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09/09 2022
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LES SOINS NON PROGRAMMÉS NE DOIVENT PAS "CACHER LA FORÊT DES RÉELS BESOINS DE SOINS DE LA POPULATION" (MG FRANCE)

PARIS, 9 septembre 2022 (APMnews) - "L'arbre des soins non programmés [SNP] a tendance à cacher la forêt des réels besoins de soins de la population, qui sont des besoins de médecins généralistes traitants", a averti le Dr Agnès Gianotti lors d'une conférence de presse de MG France jeudi.

La présidente du syndicat de généralistes, élue en juillet (cf dépêche du 27/06/2022 à 16:38), a d'abord dressé un bilan des mesures mises en place cet été pour réguler les SNP et s'est félicitée de leur évaluation à venir (cf dépêche du 06/09/2022 à 11:05).

Pour rappel, début juillet, la première ministre, Elisabeth Borne, avait annoncé toute une série de mesures, dont la mise en place d'une majoration de 15 € pour les médecins généralistes qui accepteraient de prendre en charge des patients en dehors de leur patientèle pour soulager les urgences hospitalières (cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27).

Le Dr Giannotti a rappelé que l'idée de ces mesures est de trouver des solutions, grâce à une régulation des services d'accès aux soins (SAS) ou du 15, pour les "patients [qui] n'ont pas trouvé de réponse auprès de leur médecin traitant". Il ne s'agissait pas de réguler l'activité des soins urgents déjà effectuée par le médecin traitant (25% de son activité, selon la présidente de MG France), a-t-elle souligné.

Si cette organisation a "été vraiment satisfaisant[e]", quand les SAS ou le Samu ont pu s'organiser avec les acteurs de la ville, tels que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou d'autres organisations territoriales, elle a constaté que les "logiques" étaient parfois "trop différentes".

Par ailleurs, les créneaux mis à disposition par les médecins généralistes pour les SNP cet été "n'ont pas été tous pris, loin de là".

Plus largement, la présidente du syndicat a appelé à "valoriser la prise en charge complexe au long cours plutôt que le soin one shot".

Elle s'est par exemple inquiétée du développement de "centres de soins immédiats" (centres qui travaillent avec des urgentistes, plateformes, télécabines) qui "ont le vent en poupe". Un "phénomène" que le syndicat "a du mal à quantifier actuellement", a expliqué son secrétaire général adjoint, Jean-Christophe Nogrette.

Ces centres "répondent avec du one shot", proposant "des consultations ponctuelles et qui sont très lucratives", sans suivre des patients complexes "dans la durée", a observé le Dr Giannotti.

Ils font donc "appel d'air" pour des médecins généralistes, parfois "fatigués" par leur exercice. Ces centres "sont en train de vider à la fois les urgentistes des urgences et les généralistes de leurs cabinets" et constituent "un danger majeur de dérégulation du système de soins", a alerté la présidente du syndicat. "Il y aura un choix politique à faire", a-t-elle prévenu.

"C'est pour cela qu'il faut aider ceux qui veulent rester médecins généralistes" traitants, a ajouté le Dr Giannotti. MG France fait donc "le voeu" que la prochaine convention soit celle de ce professionnel.

Le syndicat attend d'ailleurs, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, "une enveloppe suffisante pour les soins primaires, et la médecine générale en particulier".

Sans vouloir s'avancer sur un chiffre précis, Jean-Christophe Nogrette a estimé que "le besoin d'investissement sur les soins primaires, et en particulier sur la médecine générale, est tel" que cette enveloppe devrait "se chiffrer à plusieurs milliards d'euros".

Valoriser "financièrement la complexité"

Pour conserver les médecins en activité et en attirer de nouveaux, le Dr Giannotti a jugé qu'il faut "donner les moyens aux médecins" de travailler avec "des collaborateurs", comme des "assistants médicaux" ou des infirmiers, "pour les aider à prendre en charge la population".

Relevant que le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) a plaidé pour créer les conditions permettant que les médecins âgés puissent continuer à travailler, MG France demande qu'un "effort" soit réalisé afin que ces médecins ayant entre 62 et 67 ans "gardent une activité de médecin généraliste traitant".

"Nous avons absolument besoin d'eux" pour les cinq ou dix ans qui viennent, "le temps que les nouvelles générations arrivent et s'installent", a insisté le Dr Giannotti.

Et pour cela, il faut leur donner "des aides" et valoriser "financièrement la complexité". Par exemple, selon Jean-Christophe Nogrette, les forfaits "pourraient être modulables et modulés en fonction de l'âge du praticien".

Le Dr Giannotti a par ailleurs réaffirmé sa vive opposition aux contraintes à l'installation ou à l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires (PDSA). "Si on remet de la contrainte dans un système où on est en manque de médecins, cela n'aura aucun sens, parce que les plus âgés voudront partir et les plus jeunes ne voudront pas venir", a-t-elle expliqué.

Le Dr Giannotti a également demandé que la proportion de postes ouverts en médecine générale aux examens classants nationaux (ECN) atteigne 50%, contre 40% actuellement.

Elle a annoncé le lancement d'une campagne de communication, intitulée "Le médecin traitant, c'est important".

af/nc/APMnews

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PARIS, 9 septembre 2022 (APMnews) - "L'arbre des soins non programmés [SNP] a tendance à cacher la forêt des réels besoins de soins de la population, qui sont des besoins de médecins généralistes traitants", a averti le Dr Agnès Gianotti lors d'une conférence de presse de MG France jeudi.

La présidente du syndicat de généralistes, élue en juillet (cf dépêche du 27/06/2022 à 16:38), a d'abord dressé un bilan des mesures mises en place cet été pour réguler les SNP et s'est félicitée de leur évaluation à venir (cf dépêche du 06/09/2022 à 11:05).

Pour rappel, début juillet, la première ministre, Elisabeth Borne, avait annoncé toute une série de mesures, dont la mise en place d'une majoration de 15 € pour les médecins généralistes qui accepteraient de prendre en charge des patients en dehors de leur patientèle pour soulager les urgences hospitalières (cf dépêche du 01/07/2022 à 20:27).

Le Dr Giannotti a rappelé que l'idée de ces mesures est de trouver des solutions, grâce à une régulation des services d'accès aux soins (SAS) ou du 15, pour les "patients [qui] n'ont pas trouvé de réponse auprès de leur médecin traitant". Il ne s'agissait pas de réguler l'activité des soins urgents déjà effectuée par le médecin traitant (25% de son activité, selon la présidente de MG France), a-t-elle souligné.

Si cette organisation a "été vraiment satisfaisant[e]", quand les SAS ou le Samu ont pu s'organiser avec les acteurs de la ville, tels que les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) ou d'autres organisations territoriales, elle a constaté que les "logiques" étaient parfois "trop différentes".

Par ailleurs, les créneaux mis à disposition par les médecins généralistes pour les SNP cet été "n'ont pas été tous pris, loin de là".

Plus largement, la présidente du syndicat a appelé à "valoriser la prise en charge complexe au long cours plutôt que le soin one shot".

Elle s'est par exemple inquiétée du développement de "centres de soins immédiats" (centres qui travaillent avec des urgentistes, plateformes, télécabines) qui "ont le vent en poupe". Un "phénomène" que le syndicat "a du mal à quantifier actuellement", a expliqué son secrétaire général adjoint, Jean-Christophe Nogrette.

Ces centres "répondent avec du one shot", proposant "des consultations ponctuelles et qui sont très lucratives", sans suivre des patients complexes "dans la durée", a observé le Dr Giannotti.

Ils font donc "appel d'air" pour des médecins généralistes, parfois "fatigués" par leur exercice. Ces centres "sont en train de vider à la fois les urgentistes des urgences et les généralistes de leurs cabinets" et constituent "un danger majeur de dérégulation du système de soins", a alerté la présidente du syndicat. "Il y aura un choix politique à faire", a-t-elle prévenu.

"C'est pour cela qu'il faut aider ceux qui veulent rester médecins généralistes" traitants, a ajouté le Dr Giannotti. MG France fait donc "le voeu" que la prochaine convention soit celle de ce professionnel.

Le syndicat attend d'ailleurs, dans le cadre du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS) pour 2023, "une enveloppe suffisante pour les soins primaires, et la médecine générale en particulier".

Sans vouloir s'avancer sur un chiffre précis, Jean-Christophe Nogrette a estimé que "le besoin d'investissement sur les soins primaires, et en particulier sur la médecine générale, est tel" que cette enveloppe devrait "se chiffrer à plusieurs milliards d'euros".

Valoriser "financièrement la complexité"

Pour conserver les médecins en activité et en attirer de nouveaux, le Dr Giannotti a jugé qu'il faut "donner les moyens aux médecins" de travailler avec "des collaborateurs", comme des "assistants médicaux" ou des infirmiers, "pour les aider à prendre en charge la population".

Relevant que le Haut conseil pour l'avenir de l'assurance maladie (HCAAM) a plaidé pour créer les conditions permettant que les médecins âgés puissent continuer à travailler, MG France demande qu'un "effort" soit réalisé afin que ces médecins ayant entre 62 et 67 ans "gardent une activité de médecin généraliste traitant".

"Nous avons absolument besoin d'eux" pour les cinq ou dix ans qui viennent, "le temps que les nouvelles générations arrivent et s'installent", a insisté le Dr Giannotti.

Et pour cela, il faut leur donner "des aides" et valoriser "financièrement la complexité". Par exemple, selon Jean-Christophe Nogrette, les forfaits "pourraient être modulables et modulés en fonction de l'âge du praticien".

Le Dr Giannotti a par ailleurs réaffirmé sa vive opposition aux contraintes à l'installation ou à l'obligation de participation à la permanence des soins ambulatoires (PDSA). "Si on remet de la contrainte dans un système où on est en manque de médecins, cela n'aura aucun sens, parce que les plus âgés voudront partir et les plus jeunes ne voudront pas venir", a-t-elle expliqué.

Le Dr Giannotti a également demandé que la proportion de postes ouverts en médecine générale aux examens classants nationaux (ECN) atteigne 50%, contre 40% actuellement.

Elle a annoncé le lancement d'une campagne de communication, intitulée "Le médecin traitant, c'est important".

af/nc/APMnews

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