Actualités de l'Urgence - APM
LES URGENCES DE L'HÔPITAL DE VERSAILLES CONFRONTÉES À "UNE NOUVELLE PHASE DIFFICILE"
Le quotidien Le Parisien a, dans un article publié mercredi, dépeint un service avec "des malades sur des brancards entassés plusieurs heures voire plusieurs jours dans un couloir, des patients à bout de nerfs et un personnel soignant épuisé ne sachant plus où donner de la tête".
Dans son édition du 28 janvier, il décrivait déjà une situation d'extrême tension, se fondant sur des témoignages de soignants ayant souhaité garder l'anonymat, photo à l'appui. "Certains soirs, il y a 10 brancards que l'on range en épis", selon ce récit. "Comment s'en sortir lorsqu'il n'y a qu'un infirmier et qu'un aide-soignant pour 22 malades?"
Les soignants interrogés ont notamment déploré le cas d'un patient, "en fin de vie", "parti dans l'indifférence", et celui d'un "jeune homme, qui attendait dans le couloir" et "a été retrouvé en arrêt cardiaque".
Contacté par APMnews à la suite de ces articles, le CH de Versailles a rappelé vendredi que son service des urgences accueille "90.000 passages par an, soit 50% de plus qu'en 2012". Pour répondre aux besoins de la population "dans cette période épidémique" qui contribue à mettre le service en difficulté, il "adapte au mieux les ressources et les modalités de prise en charge", assure-t-il.
Avec le manque de lits d'aval, le manque de personnel explique aussi l'embolie. "Sur 64 postes d'IDE [infirmiers diplômés d'Etat], 25 sont vacants et sont couverts à hauteur de 80% par des moyens de remplacement", précise l'établissement. "Sur le personnel médical, pour une cible à 27 seniors, le CHV compte actuellement 20 équivalents temps plein, le delta étant compensé le plus possible par des moyens de remplacement."
"Une attention particulière aux conditions d'exercice des équipes est apportée quotidiennement pour assurer la qualité des soins et adapter les prises en charge", affirme également l'établissement.
"Dans le cadre d'une solidarité territoriale, animée par l'ARS en lien étroit avec le Samu 78, des délestages ponctuels entre établissements permettent de faire face à une demande importante dans cette période hivernale", confirme-t-il.
Egalement sollicitée, l'ARS Ile-de-France a précisé que le CH de Versailles a "délesté 2 heures le 4 février en lien avec le centre hospitalier de Rambouillet et l'hôpital privé de Parly 2 (Le Chesnay)".
Il a dû mobiliser "les associations de sécurité civile pour soutenir l'accueil des patients au sein des urgences adultes et pédiatriques". En fonction de la situation, "l'établissement renforce les urgences adultes en personnels médicaux et peut transformer, en fonction de l'activité chirurgicale, des lits de chirurgie en lits de médecine. Pour les deux derniers week-ends, ces modalités ont été activées une fois, le week-end du 27 janvier 2024".
Face à ces tensions, "deux délégations des équipes des urgences du centre hospitalier de Versailles, l'une du SAU adulte, la seconde du SAU pédiatrique, ont été reçues par la délégation départementale des Yvelines de l'ARS Ile-de-France ces derniers jours", rapporte l'agence.
"Ces échanges apaisés et constructifs ont permis de confirmer l'avancée de certains projets financés par l'ARS Ile-de-France, comme l'installation d'une maison médicale au sein du service des urgences pour permettre des consultations de médecine générale en proximité des urgences."
"Les modalités d'appui par les autres établissements ont également été rappelées", ajoute-t-elle.
"Schéma de réorientation" aux urgences pédiatriques
Selon l'agence, les difficultés sont étendues au département. "Au cours de la semaine de Noël 2023, un pic d'activité a été ressenti sur l'ensemble des services d'accueil des urgences [des Yvelines] et a nécessité des délestages ponctuels entre ces SAU", explique-t-elle. "La mise en œuvre des délestages ponctuels peut se révéler complexe dans la mesure où les SAU privés du département ne sont pas tous ouverts 24h/24h", souligne-t-elle également.
Depuis le début de l'année, "l'activité tend à se stabiliser mais reste à un niveau très élevé au sein du centre de régulation du Samu 78 et des urgences du département".
Les principales difficultés "ont trait au manque de personnel (recours à l'intérim très important dans certains SAU du département pour le paramédical) et au manque de lits d'aval face à des flux importants nécessitant une hospitalisation", atteste l'ARS.
Le CH de Versailles explique que, les difficultés s'expliquant par "de nombreux facteurs, un plan d'action très large continue de se déployer avec trois axes".
Il mentionne l'"amélioration des conditions d'accueil des patients et des conditions d'exercice des professionnels au service d'accueil des urgences (renforcement RH, équipements et matériels…)", la "reconnaissance de l'engagement des équipes" et "l'amélioration du parcours des patients (développement de la filière gériatrique, cellule de gestion des parcours -bed management-, développement des coopérations en amont [avec le] service d'accès aux soins et en aval notamment dans le cadre du groupement hospitalier de territoire 78 Sud)".
"Une ampleur nouvelle de ce plan d'action va permettre de concrétiser à la fois des réouvertures de lits et une réorganisation médico-soignante et architecturale avec le soutien de l'ARS dans une approche territorialisée de la prise en charge des urgences", répond également le CH de Versailles.
Un projet visant à intégrer au sein du service des urgences "une consultation de médecine générale avec l'accès au plateau technique va prochainement se mettre en place avec la CPTS [communauté professionnelle territoriale de santé] du Grand Versailles et le soutien de l'Apta [plateforme territoriale d'appui] 78", détaille-t-il.
L'ARS précise quant à elle soutenir des dispositifs "qui permettent d'améliorer les prises en charge en amont et en aval des urgences".
Elle cite ainsi, pour l'amont, le service d'accès aux soins (SAS), "pleinement opérationnel dans les Yvelines", et "le renforcement des moyens des maisons médicales de garde en cas de pic d'activité".
Par ailleurs, pour les urgences pédiatriques, "les Yvelines ont mis en place un schéma de réorientation depuis les urgences garantissant l'accès coordonné à des soins adaptés aux besoins", fait également savoir l'ARS, précisant que ce dispositif est mis en œuvre à l'hôpital de Versailles.
Pour l'aval, elle mentionne l'hébergement temporaire en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en sortie d'hospitalisation, les dispositifs d'appui à la coordination (DAC), la cellule régionale de recherche de places en psychiatrie, ou encore la mobilisation de l'hospitalisation à domicile (HAD).
"La filière gériatrique du Grand Versailles portée par le CH de Versailles et la clinique de la Porte Verte permet également de structurer le parcours de la personne âgée en facilitant les admissions directes lorsque cela est possible et en préparant la sortie et le suivi des situations complexes", fait-elle également valoir.
Face aux tensions dans les services, "la coordination territoriale assurée par l'ARS Ile-de-France, et plus particulièrement par la délégation départementale des Yvelines, est également renforcée afin de partager le diagnostic et les solutions".
"En plus de la réunion de coordination hebdomadaire regroupant les établissements de santé des Yvelines, des réunions ont été organisées sur la période de fin d'année, chaque fin de semaine, avec les médecins des SAU et le Samu pour anticiper les difficultés qui pourraient survenir le week-end", détaille l'agence.
"Des réunions mobilisant les établissements de soins médicaux et de réadaptation (SMR) ont également été organisées afin de fluidifier le parcours des patients et ainsi libérer des lits d'hospitalisation dans les établissements disposant de SAU."
mlb/ab/APMnews
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LES URGENCES DE L'HÔPITAL DE VERSAILLES CONFRONTÉES À "UNE NOUVELLE PHASE DIFFICILE"
Le quotidien Le Parisien a, dans un article publié mercredi, dépeint un service avec "des malades sur des brancards entassés plusieurs heures voire plusieurs jours dans un couloir, des patients à bout de nerfs et un personnel soignant épuisé ne sachant plus où donner de la tête".
Dans son édition du 28 janvier, il décrivait déjà une situation d'extrême tension, se fondant sur des témoignages de soignants ayant souhaité garder l'anonymat, photo à l'appui. "Certains soirs, il y a 10 brancards que l'on range en épis", selon ce récit. "Comment s'en sortir lorsqu'il n'y a qu'un infirmier et qu'un aide-soignant pour 22 malades?"
Les soignants interrogés ont notamment déploré le cas d'un patient, "en fin de vie", "parti dans l'indifférence", et celui d'un "jeune homme, qui attendait dans le couloir" et "a été retrouvé en arrêt cardiaque".
Contacté par APMnews à la suite de ces articles, le CH de Versailles a rappelé vendredi que son service des urgences accueille "90.000 passages par an, soit 50% de plus qu'en 2012". Pour répondre aux besoins de la population "dans cette période épidémique" qui contribue à mettre le service en difficulté, il "adapte au mieux les ressources et les modalités de prise en charge", assure-t-il.
Avec le manque de lits d'aval, le manque de personnel explique aussi l'embolie. "Sur 64 postes d'IDE [infirmiers diplômés d'Etat], 25 sont vacants et sont couverts à hauteur de 80% par des moyens de remplacement", précise l'établissement. "Sur le personnel médical, pour une cible à 27 seniors, le CHV compte actuellement 20 équivalents temps plein, le delta étant compensé le plus possible par des moyens de remplacement."
"Une attention particulière aux conditions d'exercice des équipes est apportée quotidiennement pour assurer la qualité des soins et adapter les prises en charge", affirme également l'établissement.
"Dans le cadre d'une solidarité territoriale, animée par l'ARS en lien étroit avec le Samu 78, des délestages ponctuels entre établissements permettent de faire face à une demande importante dans cette période hivernale", confirme-t-il.
Egalement sollicitée, l'ARS Ile-de-France a précisé que le CH de Versailles a "délesté 2 heures le 4 février en lien avec le centre hospitalier de Rambouillet et l'hôpital privé de Parly 2 (Le Chesnay)".
Il a dû mobiliser "les associations de sécurité civile pour soutenir l'accueil des patients au sein des urgences adultes et pédiatriques". En fonction de la situation, "l'établissement renforce les urgences adultes en personnels médicaux et peut transformer, en fonction de l'activité chirurgicale, des lits de chirurgie en lits de médecine. Pour les deux derniers week-ends, ces modalités ont été activées une fois, le week-end du 27 janvier 2024".
Face à ces tensions, "deux délégations des équipes des urgences du centre hospitalier de Versailles, l'une du SAU adulte, la seconde du SAU pédiatrique, ont été reçues par la délégation départementale des Yvelines de l'ARS Ile-de-France ces derniers jours", rapporte l'agence.
"Ces échanges apaisés et constructifs ont permis de confirmer l'avancée de certains projets financés par l'ARS Ile-de-France, comme l'installation d'une maison médicale au sein du service des urgences pour permettre des consultations de médecine générale en proximité des urgences."
"Les modalités d'appui par les autres établissements ont également été rappelées", ajoute-t-elle.
"Schéma de réorientation" aux urgences pédiatriques
Selon l'agence, les difficultés sont étendues au département. "Au cours de la semaine de Noël 2023, un pic d'activité a été ressenti sur l'ensemble des services d'accueil des urgences [des Yvelines] et a nécessité des délestages ponctuels entre ces SAU", explique-t-elle. "La mise en œuvre des délestages ponctuels peut se révéler complexe dans la mesure où les SAU privés du département ne sont pas tous ouverts 24h/24h", souligne-t-elle également.
Depuis le début de l'année, "l'activité tend à se stabiliser mais reste à un niveau très élevé au sein du centre de régulation du Samu 78 et des urgences du département".
Les principales difficultés "ont trait au manque de personnel (recours à l'intérim très important dans certains SAU du département pour le paramédical) et au manque de lits d'aval face à des flux importants nécessitant une hospitalisation", atteste l'ARS.
Le CH de Versailles explique que, les difficultés s'expliquant par "de nombreux facteurs, un plan d'action très large continue de se déployer avec trois axes".
Il mentionne l'"amélioration des conditions d'accueil des patients et des conditions d'exercice des professionnels au service d'accueil des urgences (renforcement RH, équipements et matériels…)", la "reconnaissance de l'engagement des équipes" et "l'amélioration du parcours des patients (développement de la filière gériatrique, cellule de gestion des parcours -bed management-, développement des coopérations en amont [avec le] service d'accès aux soins et en aval notamment dans le cadre du groupement hospitalier de territoire 78 Sud)".
"Une ampleur nouvelle de ce plan d'action va permettre de concrétiser à la fois des réouvertures de lits et une réorganisation médico-soignante et architecturale avec le soutien de l'ARS dans une approche territorialisée de la prise en charge des urgences", répond également le CH de Versailles.
Un projet visant à intégrer au sein du service des urgences "une consultation de médecine générale avec l'accès au plateau technique va prochainement se mettre en place avec la CPTS [communauté professionnelle territoriale de santé] du Grand Versailles et le soutien de l'Apta [plateforme territoriale d'appui] 78", détaille-t-il.
L'ARS précise quant à elle soutenir des dispositifs "qui permettent d'améliorer les prises en charge en amont et en aval des urgences".
Elle cite ainsi, pour l'amont, le service d'accès aux soins (SAS), "pleinement opérationnel dans les Yvelines", et "le renforcement des moyens des maisons médicales de garde en cas de pic d'activité".
Par ailleurs, pour les urgences pédiatriques, "les Yvelines ont mis en place un schéma de réorientation depuis les urgences garantissant l'accès coordonné à des soins adaptés aux besoins", fait également savoir l'ARS, précisant que ce dispositif est mis en œuvre à l'hôpital de Versailles.
Pour l'aval, elle mentionne l'hébergement temporaire en établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) en sortie d'hospitalisation, les dispositifs d'appui à la coordination (DAC), la cellule régionale de recherche de places en psychiatrie, ou encore la mobilisation de l'hospitalisation à domicile (HAD).
"La filière gériatrique du Grand Versailles portée par le CH de Versailles et la clinique de la Porte Verte permet également de structurer le parcours de la personne âgée en facilitant les admissions directes lorsque cela est possible et en préparant la sortie et le suivi des situations complexes", fait-elle également valoir.
Face aux tensions dans les services, "la coordination territoriale assurée par l'ARS Ile-de-France, et plus particulièrement par la délégation départementale des Yvelines, est également renforcée afin de partager le diagnostic et les solutions".
"En plus de la réunion de coordination hebdomadaire regroupant les établissements de santé des Yvelines, des réunions ont été organisées sur la période de fin d'année, chaque fin de semaine, avec les médecins des SAU et le Samu pour anticiper les difficultés qui pourraient survenir le week-end", détaille l'agence.
"Des réunions mobilisant les établissements de soins médicaux et de réadaptation (SMR) ont également été organisées afin de fluidifier le parcours des patients et ainsi libérer des lits d'hospitalisation dans les établissements disposant de SAU."
mlb/ab/APMnews