secteur libéral ne reflète pas la réalité des violences sur le terrain, mais plutôt une différence notable dans les pratiques de déclaration", souligne l'ONVS, alertant sur ce biais méthodologique.
L'observatoire liste plusieurs raisons, pouvant expliquer cette sous-représentation des signalements des libéraux: l'absence de protocole institutionnels encadrant la déclaration, la charge administrative supplémentaire pour le praticien, une méconnaissance du dispositif, la normalisation des tensions avec les patients à cause de l'isolement du professionnel, l'existence d'autres plateformes de déclaration mises en place par les ordres professionnels.
Dans les établissements de santé, les incidents signalés constituent, dans l'immense majorité des cas (86% en 2023 et 88% 2024) des atteintes aux personnes: violences verbales ou physiques. "Les violences physiques sont prédominantes et affichent la progression la plus marquée, avec une augmentation de 10% entre 2023 et 2024, passant de 7.734 à 8.499 signalements", souligne l'ONVS. A l'inverse, l'observatoire note une diminution de 3% des violences avec armes en 2024 par rapport à 2023.
Les atteintes aux biens ont, elles, diminué de 12% entre 2023 et 2024 dans les établissements. "La diminution observée des signalements pourrait refléter l'efficacité de mesures de sécurisation mises en œuvre par les établissements (vidéo-surveillance, contrôle d'accès, sensibilisation du personnel), mais elle pourrait également résulter d'une lassitude dans la déclaration d'incidents considérés comme mineurs ou inévitables", suppose l'ONVS.
Les services les plus touchés sont la psychiatrie, les services de médecine-chirurgie-obstétrique (MCO), les urgences, les établissements ou services médico-sociaux (ESMS) et les unités de soins longue durée (USLD). Les USLD reculent par rapport aux données de 2020-2021, quand elles arrivaient en deuxième positon, derrière la psychiatrie et devant les urgences (cf dépêche du 21/11/2022 à 11:00).
En libéral, les violences verbales prédominent mais les menaces à l'intégrité physique et les violences physiques augmentent. "Cette évolution laisse entrevoir une possible détérioration du climat relationnel dans l'exercice libéral, avec un glissement progressif des incivilités verbales vers des formes plus graves d'agression", analyse l'ONVS.
Les atteintes aux biens restent numériquement faibles mais en progression dans le secteur libéral (46 signalements en 2023 et 53 en 2024).
Un manque de prise en charge des victimes
Ces violences sont principalement causées par des patients ou des résidents (dans 70% des cas en 2023 et 72% des cas en 2024). Les accompagnants, visiteurs et membres de la famille sont eux responsables de 17% des actes de violence en 2023 et 16% en 2024. "Ce chiffre est le reflet de la détérioration de la relation soignant-soigné, exacerbée par les contraintes organisationnelles et les attentes parfois divergentes entre usagers et professionnels", avance l'ONVS.
Les principaux motifs restent le "refus ou la contestation par le patient, le résident ou l'accompagnant/la famille" et les "faits non communiqués".
L'analyse du profil des victimes par l'ONVS montre qu'il s'agit plus souvent d'infirmiers ou d'aide-soignants (65% des victimes) et de femmes.
À la suite d'un fait de violences, les soignants sont de moins en moins nombreux à avoir présenté un arrêt de travail. "Les signalements remontés sur l'ONVS révèlent une diminution de 16% du nombre total de professionnels ayant nécessité un arrêt de travail à la suite de violences, passant de 302 en 2023 à 253 en 2024", note l'observatoire.
L'ONVS, piloté par Nicolas Delmas depuis début septembre (cf dépêche du 05/09/2025 à 19:14), juge cependant "peu probable" que cette diminution des arrêts de travail s'explique par une plus faible intensité des violences.
"La seconde hypothèse est celle d'une prise en charge insuffisante des victimes de violences en santé. Cette explication mérite une attention particulière car elle pourrait indiquer une banalisation progressive des incidents ou des pressions institutionnelles conduisant à minimiser le recours aux arrêts de travail", alerte l'observatoire.
Comme en 2022 (cf dépêche du 21/11/2022 à 11:01), il constate qu'il reste d'ailleurs rare que les signalements donnent lieu à des démarches judiciaires complémentaires (dépôt d'une main courante ou d'une plainte): dans seulement 10% des cas.
Pour mettre fin à ces violences, l'ONVS voit d'un bon œil la loi "visant à renforcer la sécurité des professionnels en santé", publiée en juillet (cf dépêche du 10/07/2025 à 09:50).
En mai, lors du salon Santexpo, la DGOS a mentionné aussi une nouvelle feuille de route, comprenant six axes et 10 mesures, portant notamment la création d'un réseau national de référents sécurité au sein des agences régionales de santé (ARS), et un renforcement des protocoles santé-police-justice (cf dépêche du 21/05/2025 à 14:30).
Rapport 2025 de l'ONVS, données 2023 et 2024
ah/san/APMnews